lundi 11 juillet 2022

Propos centristes. France – Transformation profonde du système éducatif / Nous sommes dans une économie de guerre / Loi sur le pouvoir d’achat / Dette / Prix de l’énergie / Coupure gaz russe / Poutine ne doit pas gagner la guerre…

Voici une sélection, ce 11 juillet 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Elisabeth Borne (Première ministre)
> L'éducation est certainement notre premier bien commun, déclare la Première ministre. On a en France un système éducatif qui sait produire l'excellence mais il est sans doute l'un de ceux qui reproduit le plus les inégalités.

>  Manifestement, notre système éducatif ne forme pas les compétences dont notre économie a besoin

> Il faut continuer à tenir les savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter et respecter autrui et en même temps former les jeunes aux nouveaux savoirs fondamentaux comme le codage informatique qui devient indispensable dans notre société.

> Il faut continuer à tenir l'objectif de l'excellence  mais je suis convaincue qu'on a une transformation profonde de notre système éducatif à faire pour permettre à chacun de révéler ses talents. Il faut permettre à chacun de découvrir ses propres talents, ses forces, pour surmonter ses faiblesses.

> Les enseignants sont au cœur de ce défi considérable [de transformation du système éducatif]. Une  énorme démarche de revalorisation du métier d'enseignant est indispensable et il faut repenser ce métier avec les premiers concernés : les enseignants eux-mêmes.

> On ne peut pas demander à l'Education nationale de tout porter toute seule. Autour de l'école, il faut que les collectivités et les associations se mobilisent pour aider nos jeunes à trouver leur voie. C'est un des sujets sur lesquels nous allons lancer dans chaque territoire des concertations à la rentrée. Le cap est de bâtir le système éducatif de demain qui porte l'excellence, l'égalité des chances et l'attention portée à chaque enfant.

> On ne va pas exposer les Français les plus modestes à des hausses inconsidérées du prix de l’énergie.
S’il n’y avait pas de bouclier » sur le prix du gaz ni de plafonnement sur les prix de l’électricité, « l’électricité serait un tiers plus chère, et le gaz 45 à 50%. On n’imagine pas demander aux Français, à commencer par les Français modestes, de payer leur gaz 45 % plus cher ou leur électricité un tiers plus chère. [Mais] il faut passer de mécanismes généraux à des mécanismes plus ciblés

> Sur le principe, évidemment, s’il y a des gens qui tirent des surprofits de la crise, on souhaiterait que ça puisse profiter à tout le monde et alléger les charges que la crise peut générer. Après, ce n’est pas complètement simple. Beaucoup de nos voisins ont mis en place des mécanismes pour taxer ces surprofits mais on n’est pas dans la même situation.
D’une part, EDF a des difficultés de production aujourd’hui sur son parc nucléaire et on importe massivement. D’autre part, on a des compagnies pétrolières qui ont des activités de distribution en France mais qui ne dégagent pas de superprofits.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique)
> Ma priorité absolue est que nous ayons un texte sur le pouvoir d’achat qui permette d’aider ceux qui en ont réellement besoin.

> Le plus dur, nous y sommes. Il va falloir faire des choix courageux.

> Le bouclier tarifaire entraîne déjà une charge supplémentaire de la dette de 12 milliards d'euros. (...) La cote d'alerte pour les finances publiques est atteinte. Sans le bouclier les Français auraient payé l'électricité 30% plus cher et le gaz 50% plus.

> Nous sommes face à des choix compliqués. Pourra-t-on continuer à chauffer nos piscines? (...) Nous ne pourrons pas continuer à nous chauffer et à nous déplacer comme si de rien n'était.

> Il y a une urgence absolue à remettre EDF sur les rails. La priorité est de trouver une nouvelle direction. Je souhaite qu'elle soit opérationnelle à la rentrée 2022. Le plus tôt sera le mieux.

> Je pense que la rupture totale de l'approvisionnement de gaz venu de Russie est une vraie possibilité (...) et nous devons nous préparer à cette option. Je pense qu'il serait complètement irresponsable d'écarter cette option. (…)
La meilleure, c'est la sobriété, la meilleure façon de se préparer à ces coupures, c'est d'être très attentif à notre consommation d'energie. Ça vaut pour les administrations, ça vaut pour les entreprises, ça vaut pour les particuliers.

> Être l’un des pays les plus attractifs pour les investisseurs étrangers en Europe est une réalité pour la France. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 6,7 milliards € de nouveaux investissements avec plus de 4 000 emplois à la clé.
Si le nombre de projets et d’emplois issus d’investissements internationaux atteint des niveaux records, c’est grâce à la politique économique mise en place par
Emmanuel Macron depuis 2017. Soyons fiers de ces résultats.

> Il faut faire du partenariat entre l’Europe et l’Afrique une des priorités du siècle qui vient.

> La décision de la Cour suprême américaine sur l’IVG est le plus grand retour en arrière d’une démocratie libérale depuis un siècle.

> Voici la stratégie globale que le Gouvernement a adoptée depuis plusieurs mois pour lutter contre l'inflation.
Première remarque, cette situation d'inflation est une situation exceptionnelle. C'est la première fois que l'Europe est confrontée depuis de nombreuses années à une augmentation aussi forte et aussi rapide des prix à la consommation. Nous sommes le premier État en Europe à avoir pris les mesures nécessaires pour contenir ce choc inflationniste. Nous avons, dès l'automne 2021, gelé les prix du gaz. Ils auraient, sinon, augmenté de 50 %. Nous avons plafonné les prix de l'électricité à 4 %, ils auraient augmenté, sinon, de 35 %. Nous avons complété ces mesures de l'automne par une remise sur les carburants de 18 centimes par litre, par une revalorisation de 10 % du barème kilométrique de l'impôt sur le revenu, et par un chèque énergie exceptionnel d'un montant de 100 euros versés à près de 6 millions de Français.
Pourquoi ces mesures? Tout simplement parce que 60 % de l'inflation que nous vivons sur le territoire français est de l'inflation importée, liée au prix de l'énergie. Mettre en place un bouclier énergétique, c'est donc combattre l'inflation. La preuve en est que même si l'inflation est toujours trop élevée, c'est la plus faible de tous les pays de la zone euro. Nous sommes autour de 5 % en moyenne annuelle, là où d'autres pays de la zone euro approchent ou dépassent les 10 % d'inflation. Et je rappelle qu’en Europe, certains pays, notamment les États baltes, ont un niveau d'inflation de 15 % à 20 %.
Nous sommes le pays en Europe où l'inflation est la plus faible. Nous sommes désormais au cœur du pic inflationniste, et je pense qu'il est important aussi, tout en gardant beaucoup d'humilité sur ce qui peut se passer dans les mois à venir, que nous comprenons bien le mécanisme et où nous en sommes.
L'inflation, elle a été amorcée par la vigueur de la reprise économique au lendemain du Covid. En gros, toutes les entreprises, que ce soit aux Etats-Unis, en Chine, en Europe, ont demandé des matières premières, de l'énergie, du gaz, du pétrole, des semi-conducteurs, des moyens de faire fonctionner des entreprises qui répondaient à une demande forte. C'est la première raison de l’inflation.
La deuxième, c’est évidemment la guerre en Ukraine qui a comme principal protagoniste l’un des plus grands producteurs d’énergie au monde : la Russie. Cette crise en Ukraine, à partir du début de l’année 2022, a accéléré l’inflation. S’ajoutent à cela les difficultés sur le marché chinois et la relocalisation des chaînes de valeur que je revendique mais qui coûte plus cher. C’est plus cher de produire des batteries électriques en France que de les importer de Chine. Tout ça au bout du compte nous a amené à une inflation de l’ordre de 5 %. J’ai toujours dit que le plus dur était devant nous. Le plus dur, je le redis, nous y sommes. Et le pic inflationniste, c’est maintenant. C’est donc maintenant qu’il faut traiter le sujet et apporter des réponses complémentaires à celles que nous avions déjà apportées avec le président de la République à l’automne dernier.
Ce que nous anticipons, mais je le dis avec beaucoup de prudence, c'est que ce choc inflationniste pourrait décroître à partir de l'année 2023 avec une incertitude majeure que je tiens à souligner, c'est les décisions que prendra Vladimir Poutine en matière de gaz.
Quelle est ensuite la philosophie de ce paquet pouvoir d'achat ? Nous avons 3 principes politiques qui sont au cœur des décisions que nous avons prises.
Le premier principe, c'est l'efficacité et c'est la raison pour laquelle il vous est proposé de maintenir l'intégralité du bouclier énergétique jusqu'à la fin de l'année 2022.
Nous serons donc le seul Etat de la zone euro à geler les prix du gaz, alors même que nous faisons face à une explosion des prix du gaz, et à plafonner à 4 % les tarifs de l'électricité, alors même que nous faisons face aussi à une flambée des prix de l'électricité. Et je confirme, pour rassurer certains qui ont exprimé des craintes sur ce sujet, qu'il n'y aura aucun rattrapage pour le consommateur début 2023, même si les prix continuent à augmenter dans les semaines qui viennent.
Deuxième principe, c'est la justice. La justice, c’est évidemment de protéger ceux qui n'ont absolument aucune arme pour se défendre contre l'inflation.
C'est le cas des retraités. Vous avez votre pension de retraite, si vous ne revalorisez pas les pensions de retraite, eh bien tout ce qui est de l'inflation, c'est de la perte de pouvoir d'achat. Nous les revalorisons de 4 % après une revalorisation de 1,1 au début de l'année 2022. Même chose pour les fonctionnaires. Nous leur revalorisons le point d'indice. Même chose pour les familles avec la revalorisation des prestations familiales puisqu'il est évident que quand on a deux, trois ou quatre enfants, eh bien le coût de l'alimentation est d'autant plus pénalisant pour la vie quotidienne.
Le troisième et dernier principe, ce sont les finances publiques. Nous ne voulons pas financer ce paquet par la dette. Et donc nous souhaitons que ce paquet soit financé par les rentrées fiscales de l'année 2022. Grâce aux mesures de relance que nous avons prises, nous aurons une activité qui a été forte en 2021, une économie qui résiste et donc des recettes d'impôt sur les sociétés qui sont bonnes. Nous avons également des cotisations sociales qui sont plus élevées parce que nous avons créé des emplois. Eh bien, ces recettes permettent de financer le paquet sur le pouvoir d'achat sans alourdir les déficits ni la dette publique. Et c'est le cœur de notre politique. Pour redistribuer les richesses, il faut d'abord les créer.
Quelles sont ensuite les grandes lignes de ce paquet ?
Je rappelle que nous avons déjà engagé 23 milliards d'euros depuis octobre 2021 pour protéger nos compatriotes, notamment avec le bouclier énergétique. Nous rajoutons avec ce paquet 20 milliards d'euros de mesures nouvelles, dont 10 figurent dans le projet de loi de finances rectificative qui va vous être présenté.
Ce sont les mesures d'indexation dont j'ai parlées : indexation des retraites, revalorisation du point d'indice pour 3,7 milliards, revalorisation des allocations et des prestations sociales pour 2 milliards d'euros.
Ce sont ensuite des aides ciblées spécifiques qui visent à cibler les postes de dépenses quotidiens les plus lourds pour nos compatriotes.
Le premier, c'est les loyers. Après une longue consultation avec l'ensemble des acteurs concernés, nous avons décidé de plafonner à 3,5 % l'indice de revalorisation des loyers qui, sinon, aurait été revalorisé de près de 6 %. Ça veut dire qu'entre le 1ᵉʳ octobre 2012 et le 1ᵉʳ octobre 2023, l'indice des loyers ne pourra pas augmenter de plus de 3,5 %. Chez nos voisins européens, c'est près de 10 %. C'est donc une protection massive et efficace.
Deuxième poste de dépenses, dont évidemment vous avez tous entendu parler dans vos circonscriptions, c’est les carburants qui pénalisent principalement tous ceux qui n’ont pas d’autre choix pour aller sur le lieu de leur entreprise, de leur service public ou de leur usine que de prendre leur voiture. Tous les indépendants, les aides médicaux, les aides-soignants, les infirmières qui utilisent au quotidien leur voiture pour se déplacer d’un domicile à l’autre. Ceux-là sont particulièrement pénalisés et nous disent à nous tous : « nous ne pouvons plus aller travailler. Cela nous coûte trop cher. » C'est inacceptable. Nous avions engagé une remise de 18 centimes d’euros qui avait le mérite d'être massive, mais qui couvrait tout le monde indifféremment. Nous vous proposons de retirer progressivement cette remise de 18 centimes d'euros par litre, qui est massive mais qui couvre tout le monde de manière indifférenciée. Elle pourrait passer à 12 centimes d’euros en octobre, à 6 centimes d’euros en novembre, avant de s'éteindre définitivement en décembre. Et à la place, au même moment, au 1ᵉʳ octobre, nous ouvrirons un guichet à la Direction générale des finances publiques, dans lequel pourrait venir s'inscrire toute personne qui travaille ou qui est alternant et qui utilise sa voiture pour aller travailler. Les personnes concernées, c'est en tout cas la proposition que nous faisons, mais tout cela fera l'objet de discussions, c'est d'aller jusqu'au cinquième décile, c'est-à-dire couvrir 11 millions de foyers, soit la moitié des travailleurs salariés utilisant leurs véhicules.
Cela touche donc les catégories populaires et les classes moyennes. Les personnes viendraient s'inscrire sur la Direction générale des finances publiques sur une base déclarative, par souci de simplification. L'indemnisation serait de 200 euros pour les déciles un, deux et trois et de 100 euros pour les déciles quatre et cinq. Là aussi, dans un souci de justice. Nous prévoyons une majoration de 50 % pour tous ceux dont le travail est à plus de 30 kilomètres de leur lieu d'habitation et qui ont donc des dépenses encore plus importantes.
Enfin, troisième poste de dépense majeur, c'est l'alimentation. Nous proposons un chèque alimentaire de 100 euros par foyer et de 50 euros par enfant qui concernera 8 millions de foyers les plus modestes. Enfin, dernier volet, c'est la protection de tous ceux qui travaillent. Revalorisation de la prime d'activité à 4 %, baisse des cotisations sociales pour les indépendants qui touchera 2 millions de personnes, triplement de la prime défiscalisée PEPA qui sera portée à 6 000 euros, simplification de l'intéressement et de la participation, de façon à inciter les entreprises à utiliser davantage ces mécanismes de répartition de la valeur et de rémunération des salariés.
Jinsiste sur deux principes qui me paraissent importants.
Le premier, c'est évidemment les finances publiques. Je l'ai dit, nous avons atteint la cote d'alerte parce que les conditions de financement ne sont plus les mêmes et que, par conséquent, chaque euro compte et que nous voulons tenir la trajectoire qui nous
permettra de revenir sous les 3 % de déficit en 2027, 6,5 en 2021, 5 en 2022, 3 en 2027.
Deuxième principe qui vous paraît important, c'est que le fardeau doit être partagé équitablement, que les entreprises doivent y prendre leur part. Certaines le font par des augmentations de salaires. Je redis que toutes les entreprises qui le peuvent doivent augmenter les salaires. Je redis également que toutes celles qui bénéficient de la situation actuelle, parce qu'elles sont dans les secteurs qui sont porteurs, ça peut être le secteur des hydrocarbures, cela peut être le secteur du transport doivent redistribuer une partie de leurs profits vers nos compatriotes. Nous ferons les comptes d'ici la fin de l'année pour nous assurer que les entreprises ont bien fait le nécessaire et garantir que le fardeau est équitablement réparti.

