mercredi 29 décembre 2021

La quotidienne centriste du 29 décembre 2021. La liberté définitivement morte en Russie et en Chine

Au même moment où la «justice» de l’autocrate Poutine faisait fermer Mémorial, l’association fondée par l’ancien exilé puis interné de force par le régime communiste et prix Nobel de la paix, Andreï Sakharov, qui était une vigie sur les droits humains en Russie, surtout de leurs violations par la régime en place, les séides du despote Xi faisait une descente dans un des derniers, si ce n’est le dernier, des médias pro-démocratie de Hongkong, Stand news, et faisait arrêter ses dirigeants et journalistes.

La concomitance de ces deux événements montre bien que les régimes tyranniques continuent leur œuvre de suppression de toute liberté politique avec une célérité sans faille.

La Chine et la Russie reproduisent exactement leurs comportements de la guerre froide et nous devons, nous, Occidentaux et défenseurs de la démocratie républicaine nous remobiliser comme à cette époque que nous croyions avoir été définitivement soldée, surtout parce qu’elle avait provoqué la faillite des deux régimes qui gouvernaient ces pays.

Mais Poutine, ancien du KGB, et Xi, fils d’un ancien haut dirigeant du parti communiste, sont bien les héritiers de Staline et Mao, non pas parce que nous faisons un raccourci simpliste mais tout simplement parce qu’ils réclament cette filiation directe!

Avec la montée des extrêmes partout dans le monde et en particulier dans les démocraties républicaines, l’hydre totalitaire s’est refait une santé après la chute du nazisme et du fascisme en 1945, celle du franquisme en 1976, puis celle du communisme en 1989.

Bien sûr, il n’avait jamais été complètement absent, que ce soit dans les régimes dictatoriaux d’Amérique latine, d’Afrique, du Moyen Orient et d’Asie et même dans certaines régions d’Europe.

Cependant, on pouvait espérer que la lame de fond qui avait emporté ses principaux représentants finirait par nettoyer les écuries d’Augias de l’oppression.

Peine perdue d’autant que, dans le même temps, des organisations terroristes à l’idéologie totalitaire, comme Al qaïda ou Daesh ont vu le jour et se sont lancées dans un combat à mort pour détruire la liberté.

Et, dans un tour de passe-passe d’un cynisme qui frise l’impudeur extrême, la Russie et la Chine ont pris prétexte d’une lutte contre ce terrorisme liberticide pour réprimer encore plus leurs peuples respectifs!

D’où d’ailleurs une réponse assez ambiguë du monde libre quand la nasse répressive s’est mise en route à Moscou et Pékin parce que ces dernières affirmaient alors qu’elles avaient le même but que les démocraties, éradiquer les terroristes.

Depuis, ni Poutine, ni Xi, ne se cachent plus en inventant même des fantasmagories pitoyables pour démontrer qu’ils sont plus respectueux des valeurs démocratiques que les Occidentaux…

Tout en continuant à pourchasser tous ceux qui osent exprimer une opinion différente de la leur comme le prouvent les deux événements qui viennent de se dérouler.

 

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L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Monsieur Xi, agissez comme les préceptes de Confucius au lieu de l’instrumentaliser

Le confucianisme est-il aussi peu fidèle à maître Kong que le christianisme à Jésus?

Cette question n’est pas nouvelle mais avec l’impudique réappropriation du confucianisme par le Parti communiste de Xi Jinping pour servir la cause de son totalitarisme maquillé en «rêve chinois» et en «harmonie», il faut à nouveau y répondre.

Déjà, la dynastie des Han il y a deux mille ans avait procédé à de similaires manipulations afin de servir les intérêts d’un empire qui voulait asservir son peuple.

Avec cette nouvelle lecture éminemment critiquable de son œuvre, Confucius (ou Kongfuzi pour les Chinois) est redevenu une icône des hiérarques au pouvoir à Pékin après avoir été pratiquement jeté aux oubliettes de l’Histoire par leurs prédécesseurs, notamment Mao pourtant modèle ultime de monsieur Xi…

Suite à l’instrumentalisation de sa pensée par les différents régimes qui se sont présentés comme ses «disciples», il faut faire la part des choses entre celle-ci et le «confucianisme» officiel comme il est nécessaire de le faire avec les églises qui se disent «chrétiennes», qui souvent interprètent de manière très lointaine les préceptes de Jésus, et dans la doctrine, et dans l’agir.

Il faut évidemment qualifier et replacer la pensée de Kongfuzi dans la réalité de son époque si l’on veut en comprendre certaines caractéristiques, c’est-à-dire une Chine où la violence, les guerres et l’arbitraire régnaient en maître et où l’humain en tant qu’individu et collectif comptait pour peu voire rien du tout.

Une des tâche que s’était assigné le penseur était de conseiller les puissants afin qu’ils deviennent responsables et qu’au lieu de se battre continuellement les uns contre les autres avec comme conséquence des massacres de population, de la famine et une désorganisation de l’Etat et de l’économie, ils gouvernent avec la sagesse requise.

