vendredi 16 novembre 2018

Actualités du Centre. Etats-Unis – Face à la vague démocrate des midterms, Trump panique

Donald Trump
Selon des membres de l’équipe de la Maison blanche, Donald Trump est, à nouveau, dans un comportement erratique et dans une panique selon le terme même de ces sources internes  évidente comme le montrent par ailleurs ses tweets.
Les raisons: la large défaite des républicains lors des élections de mi-mandat face à la «vague bleue» démocrate, essentiellement due aux victoires de démocrates centristes, qui va permettre au Parti démocrate de lancer de nombreuses commissions d’enquête sur les agissements, les finances, les amis et les collusions avec la Russie de Donald Trump.
Mais pourquoi a-t-il attendu plusieurs jours avant de se rendre compte que les démocrates avaient gagné haut la main les élections?
Il s’est, d’une part, auto-convaincu qu’il allait permettre aux républicains de gagner mais, d’autre part, il a cru les médias qui, tous, ont affirmé le soir de l’élection qu’il n’y avait pas de «vague bleue».
Et autant les sondages, contrairement à ce que ces mêmes médias ont prétendu, ne s’étaient pas trompés en pronostiquant la victoire populaire d’Hillary Clinton en 2016 (avec plus de trois millions de voix en plus que Trump), autant ils se sont «plantés» dans leur appréciation des résultats des midterms.
Des spécialistes des élections ont ainsi rappelé aux journalistes qu’un tel scrutin ne délivrait ses résultats finaux que plusieurs jours après le vote.
Mais dans un monde de l’immédiateté et de la concurrence à l’information «exclusive», ces mêmes journalistes ont voulu aller plus vite que le processus électoral.
Du coup, Trump qui n’arrête pas de les insulter et de prétendre qu’ils ne distillent que de «fausses informations», les a crus!
Aujourd’hui, il tente, par tous les moyens, de mettre fin à l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur les collusions de ses proches et de lui-même avec la Russie lors de l’élection de 2016 avant que les démocrates ne prennent réellement le pouvoir à la Chambre des représentants en janvier 2019.
Il a nommé (de manière inconstitutionnelle pour beaucoup de juristes) Matthew Whitaker, un incapable, au poste de ministre de la Justice, simplement parce que celui-ci veut mettre fin à l’enquête de Mueller en renvoyant le précédant titulaire du poste, Jeff Sessions, un conservateur réactionnaire de l’Alabama, qui avait refusé de le faire…
Dans le même temps, il a menacé les démocrates d’enquêtes sur leurs agissements (sans qu’on sache lesquels…), si ceux-ci s’intéressaient aux siens!
C’est sans doute également cette panique, largement alimentée par ses problèmes comportementaux pointés par de nombreux spécialistes mais aussi ses proches collaborateurs, qui sont à l’origine de ses tweets insultants pour la France et Emmanuel Macron dont il disait, il y a moins d’un an qu’il était un «merveilleux ami»…


Actualités du Centre. UDI: Lagarde s’en prend violemment au gouvernement et au président

Jean-Christophe Lagarde
Dans les expressions «soutien critique» et «opposition constructive» que Jean-Christophe Lagarde se targue sans cesse d’avoir vis-à-vis du gouvernement, il semble qu’il n’ait mis en pratique que les termes d’«opposition» et de «critique»…
Avec la colère d’une partie de la population vis-à-vis de l’augmentation du prix des carburants et du refus de celle-ci d’une taxation écologique, le président de l’UDI a trouvé le moyen de rebooster sa formation un peu en léthargie ces dernières semaines qui ont vu des députés quitter son groupe à l’Assemblée nationale pour aller former Libertés et Territoires, et l’ALDE, le parti européen auquel il est affilié au Parlement européen, faire alliance avec Emmanuel Macron pour les prochaines élections de mai 2019 alors même qu’il affirme partout qu’il veut sa propre liste autonome.

Et il n’a guère fait dans la dentelle.

