mardi 17 décembre 2019

Actualités du Centre. Editions du CREC: sortie de l’ouvrage «L’individu du XXI° siècle, le grand prédateur de la démocratie? / La démocratie du respect» d’Alexandre Vatimbella

La nouvelle édition de l’ouvrage d’Alexandre Vatimbella «L’individu du XXI° siècle, le grand prédateur de la démocratie?»  vient de sortir aux Editions du CREC.

Ce texte est suivi d’un autre, inédit, «La démocratie du respect».



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► Voici un extrait de «L’individu du XXI° siècle, le grand prédateur de la démocratie?»



L’individu du XXI° siècle est un «individu-monde culturellement métissé médiatiquement mondialisé mondialement connecté» qu’il le veuille ou non. Qu’il l’accepte ou qu’il le rejette, il est dans ce monde comme il est, obligé, s’il n’est pas proactif de celle-ci, d’être consentant de la réalité qui l’entoure due en partie à l’évolution des rapports sociaux et des techniques de communication et d’information au sens large des termes.

Cependant, sa volonté d’exister, son intérêt personnel, son besoin de reconnaissance, dans une sorte de fusion paroxystique lui ont permis d’affirmer de plus en plus son autonomie dans un processus toujours en cours d’autonomisation vis-à-vis de la société.

L’autonomie de l’individu n’est évidemment pas une idée nouvelle et n’est pas l’apanage des penseurs de la démocratie. Ainsi, Saint Augustin, Luther, Rousseau et Nietzsche, entre autres, l’ont promue face à des autorités (église, Etat, société, etc.) qui, selon eux, ne pouvaient s’arroger la légitimité de penser et de parler pour eux, qui n’avaient pas le droit de brider leur autonomie qui, selon eux, constituait la manifestation de leur individualité irréductible. De même pour les penseurs anarchistes et libertaires (et libertariens), de Stirner à Proudhon en passant par Tolstoï et Bakounine (et Nozick). Mais cette autonomie que tous ceux que l’on vient de citer revendiquent, si elle ne s’accompagne pas de la nécessaire responsabilité, n’est que destructrice d’un ordre social (souvent illégitime pour les auteurs cités) et, surtout, d’un lien social indispensable pour vivre en commun.

Or, c’est bien le problème car l’autonomisation de l’individu au lieu d’être en coopération avec l’autonomisation de l’autre, dans la création d’un lien social où respect et dignité participent à l’élaboration constante du vivre bien ensemble, a créé et développé, en ce troisième millénaire, une autonomie largement égocentrique, assistée, irresponsable, irrespectueuse et insatisfaite. Une sorte de détournement solipsistique de la démocratie où la seule réalité que veut prendre en compte l’individu est celle de son existence et de son intérêt. Et un détournement de l’idéal individualiste qui est ramené à un simple nombrilisme.

Ce phénomène a pu s’exprimer, à la fois, par l’approfondissement démocratique (même là où la démocratie n’existe pas, le processus d’autonomisation fonctionne) par la reconnaissance explicite ou implicite de ses droits (en particulier de ses «droits à») ainsi que celle de son droit au respect de sa dignité sans oublier l’évolution technologique et consumériste des sociétés.

Cette autonomisation de plus en plus prégnante, fait de lui une bombe qui risque, à tout moment, de faire imploser la démocratie républicaine représentative pour laquelle il représente un défi libertario-hédoniste majeur, voire mortel. De ce point de vue, on pourrait parler de la montée en puissance qui semble inexorable d’un «individu-roi», si ce terme n’avait pas été instrumentalisé à des fins idéologiques par certains pour stigmatiser l’individualisme, un individu qui ne supporterait aucune borne, aucune limite à la recherche de son intérêt, pas même et surtout pas, la responsabilité de ses actes et la reconnaissance de l’existence d’autrui.

Cette autonomie non médiatisée par la responsabilité personnelle et le respect de la dignité de l’autre, assise souvent sur un manque de savoirs et des comportements puérils destructeurs pour le vivre ensemble, crée l’atomisation des intérêts personnels qui ne se retrouvent plus ou peu dans cet incontournable agrégat qui permet de donner une base commune pour des intérêts communs afin de fonder un dessein collectif. Alors, cette autonomisation peut créer une «anomisation» (d’anomie, terme inventé par Emile Durkheim, pour caractérisé l’absence d'organisation sociale résultant de la disparition des normes communément acceptées explicitement ou implicitement) progressive qui détruira la démocratie républicaine de l’intérieur et l’offrira sur un plateau à un régime totalitaire, la nature ayant horreur du vide.

Absence donc de ce dessein indispensable à toute communauté réunie mais montée en puissance de cette simple recherche immédiate de la réalisation de ses désirs et des ses revendications personnelles sans se soucier un seul instant des conséquences pour les autres, donc, in fine, pour soi également.

Suite aux agissements de ce «nouvel individu», la démocratie républicaine est en danger de délitement, voire de disparition de la planète Terre. Elle peut d’abord devenir une «médiacratie médiocratique démagogique populiste consumériste» puis un simple régime autocratique avant de basculer dans le totalitarisme.

Cependant, cet individu, s’il prend conscience de la nécessité d’un bien vivre ensemble, c'est-à-dire l’indépassable coopération entre tous pour faire société, peut aussi façonner positivement la nouvelle démocratie républicaine qui se mettra en place dans les prochains temps si cette dernière parvient à surmonter ce défi d’un comportement autolâtre et du «tout, tout de suite rien que pour moi» dans une constante insubordination de tout ce qui empêche cette recherche égotiste de la plus grande jouissance possible.

Mais, ne nous le cachons pas, le combat sera rude, sans répit et la victoire n’est pas inscrite, loin de là. Mais l’optimisme doit être de règle si l’on veut sauver la démocratie républicaine, le meilleur système que l’on peut mettre en place au regard des réalités humaines, système qui pourrait être dépassé le jour où l’humain se sera vraiment émancipé dans la responsabilité et le respect.

Ayant dit tout cela, le titre de cet ouvrage se justifie amplement.

Car un tel individu ne veut pas exécuter la démocratie, il ne veut pas la condamner à mort, non (même si son comportement risque d’aboutir à cette situation), il veut, comme tout prédateur, s’en nourrir jusqu’à plus soif sans en assumer les conséquences, ce qui, ainsi que cela se passe souvent, exterminera in fine ce qui le nourrit, ce qui lui assure sa subsistance, non pas de manière consciente mais par son inconséquence.

Car, une fois la démocratie disparue, engloutie par les demandes illégitimes de cet individu à son encontre, c’est bien également tous les bienfaits de celle-ci qui lui seront retirés.

Malheureusement, un tel individu n’a pas la lucidité et la raison pour se projeter dans cette réalité pas si future que cela… Cependant, j’ai ajouté un point d’interrogation car il se peut qu’une prise de conscience individuelle et collective avec un progrès du savoir et de l’information des individus, donc de leurs capacités intellectuelles mais aussi affectives, permettent de relever positivement le défi libertario-hédoniste. Une chance infime en prenant la réalité d’aujourd’hui, mais une chance quand même qui vaut d’être tentée.



► Voici un extrait de «La démocratie du respect»



Le respect est le rapport essentiel qui doit régir les relations entre les êtres humains et ce, à tous les niveaux. De cette conviction forte, basée sur l’évolution de nos sociétés – démocratiques ou non – mais aussi du monde, découle la place centrale que doit désormais occuper le respect dans toute démocratie républicaine digne de ce nom au moment où celle-ci doit gérer correctement la montée de l’autonomisation de l’individu qui est une des conséquences de l’approfondissement démocratique et de l’émancipation plus large de l’individu vis-à-vis du groupe dans lequel il vit sa vie.

Le respect est ainsi le chaînon manquant pour que notre régime de la démocratie républicaine représentative soit réellement équilibré, c’est-à-dire que s’y établisse enfin un consensus maximal au profit de tous les membres égaux de la communauté, permettant à chaque personne de s’insérer naturellement dans la société et à la société de libérer l’individu grâce à la constitution d’un solide lien social bâti sur une équation vertueuse: liberté dans l’égalité par le respect.

En quoi ce dernier est la vertu fondamentale du vivre bien ensemble, le «liant» (en ce qu’il est celui qui, in fine, solidifie réellement le lien social) d’une société démocratique avancée? Parce que sans respect de soi, de l’autre, de l’autre pour soi, de nous (soi et de l’autre) pour un troisième qui, en retour agit de même envers nous, il ne peut y avoir de vraie société humaniste. Parce que sans respect, les relations entre les membres d’une même communauté, qu’elle soit locale, nationale ou mondiale, se durcissent au fur et à mesure de l’autonomisation grandissante des individus. Parce que sans respect, la société démocratique n’est qu’un espace où chacun poursuit uniquement son intérêt, sa liberté, sa poursuite du bonheur de manière égoïste comme le prédisait dès 1814, Thomas Jefferson.



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