mardi 6 décembre 2016

Présidentielle USA 2016. Les Etats-Unis ne peuvent moralement plus fermer les yeux sur l’état désastreux de leur système électoral

Plus le décompte des voix continuent, plus la centriste Hillary Clinton engrange des voix, menant désormais le vote populaire par un écart incroyable de 2,5 millions et avec un pourcentage de 48,04% contre 46,12% alors même qu’elle est la perdante de l’élection du 8 novembre.
De plus, avec 65,4 millions de voix, elle a obtenu un plus grand nombre de voix que n’importe quel président blanc (seul Obama a fait mieux qu’elle).
Et pourtant, elle a perdu.
Sans oublier une pétition en ligne où 4,8 millions de gens demandent au 598 grands électeurs du collège électoral «de faire d’Hillary Clinton la présidente» lors de leur vote le 19 décembre prochain.
D’ailleurs, l’un d’eux, un républicain du Texas, a répondu positivement à cette requête en déclarant qu’il ne voterait pas pour Trump qui, selon lui, n’est non seulement pas qualifié pour être président mais est une menace pour l’avenir de ses enfants.
Enfin, des centaines de milliers de personnes ont été refoulées des bureaux de vote car, selon les autorités et les lois restrictives de certains Etats suite à des législations votées par le Parti républicain, elles n’avaient pas le droit de voter.
Et ce ceci a eu lieu dans certains des Etats-clés qui ont permis à Trump de l’emporter de quelques milliers de voix sur Hillary Clinton.
Quoi qu’il en soit, cette situation qui montre la totale obsolescence du système électoral américain, d’autant plus que c’est un homme dangereux qui a été élu à la présidence grâce à cette machinerie d’un autre âge.
Dès lors, les Etats-Unis en tant que plus vieille démocratie du monde, doivent absolument réagir et ne pas se cacher derrière une Constitution pour éviter de prendre les décisions indispensables.
Quel Américain, qu’il soit démocrate ou républicain, peut sérieusement croire qu’en démocratie, un candidat peut être déclaré vainqueur alors qu’il a obtenu moins de voix que son opposante?
Et que dire quand la différence se calcule en millions?
De même, le Parti démocrate est étrangement silencieux et apathique face à la situation.
Mais comment peut-il rester ainsi?
Les voix qui se sont portées sur sa candidate ne lui appartiennent pas et s’il ne veut pas lutter pour cette dernière, il se doit moralement de le faire pour le peuple américain et pour tous ceux qui ont voté pour elle mais également pour ceux qui ont voté pour Trump.
Il doit se battre contre un système totalement biaisé afin de faire respecter la décision populaire.
De son côté, le Parti républicain, gagnant une nouvelle fois d’un système qui permet à l’échelon national mais aussi local à une formation politique de l’emporter tout en étant minoritaire en voix, ne bouge évidemment pas.
Mais comment ses membres qui se disent des défenseurs de la démocratie peuvent accepter d’occuper le pouvoir sans la légitimité du suffrage universel?!
Quant aux médias, les voilà qui ont «tourné la page», oubliant qu’une de leurs missions dans un pays de libertés, c’est se battre pour faire respecter les règles de la démocratie.
Et, au-delà de l’absolue nécessité de réformer ce système électoral, les Américains doivent également dépoussiéré cette Constitution qu’ils vénèrent comme un objet intouchable et qui produit des aberrations de ce style et d’autres.
Ainsi, aujourd’hui le port d’arme est autorisé parce qu’il l’a été il y a plus de 200 ans à un moment où les Etats-Unis n’avaient pas d’armée alors même qu’ils ont la plus puissante de la planète aujourd’hui.
Et l’on pourrait prendre d’autres exemples qui démontrent que la réécriture du texte doit être entreprise.
En fermant les yeux, en se bouchant les oreilles et en laissant leurs lèvres collées face au désastre de cette élection présidentielle, les Américains ne rendent pas seulement un mauvais service à leur pays et à eux-mêmes mais au monde entier.

Alexandre Vatimbella



Une Semaine en Centrisme. La révolte de Valls face à la révolution de Macron

Manuel Valls & Emmanuel Macron
Valls et Macron visent-ils 2017 ou 2022?
Bien entendu, l’un et l’autre ne diraient pas non à une victoire à la présidentielle en mai prochain, mais celle-ci semble hors de portée pour l’instant tellement l’envie de passer à autre chose est forte chez les Français, ce qui néanmoins handicape plus Manuel Valls qu’Emmanuel Macron.
En revanche, dans cinq ans la donne aura changé.
Dès le résultat de l’élection à la présidence de la république, le PS sera au fond du trou après la défaite cuisante qui se profile et d’autre part le Centre, avec l’inconséquence de leaders centristes plus intéressés par leur avenir que celui de la France, sera à prendre.
Et les deux hommes auront alors, chacun de leur côté ou ensemble, le temps de construire ce fameux axe central qui pourrait porter l’un d’eux à l’Elysée.
Quoi qu’il en soit, la déclaration de candidature de Manuel Valls dans sa mairie de Cergy-Pontoise a montré très clairement qu’ils allaient labourer les mêmes terres même si Valls, à la marge, tentera de séduire certains sympathisants de la gauche de la gauche alors que Macron essaiera de s’attacher un partie des sympathisants de la droite modérée.
Ainsi, l’ancien premier ministre de François Hollande a désigné ses adversaires qui seront le candidat de la Droite, François Fillon, et la candidate de l’extrême-droite, Marine Le Pen.
Et il n’a pas cité les centristes comme tels.
Pour se démarquer d’Emmanuel Macron et légitimer sa candidature – le leader d’En marche le devançant nettement dans les sondages actuellement –, Manuel Valls a choisi le thème de la révolte et répondre à celui de la révolution (démocratique) de son concurrent.
En revanche, et Valls, et Macron, ont placé leurs candidatures sous les auspices de la réconciliation (Valls y ajoutant la conciliation).
Au-delà des mots, y a-t-il une différence politique entre les deux programmes?
S’il est encore trop tôt pour répondre définitivement puisque l’on ne connait pas en détail les propositions de Valls tandis que Macron distille ses mesures au compte-gouttes, le social-réformisme du premier semble plus social que le social-libéralisme du second qui se positionne plus sur l’économique.
En outre, Valls joue la carte de la légitimité à tous les niveaux, en bon militant socialiste, il se présente, par exemple, à la primaire de son parti.
Mais il joue également celui de l’homme fort, image qu’il a travaillé pendant tout le quinquennat d’Hollande, d’abord en tant que ministre de l’Intérieur où il est apparu parfois comme un Sarkozy de gauche, puis en tant que premier ministre où il est souvent intervenu dans les matières concernant la sécurité des Français.
Reste que Valls comme Macron sont deux pragmatistes qui se méfient des idéologies étriquées, souhaitant réaliser une synthèse très large qui dépasse de loin la Gauche, à laquelle ils déclarent appartenir.
Enfin, si les deux hommes sont centro-compatible sur bien des points, il est sûr qu’Emmanuel Macron s’est installé au centre de l’échiquier politique alors de Manuel Valls, lui, est plutôt dans une situation bancale où il lui faudra beaucoup de persuasion pour se montrer à la fois compatible avec un sympathisant du Front de gauche et un de l’UDI.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC