samedi 30 décembre 2017

Actualités du Centre. Bayrou: l’élection de Macron «est une formidable chance»

François Bayrou
François Bayrou a présenté ses vœux pour l’année 2018.
Sans surprise, il se félicite de l’élection d’Emmanuel Macron tout en espérant dans une Europe nouvelle que défend le nouveau président de la république.

Extraits:

«Ce sont des vœux pour la France. Et le premier de ces vœux, c’est que se poursuive en 2018 l’élan du printemps 2017. Cet élan qui est né de l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République qui nous a offert une chance unique, sans précédent. C’est que un pays qui semblait découragé depuis des années et des années a retrouvé son optimisme, a retrouvé le goût de vivre, le goût en tout cas d’affronter tous les défis qui se présentent à lui. C’est une formidable chance. Il faut qu’elle se renforce en 2018. Deuxième vœu pour la France. C’est que ceux qui en ont la charge, d’abord les citoyens – parce que dans une démocratie, la responsabilité première, elle appartient aux citoyens – et puis ceux qui la gouvernent autour du président de la république, du gouvernement, de la majorité dans laquelle le Mouvement démocrate tient toute sa place, saisissent qu’il faut mener de front le travail pour l’efficacité -on est en train de faire des pas importants pour la santé économique du pays- et le travail pour la justice. Efficacité et justice. C’est exactement cela le signe distinctif du nouveau projet que la France est en train de construire. C’est le deuxième vœu que je formule pour le pays. Troisième vœu. Que notre vie publique s’installe dans ce nouveau climat que 2017 a promis. Et pour cela il faut que les institutions changent pour que nous apprenions à vivre et à travailler ensemble même si il y a entre nous des nuances, des différences parfois même des confrontations. Cette compréhension mutuelle, c’est le fruit que nous devons attendre de nos institutions. Et puis quatrième vœu, il va de soi. Nous savons tous que rien ne peut se faire si l’Europe ne se forme pas, ne se construit pas. Parce qu’aucun des défis qui sont ceux de la planète ne peut être relevé autrement, ni le développement durable, ni la protection de l’environnement, ni les très grands changements qui tiennent aux technologies de l’information, ni les problèmes de fiscalité et d’évasion fiscale. Tout cela ne peut se traiter que si l’Europe est forte. Et pour cela il faut une voix et cela doit être la voix de la France.

La responsabilité particulière de la France de penser l’Europe nouvelle et de donner à cette Europe nouvelle l’inspiration, la volonté qui lui permettra de se faire, c’est le quatrième vœu que je forme.

A ce vœu est rattaché le fait que si l’Europe existe, et bien cela signifiera qu’il y aura un nouvel équilibre dans le monde. Un monde qui est aujourd’hui tellement déstabilisé, tellement dangereux où on a l’impression que chaque pas est risqué en raison des incertitudes ou des foucades de grands dirigeants de la planète. En tout cas, l’Europe est un élément de stabilité et il faut la construire.

Tout cela au fond se résume en un vœu que la promesse que porte en elle la France -promesse à l’égard de ses citoyens et promesse à l’égard du monde- cette promesse devienne ou redevienne ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être: une raison de vivre pour chacun d’entre nous.»




L’année du Centrisme dans le monde - Edition 2017. Après l’Obamania, la Macromania?!

De l’élection d’Emmanuel Macron à la première année de pouvoir de Donald Trump en passant par la mise en route effective du brexit et les volontés d’indépendance de la Catalogne, l’année a été très contrastée pour les idées et les valeurs centristes dans le monde au cours de l’année qui s’achève.

