dimanche 2 février 2020

Une semaines en Centrisme. En occupant l’espace central, Macron n’oblige-t-il pas tous ses opposants à la radicalité pour exister?

La violence de l’opposition à la majorité présidentielle en place et en la personne d’Emmanuel Macron dépasse celle que l’on connait désormais dans les démocraties – mais qui a toujours existé – et, surtout, celle qui a systématiquement accompagné le passage du Centre au pouvoir avec cette coalition de la Gauche et de la Droite qui multiplie les coups, Valéry Giscard d’Estaing s’en rappelle fort bien lui qui dut faire face à ceux de François Mitterrand et de Jacques Chirac quand il occupait l’Elysée.
Et on ne parle même pas de la violence venue à la fois de l’extrême droite et de l’extrême gauche tant elles sont récurrentes contre tous les gouvernements élus démocratiquement mais qui prend une nouvelle dimension avec le rapprochement que l’on observe actuellement entre La France insoumise et le Rassemblement national même si le fonds de commerce des extrémistes où qu’ils soient sur l’échiquier politique est, de tout temps, très similaire.

L’ère du temps ne suffisant donc pas à expliquer ce déchaînement d’insultes, de menaces, d’actions plus ou moins virulentes et d’appels à la sédition, il faut chercher cet élément supplémentaire qui cristallise ce surcroit de violence.

Il se trouve sans doute dans la réussite d’Emmanuel Macron d’avoir rassemblé l’ensemble de l’axe central et de l’incarner politiquement, ne laissant ainsi à ses adversaires qu’une posture de radicalité pour s’opposer (et exister).

Rappelons ce que nous entendons par axe central: il s’agit de toutes les forces politiques qui vont de la droite progressiste à la gauche social-libérale en passant par le centre libéral-social qui défendent la démocratie républicaine libérale et représentative.

En France, elle est composée ces dernières années de la droite proche d’alain Juppé, d’une gauche issue du rocardisme (avec notamment Manuel Valls) et en partie venant de la social-démocratie et d’un centre où l’on retrouve toutes ses composantes.

Cela ne veut pas dire que toutes ces tendances de l’axe central sont blanc bonnet et bonnet blanc.

Non, dans un paysage démocratique de l’après-guerre jusqu’il y a peu, elles avaient même plutôt tendance à s’opposer et à être concurrentes entre elles parce qu’elles défendent, chacune, des visions propres.

Cependant, elles défendent également des valeurs et des principes proches ainsi que certains fondamentaux en matières économique, social et sociétal.

Ce qui permet de les réunir aujourd’hui et peut-être demain encore, c’est la nouvelle donne politique qui s’installe dans les démocraties occidentales en ce début de XXI° siècle avec la montée en puissance du populisme qui trouve nombre de ses alliés chez les extrêmes (voire en est issue) mais aussi dans cette droite et cette gauche fortement idéologisées (représentées par LR et le PS) et qui, pour continuer à exister tant bien que mal, ont épousé, non seulement, bien des thèmes populistes mais aussi nombre de comportements.

Aux Etats-Unis elle est incarnée par la droite du Parti républicain autour de personnes comme le leader du Sénat, Mitch McConnell et par la gauche du Parti démocrate et le socialiste Bernie Sanders.

Et l’on pourrait évoquer, de même, les situations politiques en Espagne, en Italie, en Allemagne ou en Grande-Bretagne.

Est-ce une recomposition politique sur le long terme, il est bien difficile de l’affirmer.

Pour autant, en France, elle est là et bien là – même si elle n’est pas encore tout à fait achevée.

Et que les défenseurs de la démocratie républicaine représentative libérale ne fassent pas de contresens: ce n’est pas un «pouvoir macroniste» qui est attaqué mais l’ensemble de cet axe central pour ce qu’il est et ce qu’il représente face à la montée du populisme, au retour de l’autoritarisme et la pression des totalitarismes.



Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC