samedi 14 janvier 2017

Présidentielle 2017. Macron fait applaudir l’émancipation et… Borloo!

Dans une salle comble du Zénith de Lille, ce samedi 14 janvier, Emmanuel Macron en évoquant Jean-Louis Borloo a provoqué des applaudissements particulièrement nourris.
Il a ainsi démontré une nouvelle fois que nombre de centristes, notamment de l’UDI, viennent l’écouter et le rejoignent nombreux, comme justement Laurent Degallaix, le député-maire de Valenciennes, successeur dans ce fauteuil de Borloo.
Un Laurent Degallaix qui avait déclaré avant de se rendre au meeting de Macron en avoir parlé à l’ancien président-fondateur de l’UDI qui lui avait dit «tu as raison».
Voilà qui ne va pas faire plaisir du tout à Jean-Christophe Lagarde et aux caciques de la formation centriste qui tentent désespérément de contrer sans succès la dynamique du leader d’En marche qui n’arrête pas de susciter des ralliements au centre de l’échiquier politique comme ceux de Corinne Lepage et Jean-Marie Cavada, hier.
Voilà également une pierre dans le jardin de Laurent Hénart, le président du Parti radical et successeur de Jean-Louis Borloo à ce poste, qui a décidé, soi-disant en accord avec ce dernier, de soutenir sans aucun état d’âme François Fillon, celui même qui empêcha avec peu d’élégance son ancien chef de devenir premier ministre en 2010, et non Emmanuel Macon, certainement plus proche des thèses que Borloo a défendues lors de son parcours politique.
Mais le grand thème de Macron à Lille a été l’«émancipation», celle «pour faire et tenter», celle pour «redonner les opportunités à ceux à qui on n’en donne plus».
Et cette émancipation, il a déclaré qu’elle était la «responsabilité commune» de tous ceux qui le suivent».
Poursuivant son attachement au réel, il a affirmé qu’elle se construirait «d’abord en regardant le monde en face» car la France n’existe pas comme «une enclave» et les Français sont «universels».
Un monde «lourd de menace» où «le mal est là» et il convient de le combattre et, par exemple, de mener contre le terrorisme qui menace la démocratie une «lute politique et culturelle».
Cela se fera évidemment avec l’Europe et dans l’Union européenne dans un dialogue avec les Etats-Unis – avec qui «on partage des valeurs – et la Russie – avec qui «on ne partage pas les mêmes valeurs» en s’inspirant de l’action du Général de Gaulle, le natif de Lille, qu’il a cité a plusieurs reprises.
D’autant que, tournant le dos à la démagogie de la classe politique française dans son ensemble, il a dit, sans ambages, «l’Europe, c’est nous» et non une entité satanique qui se serait créée ad hoc et qui serait responsable de tous nos maux.
Emmanuel Macron est clair, «nous avons besoin de l’Europe parce que l’Europe nous rend plus grand et nous fait plus fort».
Mais pas d’européanisme béat: si l’Union européenne n’avance pas assez vite, il propose de la faire «à quelques uns», voire «à deux» avec l’Allemagne.
L’émancipation, pour le candidat à la présidentielle «se construit aussi par le travail» et il le redit «je veux être le candidat du travail».
Pour cela, il veut une «république contractuelle» qui porte «un projet de justice sociale efficace au siècle contemporain» qui permette, notamment, «qu’on entreprenne et qu’on réussisse plus facilement».
En revanche, il ne veut pas que la société française devienne une société de l’aide sociale où, ne pouvant plus fournir un emploi émancipateur, elle se mettrait à distribuer des allocations et des revenus universels.
En terminant son discours, Emmanuel Macron a affirmé que lui et ses sympathisants étaient «des rêveurs» mais que leurs concurrents ne se méprennent pas, «des rêveurs obstinés» qui vont porter un «mouvement de l’optimisme volontaire, de l’espérance».
A noter que le leader d’En marche est désormais en tête du baromètre de popularité du Figaro magazine selon la nouvelle vague réalisée par l’institut Kantar-Sofres avec 39% des Français (+ 6 points par rapport au mois dernier) qui souhaitent «lui voir jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir».
Dans ce même sondage, François Bayrou perd 5 points et se retrouve dixième avec 22%.
Un passage de témoin?
(Sondage Kantar-Sofres réalisé du 5 au 9 janvier 2017 par internet auprès d’un échantillon de 1000 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Alexandre Vatimbella



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L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La droite radicale américaine en passe de gagner son pari de tuer le Centre

Aux Etats-Unis, depuis des années, la droite radicale et l’extrême-droite, affiliées ou non au Parti républicain, poursuivent une tentative de recomposition du paysage politique américain avec la volonté d’installer son centre à droite et ainsi de gauchiser le vrai Centre, c’est-à-dire aujourd’hui un courant composé à 90% de démocrates, les républicains modérés et centristes étant devenus une toute petite minorité en voie de disparation au fil des années et de la chasse aux sorcières dont ils ont été des victimes systématiques.
Ainsi, les idéologues ultraconservateurs et réactionnaires ont incité les républicains à contester sans cesse la légitimité du Parti démocrate quand il est au pouvoir, à ne jamais faire de compromis avec lui et à stigmatiser toutes ses décisions.
C’est comme cela qu’il faut comprendre le blocage des institutions avec un Congrès qui, depuis qu’il est dominé par les républicains, est celui qui a le moins travaillé de toute l’histoire du pays.
De même, lorsque les républicains ont refusé de même recevoir le juge que Barack Obama avait choisi pour occuper un siège vacant à la Cour suprême, ils ne faisaient que continuer ce travail de sape permanent et opiniâtre en espérant que le vent tournerait.
Sans parler de la guérilla qu’ils ont constamment menée contre Barack Obama et Hillary Clinton, les déconsidérant sans cesse, leur niant toute légitimité.
Cette stratégie – au-delà de bloquer le pouvoir quand les démocrates l’occupent – avaient également pour but de radicaliser le Parti démocrate.
En refusant tout consensus et tout compromis, ils avaient dans l’idée que les démocrates se lassent de cette obstruction totale et adoptent un discours et des pratiques plus partisanes alors même que ces derniers avaient fait leur révolution  centriste au début des années 1990 afin de revenir au pouvoir avec Bill Clinton puis avec Barack Obama, ce qui leur a permis, ne l’oublions pas, de remporter en voix six des dernières élections présidentielles dont la dernière où Hillary Clinton a obtenu près de 3 millions de votes de plus que Donald Trump.
Cette volonté qui a été analysée et expliquée par de nombreux politologues, est en passe de réussir grâce à l’élection de Donald Trump.
Non seulement, cette victoire du démagogue populiste qui a puisé nombre de ces idées à la droite extrême leur permet de revenir au pouvoir mais elle a provoqué, en réaction, le réveil de la gauche américaine, en particulier sa frange radicale ainsi que l’extrême-gauche, dont le but avoué est désormais de prendre le contrôle du Parti démocrate avec Bernie Sanders, voire de le phagocyter en s’inspirant  de ce qu’a réussi le mouvement d’extrême-droite du Tea Party avec le Parti républicain (et qui a été un allié inestimable pour Donald Trump) ou même de créer une structure à gauche de celui-ci.
Et le terreau est favorable.
Devant les outrances, les insultes, les grossièretés, les menaces et l’incompétence de Trump, nombre d’électeurs démocrates sont tentés de se gauchiser face aux menaces que la démagogue populiste représente pour la démocratie républicaine libérale, pour la paix et pour l’humanisme.
Si l’on assistait à un mouvement de grande ampleur dans ce sens, le Centre et le Centrisme seraient en grand danger aux Etats-Unis.
Bien évidemment, l’espace central continuerait lui à exister mais il se déporterait mécaniquement à droite comme le souhaitent depuis si longtemps les républicains.
Dès lors, la bataille que doivent mener les centristes américains mais aussi de tous les pays du monde, c’est d’empêcher le virage à droite, radical et extrême, des Etats-Unis qui pourrait provoquer des désastres à, l’intérieur et à l’extérieur du pays mais aussi d’empêcher la disparition du vrai Centre en empêchant la dérive gauchiste du Parti démocrate, dérive qui est actuellement en gestation et qui pourrait émerger au cours de cette année.
Le temps de la résistance a sonné pour les centristes américains, ce qui leur permettra, à terme, une reconquête du pouvoir.