jeudi 14 avril 2016

Présidentielle 2017. Pour Lassalle, Bayrou «attend» la défaite de Juppé à la primaire LR

Jean Lassalle & François Bayrou
Depuis leur rupture, ça balance beaucoup entre Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques et ex-membre du MoDem, et son ex-ami, François Bayrou.
Ainsi, le président du MoDem et ses proches critiquent durement le choix de Lassalle de se présenter à la présidentielle alors que ce dernier estime que Bayrou s’est renié lui-même en n’annonçant pas, d’ores et déjà, sa candidature pour 2017 et qu’il a fait allégeance à Juppé, l’homme qui a créé l’UMP pour détruire les centristes.
Mais, dans le flot des déclarations, en voilà une qui va sans doute faire du bruit.
Ainsi, Jean Lassalle, confident de François Bayrou jusqu’à cette rupture, a déclaré au magazine Society: «Même (Bayrou) ne croit pas en la victoire (de Juppé). (…) Il sait qu'il va perdre la primaire, il attend».
Si ce que dit le député des Pyrénées-Atlantiques est vrai, alors se dévoile toute la stratégie de François Bayrou pour 2017.
Rappelons que le soutien qu’il a accordé à son (toujours) ami Alain Juppé vient surtout du soutien de celui-ci lors des municipales où Bayrou a été élu maire de Pau, récupérant ainsi un mandat électif depuis sa défaite aux législatives de 2012.
Mais, très vite après avoir affirmé qu’il se rangeait derrière Juppé, François Bayrou a distillé dans la presse des petites phrases où il montrait son désaccord sur nombre de déclarations du maire de Bordeaux, surtout, sur le fait que si ce dernier perdait la primaire de la Droite, il se présenterait contre le candidat de LR, sans doute Nicolas Sarkozy.
Il a ensuite affirmé qu’il avait conseillé à Juppé de ne pas se présenter à la primaire de LR car il avait de grandes chances de les perdre face à Nicolas Sarkozy, le président du parti, histoire de dire que si tel était le cas, il n’en serait pas coresponsable.
Puis, il a commencé à faire des confidences à de nombreux journalistes, estimant qu’il avait une chance de gagner la présidentielle en 2017 face à Nicolas Sarkozy, François Hollande et Marine Le Pen.
Son analyse est que les Français ne voudront à aucun prix, d’une nouvelle expérience de Sarkozy ou de Hollande.
Dès lors, il pourrait bien être le candidat républicain arrivant en tête au premier tour, derrière Marine Le Pen qui semble promise au second tour selon tous les sondages.
Si ce cas de figure se présentait, il serait alors le candidat républicain face à la candidate de l’extrême-droite et il aurait toutes les chances de l’emporter et de s’installer à l’Elysée.
Ce déroulé n’est pas une fantasmagorie, loin de là.
Néanmoins, tous les sondages actuels montrent que le président du MoDem arriverait en quatrième position lors du premier tour, derrière Le Pen, Sarkozy et Hollande.
Mais nous sommes encore à plus d’un an du premier tour de la présidentielle et la situation peut évoluer en sa faveur.
Ce que dit Jean Lassalle, à l’aune de ce que nous venons de rappeler, montre très clairement que François Bayrou, malgré ses dénégations répétées, espère la défaite d’Alain Juppé à la primaire de LR et, surtout, que ses ambitions présidentielles sont intactes.
Concernant ce dernier point, aucun analyste sérieux de la vie politique française ne pensait le contraire…

Alexandre Vatimbella
  


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Actualités du Centre. Tunisie – Création probable d’un groupe parlementaire centriste

Béji Caïd Essebsi & Moshen Marzouk
La création d’un nouveau parti centriste laïc opposé à tout accord avec les islamistes, Harakat Machroû Tounes (et de son groupe parlementaire Al-Horra), issu de l’éclatement du parti au pouvoir Nidaa Tounes (du président de la république Béji Caïd Essebsi) qui dirige le pays dans une coalition avec les islamistes d’Ennahdha, pourrait aboutir à une recomposition politique en Tunisie.
Ainsi, on devrait assister à la formation d’un nouveau groupe parlementaire à l’Assemblée des représentants du peuple, qui regroupera tous les députés centristes (au sens laïc puisque Ennahdha se revendique d’un «centrisme» qui serait entre la laïcité et la religion).
Car le courant centriste, morcelé, doit s’allier pour peser.
Cette union entre les centristes a été annoncée par la députée Rim Mahjoub du parti Afek Tounes.
A l’heure actuelle, au centre de l’échiquier politique, Nidaa Tounes compte 56 députés, Al-Horra, 28, l'Union patriotique libre, 14, Afek Tounes, 8.
Mais le groupe parlementaire ne devrait pas compter d’élus de Nidaa Tounes.
De son côté, Ennahdha compte 69 députés.
Rappelons qu’Harakat Machroû Tounes a été créé par Mohsen Marzouk, ancien secrétaire général de Nidaa Tounes.
Sa plateforme est fondée sur «la pensée moderniste» d’Habib Bourguiba, l’ancien chef de l’Etat et père de l’indépendance du pays avec, notamment, une séparation entre la politique et la religion.
De son côté, Nidaa Tounes est une formation hétéroclite née en 2012 et composée aussi bien de personnalités de gauche et de centre droit que d'anciens dignitaires du régime autoritaire de Ben Ali.
Si elle se réclame, elle aussi, du Centrisme – son leader, Hafedh Caïd Essebsi, se définit comme un «libéral social» – elle a pourtant accepté de gouverner avec les islamistes alors que toute sa campagne électorale avait été basée sur leur renvoi.
D’où d’ailleurs, la scission et la création d’Harakat Machroû Tounes et d’Al-Horra.