lundi 12 septembre 2016

Une Semaine en Centrisme. Morin-Lagarde: le ralliement contre l’indépendance?

Jean-Christophe Lagarde & Hervé Morin
La violente controverse qui oppose Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, à Hervé Morin, président du Nouveau centre (composante de l’UDI) et attisée par les fidèles lieutenants de ce dernier comme Philippe Vigier, président du groupe UDI à l’Assemblée nationale, continue à faire rage.
Celle-ci s’est focalisée sur les rapports que la confédération centriste doit entretenir avec Emmanuel Macron, le leader d’En marche.
Pour Lagarde, il faut «dialoguer» avec lui comme avec toux ceux qui sont «centro-compatibles» ainsi qu’il l’a rappelé sur le plateau de LCI.
Pour Morin, pas question de dialogue, tout au moins jusqu’à l’après-présidentielle et uniquement dans le cadre où Macron accepterait de faire partie d’une majorité qui comprendrait Nicolas Sarkozy!
Comme il l’a déclaré dans une interview au site internet du JDD, «Un partenariat avec lui, qui serait un changement d’alliance, est aujourd’hui une erreur».
Au-delà de cette querelle et de la haine qui anime les deux hommes l’un par rapport à l’autre ainsi que de la peur que la réussite de l’un soit la défaite de l’autre, on peut se demander si l’on n’est pas en face de deux stratégies concernant l’UDI.
D’un côté, celle du ralliement pur et simple à LR, prônée par Hervé Morin, et de l’autre, celle de l’Indépendance et de l’ouverture, défendue par Jean-Christophe Lagarde.
Bien sûr, Lagarde estime toujours que l’alliance «naturelle» se trouve à droite auprès de LR et Morin veut bien discuter avec Macron après 2017 d’une future alliance gouvernementale basée sur une majorité centrale allant de la droite sarkozyste à la gauche vallsienne.
Néanmoins, le président de l’UDI, constatant que le «partenariat» avec LR faisait du sur-place alors même que les positions du parti présidé dorénavant par le très à droite Laurent Wauquiez, dérivaient vers des rivages que ne reconnaissent pas les centristes, a décidé d’une stratégie d’ouverture tant à droite qu’à gauche avec l’appui du président du Parti radical (composante de l’UDI), Laurent Hénart.
En revanche, Hervé Morin estime que le salut de l’UDI passe nécessairement par une alliance sans faille avec LR, quitte à critiquer tel ou tel aspect du positionnement de ce dernier parti quand il devient trop clivant.
Ainsi, pour appuyer sa stratégie d’ouverture, Lagarde a dénoncé sur LCI les propos de Nicolas Sarkozy comparant le Centre à un simple «juste milieu».
Il a senti «mépris» chez l’ancien président de la république car «décrire les centristes comme des voix du milieu – c'est bien mal les connaître d'ailleurs – et espérer en même temps leurs voix? Il y a une contradiction qui m'apparaît assez brutale, révélatrice d'un mépris».
Et son «ambition c’est qu’il y ait une coalition qui puisse transformer la France, le seul pays d’Europe à être resté en panne».
Le son de cloche est diamétralement opposé chez Morin qui indique au JDD que «la politique girouette, c'est fini», traduction: nous sommes alliés avec la Droite, point final.
C’est pourquoi, il prendra parti pour un des candidats à la primaire de LR: «Pour ma part, je me prononcerai vers le 10 octobre, car je trouve nécessaire de s'engager. Ne pas choisir revient à s'absenter du débat public. Pour autant, il n'y aura qu'un seul candidat à l'issue des primaires et, au bout du compte, tout le monde le soutiendra».
S’en suit une charge dure et sans nuance contre l’UDI, c’est-à-dire contre la ligne politique de Lagarde:
«(…) Très franchement, l'UDI a été absente des grands débats du printemps et de l'été, que ce soit sur le Brexit ou sur les questions identitaires post-attentats. Les Français ne savent pas ce que l'UDI pense. Le parti centriste a souvent été une planète éloignée du soleil médiatique».
Peu importe que cela ne soit pas la réalité car l’important pour Morin n’est pas l’UDI, dont il semble toujours ne pas souhaiter qu’elle continue à exister dans un futur proche:
«La question n'est pas celle de l'UDI, mais de la famille centriste. Je demeure persuadé qu'elle doit jouer un rôle dans le nécessaire rassemblement au soir du premier tour de l'élection présidentielle. Marine Le Pen sera qualifiée pour le second tour et il faudra face à elle l’émergence d’une force centrale».
La solution, selon Morin: «construire un grand parti moderne face aux conservateurs et poujadistes», c’est-à-dire diluer les centristes dans une formation où ils ne dirigeront rien ou pas grand chose, un peu comme… l’UMP que le président du Nouveau centre n’avait pourtant pas voulu rejoindre en 2002.
Il faut dire qu’il était alors un des fidèles lieutenants de François Bayrou.
Un Bayrou qui est un de ses alliés pour le moins inattendu dans l’affaire Macron…
Car «aujourd'hui, la V° République et son système bipolaire a atteint ses limites», précise-t-il alors même qu’il le fait perdurer en s’accolant à LR pour la reine des élections, la présidentielle…
Cette «force centrale» ne pourra se faire «sans les centristes» qui doivent en «être un des ciments majeurs pour lier les modernes face aux archaïques», Morin, on le voit, n’ayant pas peur des oxymores!
Cette opposition politique entre Lagarde et Morin, qu’elle soit superficielle en se basant sur leur inimitié ou qu’elle soit réelle, devra bien être tranchée par l’UDI et les partis centristes et le plus tôt sera le mieux si le Centre veut encore avoir son mot à dire sur le présent et l’avenir du pays.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC




Actualités du Centre. Bayrou-Macron: ce sera la guerre!

Bayrou & Macron
La volonté de François Bayrou de s’en prendre à Emmanuel Macron en le critiquant durement avec des propos proches de l’insulte avant que celui-ci ne puisse poser ses valises au centre de l’échiquier politique et occupe un terrain que le président du MoDem considère comme le sien, est devenue un affrontement frontal entre les deux hommes.
Les premières critiques sur l’homme du «mur de l’argent» et des «intérêts financiers» avaient évidemment fait réagir l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande qui avait répondu en rétorquant, lors d’un déplacement à Aurillac, qu’«insulter les autres, les attaquer, cela ne vaut pas projet» et que Bayrou «considère qu'il est propriétaire d'une part de marché au centre».
Il a également confié au magazine Le Point que la colère «normale» de la part d’un homme qui fait partie de la caste des politiques présents depuis longtemps et qui veulent garder le pouvoir pour eux.
«C'est le clapotis de la décadence. Ils se tiennent les uns les autres, car, au fond, leur intérêt est le même : perpétuer un système qui ne fonctionne plus, quoi qu'il advienne de la France», a-t-il ajouté.
Ces propos ont évidemment permis à Bayrou d’en remettre une couche dans la critique du leader d’En marche en essayant, une nouvelle fois, de comparer Macron à Sarkozy, ce qui démontre l’animosité du président du MoDem à son encontre quand on sait la détestation qu’il éprouve pour l’ancien président de la république:
«Je ne me reconnais pas dans le projet de société qu’Emmanuel Macron incarne. Ce projet de société est infiniment proche de celui que Nicolas Sarkozy défendait en 2007. Je me suis affronté avec Nicolas Sarkozy en 2007 sur les inégalités croissantes. Emmanuel Macron a déclaré qu’il fallait que ‘Beaucoup de jeunes Français aspirent à devenir des milliardaires’. Nicolas Sarkozy disait des milliardaires ‘Ça, c’est la réussite’!»
Ce serait la preuve, selon lui que «l’argent aujourd’hui gouverne tout!» et que Macron en est un des agents.
Et de prendre comme exemple le dîner organisé par Macron à Londres pour lever des fonds pour son organisation En marche alors même qu’Alain Juppé que Bayrou soutien à la présidentielle a fait de même quelques jours plus tôt…