dimanche 14 février 2021

Vues du Centre. Il a tenté d’abattre la démocratie mais passons à autre chose…

Par Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.          
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.

Donald Trump

Trump s’en est donc tiré comme prévu même si une majorité de sénateur l’a déclaré coupable (57 mais il en fallait dix de plus pour atteindre la majorité des deux-tiers pour sa condamnation).

Donc, 43 sénateurs républicains ont estimé qu’un président en exercice qui incite un mouvement de foule violent à aller prendre d’assaut le lieu où se trouve le pouvoir législatif et ne fait rien pendant trois heures pour calmer une populace à la recherche d’élus et de son propre vice-président pour les assassiner, dont certains d’entre eux, n’est pas coupable.

Et l’affligeant leader de la désormais minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell a beau affirmé que Trump est bien responsable de cette attaque et qu’il peut rendre des comptes devant la justice du pays en tant que simple citoyen, lui, n’a pas voté les destitution devant ce qu’il faut appeler par son nom, une tentative de coup d’Etat, vous savez, ce genre d’action violente qui secouait sans cesse les pays d’Amérique latine au cours du XX° siècle et qui faisait beaucoup rire les Etasuniens devant ces peuples instables qui auraient bien dû s’inspirer de leur exemple...

Sauf que ce sont bien les Etats-Unis qui ont copié leurs homologues sud-américains!

Trump sera à jamais un chancre sur l’histoire américaine comme peut l’être Pétain pour celle de la France.

On espère que cela sera, à la fois, un piqûre de rappel sur la fragilité de la démocratie et un repoussoir assez puissant pour une «plus jamais ça».

Malheureusement, on peut en douter.

D’une part, parce que la mémoire des peuples est toujours frappée d’amnésie et plus les années passent plus celle-ci progresse jusqu’au moment où elle permet à l’Histoire de bégayer à nouveau.

D’autre part, parce que Trump représente le côté obscur des peuples où se mêle jacquerie, haine, envie et croyances exubérantes, le tout mue par ce besoin de trouver des responsables de tous les maux qui nous frappent et qu’il est facile pour certains de trouver chez ces fameuses «élites» fantasmées.

Ceux qui pensent que l’abcès a été crevé par la défaite du populiste démagogue et que l’on peut passer à autre chose sans autre forme de procès, se trompent tragiquement.

Sans parler de ceux qui ont intérêt à vite passer à autre chose pour éviter d’aller au fond des choses tout en ayant, dans un coin de leur cerveau, l’idée que Trump ce n’était pas si mal que ça.

Le refus de ces 43 élus républicains de solder définitivement la présidence de Trump en le reconnaissant coupable et en l’empêchant de ne plus jamais pouvoir candidater à un poste électif est une faute que la démocratie pourrait bien payer fort cher.

Mais n’est-ce pas aussi leur souhait?

 

Aris de Hesselin