mardi 28 mai 2019

Actualités du Centre. Paroles centristes: Loi fonction publique adoptée à l’Assemblée; écologie; faire renaître l’Europe; tensions avec l’Iran…

Voici une sélection des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux.

► France
● Emmanuel Macron (Président de la République)
- Beaucoup disaient l'Europe fatiguée. Vous avez démontré le contraire en participant de manière inédite aux élections européennes. À nous de construire un projet à votre image: qui réponde à l'urgence climatique, qui rebâtisse un modèle de progrès et qui vous protège davantage.
- Pour la première fois depuis que le Parlement européen existe, il n’y a pas de majorité avec deux partis. Il y a la nécessité de construire un nouveau projet avec la force centrale que nous sommes en train de bâtir.
- Pendant les 5 années qui viennent, nous devons démontrer que nous saurons faire renaître l’Europe, porter un projet clair et convaincre les Européens que ce projet est bon pour eux. Sinon, nous renforcerons les extrêmes et le nationalisme.

● Gouvernement
Christophe Castaner (ministre de l’Intérieur)
La République en marche porte cette voix et cette ambition progressiste dans notre pays: elle participera désormais à la Renaissance d'une Europe plus protectrice et plus humaine.

Jean-Yves Le Drian (ministre des Affaires étrangères
- [Présence de Viktor Orban au PPE] Il a développé une logique de rupture (...) Le PPE doit faire le ménage.
- Il faut que l'aile gauche démocrate fasse plus entendre sa voix.
- Une bonne partie des électeurs de LREM bascule vers l'écologie, c'est une leçon pour nous.
- [Journalistes convoqués à la DGSI] Il y a des documents classifiés «confidentiel» ou «secret défense» (...) c’est comme ça, dès que vous rompez le secret défense, vous êtes poursuivis.
- [Guerre au Yémen] C'est une sale guerre, oui il faut l'arrêter, être vigilant sur les ventes d’armes à l'égard de ces pays.
- La tension avec l'Iran est préoccupante (...) elle peut aboutir à des accidents.
- [Djihadistes français condamnés en Irak] Nous multiplions les démarches pour éviter la peine de mort à ces quatre Français.

Brune Poirson (Secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire)
La Montagne d’Or ne se fera pas. Elle est incompatible avec nos critères environnementaux. Et nous allons même plus loin : nous allons réformer le code minier pour qu'il intègre ces critères écologiques, les impacts sociaux des projets et le consentement des populations.

● LREM
Stanislas Guerini (délégué général)
Les eurodéputés Renaissance seront les porte-voix au Parlement européen de l'urgence écologique exprimée dans les urnes dimanche. Banque du climat, réforme de la PAC. En France comme en Europe nous serons aux avant-postes pour gagner la bataille du climat.

Stéphanie Rist (députée)
Adoption du projet de loi de transformation de la fonction publique par l’Assemblée Nationale pour une fonction publique plus agile, plus ouverte et plus attractive avec: un meilleur dialogue social; une meilleure gestion des RH; plus de transparence, d’équité et d’égalité; plus de mobilité.

● MoDem
Sarah El Hairy (porteparole)
- Notre rassemblement est «et de gauche et de droite» personne ne contestera à Jean-Yves LeDrian d'être de gauche, à Bruno Le Maire ou à Edouard Philippe d'être de droite et à Pascal Canfin d'être écologiste. Nous formons un mouvement central avec pour motivation la réussite de la France.

● Autres
Pascal Canfin (député européen Renaissance)
Le nouveau groupe que nous allons fonder au Parlement européen a publié son premier communiqué hier. Nos priorités : le climat, une fiscalité plus juste, la gestion partagée des flux migratoires, la sécurité dans le monde et pour les européens, et la prospérité.

► Union européenne
Guy Verhofstadt‏ (ALDE, président du groupe au Parlement européen)
Les pro-européens se sont levés et ont vaincu les populistes et les nationalistes, mais il n’ya pas de place pour la complaisance. Les forces progressistes doivent utiliser cet élan positif pour renouveler l'Europe!

► Monde
● Canada
Jonathan Wilkinson (ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne).
Nous ne pouvons plus nous permettre d'attendre que la biodiversité disparaisse avant d'agir. C'est pourquoi je suis heureux de voir projet de loi C-55 adopté aujourd'hui. Cette nouvelle loi renforcera la protection de nos océans.

