lundi 5 mars 2018

Actualités du Centre. Législative partielle – Guyane: le candidat soutenu par tous les centristes nettement en tête

Le premier tour de l’élection législative partielle de Guyane, suite à l’invalidation de la victoire du candidat LREM, Lénaïck Adam, place celui-ci nettement en tête avec 43,1% des voix contre 35,1% pour son opposant, David Rimane de la France insoumise qui sera présent au second tour.
Adam a même amélioré son score du premier tour de juin 2017 et fait figure de favori pour sa réélection.
Ce qui est particulier et intéressant dans cette élection, c’est que ce dernier est soutenu par tous les partis centristes, LREM et le MoDem, évidemment, dans le cadre de la majorité présidentielle, mais aussi par l’UDI dont c’est le premier candidat maconiste qu’elle ait jamais parrainé.
Dans un communiqué publié par LREM, son délégué général, Christophe Castaner «remercie les électeurs qui se sont mobilisés, plus nombreux qu’au mois de juin dernier, pour placer notre candidat, Lénaïck Adam, et sa suppléante Véronique Jacaria, en tête au premier tour des élections législatives partielles, ainsi que tous les élus réunis autour de notre projet pour la Guyane.
Avec une participation en hausse, notre candidat Lénaïck Adam arrive largement en tête au premier tour, améliorant nettement son score de juin dernier. C’est un signe de confiance dans son action pour garantir le respect des engagements pris par l’Etat envers la Guyane en matière de sécurité, d’éducation, de santé et de développement économique. J’appelle tous les progressistes à le soutenir pour le second tour.»


Actualités du Centre. Italie – Législatives: populisme et extrémisme ont remplacé petit à petit les centristes

Il n’y avait déjà plus de centre-droit en Italie depuis l’effondrement de la Démocratie chrétienne et sa disparition en 1994, un parti qui dirigea le pays pratiquement sans partage pendant plus de trois décennies après la fin de la Deuxième guerre mondiale.
Il y eut un Centre (dont la «Margherita, la Marguerite, fondée en 2002 et dirigée par Francesco Rutelli) qui pencha au fur et à mesure de plus en plus vers la Gauche pour contrer Forza Italia de Silvio Berlusconi (et qui rejoignit le Parti démocrate en 2007 lors de sa fondation), membre de la coalition de l’Ulivo (l’Olivier) avec comme chef de file Romano Prodi.
C’est ce Parti démocrate, formation de centre-gauche, qui vient de connaitre une défaite cuisante aux législatives du 4 mars alors qu’elle a gouverné pendant toute la dernière législature avec Enrico Letta puis Matteo Renzi et, enfin, Paolo Gentiloni.
L’absence de parti réellement centriste puissant (il existe bien Plus d’Europe dirigé par Emma Bonino et allié dans une coalition électorale avec le Parti démocrate mais il ne représente que moins de 3% des voix) a fait en sorte que le débat politique se fasse entre une gauche démocrate (Parti démocrate), une droite dure et extrémiste (Forza italia, droite populiste, de Berlusconi alliée à la Ligue du Nord, extrême-droite, et aux Frères d’Italie, fasciste) et un populisme démagogique (Mouvement cinq étoiles créé par un humoriste, Beppe Grillo, sur le thème du «tous pourris»).
Ainsi, de 1945 à nos jours, l’Italie est passée d’un gouvernement de centre (plutôt de centre-droit au début puis du centre avant l’arrivée de Berlusconi en politique dans les années 1980 jusqu’à ce que les centristes ne soient plus qu’un appendice de la gauche réformiste) à la victoire du populisme et de l’extrême-droite, rappelant fâcheusement qu’elle fut la patrie du fascisme et de Benito Mussolini.
Les résultats des législatives d’hier ne sont pas encore totalement connus.
Mais, les grandes lignes sont que le Mouvement cinq étoiles arrives en tête avec aux alentours de 32% des voix devant le Parti démocrate avec 18% et la Ligue du Nord avec 17%.
Au niveau des coalitions, c’est celle de droite et d’extrême-droite qui remporte le scrutin avec environ 37% des voix, devant le Mouvement cnq étoile et la coalition de gauche avec 23% des voix.
Ces résultats montrent l’incapacité de toute formation ou coalition de gouverner seule.
Pendant que le président de la république consultera puis lors des tractations éventuelles entre les différents protagonistes, c’est le premier ministre actuel, Paolo Gentiloni, qui continuera à gouverner sans besoin d’avoir la confiance du Parlement.


