samedi 23 juin 2018

Une Semaine en Centrisme. Pourquoi de nombreux macronistes ne veulent pas qualifier le macronisme

Le macronisme est un centrisme
Soi-disant, ils travaillent à trouver une définition et un corpus, affirment-ils un peu partout.
Mais les macronistes qui prétendent vouloir définir le macronisme et qui estiment qu’il faut faire un travail théorique sur le sujet qui, selon eux, n’aurait pas été fait jusqu’à présent(on doute que Macron ne s’y soit pas attelé avant de se présenter à la présidentielle…) ont surtout une peur: que l’on qualifie réellement ce dernier de manière «officielle».

Ce n’est pas la peur qu’il soit de droite comme le prétendent les médias de gauche ou de gauche comme l’expliquent les médias de droite.

Non pas parce que ce macronisme est en réalité essentiellement centriste et qu’ils ont peur qu’on le qualifie ainsi (nous ne reviendrons pas ici sur les preuves de cet ancrage au Centre et comme pivot de l’axe central, il suffit de lire les informations et les études de ce site à ce sujet pour les y trouver).

Mais parce que le qualifier ouvertement de droite, de gauche ou du Centre par ceux qui en sont les représentants, serait en fait lui faire perdre une part importante de son attrait et, sans doute, beaucoup de ses soutiens.

Macron a toujours affirmé avec intelligence et brillance qu’il était ailleurs comme son «en même temps», son «ni gauche, ni droite», son «et de droite, et de gauche» et son «progressisme» et autres expressions et termes de son univers politique.

Cela a bien fonctionné pour son élection, c’est le moins que l’on puisse dire.

Et il ne s’est jamais qualifié de centriste qui est souvent un terme péjoratif pour les gens de gauche et de droite.

D’autant que beaucoup de gens qui ont rejoint Macron, l’ont fait sur cet «ailleurs», qu’ils soient de gauche ou de droite.

Ici, il faut partir d’une comparaison légitime entre Barack Obama et Emmanuel Macron (et entre l’obamisme et le macronisme»).

Obama ne s’est jamais qualifié de centriste et toute sa campagne présidentielle de 2008 était basé sur le «changement», sans plus de précision («The change we can believe in», le changement en lequel nous pouvons croire) et qui faisait du candidat le vecteur de la volonté du changement de chacun de ses partisans, c’est-à-dire qu’il était celui qui incarnait un changement dans lequel se sont accumulés dans une contradiction et un paradoxe évidents tous les souhaits et les désirs de ceux qui ont voté pour lui mais aussi de ceux qui ne l’avaient pas fait.

Un changement auquel était accolé cette formule volontariste, «Yes, we can!» (oui nous le pouvons), le volontarisme étant une autre similitude entre Macron et Obama.

Mais cela ne voulait pas dire qu’Obama ne savait pas quelle politique il voulait mener, tout comme Macron.

Ni que cette politique du président américain et du président français ne puissent être qualifiées.

En l’occurrence, l’une et l’autre sont centristes.

Mais la force de l’image de leur personne et de l’attrait de leur projet viennent en grande partie de ce qu’ils ont voulu que l’on croit d’eux: les représentants d’une nouvelle façon de faire de la politique, sorte de génération spontanée qui, tout d’un coup, ringardisé la «vieille politique».

Bien évidemment, une autre comparaison doit être faite même s’il ne s’agit plus ici de deux politiques centristes.

Le gaullisme, ainsi, a toujours été présenté par les soutiens au Général de Gaulle comme une pensée atypique qui n’était ni de gauche, ni de droite, la preuve, ceux qui le suivaient étaient soit de gauche (un peu en réalité), soit de droite (beaucoup en réalité).

De plus, le gaullisme se présentait comme le fossoyeur de ces «politiciens» sectaires et idéologues en train de détruire la France.

Mais, qualifier le gaullisme de pensée de droite – ce qu’il était essentiellement – l’aurait dévalorisé alors qu’il voulait être au-dessus de l’esprit partisan, être en réalité, la nouvelle idéologie française, celle qui domine toutes les autres et qui offre aux citoyens une sorte de modèle syncrétiste pour une alliance harmonieuse improbable avec une chose de plus, la présence d’un chef charismatique qui serait le liant incontournable et qui serait le phare du pays qui le ferait rayonner dans le monde.

Ici, c’est exactement la même chose pour le macronisme.

D’autant que les références, directes ou déguisées, à de Gaulle et au gaullisme ont été foisons de la part d’Emmanuel Macron et des macronistes.

On attend bien sûr les résultats du travail de La république en marche et des initiateurs de la recherche en paternité et maternité qu’ils ont lancé, voire en affirmation qu’il s’agit là d’une génération spontanée, sans héritage aucun.

Mais il sera difficile d’empêcher une caractérisation du macronisme sur l’échelle gauche-droite dont on rappelle pour la énième fois qu’elle n’est, quand elle est utilisée correctement et objectivement, qu’un outil tout à fait utile et légitime pour qualifier une pensée politique et non une arme pour la disqualifier et ce, pour informer les citoyens et qu’ils puissent voter en toute connaissance de cause.

Et si les macronistes ne le font pas eux-mêmes, ils courent le risque d’être enfermés dans une case qu’ils n’auront pas choisi, le pire pour ceux qui ne voulaient surtout pas être logés dans un lieu politique précis.

De toute façon, comme le gaullisme, comme l’obamisme, ce seront les politistes puis les historiens qui auront le dernier mot.



Alexandre Vatimbella

Directeur du Crec




L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Oui, le nationalisme et le populisme sont des lèpres politiques

Pour ceux qui me font l’honneur de me lire depuis que le CREC et le site lecentrisme.com existent et que nous portons la parole d’un Centrisme humaniste et responsable, basé sur des valeurs et des principes forts ainsi que la défense intransigeante de la démocratie républicaine, ceux-là savent que j’ai souvent parlé des défis de cette même démocratie républicaine face aux dangers des extrémismes, des populismes, des régimes autoritaires et dictatoriaux, des terrorismes.
Et ils savent que j’ai souvent rappelé l’Histoire et les événements dramatiques d’un passé pas si lointain et criminels, événements qui peuvent toujours revenir.
Et ils n’oublient pas que j’ai, à chaque fois, demandé que l’on se dresse contre ces menaces et ceux qui les portent.
Ceux-là ne seront donc aucunement étonnés que je souscrive aux soi-disant propos polémiques d’Emmanuel Macron lors de son discours de Quimper le 21 juin alors même que je tenais les mêmes avant qu’il ne soit en politique.
Non plus que je salue une nouvelle fois cette volonté pro-européenne tant l’union entre tous les peuples d’Europe dans une fédération est la seule voie d’un vrai salut dans ce XXI° siècle de toutes les espérances, de tous les défis mais aussi de tous les dangers.
Et oui, Emmanuel Macron a raison de dénoncer le nationalisme et l’extrémisme comme de «lèpres», comme l’avait si justement fait François Mitterrand en son temps, lui qui épousa la cause de l’Europe pour éviter ce qu’il avait vécu directement dans les années 1930 et 1940.
Et oui, il a raison de fustiger les «provocateurs», comme le ministre de l’Intérieur italien et fasciste assumé, monsieur Salvini, et leur «bêtise».
Et oui, il a raison de dire qu’il ne faut pas oublier le «quotidien» face aux grands sentiments, qu’il faut garder les bras ouverts tout en n’oubliant surtout pas qu’il faut avant tout s’occuper de ceux qui sont là, les habitants de la France, qui attendent que l’on construise un meilleur vivre ensemble face à leurs difficultés quotidiennes.
Ces propos dits avec force et avec «indignation» sont non seulement justes mais indispensables quand on voit les Kaczynski, les Orban, les Salvini, les Zeman, les Strache, les Trump, non pas exister mais, tous, gouverner nos démocraties républicaines, ouvrant la possibilité de l’abîme vertigineux que nous avions cru, à tort, boucher le puits sans fond définitivement.
Sans oublier que d’autres comme les Le Pen, les Meuthen et quelques autres frappent à la porte du pouvoir.
Et comment ne pas souscrire à la conclusion de son discours de Quimper (dont je reproduis ci-dessous les passages qui ont fait débat et que je ne peux que soutenir):
«Nous aurons des indignations et elles seront justes, nous aurons des combats et nous les porterons. Et nous aurons à résister, parfois à l’émotion, d’autres fois aux discours de haine parce qu’il fut tenir un cap.»
Oui, nous devons être en première ligne, nous les centristes, afin d’empêcher, en ces «temps troublés», le retour de l’inacceptable et l’insupportable en portant cette révolte si chère à Albert Camus.

Au nom de mon grand-père blessé dans les tranchées de la Marne, au nom de mon père combattant à El Alamein et au nom de mon oncle tué aux commandes de son Spitfire.
 


Extraits des propos d’Emmanuel Macron à Quimper:
«(…) C’est d’être fidèle à votre histoire à vos ardeurs à vos passions et de ne rien céder dans les temps troublés que nous vivons à l’Europe. Je le dis avec beaucoup de force et d’émotion. Voici 25 ans on a sauvé l’Europe dans ce grand Ouest parce que l’euro n’aurait pas été existé. Et parfois les choses se jouent à rien. Et ici c’est une terre de la république où on vibre en parlant d’Europe, où on aime l’Europe (…) et qu’on la porte et on la défend. Et je vous le dis avec beaucoup de gravités dans le moment que nous vivons. Beaucoup la déteste mais il la déteste depuis longtemps. Mais vous les voyez monter comme une lèpre un peu partout en Europe, dans des pays où nous pensions que c’était impossible de la voir réapparaître et des amis voisins disent le pire et nous nous y habituons! Ils font les pires provocations et personne, personne ne se scandalise de cela. Nous nous retournons sur nous-mêmes: «vous n’êtes pas ceux-ci ou ceux-là». On vient accuser les Européens de n’être pas assez ou pas tout à fait comme on voudrait. Et on oublie de dénoncer ceux qui ne le sont plus du tout, ceux qui la détestent et font monter leurs projets. On s’habitue à toutes les extrêmes dans les pays qui sont pourtant depuis des années pro-européens comme nous. Et sur ce sujet, nos élites économiques, journalistiques, politiques ont une responsabilité immense, immense!
(…) il faut se scandaliser contre le nationalisme qui renaît, contre la frontière fermée que certains proposent. Alors je vous le dis aujourd’hui avec beaucoup d’ardeur chevillée au corps, j’ai besoin de ces terres qui croient en l’Europe, j’ai besoin de ces Françaises et ces Français qui croient en ce projet parce qu’ils connaissent notre histoire, parce qu’ils savent le prix du nationalisme, parce qu’ils savent le coup de la bêtise, parce qu’ils savent que l’on peut voir les peurs en face, essayer de les traiter dans un chemin qui est toujours plus difficile.»