> Le projet de loi de finances rectificatif autorise l'ouverture de 44 milliards d'euros de nouveaux crédits et il se décompose en quatre blocs.
Le premier, c'est la lutte contre l'inflation. Je ne reviens pas sur les mesures que je viens de présenter. C'est environ la moitié des mesures du paquet que je viens de présenter qui figurent dans ce projet de loi de finances rectificative, pour un montant total de 9,3 milliards d'euros.
Deuxième volet majeur, il prévoit des crédits pour la nationalisation d'EDF et pour toute autre opération qui pourrait s’avérer nécessaire dans le contexte économique très particulier où nous sommes. Nous avons donc décidé d’inscrire au compte d’affectation spéciale du trésor 12,7 milliards d’euros.
Troisième volet de ce projet, des ouvertures de crédits pour diverses mesures de soutien à l’économie pour près de 10 milliards d’euros, c’est notamment tout ce qui concerne l’alternance, le soutien à l’emploi.
Enfin, je pense que ce projet matérialise de manière très claire que nous avons atteint la cote d'alerte pour les finances publiques puisque nous sommes obligés d'ouvrir 12 milliards d'euros pour couvrir la charge de la dette.

> nous faisons tous face dans les pays en développement comme en Europe, à des déséquilibres profonds qui vont demander dans les années qui viennent et dans les mois qui viennent, plus de coordination, plus de coopération, et plus de transparence entre nous.
Ce nouveau contexte économique international nous fait sortir d'un cycle de plusieurs décennies qui était marqué par la mondialisation des chaînes de valeur, par une croissance économique forte, et par une interdépendance économique qui était perçue comme un facteur de pacification. Ce monde-là est fini.
Et je pense qu'il ne faut pas s'attarder dans un ancien monde quand il y a déjà un nouveau monde qui a commencé, qui est marqué par des données radicalement différentes.
D'abord, la pandémie du Covid19 a totalement bouleversé une bonne fois pour toutes la géopolitique des échanges. Nous nous sommes aperçus de manière très concrète que dans le fond, nous étions trop dépendants. Et je pense que personne ne voudra revenir à ce monde de la dépendance où tout d'un coup, c'est la panique. On cherche des semi-conducteurs pour faire tourner nos usines automobiles, pour faire voler nos avions, pour faire fonctionner les éléments les plus simples de notre vie quotidienne, et on ne les trouve pas. Et là, tout d'un coup, les États se disent : Mais il serait peut-être bien qu'on produise nos propres semi-conducteurs. Donc cette régionalisation des chaînes de valeur est une des données inéluctables du nouveau monde. Ça ne veut pas dire, pour parler très franchement, que la France doit se mettre à produire des tee-shirts, j'y crois assez peu. Mais ça veut dire que beaucoup de pays vont vouloir avoir leur propre production de matériaux critiques, de composants critiques, d'éléments clés de la chaîne de valeur.
Ça ne sert à rien de passer aux véhicules électriques en 2035 partout en Europe si nous ne produisons pas ce qui représente un tiers de la valeur du véhicule, les batteries électriques. Donc il n'y aura pas de retour en arrière sur la régionalisation des chaînes de valeur.
Régionalisation des chaînes de valeurs ne veut pas dire démondialisation, mais veut dire nouvelle mondialisation.
Le deuxième élément qui est lié au premier, c'est l'inflation. L'inflation est de retour partout dans le monde, en Europe, pour la première fois depuis plus d'une décennie. Cette inflation a d'abord été provoquée par la vigueur de la reprise. Tout le monde a voulu avoir accès à des biens, à des matériaux, à l'aluminium, à du bois, à du gaz, à du pétrole. Et ça fait monter les prix, c'était à l'automne 2021. Est venu ensuite s'ajouter, la guerre en Ukraine, avec comme protagoniste l'un des premiers producteurs d'hydrocarbures au monde, la Russie.
Résultat, l'inflation, qui était modérée, a flambé. Et nous sommes aujourd'hui au cœur de ce pic inflationniste qui est un drame pour beaucoup de nos compatriotes en France, en Europe, en Afrique, partout dans tous les pays en développement. L'inflation est un impôt sur les plus pauvres. Et donc, ça pénalise terriblement des parties entières de notre population.
Ne pensez pas que nous reviendrons à une inflation faible en dessous de 2%, je n'y crois pas une seconde. Ne serait-ce que parce que la régionalisation des chaînes de valeurs dont je viens de parler, ajoutée à la transition climatique, ont un coût très élevé. C'est très bien de produire des batteries électriques en France, j'en suis très fier mais elles sont plus chères que les batteries chinoises, donc, ça a un effet inflationniste sur la production. C’est très bien de décarboner l’acier, j’y suis très favorable. Mais quand vous décarbonez une usine, une seule, ça coûte 5 milliards d’euros. Et donc l’acier décarboné ensuite il est un peu plus cher. Et donc la coque de la voiture, elle est un peu plus chère, et donc la voiture en bout de chaîne, elle est aussi un peu plus chère. La décarbonation, la lutte contre le réchauffement climatique a un effet inflationniste.
Enfin, dernier élément, c’est évidemment l’augmentation des dettes qui résultent de ce panorama.
Régionalisation des chaînes de valeur, il faut investir. Inflation, il faut protéger nos compatriotes, c'est ce que nous faisons aujourd'hui avec les paquets inflations que j'ai présenté, le pouvoir d'achat que j'ai présenté hier en Conseil des ministres. Nécessité de protéger, nécessité de dépense publique, le résultat de tout ça, c'est une dette plus élevée partout dans le monde, et notamment dans les pays en développement comme dans les pays européens.

> Nous ne devons pas oublier l'indispensable solidarité entre le continent européen et le continent africain.
Méfiez-vous de ces périodes où, parce que c'est difficile économiquement sur le sol des pays développés, ils oublient leur responsabilité vis-à-vis des pays en développement. C'est vrai qu'on est toujours moins attentif à la solidarité quand on est soi-même menacé et quand on a soi-même besoin de dépenser des dizaines de milliards d'euros pour protéger sa propre population.
Ce serait une erreur historique que de laisser s'accroître la grande divergence économique entre les pays développés et les pays en développement. Je rappelle que pour faire face aux Covid, les pays en développement ont dépensé 10 à 15 fois moins que les pays développés. Si face à l'inflation, on accroît encore l'écart entre les pays développés et les pays en développement, nous serons tous perdants, tous. C'est vrai que la solidarité est plus difficile aujourd'hui, mais elle est aussi plus nécessaire. C'est ma conviction, c'est la conviction du président de la République qui s'est engagé totalement dans cette voie-là.
Pour ça, nous devons encourager les mécanismes internationaux de prévention et de résolution des crises de dettes souveraines. Le Club de Paris, le G20 ont pris des initiatives communes après le déclenchement de la pandémie, qui sont des initiatives utiles et efficaces. Allégement temporaire du service de la dette des pays les plus vulnérables, mise en place d'un cadre commun — et je remercie le Directeur général du Trésor qui s'est engagé personnellement, lui et ses équipes, pour la mise en place de ce cadre commun. Croyez-moi, ça a été un sacré combat — pour répondre de manière plus structurelle aux vulnérabilités de dette et aux difficultés qu'elles pouvaient créer.
Comme tous les membres du Club de Paris, notre engagement à mettre en œuvre ce cadre commun est toujours aussi fort, le nôtre comme celui des pays du G20, j'ai eu l'occasion d'en parler à la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, il y a quelques jours. Notre priorité, c'est toujours la même : faire aboutir les discussions dans les comités de créanciers pour le Tchad, pour l’Ethiopie, et je remercie l'Ethiopie de sa présence aujourd'hui et pour la Zambie.
Plus généralement, au-delà de ce cadre commun, nous devons renforcer une enceinte de dialogue et de coordination existantes. Dans cette neuvième conférence, nous avons rassemblé les représentants de plus de 50 pays : d'organisations internationales, de créanciers privés, la société civile. Le Club de Paris, qui est le principal forum international de restructuration de la dette bilatérale officielle, doit continuer à se nourrir de cette coordination entre les acteurs.
Je souhaite également que le Club de Paris s'élargisse. Un club qui est fort, ce n'est pas un club qui se replie, c'est un club qui s'ouvre. Je pense notamment à l'élargissement aux créanciers émergents, comme par exemple l'Afrique du Sud qui devient aujourd'hui membre prospectif.
Enfin, cette coopération doit s'accompagner d'une plus grande transparence en matière de dette souveraine. Je sais bien que ce sujet de la transparence sur les données est un sujet sensible, mais c'est aussi un enjeu de stabilité financière pour les États emprunteurs et un sujet de stabilité financière mondiale.
Nous l’avons mis au cœur des travaux du G20 et il fait partie intégrante de la réforme du cadre de soutenabilité de la dette qui est porté par le FMI et la Banque mondiale, la transparence est une condition sine qua non de toute évaluation de la soutenabilité pertinente. On ne peut pas faire de l'évaluation juste si nous n'avons pas les données justes. Donc, cette transparence est absolument indispensable. Ce principe a été inclus dans les principes opérationnels du financement soutenable adopté par le G20 en 2017. Nous avons des exercices d'évaluation qui ont permis de progresser dans cette direction, mais qui restent volontaires.
Je pense qu'on peut avancer dans cette direction. Les créanciers du Club de Paris ont donc décidé d'aller au-delà en accroissant la transparence non seulement sur les données, mais aussi sur leurs procédures. Et nous avons publié aujourd'hui des lignes directrices à l'attention des pays débiteurs pour les aider dans leur démarche vers un traitement de la dette avec le Club de Paris.
Je suis convaincu qu'une meilleure prévention des crises de la dette offrira un environnement économique et financier plus sûr, plus équitable et mieux partagé entre nous tous. En tout cas, je veux vous redire en conclusion mes propos, tout l'honneur que c'est pour le ministère de l'Économie et des Finances et pour la France, de vous accueillir tous ici à Paris.

 

Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> Ce 14 juillet nous allons présenter des équipements qui n’ont jamais été montrés au grand public comme les blindés Jaguar et les drones Reaper. Ce sera l’occasion d’expliquer le programme d’armement Scorpion pour notre armée de terre, qui est l’un des éléments de la loi de programmation militaire. Le défilé est aussi un moment pour les femmes et les hommes qui s’engagent, à commencer par les blessés et les familles des soldats disparus. Ils seront reçus la veille au ministère des Armées, en présence d’Emmanuel Macron. (…)
Des armées de pays d’Europe de l’Est et de l’Otan seront là. Bien sûr, la guerre en Ukraine va occuper une large place.

> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] La ligne de front bouge lentement, mais elle bouge. Les dernières semaines montrent que cette guerre s’installe dans la durée. Se pose alors la question des profondeurs stratégiques des deux parties, c’est-à-dire leur capacité à se régénérer pour tenir. Celle de la Russie est importante. Celle de l’Ukraine, c’est désormais nous, les Alliés de l’Otan et les Européens, qui l’incarnons. On a beaucoup parlé du courage des combattants ukrainiens. Il est évidemment à saluer. Désormais, c’est notre solidarité qui permet aux Ukrainiens de tenir. (…)
Beaucoup de moyens de défense leur ont été donnés et nous allons avec nos partenaires continuer à le faire. Nous aidons l’Ukraine à se défendre pour retrouver l’intégrité de ses frontières. Aider l’Ukraine, ce n’est pas être cobelligérant. Nous faisons attention à ne pas trop en dire sur nos livraisons d’armes.
Nous préférons faire que dire. C’est cela qui aide opérationnellement l’armée ukrainienne. (…)
Ces livraisons ne sont pas une course à l’échalote entre alliés. Tout dépend aussi de l’avantage stratégique que ces armes offrent, de la régularité des livraisons, de la formation qui permet aux soldats ukrainiens de s’en servir, etc. C’est ce que nous avons fait avec les douze canons Caesar que nous avons livrés auxquels vont s’ajouter très prochainement six autres.

> Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. Oui, il y a des échanges entre responsables civils ou militaires, le fil ne saurait être totalement coupé avec Moscou. La France tient son rôle de puissance d’équilibre. L’Ukraine a besoin que nous puissions jouer ce rôle.

> La Russie ne peut, ni ne doit, gagner cette guerre, elle continuera à être un grand pays aux portes de l’Europe ! Nous devons donc assurer une sécurité collective sur le long terme. C’est notre rôle. Les décisions prises ne doivent pas nous affaiblir. Cela vaut aussi pour ce que nous livrons à l’Ukraine. Il faut être en capacité de régénérer ce que nous donnons.

> [Etat de nos stocks militaires] Il y a beaucoup de contre-vérités, certaines disant que nous ne pourrions tenir que trois jours en matière de munitions. C’est faux. Après, c’est la nature même de nos stocks, au regard du conflit ukrainien, qu’il faut réinterroger. C’est pourquoi le président de la République nous a demandé avec le chef d’état-major des armées de mener une réflexion sur notre industrie d’armement. Dans une « économie de guerre », comment produire plus vite, en grande quantité et à des prix soutenables.

> Je confirme déjà la volonté du gouvernement de tenir les 3 milliards d’euros pour 2023 de hausse du budget de la Défense. C’est ce qui sera proposé au Parlement. Ensuite, nous menons avec le chef d’état-major des armées et la délégation générale à l’armement un premier retour d’expérience de l’Ukraine. Si besoin, nous pourrons faire des ajustements complémentaires.

> [L’Allemagne va consacrer 100 milliards d’euros à la modernisation de son armée] C’est évidemment une bonne nouvelle. Ce qui compte maintenant, ce sont les efforts militaires réels qui vont permettre de défendre les Européens.

> C’est la fin de la Takuba actuelle, mais pas celle de la présence européenne dans la lutte contre le terrorisme en Afrique. La présence de groupes djihadistes est source d’inquiétude chez les Européens méditerranéens évidemment, mais pas que. La question est de savoir avec qui et comment cette lutte sera menée. C’est pour cette raison que je me rendrai cette semaine au Niger avec Catherine Colonna [ministre de l’Europe et des Affaires étrangères] puis en Côte d’Ivoire.

> [Mali] Nous avons déjà fermé les bases de Ménaka et Gossi. Reste celle de Gao. Nous ne sommes pas rigides sur le calendrier et ce départ pourrait avoir lieu entre la fin août et septembre. Nos armées font face à des menaces multiples : il y a celles des terroristes, et puis il y a la milice Wagner.
Wagner a des agissements qui sont d’une hostilité inouïe à notre égard comme cette mise en scène macabre et scandaleuse à Gossi voulant nous faire porter la responsabilité de crimes de guerre que nous n’avons évidemment pas commis. (…)
Ce qu’ont accompli nos militaires de Barkhane est remarquable. Nous y sommes intervenus en 2013 parce que le Mali l’a demandé à la France. Nous partons parce que, après deux coups d’État, la junte ne souhaite plus la présence française. Nous respectons la souveraineté malienne et notre règle a toujours été de travailler avec les gouvernements locaux.

> La sécurité des Français passe par le continent africain. Ce qui se passe au sud de l’Algérie et du Maroc peut avoir une incidence directe sur la sécurité des pays euro-méditerranéens.

 

Pap Ndiaye (ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> Face à l’inflation et pour protéger les familles les plus modestes, une mesure de revalorisation de 4% des bourses scolaires à partir de la rentrée 2022 a été incluse au projet de loi sur le pouvoir d’achat.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> Ce qui est inquiétant, c’est d’abord la situation sur le front climatique. Ce qui est historique, c’est le paquet climat européen adopté, au bout de la nuit, le 29 juin. Ce texte est extrêmement structurant et engage, pour la France et l’Europe, un rythme d’action inédit. Enfin, la crise ukrainienne et russe nous impose un cas pratique immédiat: comment faisons-nous pour ne plus dépendre au plus vite des énergies carbonées, et pour reprendre la maîtrise de notre production et de notre consommation d’électricité. (…)
Je suis d’une vigilance extrême. Il faut se mettre dans le scenario du pire, car il existe. À tout moment, la Russie peut interrompre totalement ses livraisons de gaz. Face à ce risque, nous agissons, en diversifiant nos sources d’approvisionnement en gaz, en augmentant nos capacités avec le projet de terminal méthanier flottant au Havre, et en accélérant le stockage. Du côté de la production électrique, l’arrêt de douze réacteurs nucléaires affectés par des problèmes, inattendus, de corrosion, crée une contrainte. Il faut donc maintenir la plus grande exigence sur l’agenda de maintenance des autres centrales du parc.

>Nous sommes dans une économie de guerre! Cela implique-t-il des rationnements? Pas forcément. Cela nous oblige, dans le cadre de notre ambition, de faire de la France le premier grand pays industrialisé à sortir des fossiles, à la sobriété. L’efficacité énergétique, nous avions commencé, mais il faut poursuivre et accélérer les efforts, par exemple dans l’isolation thermique. La sobriété, c’est un changement complet de nos comportements, pour nous chauffer, pour nous déplacer, pour produire. Et c’est la clef pour ne pas être dans la main d’un ennemi géopolitique. (…)
Tout le monde est concerné, et tout le monde doit balayer devant sa porte! L’État doit être exemplaire. Les entreprises, les collectivités aussi. L’appel lancé par Jean-Bernard Lévy, Catherine MacGregor et Patrick Pouyanné était utile. Parce qu’il est signé par ceux dont le métier et la source de profit est de vendre de l’énergie, il a probablement eu plus d’impact que notre parole institutionnelle deux jours plus tôt sur le même sujet. Mais j’attends de ces entreprises plus qu’une tribune. Les publicités qui poussent à la surconsommation par exemple sur la climatisation, ce n’est plus possible! Je leur demande de proposer à la place des offres de tarifs qui valorisent les comportements et les outils de pilotage qui permettent de réduire et de lisser la consommation d’énergie. Il faut que les Français voient chaque mois sur leur facture, en euros payés en moins, le résultat de leurs efforts. C’est aussi ce qui encouragera les ménages à la sobriété. (…)
Nous avons choisi de commencer d’abord par les administrations et les entreprises. Pour les ménages, c’est à partir de l’automne que la mobilisation aura le plus d’impact. Un degré de chauffage en moins, c’est 7 % de gaz consommé en moins. D’ici là, nous lançons des plans de sobriété, et nous anticipons les mesures exceptionnelles d’effacement voire de délestage qui pourraient devoir être nécessaires. Mais à nouveau, l’effort doit venir de tous.

> Je refuse de demander les yeux dans les yeux aux Français qui n’ont ni les moyens financiers, ni les leviers pour se passer de gaz ou de carburant, de se serrer la ceinture et de se débrouiller. Notre rôle est d’apporter des solutions de court terme, et je précise qu’il est prévu de remplacer progressivement la ristourne carburant par une mesure plus ciblée. Mais notre stratégie à long terme est bien d’émanciper les Français des énergies fossiles, pour notre planète et pour notre pouvoir d’achat. Nous avons d’ailleurs prolongé les aides pour les voitures propres et le changement de chaudières.

> [Accélérer le déploiement des énergies renouvelables] Ce ne sont pas les projets qui manquent, ce sont les procédures administratives et contentieuses qui coincent. Je proposerai à la première ministre à la rentrée un projet de loi d’accélération de la transition énergétique et je prendrai dans les prochains jours des premières mesures réglementaires pour améliorer leur déploiement. Cela concerne les biogaz, le solaire, l’éolien… L’impact doit se faire sentir dans les six à dix-huit mois. Il y a aujourd’hui dans les cartons 6 à 7 GW de projets photovoltaïques, et 5 à 6 GW de projets éoliens qui sont autorisés mais n’avancent pas parce que leur bouclage financier est compliqué par l’inflation des coûts. Je propose que pour ces projets, l’électricité puisse être vendue au prix de marché pendant une période transitoire avant de retrouver le cadre contractuel. Autre exemple: le délai de mise en service des installations de biométhanisation pourrait être allongé afin que des projets ne soient pas abandonnés en route. Chaque GW compte pour redonner du confort à notre système électrique. J’irai les chercher!

> Nous avons besoin de certaines modalités d’accélération pour le nucléaire. Je pense qu’il existe une voie de compromis politique sur ce sujet. Le contexte de crise énergétique appelle à la responsabilité. Et je constate, dans chacun de mes échanges avec les parlementaires, que la discussion est possible parce que le sujet mérite qu’on sorte des caricatures et que beaucoup s’y sont intéressés.

> C’est tout l’enjeu de la planification. Pour l’éolien en mer, nous devons faire la cartographie de ces projets, en associant très en amont les différentes parties prenantes, en prenant en compte toutes les contraintes (raccordements, impact sur la biodiversité, etc.). Nos projets s’insèrent dans la stratégie énergie climat qui fera l’objet d’une loi de programmation en 2023. Nous devons conduire en parallèle le débat public concernant le programme de nouveau nucléaire et le projet d’une première paire d’EPR à Penly. Mais ma mission concernant le nucléaire, qui a fait, et fait dans le contexte actuel, la force de notre modèle énergétique, est aussi de faire en sorte que la performance opérationnelle et industrielle soit l’alpha et l’omega des équipes de l’entreprise. Tout doit être fait pour augmenter la production actuelle d’électricité, prolonger la durée de vie des centrales existantes dans les meilleures conditions de sûreté, et mettre en place les conditions de réussite du nouveau programme nucléaire. Ce n’est pas seulement une histoire de permis de construire, mais d’abord de compétences qu’il faut recruter et former. EDF, entreprise bientôt à 100 % publique, est le bras armé de notre ambition énergétique.