La première salve est venue lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale où il a déclaré:

«La hausse des taxes sur les carburants a provoqué une véritable exaspération chez les Français. Nous ne nous associons ni à la démagogie, ni à la récupération qui pousse certains qui proposaient ces taxes hier à les renier aujourd'hui (…). Le président de la République il y a quelques jours disait trivialement à un de nos compatriotes que ce n'est pas ‘bibi’ qui est responsable de la hausse des taxes (mais) les chiffres sont têtus: 37% de l'augmentation du diesel, 34% de l'augmentation de l'essence sont dus à des décisions (du gouvernement). C'est donc aussi ‘bibi’ qui est responsable des taxes et c'est pour ça que les Français ont l'impression de l'avoir dans le baba. Entre 2017 et 2019, c'est 7,2 milliards de recettes supplémentaires que ces taxes que vous avez décidées ont rapporté dans les caisses de l'Etat et 1,2 milliard seulement ont été consacrés à la transition énergétique. (…) Comment allez-vous rendre l'argent (aux Français) pour leur permettre de rouler plus propre et de se chauffer plus propre?»

Et jeudi sur franceinfo, sans doute galvanisé par sa propre audace, le centriste s’est contredit lui-même en estimant que ces taxes sur les carburants ne sont pas écologiques et en attaquant encore plus frontalement le gouvernement:

«Il y a besoin d'une taxation écologique (mais) la hausse des taxes sur les carburants n'est pas une taxation écologique. (…) Il faut comprendre qu'en 2019, ils vont augmenter les taxes sur l'essence de 3,9 milliards, mais qu'on donne à la transition énergétique 260 millions. Tout le reste c'est pour les caisses de l'Etat. La réalité d'une taxation écologique telle qu'elle devrait avoir lieu est un principe qui devrait être celui du bonus-malus. Cela veut dire que si vous polluez moins, vous payez moins cher, si vous polluez plus vous polluez plus cher. (…) Quand on a 3,9 milliards qu'on prend dans la poche des Français, il y a de quoi payer des voitures plus propres aux Français, il y a de quoi payer des infrastructures qui permettent de payer de l'électricité, il y a de quoi payer des chaudières. La transition ne doit pas être une taxation, ne doit pas être piège, ça doit être un accompagnement.»

Tout cela ne l’a pas empêché de critiquer ceux qui veulent récupérer le mouvement des «gilets jaunes» pour des raisons politiciennes…




Une Semaine en Centrisme. La réussite politique de Macron passe-t-elle par sa défaite électorale?

Emmanuel Macron
Dans son livre programme, Révolution, Emmanuel Macron écrivait, «Nous devons aujourd’hui faire entrer la France dans le XXI° siècle. C’est cela notre défi».
Un défi, il l’a reconnut lors de ses dernières interventions, est très impopulaire auprès de ses concitoyens.
Et il a ajouté qu’il n’avait pas réussi à «réconcilier les Français» avec le monde politique, sous-entendant qu’il n’’avait pas pu les faire adhérer à «l’urgence» des réformes en profondeur qu’il leur propose.
Mais plutôt que de parler d’un mea culpa comme la plupart des observateurs l’ont pointé, cet aveu est plutôt celui d’un constat d’une réalité désespérante que, lui non plus, ne pouvait mobiliser la nation pour cet objectif indispensable reconnu pourtant par une majorité de la population.
Dès lors, on peut se poser la question: si le projet politique d’Emmanuel Macron est un succès, cela signifiera-t-il la défaite électorale de ce dernier?
S’il réussit à réellement réformer la France pour le XXI° siècle ou, soyons réalistes, plutôt pour les deux ou trois prochaines décennies, le corollaire sera-t-il une impopularité telle qu’il ne pourra prétendre à un second mandat?
Car, il est bien évident que les résultats d’une réforme en profondeur (voire en semi-profondeur) de la France – et plus largement d’un pays démocratique – ne peuvent pas, pour la plupart, se matérialiser à très court terme par une forte amélioration des conditions d’existence pour la population mais plutôt par une stagnation, voire même un recul de celles-ci.
Or, le court-termisme à toujours fait partie de la vision existentielle d’un peuple pour des raisons, à la fois, compréhensibles et légitimes mais aussi égoïstes et irresponsables.
Et il l’est devenu en élément central dans l’élaboration du «sentiment des peuples», en particulier dans les démocraties républicaines à cause de cette autonomisation de l’individu qui veut tout, tout de suite, qui refuse tout sacrifice et dont le comportement politique est plus celui d’un consommateur que d’un citoyen.
Sans oublier qu’il baigne dans une société où l’information doit se nourrir continuellement de controverses pour appâter le client, c'est-à-dire où la polémique doit l’emporter sur l’analyse de fond.
Emmanuel Macron était tout à fait conscient du défi qu’il lançait au pays et à lui-même puisqu’il écrivait dans Révolution que «le moment que nous vivons est bien celui d’une refondation profonde».
Et «cette grande transformation nous oblige tous. Refuser les changements du monde en nous contentant de rafistoler un modèle créé pour avant-hier, ce n’est pas la France.»
Il ajoutait que:
 «Si nous voulons avancer, faire réussir notre pays et construire une prospérité du XXI° siècle dans le droit fil de notre Histoire, il nous faut agir. Car la solution est en nous. Elle ne dépend pas d’une liste de propositions qui ne se feront pas. Elle ne saurait émerger de la construction de compromis bancals. Elle se fera grâce à des solutions différentes qui supposent une révolution démocratique profonde. Elle prendra du temps. Elle ne dépend que d’une chose: notre unité, notre courage, notre volonté commune.»
Dès lors, «la tâche à accomplir est d’ampleur. Elle ne pourra pas être commencée sans une conscience aiguë des changements qui sont à l’œuvre autour de nous. Et sans une rupture délibérée avec l’espèce de fatigue accumulée depuis trop longtemps.»
Et, selon lui, «ce travail prendra dix ans» (soit deux quinquennats…).
Or il est quasi-impossible, et plus encore à notre époque actuelle, de demander une décennie à un peuple avant qu’il ne voit vraiment les résultats des efforts qu’on lui demande de consentir, comme nous l’avons dit précédemment, même lorsque l’on a remporté l’élection présidentielle avec plus de 66% des suffrages!
Dès lors, le passage en force macronien dans bien des réformes est sans doute le seul possible pour les implémenter non pas «contre» ni «sans» le peuple mais «face» au peuple puisqu’on ne peut le faire «avec» le peuple.
Mais il s’accompagne de cette quasi-certaine défaite électorale à moins d’avoir une conjoncture économique, sociale et sociétale particulièrement favorable, ce qui n’est plus le cas, pour l’instant, d’Emmanuel Macron.
Cette œuvre à laquelle il a décidé de s’astreindre demande beaucoup de courage et l’on sait que le courage en politique est, à la fois, une des qualités essentielles mais aussi la moins partagée auprès de ceux qui la font…
Parce que, concrètement, le courage est de s’affronter avec un immobilisme face à un futur que l’on ne maîtrise pas et qui provoque toujours un repli frileux sur un présent et un «c’était mieux avant».
«Nous en sommes là, à l’arrêt, curieusement immobiles et souffrant aussi de cette immobilité qui ne nous satisfait pas, écrivait-il dans Révolution. Dès qu’on touche quelque chose, des voix s’élèvent pour dénoncer la braderie du modèle français, ce modèle qui pourtant ne marche plus.»
Et ceux qui ont ce courage, comme l’a actuellement Macron, joue leur avenir politique à chacune de leur décision.
Est-il prêt à assumer qu’une victoire politique serait la mort de sa carrière politique?
En tout cas, il affirmait, toujours dans Révolution:
«Je ne peux me résoudre à voir une France qui a peur et ne regarde que ses souvenirs, une France outrancière qui insulte et exclut, une France fatiguée qui stagne et qui gère.»
Ce qui semble indiquer qu’il ira jusqu’au bout de son projet comme il le démontre actuellement.
Et probablement sans les Français.
Car, s’il disait aussi dans son livre que ceux-ci «sont prêts à réinventer notre pays», c’est sans doute vrai mais seulement en rêve…

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC