mercredi 7 novembre 2018

L’Humeur du Centriste. non, monsieur Macron, on n’est pas un héros et une fripouille «en même temps»

Pétain et Hitler à Montoire
Question: si Hitler avait été, «en même temps», un grand peintre, serait-il dans les musées et loué par son œuvre picturale?
Poser cette question n’est pas anodine alors que des idolâtres de canailles comme Heidegger ou Céline viennent nous dire tous les jours qu’il faut séparer l’homme de l’œuvre, la canaille du génie.

Moi, je suis pour l’unité d’une personne: elle est ce qu’elle est dans ses «bons» et «mauvais» côtés, le tout étant, in fine, une balance entre les deux pour émettre une opinion face à l’Histoire.

Alors Heidegger avait beau être un grand philosophe, son engagement nazi lui confère une indignité face à celle-ci.

Idem pour Destouches alias Céline.

Et pour Philippe Pétain, l’homme qui a certes était un grand général pendant la Première guerre mondiale mais qui est celui qui a inventé la collaboration avec les nazis lors de la Deuxième guerre mondiale (on rappelle que rien ne l’obligeait à le faire sauf ses opinions d’extrême-droite et sa volonté de bâtir une France totalitaire).

Alors, monsieur Macron, pour moi, c’est une erreur, une faute de louer Pétain comme vous l’avez fait tout en expliquant qu’il ne fallait pas mélanger le héros de 14-18 et l’indigne de 39-45.

Non, les deux sont le même et son bilan humain ne permet pas d’en faire un mi-héros, mi-canaille, même en s’appuyant sur ce que pensait de lui Charles de Gaulle (qui, rappelons-le, fut un moment donné son collaborateur avant 1939 et que Pétain considéré comme son «fils spirituel»).

Mais ceux qui poussent des cris d’orfraie à nous en faire péter les tympans suite à vos propos, doivent aussi en accord avec leur indignation et dénoncent ceux que j’ai cité plus haut mais également tous ceux qui sont loués pour une partie de leur vie alors qu’ils ont été des misérables ou des saligauds l’autre partie.

Avoir une vision humaniste de l’existence et de l’Histoire ne permet pas de séparer le bon grain de l’ivraie pour des réhabilitations illégitimes.

En tant que centriste aux valeurs humanistes, je refuse de saucissonner ainsi l’Histoire.

Je refuse de voir Pétain en héros de 14-18.

Il est le traître de 39-45 qui a permis que des enfants soient déportés dans les camps de la mort.

C’est de cette manière que des criminels comme Mussolini peuvent être loué quasiment officiellement en Italie et que des réhabilitations de crapules comme Staline, Hitler ou Mao ont lieu ici ou là.

Et à force de dire qu’il y a eu des bons côtés à ces personnages, on participe à cette réhabilitation face à l’Histoire qui sera écrite dans cinquante ans, un siècle ou deux.

Alors, Staline sera celui qui a industrialisé le pays et non l’assassin du Goulag, Hitler sera le constructeur des autoroutes allemandes et non le monstre de la Shoah, Mao le modernisateur de la Chine et non le criminel de la Révolution culturelle, etc.

Votre distinction, monsieur Macron, n’est pas recevable.

Mais celles que certains de vos pourfendeurs en l’espèce font de leur côté avec leurs «héros», non plus.

Par exemple, avec Napoléon…
Ah!, au fait, heureusement, Hitler n'avait pas de talent.



Centristement votre.



