samedi 18 février 2017

Présidentielle 2017. Macron: «réconcilier» la France par une liberté et une justice sociale «radicales»

Emmanuel Macron en meeting à Toulon
Lors d’un meeting à Toulon où le Front national a tenté d’interdire l’entrée à ses sympathisants, Emmanuel Macron a remartelé les thèmes principaux de sa campagne à savoir sa volonté de réconcilier la France avec elle-même, réconcilier les Français entre eux et avec leur époque et les défis à relever.
Mais il veut également réconcilier le pays avec son passé, son histoire et avec ce qu’il est aujourd’hui.
Il a indiqué qu’il ne voulait pas perdre son temps avec les affaires qui touchent les autres partis, avec les fausses polémiques (ce qui ne l’a pas empêché de faire une très longue explication de ses propos sur la colonisation et sur le mariage gay…) pour s’attacher uniquement à la politique de réconciliation dans une nouvelle articulation de la liberté et de l’égalité.
Il «revendique» ainsi le «droit» de «défendre» la «liberté radicale» et la «justice sociale radicale» car «c’est comme cela que nous réussirons».
Mais, toujours fidèle à son social-libéralisme, il rappelle que la liberté, celle notamment de créer de la richesse, est la condition de la redistribution et du partage et non le contraire ainsi que le défend le Centre depuis toujours.
Dès lors, il faut que tout soit fait pour encourager la liberté de réussir, et pas seulement du point de vue matériel, en dédramatisant en particulier la prise de risque et en favorisant l’innovation.
Selon lui, «la France doit aimer le risque et la réussite».
En matière de sécurité, il prône la «tolérance zéro» en s’inspirant de la politique mise en place à New York pour lutter contre la délinquance.
Mais, il estime que s’il y a tolérance zéro, il faut une «police irréprochable» mais aussi que police et justice travaillent ensemble dans le «respect de l’état de droit».
Revenant sur son positionnement politique, Emmanuel Macron a tenté d’expliquer une nouvelle fois que celui-ci était en dehors du spectre politique accusant au passage les journalistes de mauvaise foi sur ce sujet dans une tirade quelque peu populiste – même s’il l’a enrobé de l’affirmation selon laquelle la presse était «un contre-pouvoir indispensable» afin de se démarquer des propos de François Fillon et de ses amis en la matière qui attaquent les médias à la manière de Donald Trump et de Marine Le Pen.
Pour autant, ne vouloir ni de droite, ni de gauche, ni du centre ne veut rien dire de même que de qualifier l’opposition gauche-droite de «petits clivages».
Car, il faut rappeler que l’échelle gauche-droite est seulement une convention qui permet de structurer le débat politique et de situer ses courants de pensée.
On a bien compris que Macron ne veut pas se faire enfermer dans un positionnement politique qui ne lui donnerait plus la possibilité de jouer sur tous les ressorts qui permettent d’être, à la fois, dedans et dehors, ici et là, rebelle et pourtant dans le système.
Surtout qui lui ôterait cette image de renouvellement et de régénération que porte cet ailleurs et qui mécaniquement inspire de l’espérance chez ceux qui la font leur.
Quoi qu’il en soit et quoi qu’il dise, tout son discours de Toulon comme beaucoup de ceux qu’il a donné sont éminemment centro-compatible avec cette constante volonté d’être dans le juste équilibre.
Il agit ainsi comme François Bayrou qui, en 2007, alors qu’il était au contact de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy dans les sondages voulaient donner une image de rénovation et de réunion larges pour capter tout l’électorat de l’axe central ainsi que celui qui se dit en-dehors des clivages partisans mais qui ne l’est pas, évidemment.
Mais Macron préfère définitivement le terme progressiste en affirmant que «les progressistes sont les vrais démocrates et les vrais exigeants» avant d’expliquer que «pour construire le réel, il faut parler du réel» et non la «langue de bois», deux tirades fortement centristes…


Alexandre Vatimbella



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Actualités du Centre. Le suivisme de l’UDI envers Fillon n’en fait plus un parti centriste

François Bayrou a tout à fait raison de s’étonner du soutien inconditionnel des dirigeants de l’UDI à François Fillon encore rappelé ces derniers jours par son président, Jean-Christophe Lagarde.
L’alignement total des leaders de la confédération centriste est d’autant plus choquant qu’il est basé uniquement sur la volonté d’obtenir un accord électoral des plus favorables pour obtenir nombre de députés et de sièges au gouvernement.
Car le programme de François Fillon n’a jamais été et ne sera jamais centriste, surtout, n’a pas beaucoup à voir avec celui d’Alain Juppé qui était le premier choix de l’UDI pour la présidentielle.
Les déboires de Fillon sur ses pratiques malhonnêtes dévoilées par le «Pénélope Gate» mais qui ont débordé de ce seul cadre, son incapacité à se remettre en cause, ses changements d’attitudes continuels (il avait promis de se retirer s’il était mis en examen, il dit exactement le contraire désormais qu’il y a un risque important pour lui qu’il le soit), son virage encore plus à droite pour conforter sa base radicale et chasser de plus en plus sur les terres du Front national pour compenser les pertes des électeurs de droite modérée et de centre-droit n’ont pas l’air de perturber outre mesure les dirigeants d’un parti devenu cartel électoral pour de biens médiocres personnes.
De même que les nouvelles alliances du candidat LR, en particulier celle avec Nicolas Sarkozy, l’homme que Jean-Christophe Lagarde vilipendait sans cesse pendant la primaire LR, affirmant qu’il ne pouvait y avoir d’alliance avec lui et dont désormais le nouveau lieutenant et principal opposant de Juppé à qui il voue une haine démesurée, François Baroin, est présenté comme le futur premier ministre de Fillon…
Et puis cette hargne et cette rage à attaquer sans cesse Emmanuel Macron, en voulant être encore plus LR que les membres de LR eux-mêrmes, est totalement indécente pour des gens qui prétendaient il y a peu qu’il existait de très nombreux points communs entre le leader d’En marche! et l’UDI.
On rappelle les déclarations de Lagarde, Hénart ou Morin qui appelaient Macron à prendre sa carte à l’UDI…
De qui ces politiciens se moquent-ils?
Pas vraiment de l’énorme majorité des Français qui n’ont pas du tout l’intention de voter pour eux mais aussi pour de moins en moins de centristes, qu’ils soient membres ou non de l’UDI et dont beaucoup voteront pour Macron, ne pouvant se résoudre à mettre un bulletin dans l’urne au nom de Fillon.
Evidemment, en ayant joué le jeu du suivisme de façon incompréhensible dès les résultats du deuxième tour de la primaire LR connus, les dirigeants de cette formation se sont mis eux-mêmes dans une impasse et une situation impossible.
Leur manque de jugement politique, leur opportunisme, leur vision politicienne, leur absence de projet politique ne pouvaient sans doute pas donner autre chose.
Dès aujourd’hui, on ne peut plus considérer l’UDI comme un parti centriste (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas encore des centristes qui en soient membres).
Sans doute que demain, il ne sera plus un parti et que personne ne le regrettera vraiment.