dimanche 2 mars 2014

Refondation du Centre. L’Alternative, un outil commun au service de Bayrou?

Rappelons cette évidence: l’Alternative n’a pas été créée pour sauver le soldat Bayrou mais pour sortir du marasme les partis centristes qui ne parvenaient pas à susciter une quelconque appétence auprès des électeurs.
Ce rappel est utile, à la fois, pour dire aux membres de l’UDI que l’accueil d’un Bayrou en voie de marginalisation n’était pas de leur part un geste humanitaire mais une démarche éminemment politique (voire politicienne pour certains critiques de la création de cette Alternative) et pour ne pas oublier que l’objectif réel était un deal gagnant-gagnant entre un Borloo englué dans une UDI sans dynamisme et un Bayrou à la recherche d’un nouveau souffle.
Nous avons dit ici que cette «organisation coopérative» était un «objet politique non-identifié», à la fois, d’alliance et de compétition où chacun pouvait y mettre ce qu’il voulait et s’en servir comme il en avait envie.
A ce jeu, c’est François Bayrou qui vire en tête mais les membres de l’UDI ne peuvent s’en vouloir qu’à eux-mêmes si le président de Mouvement démocrate a su utiliser cet outil mieux qu’eux pour se redonner, si ce n’est encore un avenir politique, en tout cas une visibilité médiatico-politique évidente.
Les récriminations des leaders de l’UDI (en l’absence de leur chef) sont de ce point de vue, au mieux, hypocrites, au pire, pitoyables.
Car ils savaient, dès novembre dernier, qu’ils faisaient entrer le loup dans leur bergerie déjà bancale.
Que François Bayrou soit plus malin qu’eux, mais n’était-il pas leur chef voilà peu?!
Qu’il ait réussi à imposer – pour l’instant puisque l’accord n’est pas définitivement scellé –quatre têtes de liste MoDem sur sept et la moitié des candidats éligibles pour les européennes pour le ticket commun avec l’UDI, est incontestablement une victoire pour lui.
Tout comme est une victoire l’acceptation par l’UDI de sa théorie des alliances à la carte aux municipales qui permet au Mouvement démocrate d’être l’allié ici de l’UMP, là du Parti communiste, ailleurs du Parti socialiste ou de… l’UDI!
Si cette dernière se sent flouée, elle n’a qu’à battre sa coulpe et réfléchir à son fonctionnement de confédération (ou à son faible leadership) face à un Mouvement démocrate entièrement dévoué à François Bayrou (moins les quelques dissidents qui ont rejoint les rangs socialistes).
Le risque, in fine, est que l’Alternative se disloque, ce que certains à l’UDI espèrent secrètement dorénavant.
Néanmoins, si cela survient, ni le Mouvement démocrate, ni l’UDI n’en sortiront gagnants et indemnes.
Encore moins l’espace politique centriste.
Pour autant, si les relations entre les deux bords continuent à être du même acabit, le spectacle qu’offriront les deux formations aux Français risque de les couler pour de bon.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC