samedi 12 juin 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’alliance, l’impératif existentiel des démocraties du 21e siècle

Enfin!

Les leaders du monde libre semblent enfin avoir compris que la démocratie républicaine libérale est menacée de mort si elle ne réagit pas, ce qui je dis ici depuis belle lurette, entre nous soit dit...

Et qu’une des mesures les plus urgentes et les plus fortes est une alliance pour empêcher ses ennemis intérieurs et extérieurs de l’abattre.

Plus on en apprend de la présidence de Donald Trump, plus on se rend compte de la détermination des ennemis de la liberté à pervertir les règles, les principes et les valeurs démocratiques pour miner le système de l’intérieur, le pourrir jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Faire écouter ses opposants et les journalistes, non, ce n’est pas dans la Russie de Poutine mais bien dans les Etats-Unis de Trump que cela s’est produit!

C’est dire la déliquescence qui a déjà commencé dans la plus vieille et la plus grande démocratie du monde.

Mais si l’escroc démagogue populiste et admirateur de tous les autocrates et dictateurs de la planète est l’élément le plus visible de cet effondrement démocratique, il est loin d’être le seul.

Il est frappant et consternant de voir ainsi ceux qui prétendent défendre cette démocratie républicaine libérale, l’attaquer sans cesse par le biais de véritables croisades contre leurs opposants politiques.

Il n’est pas besoin de prendre la rhétorique trumpienne, on a celle des partis et des médias «traditionnels» pour cela désormais.

Comment alors s’en prendre à tous les factieux, à tous les propagateurs de fake news, de vérités et de faits alternatifs, d’élucubationistes (complotistes), tous ceux qui veulent la peau de la démocratie, alors même que ceux qui affirment les combattre utilisent les mêmes armes contre les gens qui ne sont pas du même avis qu’eux?!

Ainsi des pourfendeurs des réseaux sociaux et des chaines, non pas d’information, mais de propagande en continue comme Fox news ou Cnews, qui propagent les mêmes attaques mensongères d’une manière aussi virulente en se parant d’une respectabilité qu’ils ont jeté depuis longtemps dans leur broyeur d’ordures.

Et, par un tour de passe-passe indigne, quand les victimes de leurs attaques qui ne sont souvent que des dénigrements sans preuve, des allusions détestables voire des diffamations ignominieuses leur répondent, ils jouent les vierges effarouchées et les indignés à qui l’on va supprimer la liberté d’expression…

Tout cela est consternant.

Mais tout cela est de plus en plus terrifiant.

Parce que si la démocratie va mal, ce n’est pas simplement parce qu’une minorité d’excités dangereux menés par des «esprits sombres», pour employer les mots de Barack Obama, tentent de la détruire mais bien parce qu’une majorité ne la défend pas ou peu.

Oui, la responsabilité est collective et l’opprobre le sera également si nos démocraties républicaines libérales disparaissent.

Défendre la liberté, l’égalité, la fraternité et le respect de l’autre est un devoir citoyen.

Pour cela, c’est bien d’une association, plus, d’une communion entre tous les démocrates dont nous avons besoin, maintenant.

Et la proposition du président des Etats-Unis, Joe Biden – et ce n’est pas étonnant que ce soit un centriste qui la fasse –, d’une alliance des démocraties est bien un impératif existentiel en ce 21e siècle où la liberté semble si fragile alors qu’on la croyait victorieuse par KO définitif il n’y a pas si longtemps quand les murs s’effondraient dans l’espoir d’un universalisme harmonieux et joyeux…

 

 

Actualités du Centre. Etats-Unis – Obama inquiet pour l’avenir de la démocratie

Barack Obama

Barack Obama a déclaré dans une interview à CNN qu’il était préoccupé par l’avenir de la démocratie expliquant que celle-ci «exige que chacun d'entre nous comprenne que celle-ci n'est pas automatique» mais demande qu’on la protège.

Il a ajouté qu’il espérait «que le vent va tourner».

L’ancien président des Etats-Unis a par ailleurs affirmé que les Américains doivent «s’inquiéter lorsque l'un de nos principaux partis politiques [Parti républicain] en vient à adopter une façon de penser notre démocratie qui est méconnaissable avec ce qu’il disait il y a cinq ans ou dix ans et qui aurait été alors considéré comme inacceptable».

Selon le centriste des «esprits sombres» ont pris le contrôle du Parti républicain.

En cela, l’insurrection du 6 janvier dernier lorsque des émeutiers ont tenté de prendre le contrôle du Capitole, siège du pouvoir législatif, est emblématique pour l’ancien président des Etats-Unis.

Mais si cette foule a accompli cet acte intolérable «la raison en est que la base des républicains y croyait et la base y croyait parce que cela leur avait été dit non seulement par le président, mais par les médias qu'ils regardaient»

Pour lui, les causes des profondes divisions des Américains viennent de ce «nous vivons dans des mondes différents et qu’il devient de plus en plus difficile pour nous de nous entendre, de nous voir».

«Nous avons plus de stratification et de ségrégation économiques, analyse-t-il. Vous combinez cela avec la stratification raciale et le cloisonnement des médias, donc vous n'avez pas seulement un Walter Cronkite [légende des journaux télévisés des années 1960-1970] qui livre les nouvelles à toute l’Amérique, mais vous avez 1000 lieux différents qui le font dorénavant. Tout cela a contribué à ce sentiment que nous n'avons rien en commun.»

Il faut donc recréer du lien et la solution d’Obama, consiste à multiplier les réunions en face à face où les gens entendent les luttes et les histoires des autres.

Le problème est «de savoir comment créer ces lieux, ces lieux de rencontre pour que les gens puissent le faire parce qu'en ce moment, nous ne les avons pas et nous en voyons les conséquences».

Celui qui a été le premier président noir estime que le problème du racisme n’est, non seulement, pas toujours réglé mais «qu'il existe certains médias de droite, par exemple, qui monétisent et capitalisent pour attiser la peur et le ressentiment d'une population blanche qui assiste à un changement en Amérique» qui devient un pays métissé où les blancs sont de moins en moins majoritaires.

Et de préciser qu'il reste « difficile pour la majorité des Américains blancs de reconnaître que vous pouvez être fiers de ce pays et de ses traditions et de son histoire et de nos ancêtres et que, pourtant, il est également vrai qu’il s'est passé des choses et que les vestiges de cela persistent et continuent».