dimanche 28 février 2016

Présidentielle 2017. La primaire de LR devient «de la Droite et du Centre» grâce à Arthuis

Jean Arthuis
L’Alliance centriste est une composante de l’UDI.
Micro-parti, elle n’en a pas moins quinze parlementaires, essentiellement des sénateurs et est présidée par Jean Arthuis ancien ministre de Jacques Chirac, sous l’autorité du Premier ministre d’alors, Alain Juppé et ancien sénateur.
L’Alliance centriste a tenu son congrès le samedi 27 février et a décidé de ne pas soutenir une candidature indépendante de l’UDI à la présidentielle et de présenter un candidat à la primaire de LR en publiant ce communiqué:
«L’Alliance centriste, à la veille des échéances électorales de 2017, entend porter (son) projet à la primaire ‘de la Droite et du Centre’ par le biais d’une candidature». (lire le communiqué intégrale ici)
En agissant de la sorte, la formation centriste permet définitivement de rebaptiser la primaire de LR, primaire «de la Droite et du Centre», ce qu’elle n’était pas jusque là puisqu’aucun centriste, parti ou personnalité, n’avait indiqué y participer.
Prenant prétexte que nombre de personnalités de l’UDI se sont déjà prononcées en faveur d’un candidat LR à la primaire ou d’une participation de l’UDI à celle-ci, la formation centriste estime qu’elle doit être présente sous sa propre bannière à ce choix du candidat de la Droite pour 2017, plantant un véritable coup de poignard dans le dos Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI, qui voulait que la décision de présenter ou non un candidat indépendant  à la présidentielle soit prise officiellement le 20 mars prochain lors d’un congrès à Versailles.
La justification de la présence d’un candidat Alliance centriste – qui n’aura aucune chance de gagner, ni même de figurer de façon honorable – est quelque peu tirée par les cheveux.
Selon Jean Arhuis (lire sa déclaration ici), non seulement il faut un candidat Alliance centriste pour porter le projet de cette formation à la primaire (baptisé «Libres et responsables» mais il ne faut pas qu’il y ait un candidat UDI officiel à celle-ci car cela permettrait de compter ses voix, ce qui pourrait handicaper ce dernier parti lors des négociations futures pour les législatives et le nombre de circonscriptions gagnables en sa faveur.
Car, bien entendu, le président de l’Alliance centriste, anticipe un score ridicule de l’UDI à cette primaire.
Et il n’a pas tort puisque rappelons que les seules fois où un candidat UDI a été testé pour cette primaire dans les sondages, il obtenait 1% des voix.
Mais pourquoi cela interdirait les dirigeants de LR de comptabiliser les voix de tous les candidats issus des formations de l’UDI pour mener les négociations?
Jean Arthuis ne le dit pas…
En outre, l’Alliance centriste estime que les négociations entre LR et l’UDI pour formaliser un accord avant la désignation d’un candidat unique lors de la primaire n’auront aucune valeur sur celui qui sera élu sauf si celui-ci est Nicolas Sarkozy (qui devrait mener ces négociations avec Jean-Christophe Lagarde en tant qu’actuel président de LR).
Seule logique dans cette décision de la formation composante de l’UDI est l’indispensable présence des idées et des valeurs du Centre dans la bataille de la présidentielle.
Pour autant, Jean Arthuis qui avait soutenu Hervé Morin en 2012 avant de tourner casaque quelques jours après pour soutenir François Bayrou puis de l’abandonner en rase campagne pour rejoindre l’UDI et Jean-Louis Borloo aurait peut-être du attendre s’il y allait y avoir une candidature indépendante du Centre pour se prononcer.
Mais il est vrai que l’Alliance centriste n’existe pas vraiment médiatiquement parlant et peu politiquement parlant et que cette annonce lui donne une visibilité politico-médiatique quelques instants…
Reste que ce coup de poignard vient après d’autres et fragilise encore plus l’UDI dont l’existence ne tient plus qu’à un fil.

Alexandre Vatimbella
  

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Présidentielle USA 2016. Hillary Clinton: «momentum» et discours rassembleur

La primaire démocrate de Caroline du Sud qui s’est tenue le samedi 27 février a vu un raz-de-marée d’Hillary Clinton face à Berrnie Sanders.
L’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama l’a emporté avec 73,5% des voix contre 26% au sénateur du Vermont.
Surtout, ce vote a montré sa capacité à mobiliser en sa faveur l’électorat afro-américain après avoir rassemblé autour d’elle la majorité de l’électorat hispanique dans le Nevada.
De plus, en Caroline du Sud, elle a réduit l’écart avec Sanders dans l’électorat blanc.
Pour les commentateurs, cette victoire nette et sans appel pourrait bien être pour Clinton ce fameux «momentum», cette dynamique, qui permet à un candidat de décoller réellement dans une élection et éventuellement de ne plus pouvoir être rejoint par ses adversaires.
Nous n’en sommes pas encore là d’autant que Bernie Sanders qui n’était même pas en Caroline du Sud lors du scrutin a non seulement indiqué qu’il continuait la course à l’investiture mais qu’il était persuadé d’en sortir vainqueur fin juillet à la Convention démocrate de Philadelphie.
Dans son discours de remerciement aux électeurs démocrates de l’Etat, Hillary Clinton a, encore une fois, parlé de rassemblement et d’unité du peuple américain, s’en voulant la leader alors que cette campagne électorale est marquée par des discours, tant du côté républicain que du côté de son opposant démocrate, Bernie Sanders, diviseurs, partisans et clientélistes.
De ce point de vue, même si ses déclarations se déportent parfois un peu vers le centre-gauche ces dernières semaines, particulièrement sur la question sociale et les inégalités de revenus, Clinton n’en garde pas moins les fondamentaux de son positionnement centriste traditionnel de ces vingt dernières années.
«Malgré ce que vous entendez, nous ne n’avons pas besoin que l'Amérique soit forte à nouveau – l'Amérique n’a jamais cessé d’être forte. Mais nous devons vraiment faire de l’Amérique un pays uni. Au lieu de construire des murs, nous devons démolir des barrières. Nous devons montrer, par tout ce que nous faisons, que nous sommes vraiment ensemble pour le faire.»
Sans oublier la référence aux opportunités pour tous.
Des propos qui rappellent une nouvelle fois qu’elle veut continuer les politiques centristes de Barack Obama:
Même si cette dernière affirmation n’est pas une surprise pour ceux qui veulent bien se souvenir que la primaire démocrate de 2008 opposant Obama à Clinton s’est déroulée au centre entre deux centristes assumés, elle lui permet de montrer qu’elle est la championne naturelle d’une majorité de l’électorat américain et même démocrate.
Ainsi, en Caroline du Sud, les désormais traditionnels sondages sur les motivations et les positionnements politiques des électeurs aux primaires réalisés par les chaînes de télévision, ont montré qu’une grosse majorité des démocrates qui se sont déplacés veulent que le prochain président des Etats-Unis continue l’œuvre d’Obama et qu’ils sont majoritairement modérés ou «liberals» modérés (centre-gauche).
Tout ceci alors qu’il ne faut pas l’oublier, Hillary Clinton est la seule centriste encore en lice tant chez les républicains que chez les démocrates pour occuper la Maison blanche en 2017.

 Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC


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Présidentielle USA 2016




samedi 27 février 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La mystification dangereuse des «partis politiques de la société civile»

Vive la société civile, paré de toutes les vertus.
A bas le monde politique accablé de tous les vices.
On connait cette vieille rengaine et la floraison d’associations plus ou moins bidons, nées souvent de l’ambition quelque peu mégalomaniaque de chefs d’entreprise qui ont réussi dans leur domaine ou d’intellectuels médiatiques en mal de destin national, qui tous prétendent vouloir que le civil se réveille et s’empare du politique à la place du… politique devenant ainsi du… politique, parce qu’il ne peut en être autrement.
Ce qui fait de la politique – organisation ou individu – est obligatoirement du politique, même «différemment»!
Toujours est-il que ces associations ont toutes de noms qui fleurent bon le populisme rassembleur comme Nous Citoyens, Aux urnes citoyens, Objectif France, Bleu blanc zèbre, Société civile 2017, la Transition, Génération citoyens, Nouvelle donne, etc.
N’en jetez plus!
A chaque fois, leurs initiateurs nous promettent le Big bang politique qui se transforme rapidement en big flop.
Ils rêvent tous aujourd’hui de devenir des Syriza, des Podémos et autres Mouvement cinq étoiles, ces organisations populistes et démagogiques qui ont si bien réussi ailleurs et qui, heureusement pour l’instant, n’ont pas réussi à prendre en otage le politique en France.
Leur profession de foi est une tromperie qui vient de la base même de leur création comme nous venons de le voir.
Car ces structures qui se disent de la société civile, c’est-à-dire qui prétendent être réellement représentatives de ce que sont les citoyens et de ce qu’ils veulent, sont en réalité des organisations politiques tout à fait traditionnelles dont la légitimité de parler au nom de la population est une escroquerie.
Ainsi faire croire que l’on est encore dans la sphère privée quand on a investi la sphère publique, donc par exemple de faire croire qu’un candidat à une élection politique ne fait pas partie de la politique et donc de la sphère publique est une supercherie qui permet à ceux qui lancent ces «initiatives civiles» d’avancer masquer dans leurs volontés et leurs ambitions politiques.
Pour prendre un seul exemple, dès qu’Emmanuel Macron a quitté la banque pour le ministère de l’Economie, il n’était plus banquier mais ministre, il n’était plus dans la sphère privée et donc la société civile mais dans la sphère publique et donc le politique.
Si un jour il retourne à la banque et n’a plus de fonction publique, alors son activité se trouvera dans la sphère civile.
En outre, cette floraison d’initiatives de la société civile pose la question de sa réelle existence et sa réelle autonomie face au politique.
Où qu’elle soit, la société civile est toujours organisée par le politique (même l’organisation de son autonomie est une décision politique).
Vouloir diaboliser le politique et glorifier le civil est ainsi une hérésie et une mystification, les deux étant intimement liés.
Dans une société humaine tout est politique, c’est-à-dire que tout ressort de son organisation qui ne peut être que politique, le politique étant l’art d’organiser la vie de la cité, c’est-à-dire les rapports entre les individus qui la composent.
Dès lors, prétendre que la société civile n’aurait pas de lien avec le politique n’a aucun sens.
Pour autant, si tout est politique, cela ne veut pas dire que l’Etat est légitime à intervenir partout car il ne faut pas confondre sphère publique et sphère privée, notamment dans la démocratie républicaine.
Ainsi, dans la sphère privée, au-delà de l’espace issu de l’autonomie ontologique de l’individu, une fois la règle générale de droit décidée et fixée par le politique (branches législative et exécutive), c’est dans la société civile au sens large (pas seulement les associations et organismes représentatifs de celle-ci qui sont pour certains cette société civile) qu’elle vit, les organes d’Etat (administration et branche judiciaire) ne devant que faire en sorte qu’elle s’applique correctement pour le bien de tous.
Les relations des individus entre eux sont évidemment organisées par le politique puisque c’est le système politique (démocratie ou dictature) qui décide ce qui est autorisé ou non, qui fixe le degré de liberté et d’égalité d’une société, même si les individus ne respectent pas les lois édictées.
Penser que la société civile peut s’émanciper du politique est donc une vue de l’esprit.
Dire, en revanche, que l’administratif public ne doit pas s’immiscer dans les relations de la société civile autrement qu’en rendant des services et en faisant en sorte que les règles s’appliquent normalement, est ce qui doit être la manière de fonctionner d’une société, en particulier la démocratie républicaine.
Le Centrisme dont une des racines est le libéralisme reconnait évidemment cette société civile mais n’en fait pas une sphère indépendante du politique tout comme le politique n’est pas une sphère indépendante de la société civile.
L’Etat, dans la vision centriste, étant un outil et non l’incarnation de la communauté ou de la nation, est au service de la communauté et bien sûr de la société civile.
On ne peut les opposer pour diaboliser le politique et encenser la société civile.
Quand des organismes prétendent faire de la politique autrement parce que de la société civile, ils leurrent leurs adhérents et mentent.
Dès qu’ils sont dans la sphère de la politique, ils sont dans la politique mais plus dans la société civile et ils obéissent aux règles du politique, le politique n’étant pas une société secrète ou un monde particulier qui serait en dehors de la communauté.
Reste que ces initiatives s’appuient sur un vrai défi que doit relever le politique.
Dans tous les pays démocratiques, les partis et le personnel politiques ne sont pas vu favorablement par les citoyens sauf exceptions.
Un dernier sondage réalisé de mois-ci par Elable pour le site Atlantico montre que seuls 4% des Français ont une opinion favorable «des partis politiques» dans leur ensemble.
A la question de savoir ce que leur inspirent ces partis, 1% d’entre eux répondent de l’enthousiasme, 3% de la confiance, 40% de l’inquiétude, 34% de la colère et 22% de l’indifférence.
En outre, 78% des Français affirment qu’ils pourraient voter pour un candidat qui n’est «ni issu, ni soutenu par un parti politique».
Ce sondage peut être rapproché d’un autre réalisé par l’IFOP pour l’association Synopia.
A la question, «Seriez-vous favorable à la tenue d'une primaire non partisane, organisée par la société civile en marge des partis politiques, et qui ait pour ambition de faire émerger de nouveaux candidats pour la présidentielle de 2017?», 66% des personnes interrogées répondent par l’affirmative.
Bien entendu, il faut relativiser ces résultats sachant que le politique suscite toujours des réactions très critiques dans la population du fait même des challenges parfois impossibles que celle-ci lui demande de relever (ce qui engendre ces fameuses promesses politiques mensongères particulièrement utilisées dans les partis clientélistes de gauche et de droite).
Aux Etats-Unis, les enquêtes d’opinion de ces dernières années montrent des taux ridiculement bas d’approbation ou de sentiment positif du personnel et des institutions politiques.
Quant à savoir si un candidat «issu de la société civile» serait plus compétent et ouvert, notamment s’il est un entrepreneur, ou même s’il changeait la manière de la faire la politique, nous avons devant nous un exemple parfait qui vient justement d’Amérique.
Il s’appelle Donald Trump, est un promoteur immobilier et non un «politicien» et il est en tête de la primaire républicaine dont certains experts prédisent qu’il va la gagner.
Son programme économique conduirait à la faillite des Etats-Unis, son programme social est infaisable, son programme anti-immigration xénophobe et proche des thèses de l’extrême-droite et sa capacité à construire une planète plus fraternelle proche de zéro.
Le tout avec une personnalité clivante, qui insulte ses opposants et qui ment sur nombre de sujets.
Son profil peut se résumer ainsi: arriviste populiste, démagogue et xénophobe.
Sans commentaires.
In fine, le danger de ces «partis politiques de la société civile», c’est de faire croire qu’il y a une solution en dehors de la politique, que la politique, elle-même, serait l’obstacle à la construction d’une meilleure société.
Or, un peuple dépolitisé, c’est un peuple qui abdique sa légitimité sur le système politique dans une démocratie républicaine.
Et c’est un système politique soit accaparé par quelques uns, soit incapable de fonctionner, donc de remplir son rôle de débat contradictoire, de proposition puis d’action après le choix des citoyens.
Car s’il est évident que ce système doit être amélioré, réparé, modernisé pour être le plus efficace possible, il n’est certainement pas un frein mais bien l’outil indispensable au bon fonctionnement de la démocratie républicaine.





vendredi 26 février 2016

L’Humeur du Centrisme. L’autre ennemi du Centre: le populisme

Mélenchon, Sanders, Trump, Le Pen
Les centristes sont en pointe dans la lutte contre l’extrême-droite et l’extrême-gauche de par leurs valeurs humanistes et leur vision d’un monde qui en découle.
C’est un de leurs combats et il faut s’en féliciter quand on voit la Droite et la Gauche céder à périodes répétées aux sirènes de l’extrémisme et de la radicalité pour de sordides raisons clientélistes et électorales.
Mais le Centre a un autre ennemi qui peut être tout aussi redoutable, le populisme, qu’il soit de gauche ou de droite.
Celui-ci emprunte souvent des postures, des discours et des positionnements aux extêmes.
Il suffit de se rappeler le parcours d’un Jean-Marie Le Pen, avant tout populiste démagogue quand il est député poujadiste dans les années 1950 et qui n’a aucun mal à se muer en leader d’extrême-droite par la suite.
Cette simple proximité montre que les deux combats du centre vont de pair.
D’ailleurs, ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis en cette année électorale le confirme ainsi ce qui pourrait se passer dans les mois à venir en France en prévision de la présidentielle de 2017.
Le dernier débat entre les prétendants républicains à la candidature de leur parti pour l’élection du 8 novembre prochain le confirme.
Devant un auditoire chauffé à blanc et galvanisé par les attaques de bas étage, les téléspectateurs américains ont été les témoins de tous les dérapages de ce populisme (au sens français et non américain) démagogique que porte Donald Trump mais aussi de ses similitudes avec l’extrémisme droitier d’un Ted Cruz.
Les deux hommes – bien aidés par le troisième larron, le conservateur radical Marco Rubio – ont ainsi rivalisés dans les grossièretés, les mensonges, les programmes démagogiques et dangereux et la focalisation sur les personnes plutôt que sur les politiques à suivre.
Mais cette dérive populacière n’est pas qu’à droite de l’échiquier politique américain.
On le trouve aussi du côté du Parti démocrate avec Bernie Sanders qui flatte tout le ressentiment d’une partie des sympathisants et des militants d’une formation dont il n’est même pas membre par des discours populistes et un programme démagogique avec cette chasse aux sorcières contre ces fameux «billionaires» (milliardaires).
En France, on a les groupies de ces populistes démagogues.
Ces «mèmes» sont, à droite, Marine Le Pen pour Donald Trump, à gauche, Jean-Luc Mélenchon pour Bernie Sanders.
Ces deux personnalités françaises cumulent un positionnement aux extrêmes et des postures ainsi que des discours populaciers et démagogues.
D’autant que, comme d’habitude, les rapprochements entre les extrêmes se révèlent.
Les insultes assumées d’un Mélenchon (mais aussi celles, non assumées, d’un Sarkozy) ressemblent à celles d’un Trump.
Les diatribes contre l’establishment politique d’une Le Pen résonnent fortement comme celles d’un Sanders.
L’important pour les centristes, c’est de ne jamais oublier que, tout comme les extrémismes, les populismes sont des ennemis de la démocratie républicaine et des valeurs humanistes.
Et que, dans l’Histoire, les populistes sont souvent ceux qui ont préparé l’avènement des extrémistes et de leurs dictatures.

Centristement votre

Le Centriste



jeudi 25 février 2016

Actualités du Centre. Espagne: le Centre se rallie aux socialistes pour tenter de réformer le pays

Alberto Rivera (Cuidadanos) & Pédro sanchez (PSOE)
La crise politique en Espagne est loin d’être résolue par l’accord de gouvernement que Cuidadanos (Centre) a conclu avec le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol).
Car les deux partis n’ont que 130 députés (90 socialistes et 40 centristes) alors que la majorité aux Cortès (chambre des députés) est de 176.
Et il semble qu’en l’état, ni le PP (Parti populaire, Droite), ni Podémos (extrême-gauche) ne puissent rejoindre cette coalition.
Pour la Droite parce qu’elle estime, par la voix du premier ministre sortant, Mariano Rajoy, qu’elle a gagné les élections en arrivant en tête (sans avoir la majorité) et que c’est donc à elle de former le futur gouvernement même si elle a échoué à bâtir une quelconque coalition, aucun autre parti ne voulant s’allier avec le PP qui est rongé par la corruption et affaiblit par la situation économique du pays, même si elle s’améliore, surtout par la crise sociale.
D’ailleurs, Rajoy a estimé que la seule solution serait de nouvelles élections législatives.
De son côté, Podémos ne veut pas gouverner avec Cuidadanos qui ne veut pas gouverner avec Podémos, donc les choses sont claires.
En revanche, Podémos voudrait bien gouverner avec les socialistes mais ses demandes sont tellement extravagantes à tout point de vue que le PSOE a refusé même s’il continue à négocier l’abstention du parti d’extrême-gauche afin de mettre sur pied un gouvernement minoritaire chargé de mettre en place des réformes.
Car c’est bien le sens de l’accord en Alberto Rivera, le président de Cuidadanos, et Pédro Sanchez, le leader des socialistes.
Leur accord contient en effet «200 réformes (…) pour une régénération politiques» dont Rivera estime qu’il «est parfaitement valable pour une grande majorité d'Espagnols».
Parmi ces réformes: la limite des hausses d'impôts mais avec maintien de l’impôt sur le revenu et suppression des exonérations dont bénéficient les grandes entreprises; un contrôle renforcé des institutions financières; des promoteurs immobiliers et des compagnies d’assurances; la limitation à deux mandats de la présidence du gouvernement; la réforme du droit du travail avec la diminution du nombre de contrats de travail et une augmentation du congé maternité; un plan d'«urgence sociale» pour les défavorisés mais aussi la restauration de l’universalité du système de santé; la révision à la baisse du régime d'immunité des parlementaires.
En outre, l’accord garantit l’intégrité territoriale de l’Espagne alors que les indépendantistes catalans militent pour un référendum d’autodétermination de leur province qui est soutenu par Podémos mais fermement combattu par les centristes.



Présidentielle USA 2016. La disparition des «centristes» républicains

Donald Trump
Il fut un temps où le Parti républicain avait une aile centriste puissante, capable de rivaliser et d’affronter avec succès à la fois l’aile conservatrice et l’aile réactionnaire.
Petit à petit, sous la pression idéologique de la droite du parti ainsi que de sa nouvelle stratégie, la récupération de tous les démocrates du Sud du pays, très conservateurs, voire très réactionnaires et racistes, qui ne voulaient plus voter pour la Parti démocrate qui avait enfin fait sa mue en devenant le parti des droits civiques, le Parti républicain a définitivement viré à la droite de la Droite.
Le premier virage à droite d’après guerre, assez soft, fut celui de Nixon en 1968.
Ici, on ne parle que de ces virages qui ont connu le succès sachant que la droite républicaine tenta dès après la Deuxième guerre mondiale de solder, sans y parvenir, l’héritage de Roosevelt et que Barry Goldwater, homme d’extrême-droite, fut le candidat des républicains à la présidentielle de 1966 face à Johnson où il fut battu à plate couture.
Bien qu’il théorisa la récupération des démocrates du Sud et qu’il fut un représentant de l’aile conservatrice dure, Richard Nixon gouverna plus ou moins au centre, ne remettant pas en cause les avancées sociales et politiques issues du New deal de Franklin Roosevelt.
Le deuxième virage à droite, plus sec, fut celui de Ronald Reagan en 1980.
Bien que très conservateur et ancien soutient de Barry Goldwater, héraut des démocrates d’extrême-droite, il gouverna souvent de manière assez modérée même si la fameuse «révolution conservatrice» qu’il mit en branle tenta d’imposer aux Etats-Unis l’ultralibéralisme thatchérien alors en vogue au Royaume Uni.
Le troisième virage à droite, plus dur, survint en 1994 avec l’élection d’une majorité républicaine à la Chambre des représentants du Congrès avec l’arrivée d’idéologues très rigides et ambitieux comme Newt Gingrich, le «speaker» (président) de cette assemblée et dont le but était de consolider et d’étendre cette révolution conservatrice de l’ère Reagan.
Malgré tout, il put y avoir, parfois, une collaboration assez positive entre cette majorité très à droite et le président d’alors, Bill Clinton.
Même s’il ne faut surtout pas l’oublier, c’est de cette époque que date cette idée chez les républicains que tout président démocrate est illégitime à être au pouvoir avec cette tentative de destituer Bill Clinton grâce à la procédure de l’«Impeachment».
Le quatrième virage à droite eu lieu au cours de la présidence de George W Bush et, surtout, lors de l’élection de Barack Obama.
En 2009, lors de la prise de fonction du premier président afro-américain qui souhaitait mettre en place sa stratégie post-partisane (des majorités d’idées et de circonstances sur chaque projet qui seraient transversales aux lignes politiques traditionnelles qu’elle ringardiserait), les chefs républicains se réunirent pour décider de jouer une obstruction dure, générale et totale, qui fut résumée par le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell: faire d’Obama un «one-term president», un président à un mandat, c’est-à-dire d’empêcher au maximum sa réélection en 2012.
Le projet échoua mais pas l’obstruction a continué jusqu’à aujourd’hui et s’est faite d’autant plus forte que les républicains ont conquis la majorité au Sénat en 2012.
Lors de ces multiples virages à droite, les républicains ont perdu, à chaque fois, un nombre plus ou moins importants de centristes jusqu’à la situation présente où il n’y en a plus qu’une poignée, et encore, pendant que des conservateurs bien trempés tentent d’accréditer qu’ils sont le nouveau centre du parti, voire de la vie politique américaine (comme par exemple Marco Rubio actuellement).
Le grand paradoxe qui a pu faire croire que le Parti républicain possédait encore une aile centriste fut leurs quatre derniers candidats à la présidentielle, George H Bush, George W Bush, John McCain et Mitt Romney, tous des conservateurs bon teints mais ouverts à un certain consensus ainsi qu’à la possibilité de compromis et qui furent choisis pour leur «electability», leur propension à se faire élire dans un pays où l’électorat modéré a été jusqu’à présent majoritaire.
Mais ce choix d’un modéré ne sera pas celui des républicains de 2014 au vu des résultats des quatre première primaire dont la dernière, celle du Nevada, a mis en dernière position le conservateur le moins éloigné du Centre (mais néanmoins très loin de celui-ci), John Kasich, un des grands législateurs de l’ère Reagan.
Car le mach devrait se jouer entre le populiste démagogue Donald Trump (qui a remporté plus de 45% des voix au Nevada) et le conservateur sans état d’âme mais opportuniste Marco Rubio (deuxième avec plus de 22% des voix) et, peut-être, l’homme de l’extrême-droite, Ted Cruz (troisième avec un peu plus de 21% des voix).
Et si c’est Trump qui l’’emporte, comme le prédisent désormais des spécialistes, le Parti républicain qui a attisé sans cesse la haine et le ressentiment vis-à-vis du monde politique de son électorat et de ses militants ces dernières décennies ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.
Ce serait d’ailleurs un sacré pied de nez que les républicains se voient débordés par Donald Trump dont les fondamentaux populistes sont souvent loin des positions conservatrices de l’establishment du parti.
Mais à force de jouer avec le feu, cet establishment ne pourra s’en plaindre même si cela éloigne le parti encore un plus du centre de l’échiquier politique et, peut-être, de la Maison blanche pour longtemps.
A moins que la rage des Américains, réelle en 2016, puisse vraiment renverser les montagnes en sa faveur.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC



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mercredi 24 février 2016

Présidentielle 2017. Sondage: Bayrou en hausse profite de la baisse de Hollande

Affiche de François Bayrou en 2012
A plus d’un an de la présidentielle, un sondage ne dit pas grand-chose sur l’élection elle-même mais beaucoup plus sur l’état actuel de l’opinion.
Car si ceux-ci avaient donné le résultat par le passé alors Edouard Balladur, Lionel Jospin, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy (à la place de Hollande) auraient été élus...
Toujours est-il que le dernier sondage IFOP pour iTélé, Paris Match et Sud radio montre une baisse très sensible des intentions de vote en faveur de François Hollande et celui qui en profite se nomme François Bayrou.
Ainsi, selon les cas de figure, le président du MoDem obtient 8,5% des intentions de vote (s’il se présente face à Alain Juppé, ce qu’il ne devrait pas faire selon ses dires), 14,5% si Fillon est le candidat de la Droite et 15% si ce candidat est Nicolas Sarkozy ou Bruno Le Maire.
La montée de Bayrou dans les sondages ne le met pourtant pas dans une situation favorable au cas où Nicolas Sarkozy est le candidat de LR puisqu’il accuserait encore 6 points de retard pour être au second tour.
En revanche, si le candidat de LR est François Fillon ou Bruno Le Maire (ce qui est largement hypothétique actuellement), alors il n’accuse plus qu’entre 3 et 3,5 points de retard sur la seconde place occupée par François Hollande seul ou à égalité dans le cas de figure François Fillon, ce qui rentre plus ou moins dans la marge d’erreur des enquêtes d’opinion.
Cette bonne nouvelle pour François Bayrou lui permet d’entretenir son statut de candidat potentiel crédible au cas où Alain Juppé ne serait pas le candidat de la Droite.
Elle montre également qu’il y a un espace au centre de l’échiquier politique, un espace pour un candidat du Centre, à l’inverse de ce que prétendent tous ceux qui à l’UDI veulent un accord avec LR dès le premier tour de la présidentielle.
Mais elle représente également un casse-tête pour Bayrou.
En effet, il ne gagne des points que parce qu’Hollande en perd, ce qui signifie que son électorat est plutôt au centre-gauche, voire de gauche modéré, pour une partie non-négligeable et, surtout, qu’il ne pourra être au second tour qu’en séduisant encore plus cette frange de la Gauche.
Du coup, les accusations récentes de Nicolas Sarkozy sur le positionnement à gauche de François Bayrou peuvent sembler légitimes pour l’électorat de droite ou de centre-droit et jouer en sa défaveur au fil du temps s’il devait se présenter face à l’ancien président de la république.
François Bayrou peut donc se réjouir de ce sondage sans toutefois, paradoxalement, y trouver forcément un signe encourageant que sa victoire pourrait être possible en 2017 comme il le dit à ses interlocuteurs depuis un an.

Alexandre Vatimbella


(Sondage IFOP réalisé pour le fondation Concorde du 17 au 19 février 2016 par internet auprès d’un échantillon de 1843 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


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mardi 23 février 2016

Une Semaine en Centrisme. Pour Bayrou, finie l’union nationale, vive l’axe central

Axe central: Valls, Macron, Bayrou, Lagarde, Juppé
Finie la fameuse union nationale que François Bayrou demandait en 2007 et surtout en 2012.
Voici le temps du ralliement officiel du président du Mouvement démocrate à l’axe central qui va d’Alain Juppé à Manuel Valls en passant par Emmanuel Macron, Jean-Christophe Lagarde, lui-même et quelques autres.
Est-ce que parce que les sondages montrent que les Français veulent une nouvelle majorité de ce type-là?
Toujours est-il qu’il a affirmé, au micro de France culture que «L’union nationale voudrait dire que l’on prend tout le monde y compris les extrêmes, et je ne crois pas que cela soit bon. Mais vous voyez bien qu’il y a des sensibilités compatibles entre elles. Un certain nombre de choses que Manuel Valls dit sont compatibles avec un certain nombre de choses que je pense ou qu’Alain Juppé pense».
Et d’affirmer que «Pour moi, il n’y a qu’une majorité possible en France aujourd’hui : une grande majorité réformiste centrale».
Cette «alliance centrale», selon ses termes, à néanmoins des contours assez flous puisqu’elle serait plus large de l’axe central Juppé-Lagarde-Bayrou-Macron-Valls.
Pour Bayrou, il s’agit de «La seule majorité disponible possible si on voulait la faire! Mais on a des institutions et des règles électorales qui s’y opposent».
Comment interpréter ce nouveau positionnement de François Bayrou qui était – selon ses propres déclarations – du Centre en 2002, de centre gauche en 2007, de l’extrême-centre en 2012 puis de centre-droit lors des dernières municipales et régionales avant de réduire son idée d’union nationale à une majorité centrale où il inclut des socialistes après avoir dit tant de mal d’eux tous après que François Hollande ne lui ait pas tendu la main lors de son élection à l’Elysée?
Evidemment à un attachement aux valeurs humanistes que l’on ne peut remettre en cause.
Mais aussi à une ambition politique qu’il n’a jamais cachée.
François Bayrou hume depuis toujours l’air du temps pour tenter de réunir une majorité de Français autour de lui.
Tout comme sa propension à vouloir récupérer des électorats plus ou moins en déshérences comme ce fut le cas en 2007 quand un certain nombre de gens de gauche ne se résolvaient pas à voter Ségolène Royal ou, actuellement, avec tous les gens de droite modérée qui ne veulent plus de Nicolas Sarkozy.
Mais il a aussi voulu s’attacher les héritiers du Gaullisme en prenant des positions fortes sur un protectionnisme économique, sur un patriotisme consumériste et en défendant une certaine idée de la grandeur de la France propre au général de Gaulle.
C’était d’ailleurs le discours qui collait alors à sa volonté d’union nationale.
De ce point de vue, François Bayrou est plus au centre que du Centre et qu’il ne s’interdit pas de redessiner les contours de l’espace central ou de les élargir de manière très exagérée au grès de ses projets politiques.
Ainsi, toujours lors de son interview à France culture, il a donné une définition assez fourre-tout du Centre: «Le Centre est à la fois un projet et une attitude politique, celle de considérer que ceux qui ne sont pas d’accord avec vous ne sont pas des ennemis. Ils ne sont pas d’accord avec vous, vous pouvez avoir des débats. Autrement dit, notre règle politique n’est pas celle du sectarisme (…).»
Il a tout de même précisé qu’«Il y a une famille politique du Centre - un courant, une sensibilité politique - qui a son identité propre et qui peut s’allier avec d’autres à condition que l’on soit dans la reconnaissance de ce projet et de cette vision du monde».
Pour autant, on verra bien dans les temps qui viennent comment il remodèle son positionnement politique autour de cette «majorité centrale réformiste», surtout si Alain Juppé n’est pas candidat à la présidentielle et qu’il se jette une nouvelle fois dans la bataille.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


lundi 22 février 2016

Actualités du Centre. Tunisie: bataille autour de ce qu’est «être centriste»

Mustapha Ben Ahmed
Dans les pays musulmans, une bataille fait rage depuis le Printemps arabe de 2011 pour définir ce qu’est un centriste.
Pour les musulmans modérés, il s’agit d’être positionné entre les démocrates laïcs et les musulmans radicaux.
Pour les démocrates, il s’agit de représenter un courant qui s’identifie au Centre tel qu’on l’entend dans une démocratie républicaine traditionnelle, défendant les valeurs humanistes et un juste équilibre.
Ainsi, quand les Emirats arabes unis veulent promouvoir, selon leurs propres termes «une culture centriste» pour contrer le terrorisme, il s’agit de repousser l’extrémisme islamique et, comme l’explique l’agence de presse des EUA, «Cette culture conduirait à l’émergence d’organisations nationales qui propagent la pensée anti-terrorisme et renforcent le dialogue culturel et religieux tolérant».
Ce Centrisme n’est évidemment pas celui dont se revendique le nouveau courant centriste tunisien – au sens traditionnel – en train de se constituer, qui devrait être baptisé El Horra et lancé le 2 mars prochain.
Ainsi, Mustapha Ben Ahmed, porte-parole de ce «front» ou parti – ce n’est pas encore très clair – affirme que «Notre ligne politique est bel et bien claire, elle est centriste, moderniste, pluraliste et démocratique. Voilà ce qu’il en est de notre ligne politique, telle qu’elle était convenue dès le départ, quand nous étions à Nidaa Tounes (ndlr: parti au pouvoir); mais malheureusement, elle a dévié du chemin».
De son côté, le président de la république, Béji Caïd Essebsi, dans un entretien accordé au journal «Le nouveau arabe explique, «Je ne suis ni de droite ni de gauche ni islamiste. Je suis un centriste musulman».
Mais son rapprochement avec le mouvement islamiste Ennahdha au pouvoir auparavant a provoqué une scission de la formation au pouvoir et la création de ce front (ou parti) dont les promoteurs reprochent au président sa dérive vers un islamisme modéré.
Cette question est cruciale dans les pays arabes car c’est l’accaparement du pouvoir par les islamistes après le Printemps arabe qui a fait capoter presque partout, sauf en Tunisie, la démocratisation des régimes avec une reprise en main du pouvoir par l’armée comme en Egypte ou qui a amené le chaos comme en Syrie ou en Libye, surtout qui a volé la victoire aux promoteurs de cette contestation dont la principale revendication était la démocratie.

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dimanche 21 février 2016

Présidentielle USA 2016. Clinton gagne au Nevada et délivre un message centriste d’unité

Hillary Clinton, dernière vraie centriste encore en course dans les primaires américaines (démocrate et républicaine) a remporté le caucus du Nevada, troisième étape du processus de désignation du candidat démocrate, le 20 février, devançant Bernie Sanders de près de cinq points alors que les derniers sondages les donnaient pratiquement à égalité.
Dans cet Etat où le vote hispanique et afro-américain est important sans être décisif, elle a montré sa capacité à faire passer son message sur ses qualités de leader prête à gouverner dès le premier jour et de rassembleuse d’une majorité de l’électorat démocrate et plus largement de cette fameuse coalition qui a porté au pouvoir Barack Obama en 2008 et lui a permis de l’emporter en 2012 (blancs-afro-américains-latinos).
Lors de son discours d’après-victoire, Hillary Clinton a délivré un message d’unité centriste envers tous les Américains alors que son adversaire démocrate continue, lui, de parler d’une opposition entre les riches et les autres et d’une «révolution politique».
«Je n’ai jamais cru en une Amérique divisée entre les nous et eux», a-t-elle ainsi déclaré.
Selon elle, «Personne ne peut abattre chaque obstacle à lui seul même le président des Etats-Unis. Cela doit être la mission de la nation toute entière. Je pense que nous sommes tous dans le même bateau et que chacun de nous va mieux quand tout le monde va mieux».
«Nous allons créer les possibilités de réussite pour que chaque Américain puisse aller aussi loin que son cœur le porte», a-t-elle poursuivi.
Son équipe, de son côté, explique qu’Hillary Clinton devrait mettre en avant lors de ses discours dans les semaines à venir ce besoin pour le pays de travailler ensemble afin de s’attaquer aux plus gros défis qui se présentent devant lui.
Dans son message de victoire à ses partisans sur internet elle a réaffirmé que «Personne ne peut gagner seul (…). Cela doit être la mission de toute la nation. Nous allons devoir travailler ensemble pour remporter la nomination (démocrate), gagner la présidence puis, tous ensemble, abattre les barrières qui empêchent les Américains de réaliser tout leur potentiel».
Du côté des républicains, un nouveau conservateur s’est retiré devant la victoire des populistes démagogues et des extrémistes (Trump, Rubio, Cruz) lors de la primaire de Caroline du Sud, Etat où les évangélistes radicaux et les membres du Tea Party sont particulièrement forts, et pas des moindres puisqu’il s’agit de Jeb Bush, celui qui faisait figure de favori voici quelques mois selon les médias.
Il ne reste plus qu’un «modéré», le conservateur reaganien John Kasich, gouverneur de l’Ohio, qui demeure à la traîne et pourrait devoir abandonner dans les semaines à venir sauf retournement de l’opinion républicaine lors des prochaines primaires.
Toujours est-il qu’ils ne sont plus que cinq à concourir pour la nomination en tant que candidat républicain à la présidentielle après le vote de Caroline du Sud: Donald Trump vainqueur détaché, Marco Rubio, Ted Cruz, John Kasich et Ben Carson qui s’accroche alors même qu’il n’a plus aucune chance.
Pour les observateurs, sa bonne tenue en Caroline du Sud et le retrait de Bush, font de Marco Rubio le favori tant Trump aura du mal à élargir sa base de 30% à 40% de supporters.
Celui qui a un bilan de conservateur radical mais qui a une ambition démesurée, ce qui l’amène à se présenter désormais en «centriste» face à Trump et Cruz pour ratisser le plus large possible, pourrait donc se retrouver le candidat républicain le 8 novembre.
Cependant les jeux sont loin d’être faits et la capacité de rebond de Donald Trump est non seulement forte mais ses limites très difficiles à apprécier.
Le milliardaire newyorkais pourrait ainsi gagner ces primaires, véritable cauchemar des dirigeants du parti même s’ils prétendent que ce n’est plus le cas.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
  
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