mercredi 24 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Quatre petits candidats condamnés à l’obscurité


Malgré ce que l’on croit - même aux Etats-Unis -, il n’y a jamais eu, lors des élections présidentielles que deux candidats.
On ramène cette élection à l’affrontement entre les représentants des deux grands partis (aujourd’hui le Parti démocrate et le Parti républicain).
Parfois, il y a un troisième larron qui est capable de troubler le jeu (comme en 1912, Theodore Roosevelt qui, ancien président républicain, se représentait sous l’étiquette «progressiste» ou en 1992, Ross Perot, milliardaire et indépendant de droite).
Mais, à chaque élection, on trouve également plusieurs petits candidats (et une liste encore plus longue de ceux qui auraient voulu l’être).
Cette année, on en trouve quatre, une représentante de Green (écologiste), Jill Stein, un représentant du parti libertarien, Gary Johnson, un représentant du Parti de la Justice (gauche), Rocky Anderson, et un représentant du parti de la Constitution (droite), Virgil Goode.
Tous les autres candidats n’ont pas pu être présents dans suffisamment d’Etats afin d’avoir la possibilité d’être élus et n’ont donc pas été autorisés à concourir.
Hier, dans une salle de San Francisco pas entièrement remplie, les quatre précités ont eu droit à leur débat animé par une star de la télévision, l’ancienne vedette du talk show de CNN, Larry King.
Un débat a été beaucoup plus policé et courtois que ceux ayant opposé Barack Obama à Mitt Romney.
Pourtant, de nombreuses questions importantes y ont été traitées comme les lois qui permettent d’emprisonner toute personne qui serait susceptible de porter atteinte à la sécurité nationale et cela sans procès et sans passer devant un juge ou comme la bataille contre les trafiquants de drogue et la légalisation de la marijuana.
Ces petits candidats ne sont pas seulement des originaux ou des rigolos. Ils portent souvent un vrai message politique.
Et s’ils ne recueillent que quelques voix, ils ont pourtant une capacité de nuisance face aux ténors. Ainsi, lors de la présidentielle de 2000, le refus de se retirer de la course du candidat écologiste et figure de la défense des consommateurs, Ralph Nader, avait coûté la victoire au démocrate Al Gore face à George W Bush avec toutes les conséquences que l’on connait.
Alexandre Vatimbella

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La politique-spectacle, un challenge pour le Centre


Nous sommes dans l’ère de la politique-spectacle (si tant est que la politique ait pu un jour se passer du spectacle…). Ainsi, ce que l’on dit est souvent secondaire par rapport à comment on le dit, où on le dit, de quelle manière on le dit et avec quelle scénario et quelle mise en scène on le dit.
Dernier exemple en date, le premier débat ayant opposé Barack Obama à Mitt Romney. Tous les commentateurs ont été d’accord pour dire que le fond de l’intervention du président américain a été meilleur que celui du candidat républicain mais que, sur la forme, ce dernier l’avait largement emporté et que donc il était le vainqueur de cette joute…
Cette manière de faire de la politique à tous les niveaux (sphères politique, médiatique et même celle des «experts») avantage ceux qui ont un don d’acteur, un physique accrocheur et qui prennent des positions souvent clivées afin de faire plus facilement le buzz, de la télévision aux réseaux sociaux en passant par la presse écrite.
Ces constats en appellent un autre: la difficulté pour un message centriste d’être repris par les médias parce que, loin d’être spectaculaire, il se veut, d’abord, consensuel, modéré, pragmatique, responsable et réaliste.
Toutes les dernières élections l’ont prouvé… même celles qui ont fait la part belle aux candidats centristes comme en 2007 en France ou en 2008 aux Etats-Unis.
Pour éviter que leurs propos soient qualifiés d’insipides ou d’inconsistants parce que n’étant pas spectaculaires (au sens de faire le spectacle), beaucoup de centristes les enrobent dans des formules qui souvent les dévoient.
Ainsi en a-t-il été le cas lors de l’élection de Barack Obama il y a quatre ans.
Sur un discours essentiellement centriste du candidat démocrate, s’est greffée toute une série d’enrobages pour lui donner de l’appétence électorale.
A l’inverse, les candidats de droite et de gauche commencent par des déclarations spectaculaires pour poser leur candidature et la faire exister avant de faire les concessions centristes nécessaires à leur élection au fur et à mesure que se rapproche le scrutin afin de ratisser large sans pour autant avoir perdu leur image médiatique façonnée à coups de petites phrases et d’annonces-chocs.
Le problème est que les médias sont complices de ce double-jeu des extrêmes. Ainsi, ils expliquent doctement que tout candidat de droite ou de gauche, après avoir exprimé des positions très partisanes, recentre logiquement son discours pour ratisser large sans y voir aucunement de la duplicité et du mensonge, comme si cela faisait partie du fonctionnement normal du monde politique.
Comment, dans ces conditions, un message centriste peut faire le poids, coincé entre des messages qui promettent tout et n’importe quoi tout en étant mélangé à d’autres, venus des mêmes qui contredisent leurs premières déclarations en le copiant sans vergogne.
Tout cela s’appelle de la démagogie, une démarche que l’on pensait être vouée à la disparition dans les systèmes démocratiques évolués.
Malheureusement, les peuples veulent toujours croire aux promesses intenables savamment mises en scène et annonçant que l’on rasera gratis dès le lendemain d’une élection.
Comment expliquer, sinon, que Mitt Romney peut être considéré comme un modéré aujourd’hui par beaucoup de ses compatriotes alors qu’il a fait siennes pendant des mois les positions de la droite extrême du Parti républicain!
Comment expliquer que ce même Mitt Romney puisse promettre aux Américains de supprimer le déficit abyssal des comptes publics des Etats-Unis en baissant les impôts (en particulier des plus riches) tout en dépensant plus (notamment pour la Défense) et qu’il ait de grandes chances d’être élu le 6 novembre prochain!
Et le Père Noël n’a rien à voir dans cette histoire car, lui, au moins, il apporte de vrais cadeaux…