C’est pourquoi, pour lui, la stabilité de l’Etat et la sécurité du peuple passaient en premier et qu’il fallait que, du haut en bas de la société, une discipline s’instaure.

Ayant dit cela le message de Kongfuzi est d’abord et avant tout éminemment humaniste et proto-centriste, loin des pratiques des régimes qui l’ont revendiqué en le vidant de son sens.

En plaçant le respect de la dignité humaine comme valeur suprême du devoir de l’«homme de bien» et faisant d’une gouvernance du «milieu juste et constant» le «bien suprême», il est proche de la philosophie du Centrisme et très éloigné de toute idéologie totalitaire.

D’autant que, pour lui, tout dirigeant qui n’est pas capable de maintenir le «juste milieu», c’est-à-dire de gouverner avec la «vertu de la grande mesure», chose la «plus élevée», qui est de savoir qu’«aller trop loin ne vaut guère mieux que pas assez», peut être révoqué par le peuple.

Comme l’explique la grande spécialiste de la Chine, Anne Cheng dans son ouvrage de référence «Histoire de la pensée chinoise», ce juste milieu est une «exigence d’équilibre, d’équité et de mesure qui ne cède jamais à l’impulsif, à l’excessif, à l’intérêt immédiat, au calcul partial, à la fantaisie du moment ou au cynisme, autant de penchants qui ruinent toute possibilité de vie fiable et durable».

Anne Cheng qui estime même que la pensée confucéenne est une recherche d’un  idéal d’un monde «s’harmonisant et s’équilibrant de lui-même» qui rendrait inutile tout gouvernement centralisé.

On est bien loin du totalitarisme de monsieur Xi!

D’autant qu’un des combats de Kongfuzi résonne particulièrement en ces temps où les extrémistes et les populistes, les despotes et les autocrates tentent d’enfumer le débat politique par des fake news et des théories élucubrationistes (complotistes).

Ainsi, le penseur chinois faisait de la «rectification» des noms une condition indispensable au bon gouvernement:

«Si les noms sont incorrects, on ne peut tenir un discours cohérent. Si le langage est incohérent, les affaires ne peuvent se régler. (…) Voilà pourquoi l’homme de bien n’use des noms que s’ils impliquent un discours cohérent et en tient de discours que s’il débouche sur la pratique. Voilà pourquoi l’homme de bien est si prudent dans ce qu’il dit.»

Au lieu d’écouter tous ceux qui veulent utiliser Kongfuzi pour leurs propres ambitions, allons donc à la source et combattons leurs prétentions à établir un monde fermé et oppressif, allons à la source de sa pensée, à son rêve chinois qui a une bien autre dimension et ambition que la, dictature proposée par le maître actuel de Pékin.

 

 

La quotidienne centriste du 28 décembre 2021. La covid19 révélatrice de nos limites

Une épidémie mondiale comme celle de la covid19 est, comme tout événement extraordinaire telle une guerre ou une catastrophe naturelle de grande ampleur, une sorte de révélateur sur le caractère des peuples et de ceux qui les gouvernent ou aspirent à la faire ainsi que ceux qui veulent faire partie de leurs élites.

Et le moins que l’on puisse dire c’est que le spectacle offert n’est guère à la hauteur d’un monde qui se dit évolué et responsable.

Bien sûr, l’incertitude qui va de pair avec l’apparition d’un virus dont nous ne connaissions rien, joue un rôle majeur dans ce spectacle qui tourne parfois au grand guignol alors que des personnes meurent ou restent impactées par la maladie après avoir été frappée par une forme grave et alors que la crise sanitaire a déclenché des crises économique, sociale mais aussi sociétale.

Au lieu de faire bloc et d’agir en commun dans une communion qui rendrait la lutte contre le coronavirus nettement plus efficace, donc moins impactante et moins létale, c’est une foire d’empoigne qui se déroule devant les yeux ébahis de ceux qui ne comprennent pas qu’une épidémie puisse devenir un enjeu idéologique, un vivier pour les fake news et l’élucubrationisme (complotisme) où la violence verbale mais aussi physique est légitimée par certains.

Oui, la covid19 en dit long sur ce que nous sommes, des êtres immatures et irresponsables qui sont prêts lors de menaces vitales de tomber aussi facilement dans l’irrationnel, l’animosité et la colère où il faut trouver des bouc émissaires et des coupables.

De même, ressortent alors tous les comportements égoïstes et égocentriques où l’autre est plutôt une gêne qu’un être avec qui collaborer et à ne pas mettre en danger.

Avec l’arrivée du variant omicron, nettement plus contagieux et sans doute moins dangereux que ses prédécesseurs, on assiste à nouveau à cette instrumentalisation honteuse de l’épidémie qui au lieu de faire progresser notre capacité à l’éradiquer, nous met dans une situation de précarité accrue.

 

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