jeudi 10 mai 2012

USA election 2012 vue du Centre. Mariage gay, nouvelle offensive d’Obama pour faire de Romney un ringard réactionnaire

On voit apparaître une des stratégies principales de Barack Obama pour les élections présidentielles du 6 mai.
Il s’agit de ringardiser le plus possible Mitt Romney et de le repousser le plus loin possible dans le camp de la réaction dure, afin de faire de lui un nouveau Barry Goldwater, le candidat le plus à droite que présenta le Parti républicain à une élection présidentielle, héros de Ronald Reagan, et qui fut balayé par Lyndon Johnson en 1964.
Après l’avoir attaqué sur ses positions économiques qu’il a comparé à celles du Tea Party, c’est-à-dire, selon lui, qui aboutiront à faire payer à la classe moyenne les problèmes économiques, à couper encore plus dans les programmes sociaux, à abandonner les programmes environnementaux et, surtout, à donner encore plus d’avantages aux riches (dont fait partie Romney), Barack Obama a enfoncé le clou en matière sociétale.
Ainsi, après les bourdes à répétition de Mitt Romney sur le droit des femmes à disposer de leur corps et à utiliser la contraception qui lui valent un retard conséquent dans les sondages du côté des électrices, Barack Obama a décidé de se déclarer pour la première fois en faveur du mariage entre homosexuels ce qui, évidemment, a entraîné une réaction immédiate du candidat républicain qui s’y est dit opposé, estimant que la question du mariage ne concernait qu’un homme et une femme.
Voilà donc la communauté gay ancrée un peu plus du côté de Barack Obama d’autant que Mitt Romney avait du, il y a quelques jours, viré un de ses porte-paroles ouvertement homosexuel sous la pression de l’aide la plus à droite de son parti.
Même si le vote gay ne fait pas gagner une élection (au contraire du vote féminin), cela permet à Barack Obama de pousser au fur et à mesure son adversaire dans le camp le plus réactionnaire pour en faire un candidat clivant, aux ordres de l’extrême-droite obscurantiste et ayant renié tous ses engagements modérés devant les diktats de cette dernière.
Dans la lettre qu’il a envoyée à ses soutiens, Barack Obama dit avoir évolué en matière de mariage gay.
Il rappelle toutefois qu’aucune initiative fédérale ne sera prise en la matière et que les Etats continueront à légiférer en la matière (certains d’entre eux ont passé des lois interdisant ce mariage alors que d’autres, comme New York, l’ont autorisé).
De même, il comprend les oppositions que cela suscite notamment au niveau religieux.
On le voit, cette déclaration qui ne sera suivie d’aucune mesure concrète est bien un message adressé à la communauté gay mais aussi à tous ceux qui sont pour une société ouverte, voire une société débarrassée de ses interdictions passéistes, tous ceux, également, qui placent la liberté individuelle au-dessus de tout, c’est-à-dire une large majorité d’Américains.
Dans cette population, il y a évidemment la base de son parti comme le rappellent les commentateurs mais aussi une des cibles prioritaires d’Obama, les jeunes.
D’ailleurs, lors de son interview télévisée à la chaîne ABC au cours de laquelle il a fait ce «coming out», il a indiqué que, lorsqu’il se rend dans les campus universitaires, «souvent, je parle à des étudiants républicains qui pensent que j’ai de très mauvaises politiques économique et en matière de politique étrangère, mais sont très clair lorsqu’il s’agit de l’égalité des homosexuels, ils croient en cette égalité».
Mais, mieux encore pour Obama, 57% des électeurs «independents» (où on trouve les centristes), ceux qui feront l’élection, se déclarent en faveur du mariage gay (contre 40% qui sont contre) selon un sondage Gallup publié cette semaine.
En revanche, l’électorat noir a souvent été majoritairement contre une telle avancée sociétale. Il fut, par exemple, déterminant pour rejeter sa mise en place en Californie voici quelques années.
Pour autant, on ne voit pas trop comment il pourrait faire défaut, sinon à la marge, au premier président noir des Etats-Unis.
Barney Franck, le célèbre représentant démocrate du Massachussetts (qui ne se représentera pas en novembre prochain) et qui a été un des premiers politiques à se déclarer ouvertement gay, estime quant à lui que ceux qui sont contre ce mariage, de toute façon, n’auraient pas voté pour Obama, ce qui limite les risques de cette déclaration.
Barack Obama avait décidé de rendre publique sa position sur le mariage gay lors de la prochaine convention démocrate en Caroline du Nord qui avalisera sa candidature pour la présidentielle comme représentant du parti (il est le seul candidat).
Cependant, les déclarations en faveur de l’union maritale des homosexuels de son vice-président, Joe Biden, lors de la célèbre émission politique du dimanche, Meet the press, sur NBC, l’ont obligé à révéler sa nouvelle position plus tôt que prévu.
A noter que la Caroline du Nord a voté majoritairement pour Barack Obama en 2008 mais vient d’interdire à une large majorité le mariage gay…
Alexandre Vatimbella