François-Philippe Champagne (ministre de l’Infrastructure et des Collectivités)
Le Canada fait face à une urgence climatique. Le coût de l'inaction quant aux changements climatiques sera énorme et c'est pourquoi nous prenons des mesures concrètes: Investir dans des projets d'atténuation des catastrophes; aider les Canadiens à faire des choix plus écologiques.


Actualités du Centre. Belgique – Législatives: le Centre n’obtient que 17 députés

C’est une défaite qu’ont enregistré les centristes belges lors des législatives qui ont eu lieu ce dimanche 26 mai en même temps que les européennes, tant en Flandres qu’en Wallonie ou à Bruxelles.
Les centristes wallons perdent quatre de leurs neuf sièges pendant que les centristes flamands en perdent six sur les dix-huit qu’ils détenaient.
Les centristes ne sont plus que 17 députés contre 27 dans l’ancienne chambre des députés.
Quant au Mouvement réformateur, parti de centre-droit du premier ministre sortant, Charles Michel (qui assurait les affaires courantes), il perd six députés et se retrouvent à 14 sièges.
A noter que c’est le parti de droite radicale N-VA qui arrive en tête en Flandres devant le parti d’extrême-droit Vlaams Belang qui est le grand vainqueur avec 18 sièges, soit quinze de gagner.
En Wallonie, c’est le PS qui arrive en tête devant le Mouvement réformateur.
A Bruxelles, c’est Ecolo, le parti écologiste qui est à la première place devant les socialistes.
On connait bien entendu les problèmes entre les deux communautés, wallonnes et flamandes, qui va d’autant plus perdurer lors de la prochaine législature que la droite radicale et l’extrême-droite l’ont emporté en Flandres alors que c’est la Gauche qui a réalisé le meilleur score d’ensemble en Wallonie avec une forte poussée du parti de gauche radicale, le Parti du travail de Belgique qui obtient dix sièges de plus et en totalisé dorénavant 12.
A un conflit de deux communautés qui ont du mal à vivre ensemble, se surajoute une conflit idéologique.
Réagissant à ces résultats, le député centriste Georges Dallemagne (cdH), réélu, qui a estimé qu’il fallait «reconstruire une offre humaniste», a déclaré:
C'est une défaite, c'est clair. (…) C'est en fait une défaite de toute la démocratie à laquelle on assiste. L'avenir du pays est en jeu. On vit un moment de gravité. Ce ne sera pas simple à gérer demain vu la fragmentation des forces politiques. Aujourd'hui, il faut donc se rassembler.»


L’Humeur du Centriste. L’UDI sait (et nous savons) ce qu’elle vaut: 2,5%!

Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI
Le croirez-vous? Cela fait sept ans que l’UDI existe et c’est la première fois, pour les élections européennes, que la formation centriste est allée seule à une élection.
Car, voyez vous, l’UDI a toujours eu un peu peur de se compter et on comprend pourquoi aujourd’hui avec ses malheureux 2,5% de voix!
Et encore, c’est un bon résultat par rapport à ce qui lui promettaient les sondages.
Lors des précédentes européennes, en 2014, l’angoisse de se prendre une claque retentissante avait amené son président d’alors, Jean Louis Borloo, à conclure une alliance avec le Mouvement démocrate de François Bayrou – qui avait lui aussi un peu la même crainte – dans une alliance aussi baroque qu’éphémère, L’Alternative (à quoi, on ne saura vraiment jamais…).
Mais, que ce soient pour les législatives, pour les régionales, pour les municipales, l’UDI n’a jamais osé aller seule à la bataille.
Et, en 2017, malgré les promesses de son président, Jean-Christophe Lagarde, elle s’était bien gardée d’aller voir ce qu’elle valait lors des présidentielles, comme le font tout parti qui se respecte et qui prétend incarner une vision propre, et avait préféré s’allier avec le triste sire François Fillon, c’est dire sa peur de son éventuel score.
Il faut dire que le précédent parti où Lagarde officiait en tant que vice-président, Le nouveau centre, n’avait, lui aussi, en cinq années d’existence, jamais osé se présenter seul à une élection.
Tout juste son président, le pathétique Hervé Morin, avait annoncé son intention de se présenter à la présidentielle de 2012 mais n’avait jamais réussi à dépasser les 1% dans les sondages et n’avaient même pas réussi à obtenir les signatures nécessaires auprès de son propre parti pour officialiser sa candidature.
Oui, mais pour ces européennes de 2019, ledit Lagarde avait pris une décision «historique», l’UDI allait au combat seule, forte de ses idées, de ses convictions, de ses valeurs et sûre de représenter seule le «centre indépendant».
Quoique la vérité soit un peu différente…
En réalité, l’UDI n’avait guère le choix.
D’une part, en critiquant sans cesse le Président de la République, le Gouvernement et la majorité présidentielle, elle ne pouvait espérer être sur la liste Renaissance et sauver les meubles avec un ou deux élus et la chance encore une fois de ne pas se compter devant le pays.
D’autre part, en ayant comparé Laurent Wauquiez à Marine Le Pen, il était difficile pour le président de l’UDI de nouer alliance avec le président de LR, il y a quand même des limites.
Mais, l’option d’y aller seule n’était pas vraiment une heureuse nouvelle pour l’UDI.
D’ailleurs, en annonçant leur intention de faire une liste, ses dirigeants ont martelé pendant des mois qu’il ne s’agirait pas d’une liste UDI mais d’une coalition «très large» allant de la social-démocratie à la droite libérale progressiste dans une alliance qui allait tout bousculer sur son passage.
Et, nous promettait alors Lagarde, on allait voir ce qu’on allait voir avec le ralliement de «personnalités» de «premier plan» qui seraient candidats sur cette liste.
En fait de stars de la politique, on eu, en raclant bien les fonds de tiroir, la seule et totalement inconnue du grand public, Nora Berra, ancienne et obscure secrétaire d’Etat de Sarkozy qui doit encore se demander ce qu’elle est allée faire dans cette galère.
Il faut dire que les sondages de la liste qui allait être baptisée Les Européens n’étaient pas très alléchants pour que d’éventuelles grosses pointures face acte de candidature.
Oscillant ente 1% et 2,5%, parfois mais très rarement atteignant les 3% et une fois les 4%, les intentions de vote n’étaient guère au rendez-vous.
Cette liste était tellement plombée que même le créateur de l’UDI, Jean-Louis Borloo ne l’a pas soutenu.
Et pour tenter de l’associer quand même, tout en voulant instrumentaliser une grande centriste, on a fait parler une morte, Simone Veil, -que l’on s’est approprié en rappelant que c’est dans son salon et en compagnie de Borloo que l’UDI avait été créé et qu’elle avait eu sa carte portant le numéro un (mais en oubliant de dire qu’elle n’avait jamais milité pour le parti et qu’elle l’avait fait uniquement par amitié à Borloo).
Lagarde a même essayé de s’approprier le socialiste Jacques Delors, un comble pour une liste qui se présentait in fine comme celle du centre et de la droite progressistes!
Mais rien n’y a fait auprès de Français et de centristes vraiment peu intéressés d’accorder leurs voix à ce qui apparaissait comme une entreprise politicienne, plus occupée à s’en prendre sans nuance à d’autres centristes (LREM, MoDem, Mouvement radical) et même des alliés (Agir), tous sur la liste Renaissance, qu’à proposer un avenir européen quelconque, voire à critiquer les ennemis de l’Union européenne comme le Rassemblement national.
Or donc, le bilan de la candidature de l’UDI aux européennes du fait de la volonté du seul Jean-Christophe Lagarde est un flop complet.
Et pas seulement pour cette élection.
Car Lagarde et ses proches martèlent depuis 2017, qu’en termes d’élus nationaux, l’UDI est la quatrième formation derrière LREM, LR, le PS et le MoDem.
Or, il faudra qu’ils nous expliquent comment on peut revendiquer d’être un grand parti quand on fait 2,5% des voix et qu’on se retrouve en huitième position lors de ces européennes avec 0,01% de plus que le Parti communiste et 0,33% de mieux que le Parti animaliste!
C’est bien et uniquement parce qu’il s’agit d’une formation satellisée (en l’occurrence à l’UMP puis à LR lors de toutes les dernières élections) qu’elle peut se gargariser d’un nombre d’élus démesuré par rapport à ce qu’elle représente dans l’électorat, ce que l’on sait maintenant avec précision...
Mais, en écoutant parler Jean-Christophe Lagarde après les résultats, on a bien compris qu’il n’en tirerait aucune conséquence pour sa personne.
On n’en attendait pas moins de lui.

Centristement votre

Le Centriste


L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Honte à nous, pays où un parti d’extrême-droite a encore gagné une élection

Il y a donc 5 281 745 de Français (soit 11,16% des électeurs et 23,31 des votants) qui ont voté pour la liste du Rassemblement national aux élections européennes, plaçant ce parti d’extrême-droite en tête du scrutin.
Mais il y a aussi – ceux qui n’ont pu se déplacer pour des raisons indépendantes de leur volonté m’excuseront de faire ce petit raccourci –, 23 613 645 Français représentant 49,88% des électeurs qui n’ont pas estimé nécessaire de venir mettre un bulletin dans l’urne afin d’empêcher ce même parti de terminer premier à cette élection sachant qu’il était en tête des sondages.

Ce qui est lassant et décourageant, c’est que j’ai déjà écrit des phrases similaires lors des précédentes européennes mais aussi d’autres élections où l’extrême-droite a réalisé des scores très importants et que je risque de devoir le faire lors de prochains rendez-vous électoraux.

Mais plus que lassant et décourageant, le sentiment est celui de l’indignation et de la honte à chaque fois qu’un parti extrémiste, ennemi des valeurs démocratiques et humanistes, quel qu’il soit, remporte une élection ou qu’il obtient des scores élevés dans une démocratie républicaine.

Parce que nous savons d’où viennent ces formations, quelles sont leurs filiations dans l’Histoire et où elles veulent nous amener.

Alors, à chaque fois, tel Sisyphe, il faut recommencer encore et encore à dénoncer, à mettre en garde et à s’opposer à ces idéologies qui veulent s’en prendre à nos libertés, à notre égalité et à notre fraternité.

Il faut s’en doute s’en faire une raison: les extrémistes, les démagogues et les populistes ont toujours existé et ils ont toujours séduit une partie de la population.

La défaite nazie et fasciste en 1945 puis celle du communisme en 1989 nous a fait croire pendant un temps que ces idéologies avaient, non seulement, étaient mises dans les poubelles de l’Histoire mais qu’elles avaient ensuite été incinérées et qu’un vent joyeux avait dispersé leurs cendres à jamais.

C’était une illusion, c’était même une naïveté de croire que tout cela n’était que du passé, que tout cela ne reviendrait jamais, si jamais cela avait réellement disparu.

Ni la mise à jour des crimes des régimes tyranniques (et l’incurie de tous les régimes autoritaires et dictatoriaux), ni une meilleure éducation des peuples (et le fait qu’ils savent ce qui s’est passé), n’ont eu la peau du totalitarisme criminel.

Et notre troisième millénaire – d’une soi-disant nouvelle ère censée réaliser la vision d’un homme qui a dit «Aimez-vous les uns les autres»… – à fort mal débuter dans ce domaine avec la renaissance ou le réveil de toutes les monstres hideux à travers la planète sans oublier ceux qui n’avaient malheureusement jamais disparu et qui ont retrouvé de la vigueur et de l’éclat, ne cherchant même plus à se cacher derrière des paravents.

Ce qui est également particulièrement perturbant, c’est que la victoire d’un Rassemblement national en France, d’une Ligue en Italie ou du Fidesz en Hongrie (liste non-exhaustive) n’a plus l’air d’émouvoir, ni une majorité de citoyens, de médias, de responsables politiques, comme si cela était normal, banal, acceptable.

Eh bien, non, ce n’est ni normal, ni banal, ni acceptable pour tous ceux qui se considèrent comme des citoyens engagés et responsables, attachés aux valeurs humanistes de la démocratie et de la république.

Et je veux bien, avec d’autres, écrire, réécrire et encore écrire et réécrire, inlassablement, ces lignes si cela permet de nous protéger de l’infâme.

Mais j’ai crains que cela ne suffise pas, ce qui ne m’empêchera pas de le faire.