► La Macromania saisit le monde
Nous Français, nous n’allons pas bouder notre plaisir: en cette année 2017, le phénomène international «Emmanuel Macron» s’est hissé (presque) à la hauteur du phénomène «Barack Obama» en 2009 et a joué en contrepoint positif des phénomènes anxiogènes et répulsifs «Donald Trump» et «Vladimir Poutine».
Voici la France fêtée d’une certaine façon pour avoir élu un jeune président de trente-neuf ans, ouvert et progressiste, humaniste et européen alors qu’ailleurs les peuples se refermaient sur eux-mêmes le plus souvent en cédant aux sirènes du populisme, de la démagogie et du communautarisme.
Une France fêtée, tout comme le furent les Etats-Unis lors de cette euphorie qui les porta pour mettre au pouvoir suprême le premier noir.
Comme quoi l’Histoire n’est vraiment pas un mouvement linéaire vers l’émancipation dans la responsabilité et la rationalité…
Toujours est-il que, nous, Français, nous devons en profiter car ce ne sera pas le cas tous les ans!
Alors que nos précédents présidents depuis de Gaulle n’avaient guère suscité un intérêt aussi grand (à part peut-être François Mitterrand, surtout à cause de ses nominations de ministres communistes…), Emmanuel Macron est l’objet de louanges, de critiques ou de questionnements mais peu de gens restent indifférents à sa personne, à son itinéraire et, c’est le plus intéressant, à son projet.
Bien entendu, c’est par rapport aux relations internationales, à la mondialisation et à la construction européenne que celui-ci est le plus décortiqué à l’étranger.
Néanmoins, la philosophie qui y préside étant très proche de ses intentions pour les Français, on peut affirmer que c’est bien ce qu’il veut faire et comment il veut le faire qui est au cœur de la curiosité à son encontre de par le monde.
Il est trop tôt pour se projeter dans le futur et savoir si cet intérêt ne sera qu’un feu de paille ou s’il durera un quinquennat, voire deux et qu’il surpassera alors celui porté à Obama dont le deuxième mandat fut très en-deçà du premier de ce point de vue.
Mais Macron porte un espoir qui peut se révéler essentiel s’il parvient à le transformer en actions et en résultats pour la société libérale démocratique et républicaine, celle qui trouve se racines dans les révolutions française, américaine et britannique.
Et pas seulement dans les pays occidentaux rongés par le populisme et la démagogie mais dans les pays sous le joug d’autocrates et de dictateurs où les populations voient tous les jours leurs droits et leurs libertés rognées, de la Russie à l’Iran, de la Syrie à la Chine, de la Corée du Nord au Venezuela et, peut-être, bientôt, de la Pologne à la Hongrie en passant par l’Autriche…

Union européenne, la promesse centriste Macron
Avec le brexit, avec le score historique du parti d’extrême-droite AfD aux dernières législatives en Allemagne (92 députés), avec la crise grecque qui n’est pas encore dernière nous, avec les mesures anti-démocratiques prises par la Pologne et la Hongrie, avec les velléités sécessionnistes d’une partie du peuple catalan, avec l’entrée en force de l’extrême-droite dans le gouvernement autrichien, avec les gouvernements populistes en République tchèque et en Slovaquie, l’Union européenne n’est pas au mieux et les pro-européens ont de quoi broyer du noir, surtout les centristes, toujours à la pointe du combat en matière de construction et d’intégration européennes.
Pourtant, une lueur dans la nuit s’est allumée avec l’élection d’Emmanuel Macron, dans un pays qui semblait devenir de plus en plus eurosceptique.
Car le nouveau président de la république n’est pas seulement un centriste (ou centro-compatible) pro-européen convaincu mais il a basé une grande partie de sa campagne électorale sur l’Europe et le besoin de renforcer la construction européenne dans un sens fédéraliste.
Et malgré cela diront certains ou plutôt grâce à cela, il a été élu à l’Elysée.
Voilà un premier exploit!
Et les sondages montrent que les Français tiennent à l’UE et souhaitent sa montée en puissance.
En outre, dans tous les pays du Vieux continent, les défenseurs d’une Europe unie reprennent du poil de la bête.
Beaucoup veulent leur «Macron», c’est-à-dire une personnalité politique jeune, humaniste, progressiste et capable de relancer la machine européenne alors que l’on a commémoré (plutôt en catimini), les 60 ans du Traité de Rome, celui qui a créé la Communauté européenne ancêtre de l’Union européenne.

Etats-Unis, la gueule de bois centriste
Après la défaite improbable de leur héraut, Hillary Clinton, les centristes américains avaient peur d’une présidence Trump et ils avaient entièrement raison.
Le populiste démagogue proche des thèses d’extrême-droite ne les a pas déçus de ce point de vue…
De mesures extrémistes en dérapages, de mensonges en insultent, de provocations en incompétences, le successeur de Barack Obama a pleinement démontré qu’il était un incapable notoire et impropre à exercer la charge suprême de la première puissance mondiale.
Et il n’arrive même pas à la cheville de Ronald Reagan, c’est dire sa qualité…
Plus grave, dans l’ombre, plusieurs idéologues qu’il a nommés à la tête d’administrations et d’agences publiques sont en train de défaire des législations essentielles au fonctionnement de la démocratie républicaine.
Du coup, au-delà de son incompétence, il est un grave danger pour la démocratie, pour la stabilité du monde.
Et il a été accompagné dans ses frasques et dans ses menées, tout du long, par un Parti républicain indigne de son passé et de ses glorieux grands hommes tels Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt, Ike Eisenhower.

Royaume Uni, un brexit très extrémiste
Que ce soit au Labor (Parti travailliste) ou chez les Tories (Parti conservateur) et, bien entendu au Lib Dems (Liberal democrats), les opposants à la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne sont essentiellement centristes, ce qui n’est évidemment pas une surprise.
Face à une droite radicale et nationaliste en train de saborder son pays, face à une gauche pas moins radicale mais anti-européenne par tradition idéologique, seul les centristes font front et s’activent pour empêcher le brexit.
Il semble difficile qu’ils y parviennent mais, tel Tony Blair, l’ancien premier ministre travailliste, ou Nick Clegg, l’ancien vice-premier ministre libéral démocrate, ils prennent date et se posent en des sortes de lanceurs d’alerte vis-à-vis de leur peuple qu’ils estiment avoir été trompés par une propagande grossière des pro-brexit qui ont propagés nombre de fausses informations et dont le pays va devoir payer le prix fort.

Allemagne, le demi-échec du recentrage d’Angela Merkel
Pour certains membres de la CDU (et surtout de la branche droitière de celle-ci, la CSU bavaroise), le demi-échec de la chancelière allemande Angela Merkel lors des élections législatives de septembre serait du à son recentrage qui aurait permis une montée en puissance unique en son genre de l’extrême-droite (avec le parti AfD dont certains membres revendiquent une proximité avec le nazisme) qui a raflé 92 sièges au Bundestag et 10% des voix.
Mais rien ne permet de dire qu’un virage à droite de la même Merkel aurait empêché les thèses populistes, démagogiques, xénophobes et racistes de l’AfD de séduire une partie de la population.
Quant au Centre allemand, si l’on a pu croire à la résurgence d’un parti centriste avec le renouveau politique puis électoral du FDP (parti libéral) qui depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale avait joué le rôle de l’allié indispensable à la CDU (droite) ou au SPD (gauche), on a du déchanter après les législatives pour s’apercevoir que c’est encore à la CDU qu’il est le mieux représenté avec les positionnements démocrates chrétiens de cette dernière.
Le FDP est ainsi plus proche d’une idéologie néolibérale et de thèses eurosceptiques.

Espagne, la montée puissance des centristes de Ciudadanos
Les centristes ne sont pas au pouvoir en Espagne mais ils ont fait l’actualité politique au cours de l’année 2017 lors des élections régionales catalanes.
Grâce à ses postions anti-indépendantistes, Ciudadanos est devenu le premier parti en Catalogne avec 25,37 % des voix (+7,47%) et 37 députés (+12)
Sa leader, Ines Arrimadas a joué un grand rôle dans cette victoire mais elle n’a pu empêcher que les Catalans votent pour une majorité de députés indépendantistes (mais qui n’ont pas atteint 50% des voix).
Le parti centriste est, en outre, le premier parti «constitutionnaliste» (anti-indépendantiste) à avoir jamais gagné les élections régionales catalanes.
Cette victoire vient après son rôle clé en 2016 dans la constitution d’un gouvernement à Madrid.
A défaut d’avoir remporté les élections législatives et même d’avoir réalisé le score espéré par son leader, Alberto Rivera, Ciudadanos avait débloqué la situation née des élections générales alors qu’aucun gouvernement ne pouvait être constitué à l’issue de deux scrutins consécutifs.
En décidant de soutenir un gouvernement de droite dirigé par Mariano Rajoy, les centristes avaient provoqué la décision des socialistes d’être dans l’abstention et non l’opposition frontale au nouveau pouvoir.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

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