Le Centriste




L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Etats-Unis, le répit démocratique

Le Parti démocrate vient donc de gagner la Chambre des représentants, ce qui n’a pas empêché Donald Trump de tweeter qu’il s’agissait d’une «immense victoire» pour sa personne et le Parti républicain!
On n’est, bien entendu, guère étonné par cette réaction d’un personnage qui a érigé le mensonge en mode de gouvernement.
Mais on est abasourdi que les médias français reprennent cette idée que Trump a quelque part gagné parce qu’il n’y a pas eu de «raz-de-marée démocrate (que personne ne prévoyait), que le Sénat demeurerait républicain (ce qui était prévu par les instituts de sondage) et que les gains chez les gouverneurs des Etats ne sont pas aussi grands qu’espérés par les démocrates.
On a même vu un «chercheur» d’un think tank spécialisé dans les relations internationales prétendre sur une chaîne du service public que l’hôte de la Maison blanche avait gagné!
Il faut dire que ce «spécialiste» nous a aussi appris que Bernie Sanders dirigeait l’aile gauche des démocrates alors que le sénateur du Vermont (réélu) n’a jamais eu sa carte du parti!
Sur une autre chaîne, privée celle-ci, on a pu entendre un «avocat international» nous dire que cette victoire des démocrates à la Chambre des représentants ne changeraient rien puisque Trump pourrait gouverner par décret alors même que la défaite du Parti démocrate en 2010 dans cette même chambre (il avait gardé la majorité au Sénat), lors des midterms, avait complètement bloqué la présidence de Barack Obama…
Et on en passe et des meilleurs.
Plus sérieusement, cette victoire attendue des démocrates est un ouf! de soulagement pour les défenseurs de la démocratie républicaine et un répit démocratique en attendant les élections présidentielles de 2020.
Car, oui, les républicains n’ont pas été balayés et Trump peut se dire que tout n’est pas perdu.
Pour autant, les Américains ont démontré qu’ils n’étaient pas tombés majoritairement dans le populisme démagogique et le nationalisme extrémiste naauséabonds.
Rappelons d’ailleurs que Donald Trump – qui avait fait de ces élections de mi-mandat un référendum sur sa présidence – n’a jamais été majoritaire dans la pays puisqu’il a gagné la présidentielle avec trois millions de voix de moins qu’Hillary Clinton et qu’il vient de subir un nouvel échec.
Que peut-on attendre de cette confrontation entre un président populiste et républicain et une chambre plutôt située au centre-gauche et démocrate?
C’est encore difficile à dire parce que l’on ne sait pas ce que sera le comportement des démocrates.
Vont-ils s’affronter durement avec le président en s’opposant à toutes ces décisions et en ouvrant des commissions d’enquête sur toutes les très nombreuses casseroles qu’il traîne avec lui depuis des années ou vont-ils adopter une position plus modérée pour faire passer des mesures qui leur permettraient de se présenter en 2020 avec un bilan législatif positif?
Les républicains, eux, en 2008 avaient choisi la première option et, en 2010, grâce à leur victoire dans la seule Chambre des représentants (comme les démocrates aujourd’hui), avaient bloqué toutes les initiatives de Barack Obama.
Cela n’avait pas empêché ce dernier de gagner la présidentielle de 2012 mais de perdre, dans la foulée, l’entier Congrès (Chambre des représentants et Sénat) lors des midterms de 2014.
Et, en 2016 – conséquence du blocage républicain de la deuxième présidence Obama – les démocrates avaient tout perdu, et la présidence, et le Congrès.
Tout dépendra évidemment du comportement de Trump et de ses sans doute multiples provocations comme celle de prétendre qu’il a gagné les élections.
Mais même si l’hydre est toujours là, elle a quand même manqué son pari d’ancrer profondément ce populisme nationaliste aux Etats-Unis.
Et ce n’est pas seulement une bonne nouvelle pour les Américains, cela l’est également partout dans le monde où beaucoup de personnages inquiétants, de Bolsonaro à Salvini, étaient arrivés au pouvoir sur cette vague «trumpienne» et que les autocrates et leurs sbires ainsi que les populistes déjà en place, rêvaient d’une planète enfin débarrassée de la démocratie républicaine libérale.
Ce ne sera pas le cas aujourd’hui.
Rien n’est pour autant gagné dans cette guerre mais, ouf!, avec cette bataille victorieuse, rien n’est perdu.