mardi 31 août 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Daesh, trumpistes et anti-vax, même fanatisme?

Le fanatique, qu’il soit religieux ou politique, où qu’il vive, quoi qu’il pense obéit aux mêmes règles de comportement.

Dominé par ses passions où la raison – sauf la sienne! – n’a plus sa place, persuadé qu’il détient le mystère de la vraie vie, que celui-ci est bafoué par les autres, tous les autres qui ne pensent pas comme lui, il se veut le défenseur intransigeant de la «pureté» de la cause qu’il a épousé.

Souvent, il est prêt à sacrifier sa vie et, évidemment, surtout celle de ses «ennemis» sur l’hôtel de ses certitudes, celles qui ne souffrent, selon lui, aucune discussion.

Le fanatique est donc caractérisé par sa croyance absolue et inébranlable dans une «vérité» à laquelle il est prêt à se battre jusqu’à l’élimination de l’autre, celui qui ne croit pas comme lui à la même orthodoxie, qui ne rend pas grâce aux mêmes dogmes que lui.

Selon Hegel, «le fanatisme veut quelque chose d’abstrait, il ne veut pas d’organisation différenciée ou hiérarchisée. Là où apparaissent des différences, il trouve cette situation contraire à son indétermination et la supprime.»

On reconnait dans ce portrait, bien sûr, le fanatique gorgé de principes religieux exclusifs tel que nous le propose en ce 21e siècle, Daesh, Al Qaida, les Frères musulmans, les Talibans ou encore certaines sectes hindoues.

Mais également le fanatique politique gorgé de théories élucubrationistes (complotistes) tel que nous les ont révélé des mouvements comme le Tea party, les Gilets jaunes ou encore les Anti-vax, sans oublier les adulateurs de Donald Trump.

Ici, il faut faire ce parallèle évident où le fanatique religieux investit évidemment la sphère du politique qui ne peut être qu’inféodé à sa croyance et où le fanatique politique vit ses croyances comme une religion.

C’est qu’expliquait le philosophe romancier et sémioticien italien Umberto Eco:

«Les gens ne peuvent admettre que les choses arrivent ‘comme ça’. L’idée du complot est à la base de toute religion: il faut qu’il y ait une volonté à l’origine des événements, qu’elle soit d’origine divine ou humaine. Ainsi, le crime ou la grande catastrophe n’arrivent jamais par hasard ! Le complot machiavélique derrière les événements est une mythologie naturelle, qui répond à un besoin humain».

On comprend quels dérapages permet cette démarche erratique quand elle est dans les têtes de surexcités exaltés.

Voltaire écrivait que «le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère».

Et Diderot complétait la définition en estimant que «du fanatisme à la barbarie, il n’y a qu’un pas».

Pour le fanatique, l’investissement ressort du sacré, de la dévotion en une cause exclusive qui ne supporte pas l’existence de l’incroyant qui doit être éliminé ou empêché d’agir et de s’exprimer.

Il est atteint de «surdité volontaire» selon la juste formule de Victor Hugo.

Le fanatique est adepte de régimes totalitaires parce sa pensée est totalitaire.

Il serait donc temps de prendre conscience que le fanatisme élucubatrioniste est, in fine, d’une dangerosité comparable pour la démocratie au fanatisme religieux et que leurs buts sont identiques, inféoder la société à leurs croyances et évacuer tout rapport avec la réalité, même si le passage à l’acte dans ces dernières décennies, jusqu’à présent, a été surtout le fait des fanatiques de la religion.

Cette présence du fanatisme dans ce début de 21e siècle est une gifle pour les partisans de la démocratie républicaine parce qu’elle semble démontrer que les passions «tristes» – la haine, la peur, la colère, le mensonge, la violence... – décrits par Spinoza prendront toujours le pas sur le rationnel.

Or si nous ne devons pas vivre sans nos émotions qui nous permettent l’empathie, la compassion et la compréhension des sentiments d’autrui, la perception de son humanité et de son individualité, il ne saurait question que celles-ci remplacent nos capacités rationnelles vis-à-vis de la réalité.

C’est autant dans la transmission du savoir que dans un arsenal juridique que l’on parviendra à faire reculer le fanatisme.

Mais il serait illusoire de penser qu’il disparaîtra un jour.

La lutte ne cessera jamais parce qu’il en est de notre condition d’êtres qui vivent sans savoir pourquoi, qui cherchent des réponses et qui, pour certains, se rattachent à des idéologies fermées, donc rassurantes, d’explication d’un monde responsable de nos angoisses existentielles.

Mais ce combat humaniste est un des plus essentiels qui soit pour garantir le respect de la dignité humaine.

 

 

L’Humeur du Centriste. Election ou le piège à centristes de la Droite

Election, piège à centristes, ça ne rime pas et pourtant voilà une formule qui décrit le traquenard faisandé, tendu lors de chaque élection par la Droite aux centristes.

A proximité de chaque scrutin, voilà ces derniers à nouveau courtisés par les partis de droite (et de gauche mais beaucoup moins) qui découvrent, non seulement, qu’ils sont de qualité mais, tout simplement qu’ils existent, ce qu’ils nient le reste du temps tout en les raillant, voire les insultant.

Un des représentants les plus emblématiques de cette pratique était Nicolas Sarkozy.

Or donc, la présidentielle approchant, le racolage s’est remis en route et l’on va évidemment trouver quelques centristes défroqués ou dans l’attente de strapontins pour jouer les idiots utiles.

Ce sera sans aucun doute le cas d’Hervé Morin et de ses troupes clairsemées qui continuent à utiliser de manière mensongère l’appellation Les centristes pour leur formation bien ancrée à droite.

On attende de voir ce que fera Jean-Christophe Lagarde et la coquille de plus en plus vide l’UDI qu’il préside.

Celui-ci voue une rancune puérile vis-à-vis d’Emmanuel Macron qui ne lui a pas ouvert les portes de son gouvernement et a absolument besoin des voix de LR pour espérer encore avoir des députés l’année prochaine.

Néanmoins, son hubris le porte à se présenter à la présidentielle même si les sondages le crédite actuellement de 1% des intentions de vote.

Quoi qu’il en soit, quand la Droite ne trouve pas de centristes de service pour faire la figuration nécessaire sur les podiums de ses meetings, elle ressort de la naphtaline tous ceux qui ont retourné leur veste ces dernières années comme les Abad ou les Leonetti dont les prises de position sont souvent plus proches de la droite dure.

Bien sûr, il faut dénoncer cette supercherie et rappeler aux médias, encore une fois, que s’il y a une primaire organisée par LR, elle ne sera pas celle de «la Droite et du Centre» mais bien celle de LR, parti de droite et que le candidat de la Droite, qu’il soit LR ou non, ne sera pas celui «de la Droite et du Centre».

C’est évidemment un vœu pieux tout comme l’est celui de demander à la Droite de cesser d’instrumentaliser le Centre et d’avoir le courage et l’honnêteté intellectuelle de laisser les centristes où ils sont, pas chez eux.

Centristement votre
Le Centriste