Une Semaine en Centrisme. De la nécessité (ou non) d’un grand parti libéral et de centre-droit

Alors que la question semblait un peu marginale, voire une solution d’arrimage pour quelques personnalités politiques en déshérence à droite et au centre-droit depuis la victoire d’Emmanuel Macron, l’élection à la présidence de LR de Laurent Wauquiez et, surtout, ses «dérapages» plus que contrôlés, populistes et radicaux, l’ont remise au cœur de l’actualité politique: faut-il un grand parti de droite libérale et de centre-droit?
Des élus comme Franck Riester, Jean-Christophe Lagarde, Fabienne Keller ou Hervé Morin ont fait part de leur volonté de s’atteler à sa création et il pourrait permettre à des personnalités politiques comme Alain Juppé, Dominique Busserau, Xavier Bertrand, Jean-Pierre Raffarin ou Christian Estrosi, voire Valérie Pécresse ainsi que les ministres de droite d’Emmanuel Macron, au premier rang desquels Edouard Philippe et Bruno Le Maire, de trouver une formation d’accueil qui réponde pleinement à leurs idées.
Reste à savoir si cet hypothétique parti à un présent et, surtout, un avenir.
Si l’on prend comme exemple ce qui s’est passé aux Etats-Unis au Parti républicain depuis l’élection de Donald Trump à la Maison blanche, la réponse est plutôt négative.
Ainsi, l’électorat de droitiste américain est légitimiste et a préféré suivre le populiste démagogue radical dans ses multiples dérives plutôt que de demander à l’aile modérée du Parti républicain de faire sécession et de créer une nouvelle formation.
D’ailleurs, la plupart des élus républicains critiques envers Trump sont petit à petit rentrés dans le rang, oubliant leurs valeurs, leurs principes, surtout, les humiliations subies et les insultes proférées par Trump sans oublier leurs serments de ne jamais travailler avec lui.
Au vu de ce qui se passe chez Les républicains où les départs et les mises en retrait ont été, pour l’instant, peu nombreux malgré quelques gestes et propos spectaculaires de plusieurs personnalités de premier plan, on peut penser que la grande majorité des militants et des électeurs du parti ne bougeront pas.
Bien sûr, de nouveaux dérapages, des proximités avec le FN ou d’autres formations de droite radicale et d’extrême-droite pourraient changer la donne.
Jusqu’à créer une grande transhumance?
La question est ouverte.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il y a déjà une structure d’accueil pour les droitistes libéraux ainsi que les centristes de droite et elle s’appelle La république en marche.
Des personnalités comme Jean Arthuis ou Thierry Solère ont déjà rejoint ses rangs.
Dès lors, l’on peut se demander s’il existe un espace politique suffisant entre LR et LREM pour une grande formation.
Si l’espace existe, pas sûr qu’il soit aussi grand que l’affirment certains de ses supporters.
De même, pourrait-il être dans une «opposition constructive» et un «soutien critique» au gouvernement ou ne serait-il pas voué à n’être qu’un appendice de LREM et, en cas de changement de majorité lors des prochains législatives vers la Droite, que celui de LR?
Rien ne permet de trancher cette problématique en l’état.
On a parlé plus haut du profil de ceux qui pourraient le rejoindre mais qu’en serait-il en réalité et, surtout, existe-t-il un leader charismatique et/ou capable de mener le parti à la victoire?
On voit bien Agir-les constructifs, l’UDI et Les centristes se fondre dans ce parti et voir une bonne partie de l’aile modérée de LR faire de même sans oublier, à terme, quelques déçus de LREM, tellement celle-ci est actuellement une sorte d’attrape-tout où le seul ciment est Macron.
Mais ce ne sont que supputations.
Quant à un leader pouvant fédérer tout ce monde autour de lui, il semble bien qu’Alain Juppé n’a plus l’âge et la volonté (il pourrait néanmoins être une sorte de guide spirituel, voire une sorte de produit d’appel qui permettrait de faire venir beaucoup de ceux qui l’ont soutenu pendant la primaire de LR).
D’autres noms peuvent être évoqués, comme celui d’Edouard Philippe (mais il faudrait, soit que ce parti se retrouve dans la majorité présidentielle, soit attendre la sortie du gouvernement du susnommé) ou de Xavier Bertrand.
Quoiqu’il en soit, derrière cette création ainsi que celle d’une force social-démocrate sur les ruines du PS, se pose la question de l’axe central (regroupant libéraux réformistes et progressistes de droite, de gauche et du centre), de sa concrétisation et de son avenir.
Va-t-on vers une parti dominant, voire hégémonique ou même unique, regroupant tout l’axe central (qui pourrait être LREM) face à deux formations radicales et extrémistes de gauche et de droite ou plutôt, à terme, vers une alliance entre plusieurs formations moyennes?
Là aussi l’avenir n’est pas encore écrit.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC