lundi 15 février 2016

L’Humeur du Centriste. Pour Le Monde, Juppé ne veut pas être «caricaturé» en centriste!

Le Monde a bien changé… et pas pour le meilleur!
Non, je ne vais pas vous parler ici de cette bonne vieille planète qui va mal, certes, mais de ce quotidien français du soir qui fut, à une époque de plus en plus lointaine, «la référence» de la presse française ou, en tout cas, qui se présentait comme tel et celui que les enseignants recommandaient à leurs élèves de lire.
Même si ce qualificatif était évidemment exagéré, force est de constater que le sérieux et l‘exigence journalistique voulait vraiment dire quelque chose.
Libre, bien entendu, au Monde, d’avoir viré à gauche toute, de faire constamment l’éloge de Syriza, de Podémos et de tous ce qui se trouve à la gauche de la gauche.
Libre d’embaucher la nouvelle égérie de ces mouvements, l’économiste Thomas Piketty qui se prend désormais pour l’oracle de la morale politique (et pour le prochain président de la république…) et qui vient de faire le panégyrique dans ses colonnes de Bernie Sanders, le candidat populiste de gauche à la primaire démocrate aux Etats-Unis, on en attendait pas moins de lui, le conseiller de Podémos.
Libre au Monde également d’être encore plus critique sur François Hollande que Le Figaro (ce qui n’est pas peu dire) et peut-être même que Valeurs actuelles (un exploit!).
Libre de faire constamment  du relativisme en matière de valeurs, de la défense de Julian Assange à celle d’Edward Snowden en passant par la dénonciation routinière de la communauté occidentale, seule responsable de tous les crimes de la planète ou par des prises de position qui manifestent une méconnaissance du monde dans lequel nous vivons et au rapport de force qui s’instaure entre les défenseurs de la liberté et ses ennemis violents.
Libre oui, car la presse est libre en France, dans cette démocratie républicaine aux valeurs libérales (non, ce n’est pas une insulte messieurs les journalistes du Monde…) qui ne semble plus tout à fait du goût du quotidien.
Et chacun est libre d’acheter ou non Le Monde en retour.
Or donc, à longueur de pages, d’articles et de colonnes, le quotidien règle ses comptes avec tout ce qui n’est pas ce mélange assez indigeste qu’est la bien pensance alter-bobo-gaucho-écolo- pour en être à la fois le justicier et le délivreur de la vérité.
Avec un grand V, bien sûr.
C’est l’époque, direz-vous.
Peut-être.
Mais pourquoi prendre la plume aujourd’hui pour une dérive qui a commencé lorsque le directeur d’alors, Jean-Marie Colombani, fit alliance avec l’extrême-gauche pour assoir son pouvoir et dont la nomination du trublion Edwy Plenel fut le point d’orgue avec quelques autres venus des groupuscules de cette mouvance.
Ce fut l’époque des grandes enquêtes contre les socialistes et la Mitterrandie, tous ces «social-traitres» que l’extrême-gauche voulait abattre.
Parce qu’au Monde, on ne s’embarrasse même plus d’une certaine distance journalistique que l’on appelle aussi la déontologie même si on persiste, contre toute évidence, à nier l’engagement politique très à gauche du journal.
Il suffit de voir le traitement réservé ces dernières semaines à des personnalités comme Hillary Clinton, Emmanuel Macron ou Manuel Valls pour se rendre compte que la ligne modérée mise en place par le fondateur, Hubert Beuve-Méry, et suivie par ses successeurs à la tête du quotidien pendant quelques décennies est du passé bien révolu.
On comprend bien, dès lors, que les centristes ne sont pas les héros des journalistes du Monde, ni même des politiques qui méritent un certain respect (sauf quand ils critiquent Nicolas Sarkozy ou François Hollande d’où cette étonnante mansuétude envers François Bayrou…).
Dernière preuve en date, un papier sur la rivalité entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy où l’on trouve cette citation mise en avant: «Pour ne pas être caricaturé en ‘centriste’, le maire de Bordeaux a musclé son discours».
Si l’on comprend bien la pensée du Monde, être centriste est une insulte.
Sinon pourquoi donc Alain Juppé aurait peur d’être «caricaturé» comme tel?
Le journal aurait pu tout simplement écrire que le maire de Bordeaux réfute de l’être, qu’il ne pense pas en être un, qu’il ne pas partage pas les valeurs du Centre, qu’il n’accepte pas d’être présenté comme tel par les amis de Nicolas Sarkozy ou d’autres formules journalistiques et non partisanes.
Non, ils ont choisi «caricaturé».
Peut-être que Le Monde pourrait maintenant nous expliquer en quoi être centriste est une caricature.
Au moins, le quotidien aurait le courage de ses opinions et de sa ligne politique.

Centristement votre.

Le Centriste.