samedi 8 janvier 2011

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les conditions d’un vrai rassemblement du Centre


S’il est essentiel pour le Centre de rassembler ses ouailles dispersées pour peser politiquement et électoralement, il est tout aussi essentiel de le faire dans la clarté et sur une base politique en évitant que cela ne soit qu’une vulgaire opération de communication ou ressentie comme telle. Si l’indépendance de toutes les composantes qui pourraient se réunir est un préalable, le contenu et le but politiques sont tout aussi importants pour édifier une structure organisationnelle solide mais aussi pour être crédible face aux électeurs.
Une indépendance obligatoire
Le rassemblement des centristes ne peut se faire qu’entre centristes indépendants, qu’ils soient encartés dans un parti ou non. Clairement, il faut que tous ceux qui participent à cette refondation du centre soient indépendants de tout autre mouvement politique qui n’est pas du Centre. Concrètement, les centristes de l’UMP et les centristes appartenant à un parti affilié à une formation de Droite ou de Gauche ne peuvent prétendre participer à ce rassemblement. Bien évidemment, avant que celui ne devienne une réalité concrète, la négociation peut exister. Tout aussi évident doit être ensuite l’indépendance de ce rassemblement vis-à-vis de la Droite et de la Gauche avant d’éventuelles négociations en vue de former une coalition de gouvernement.
Un vrai contenu politique
Se rassembler pour être plus fort, c’est bien entendu intéressant électoralement parlant puis pour négocier une alliance de gouvernement avec d’autres au sortir des élections. Mais cette cuisine postélectorale n’a de sens que si l’on a un programme électoral s’appuyant sur un projet politique et une vision pour la France.
Les centristes partagent beaucoup de points communs dans ce domaine et il ne devrait guère être difficile de mettre en place une plateforme électorale même si certains points de vue devront être rapprochés et que les négociations à ce sujet seront âpres. Néanmoins, on peut raisonnablement penser que si une réelle volonté politique existe, les partis centristes trouveront un accord. Encore faut-il s’y mettre rapidement, avant même de savoir qu’elle forme prendra ce rassemblement.
Un but clair et concret
Le but de ce rassemblement est de proposer une alternance politique centriste de gouvernement indépendante de la Droite et de la Gauche. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’alliance possible ni avec la Droite, ni avec la Gauche si le Centre, comme cela est plus que probable, ne sort pas majoritaire des élections présidentielles et législatives de 2012. Néanmoins, le rassemblement devra porter son offre politique originale dans une indépendance totale, c’est-à-dire sans rouler pour qui que ce soit a priori.
Une structure organisationnelle qui réunisse tout le monde
Elle peut être de trois ordres: un nouveau parti, une confédération et une alliance.
Il semble que la mise en place d’un nouveau parti sera difficile. Cette option sera déjà compliquée entre les différentes composantes centristes de la majorité présidentielle et l’on voit mal le Nouveau centre se torpiller et, encore moins, le Parti radical, «plus vieux parti de France», d’en faire tout autant. Et, ensuite, il faudra faire venir les autres composantes du Centre. Et l’on ne voit absolument pas aujourd’hui le Mouvement démocrate ou les Radicaux de gauche se fondre dans une nouvelle formation avec le Nouveau centre et le Parti radical.
La confédération, qui a la préférence de beaucoup de centristes, aura également du mal à se mettre en place avec tous les partis représentants le Centre. Si elle semble possible entre les différentes centristes de la majorité présidentielle, elle n’est guère envisageable avec celles-ci et le Mouvement démocrate ainsi que les Radicaux de gauche. On pourrait alors voir une confédération réunissant de nombreux partis centristes, du Parti radical à l’Alliance centristes en passant par le Nouveau centre, la Gauche moderne et Cap 21 mais sans les formations présidées par François Bayrou et Jean-Michel Baylet.
C’est pourquoi, il semble que la seule solution raisonnable et du domaine du possible soit une alliance électorale pour 2012 qui pourrait ensuite déboucher sur une confédération si cette alliance donne des résultats et est assez solide politiquement. Une alliance cimentée autour d’un projet politique et d’une candidature commune à la présidentielle ainsi qu’à des investitures communes dans le plus de circonscriptions possibles pour les législatives qui suivront dans la foulée.
Tout cela ne se fera pas en un jour. Cela tombe bien, les centristes ont tout 2011 pour y parvenir. A condition de s’y mettre tout de suite.

Actualités du Centre – Présidentielles 2012: les anti-Morin donnent de la voix


La «gaffe» politique de Jean-Marie Cavada, porte-parole du Nouveau centre, qui a annoncé quelque peu prématurément la candidature de son patron, Hervé Morin, à la présidentielle de 2012 a suscité de nombreuses réactions souvent négatives notamment dans la propre formation de l’ancien ministre de la Défense.
On savait déjà que beaucoup de membres du Nouveau centre sont opposés à la candidature d’Hervé Morin qui, pour eux, n’a, non seulement aucune chance de gagner la présidentielle mais, en plus, réalisera un score ridicule qui mettra en péril la crédibilité du parti.
Ceux-là, de Valérie Létard à François Sauvadet en passant Maurice Leroy préfèrent une candidature de Jean-Louis Borloo, président du Parti radical, pour représenter tout le Centre malgré le fait que celui-ci n’ait pas dévoilé ses intentions et que certains soupçonnent qu’il roule encore pour l’Elysée en échange de Matignon après la présidentielle si Nicolas Sarkozy est réélu.
Maurice Leroy, d’ailleurs, dans une interview au Figaro a redit sa préférence: «(l’annonce de la candidature d’Hervé Morin était choquante alors que notre bureau politique a toujours exprimé clairement qu'aucune décision ne serait prise avant l'automne 2011 et sans que les adhérents ne soient consultés! (…) (Une candidature centriste) n'a et n'aura de sens que si elle s'inscrit dans le rassemblement préalable des forces et de la famille centristes. Nous sommes nombreux, au Nouveau Centre et au-delà, à en être convaincus. Un premier pas dans la bonne direction serait de créer une confédération, comme l'a proposé François Sauvadet. Le Nouveau Centre resterait le Nouveau Centre, les radicaux associés ou non à l'UMP et les centristes de l'UMP pourraient se joindre à nous pour construire cette confédération. (…) L'idéal serait la candidature de Jean-Louis Borloo. Il est à mes yeux le seul à pouvoir nous assurer un score à deux chiffres».
De son côté, le président exécutif du parti, Jean-Christophe Lagarde, qui n’est pas un proche d’Hervé Morin, a également réagit négativement à l’annonce de Jean-Marie Cavada dans un entretien à l’AFP: «Je trouve stupéfiant qu'un porte-parole du parti puisse annoncer une candidature à la présidentielle à quelques jours d'un conseil national  qui alors ne servirait strictement à rien. (…) Cette annonce est en contradiction totale avec ce qui a été décidé il y a moins d'un mois par le comité exécutif et le bureau politique du parti, à savoir, notre décision de travailler au rassemblement des centres, notamment avec les radicaux de Jean-Louis Borloo. (…) Si on voulait rendre les choses impossibles, on ne s'y prendrait pas autrement».