vendredi 14 juillet 2017

Vues du Centre. Macron se sert-il de Trump?

Par Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Emmanuel Macron & Donald Trump
C’est dit, Emmanuel Macron est l’ami de Donald Trump.
Le président de la république le dit et le redit partout.
Mais cette amitié n’est-elle pas un moyen pour Emmanuel Macron de s’affirmer sur la scène internationale et dans un même mouvement de s’imposer comme une des personnalités centrales du concert des nations?
Cela en a tout l’air.
Car, rappelons-nous, il n’y a pas si longtemps, ce jour où Macron ressemblait à un petit garçon qui vient d’avoir sa friandise préférée, ce jour où Barack Obama – qu’il avait sollicité – s’était déclaré en sa faveur pour la présidentielle.
Obama, l’homme haï par Trump.
Et rappelons-nous aussi toutes les critiques dures et sans concession que le même Macron adressé au milliardaire newyorkais.
Alors, y a-t-il eu une révélation lors de leur première rencontre et de leur serrement de main si long et si intense (qu’ils ont reproduit ce 14 juillet pendant 30 secondes!).
Ou le Français se sert-il de l’Américain comme d’un marchepied…
Si l’on privilégie cette seconde thèse, elle semble tout à fait plausible.
Emmanuel Macron a certainement une certaine admiration pour Donald Trump mais celle-ci se cantonne à la capacité que le promoteur américain a eu de se faire élire en déjouant tous les pronostics, exactement ce qui s’est passé pour lui en France.
Mais tout le reste les oppose.
Le projet macronien est complètement différent de l’agir trumpien.
Européen, multilatéraliste, humaniste, croyant en la capacité de l’individu, Macron le centriste représente une vision d’espoir là où Trump de populiste démagogue est venu parler d’apocalypse à ses concitoyens.
Prônant une société d’ouverture, le président français est un adversaire du repli sur soi que promeut à tout-va le président américain.
Oui mais voilà, les Etats-Unis sont la première puissance mondiale avec ou sans Trump.
Et ce dernier est bien le chef de ce pays, donc le personnage le plus puissant de la planète qu’on s’en réjouisse ou non.
En le recevant, en lui parlant, en lui donnant l’accolade, en le considérant comme un ami, Macron s’élève à son niveau, non pas celui de l’homme mais celui de sa fonction.
En se présentant comme son égal en terme politique, il prend une stature supplémentaire et, dans le même temps, installe à ses côtés celui qui est, de par sa fonction, beaucoup plus puissant que lui.
C’est bien joué.
Est-ce que cela peut durer longtemps?
La France n’est pas les Etats-Unis.
Elle est une puissance moyenne et plus une grande puissance.
Peut-être qu’Emmanuel Macron réussira à lui donner une aura qui dépasse sa force économique, militaire et diplomatique.
Pour l’instant, en tout cas, ça marche.
Peut-être qu’il pourra installer un soft-power français respecté et respectable qui deviendra emblématique et un modèle à imiter.
Mais cela n’est pas gagné, loin de là.
D’autant que d’avoir Trump comme «ami» vous expose à bien des dangers, surtout ceux qui viennent de ce cher et imprévisible Donald.
Reste, in fine, que cette thèse a aussi un avantage pour ceux qui ont de la sympathie pour Emmanuel Macron, de croire que ses valeurs ne sont pas celle de Donald Trump.
Néanmoins, rien n’est sûr à 100% si l’on se réfère seulement à ce qu’ils nous montrent à la télévision.

Aris de Hesselin