dimanche 29 mai 2016

Actualités du Centre. Tunisie: Le «centrisme» peu centriste d’Ennahdha

10° congrès d'Ennahdha
En perte de vitesse, le parti islamique tunisien, Ennahdha, vient de tenir son dixième congrès dans la ville d’Hammamet au cours duquel il a acté la séparation de ses activités politiques et de ses activités religieuses.
Il entend ainsi faire sortir la religion de la politique sans, toutefois, abandonner son idéologie et son programme.
Selon les dires de ses dirigeants et de ses militants, il deviendrait ainsi un parti «centriste».
Une appellation qui interpelle et mérite quelques explications.
Dans les pays «musulmans» (où c’est la religion d’Etat et/ou la religion de la majorité de la population et/ou de tradition musulmane sans que l’on sache très bien le pourcentage de la population qui est réellement pratiquante) et surtout depuis le «printemps arabe», est né un concept de centrisme complètement différent de ce que l’on entend généralement par ce terme.
Il s’agit ainsi de définir un courant que se situe entre la démocratie et l’islam pour, soi-disant, en faire la synthèse.
Ce «milieu» politique n’en est évidemment pas un puisqu’il ne se situe pas dans la grille entre la gauche et la droite mais «ailleurs».
En réalité, cela permet aux partis islamistes de faire croire à leur modération et à leur attachement à la démocratie.
Car c’est également le discours que tenait les Frères musulmans quand ils sont arrivés au pouvoir en Egypte en 2011 (législatives) et en 2012 (présidentielle avec Morsi) et dont tous leurs gestes ont montré l’inanité de leurs propos, amenant à la prise du pouvoir par les militaires en 2013.
D’ailleurs, la décision d’Ennahdha de devenir un parti centriste «national, civil et démocratique» en sortant de «l’islam politique» pour être «démocrate musulman» a laissé plus d’un observateur sceptique.
Come le déclara au quotidien Le Monde, l’historien Alaya Allani, «Cette séparation fonctionnelle entre le politique et le religieux est purement technique et non idéologique».
Rappelons par ailleurs qu’il existe en Tunisie de nombreux partis centristes, c’est-à-dire se référant à la pensée centriste ou positionnés au centre de la vie politique et, tous, bien évidemment, laïcs.


L’Humeur du Centriste. Le pathétique Bernie Sanders, allié objectif de Trump

Bernie Sanders & Donald Trump
Si Le Parti démocrate perd l’élection présidentielle (et, sans doute, les élections législatives dans la foulée), Bernie Sanders en sera probablement un des grands responsables.
Sénateur sans grand relief d’un des plus petits Etats du pays (rappelons que, quel que soit sa taille, un Etat envoie toujours deux sénateurs au Congrès, ce qui fait que certains sont élus par un nombre très limité d’électeurs), il a réussi au-delà de toute espérance à se faire un nom et a développé son programme socialiste (et non social-démocrate comme certains voudraient le faire croire) alors même qu’il y a un an il était quasiment inconnu de 99% des Américains.
Il doit cela, avant tout, à deux phénomènes.
Le premier est le manque de candidats à la primaire démocrate face à Hillary Clinton, la centriste ultra-favorite.
Face à elle, un candidat sans relief, O’Malley, qui abandonna après le premier scrutin dans l’Iowa (deux autres, Chafee et Webb ayant jeté l’éponge avant même le début des primaires) et un candidat, Sanders qui est alors devenu la seule façon pour les opposants démocrates de Clinton de s’opposer à elle.
Car, le deuxième phénomène est l’éruption d’une formidable vague de populisme démagogique dont aucun politologue n’avait prévu l’ampleur même si elle avait été précédée de quelques signes avant-coureur (Tea Party, Occupy Wall Street).
Celle-ci a permis à Donald Trump de devenir le candidat officiel du Parti républicain.
Et, côté démocrate, elle a permis à Sanders qui, à défaut de pouvoir gagner les primaires, a pu se faire un nom et une notoriété, drainant avec lui toutes les aigreurs de la gauche du Parti démocrate – dont il n’est pas membre – mais aussi d’électeurs qui sont souvent plus à droite que Clinton mais qui sont en colère face à leur situation et/ou la situation du pays selon eux, souvent à mille lieux de ce qu’elle est en réalité.
Et Bernie Sanders a profité de cette improbable situation pour faire de l’agit-prop en tentant de démolir les positions centristes de Clinton, de faire imploser le Parti démocrate en vue d’une recomposition de celui-ci à gauche toute et de se promouvoir en tant que futur de ce nouveau Parti démocrate et, in fine, du pays.
Pour cela, il a utilisé les armes des populistes, des démagogues mais aussi des opportunistes, avec une haine et une hargne qui ne sont pas à son honneur.
Comme celle du débat face à Trump.
Pour tenter de déstabiliser Hillary Clinton, ce dernier a depuis des semaines martelé que les démocrates avaient été malhonnêtes avec le «pauvre» Bernie Sanders et qu’ils avaient fait en sorte qu’il ne puisse pas être le candidat du parti (alors, que Clinton a plus de trois millions de voix de plus que lui).
En cela, il ne se faisait que l’écho de la paranoïa obsessionnelle, réelle ou mise en scène, du sénateur du Vermont.
Et, comme toujours, le promoteur immobilier newyorkais, amplifia sa provocation en proposant à Sanders un débat avant la primaire de Californie.
Cette proposition venait après le refus de Clinton de débattre avec son adversaire socialiste sur la chaîne d’extrême-droite, Fox news!
Débat qui n’aurait servi qu’à montrer les désaccords entre les deux adversaires alors même que Sanders ne peut plus gagner, c’est-à-dire qui aurait été du pain béni pour Trump.
On comprend pourquoi Fox news était intéressé à le retransmettre…
L’étonnant fut que Sanders accepta aussitôt le débat avec Trump au mépris de toutes les règles politiques.
Il se démena même avec une rare énergie pour remplir les conditions posées par Trump et trouver une chaîne de télévision qui veuille le retransmettre (on se doute que ce ne fut pas très difficile!).
Mais le candidat républicain alla jusqu’au bout de sa provocation et humilia Sanders en déclarant, le lendemain qu’il ne voulait pas débattre avec un perdant et qu’il se réservait pour la confrontation avec Clinton.
Bernie Sanders se retrouva le dindon de la farce qu’il avait aidé à mettre en place, apparaissant aux yeux de beaucoup pour ce qu’il ait, l’alter-égo démocrate de Trump.
Mais, pour ajouter au pathétique de la situation, il fit des déclarations dans lesquelles il implorait Trump d’accepter de débattre.
D’ailleurs, personne ne sait si Trump ne fera pas encore volte-face, voire plusieurs fois pour se moquer de Sanders et continuer à déstabiliser les démocrates.
Au-delà du ridicule, ce nouvel épisode de la campagne présidentielle américaine montre bien malheureusement sa prise en orage par deux bouffons pas vraiment drôles mais qui menacent par leurs comportements la démocratie républicaine qu’ils n’arrêtent pas de se payer la tête au plus grand plaisir de leurs fans, car c’est comme ça qu’il faut appeler leurs sympathisants, eux qui ne cessent de se pâmer devant les attaques les plus brutales, les plus grotesques et les plus grossières de leurs champions respectifs.
Si Hillary Clinton et sa ligne centriste l’emporte le 8 novembre prochain, on pourra pousser un ouf de soulagement.
Mais, en voyant le spectacle quotidien de cette campagne électorale et la complicité avec laquelle les médias, surtout audiovisuels, y prêtent leur concours, ce ne sera sans doute pas une partie de plaisir.
Pour ceux, en France, qui ne comprennent pas vraiment ce qui se passe actuellement de l’autre côté de l’Atlantique, c’est comme si un candidat centriste ou centro-compatible se trouvait coincé entre un Jean-Luc Mélenchon et une Marine Le Pen dont les sondages leur donneraient des chances d’être élus.
On espère éviter ce cauchemar dans quelques mois…

Centristement votre.

Le Centriste