 

Stanislas Guerini (ministre de la Transformation et de la Fonction publiques)
> Les conseillers numériques sont des acteurs essentiels à l’accessibilité des services publics : je veux garantir la pérennité de leurs emplois, améliorer la formation et augmenter le nombre de postes. Il n'y a pas de numérisation sans humanisation.

 

Olivier Véran (ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement)
> Le compromis en politique, c’est possible. Les collectivités locales, départementales et régionales en sont la preuve au quotidien.

> Dans tous les actes de la vie quotidienne, l’Etat s’engage contre l’inflation. C’est le sens du Projet de loi d’urgence pour le pouvoir d’achat des Français.

> L’ennemi de la France Insoumise, c’est le gouvernement. Le nôtre, c’est l’inflation. Le pouvoir d’achat des Français est plus important que les querelles partisanes.

> Cette motion de censure est une motion de posture. Les députés NUPES vont enfin pouvoir réaliser qu’ils ont perdu les élections législatives et qu’ils n’ont pas de majorité à l’Assemblée nationale.

> Il y a 400 députés, des communistes aux Républicains, avec lesquels nous pouvons bâtir des majorités de projets. C’est le choix qu’ont exprimé les Français aux élections législatives : le compromis plutôt que la censure.

 

Gabriel Attal (ministre délégué chargé des Comptes publics)
> Nous sommes passés du quoi qu’il en coûte au combien ça coûte. Ce ne doit pas interdire de dépenser mais on doit se poser les questions nécessaires avant d’engager des dépenses importantes. (…)
L’enjeu, avant chaque dépense, c’est donc de se demander d’abord combien ça coûte pour les Français dans leur quotidien et combien ça coûte pour l’État de pouvoir les accompagner. La politique, c’est savoir faire des choix efficaces.

> Il faut maîtriser la dépense qui doit augmenter à un rythme compatible avec celui de nos recettes.

> Deux lignes rouges: ne pas faire dérailler la trajectoire de réduction du déficit engagée et ne pas augmenter les impôts.

> [Un blocage des prix de l’essence à 1,50 euro, proposé par LR] coûterait 50 milliards à l’État. Et la seule mesure d’économie chiffrée qu’ils proposent, c’est la suppression de l’aide médicale d’État pour les étrangers qui nous coûte un milliard d’euros. Donc si pour eux, 1 est égal à 50, c’est un peu inquiétant.

 

Roland Lescure (ministre délégué chargé de l’Industrie)
> Ministre de l’industrie, je rencontrerai des industriels. Et j’échangerai avec eux sur les enjeux de l’installation en France, en essayant de la rendre plus simple.

 

Agnès Firmin Le Bodo (ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé)
> Sur l'enjeu des déserts médicaux, nous devons apporter des réponses spécifiques pour chaque territoire. Nous travaillerons ainsi en co-construction avec l'ensemble des parties prenantes : collectivités territoriales, associations de patients, professionnels de santé.

> 49 millions de Français sont vaccinés contre le covid19: grâce au vaccin, nous pouvons nous adapter et vivre avec le virus. Le gouvernement recommande le port du masque : de notre responsabilité individuelle se mesure l'enjeu collectif du retour de l'obligation.

 

Charlotte Caubel (secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> Nous avons un énorme angle mort : l’enfance maltraitée. Lutter contre les violences, libérer la parole, répondre à la crise du secteur…

> Ne l’oublions pas : on éduque par l’exemple. Quand on est violent avec son enfant, on lui apprend la violence. 3 ans après la loi sur l’interdiction des violences éducatives ordinaires, trop nombreux sont les enfants qui subissent encore ces violences quotidiennement.

> Encore trop de jeunes quittent le système éducatif sans avoir trouvé leur voie. Notre école doit être capable de révéler leur excellence et leur permettre de s’émanciper dans notre société.

> L'hôpital a tenu pendant la crise sanitaire, et je tiens à remercier tous les personnels de santé hospitaliers et libéraux. Il est urgent de réformer notre système de santé : les 41 mesures de la mission flash de pour les urgences cet été sont une première étape.
J'étais au
Havre pour constater la mise en œuvre des mesures du rapport de François Braun (évaluation au bout de 3 mois).
-Mieux orienter les patients
-Optimiser la filière en ville -Renforcer les professionnels de soins de première urgence
La réforme du système de santé est en cours.

 

Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Une émotion toute particulière lors de l’hommage aux 80 parlementaires qui ont fait face en refusant de voter les pleins pouvoirs, le 10 juillet 1940, pour sauver l’honneur de notre République. Nous sommes les héritiers d’une grande Histoire. Regardons-la, transmettons-la. Dans notre pays, la démocratie, la République, sont toujours les solutions. C’est en leur nom, que les 80 n’ont rien cédé. Ni à la peur, ni au désespoir, ni à la résignation. Le 10 juillet 1940, ils sont entrés dans l’histoire, unis. (…)
Il faut que ça reste vif, pour que ça ne tombe pas dans l’oubli. C’est important de toujours se souvenir d’où l’on vient, à titre personnel, et quelle est notre histoire collective. Ces commémorations, ces dates, comme celle de Vichy, permettent de nous réunir autour de cette mémoire, et d’incarner cette transmission que l’on doit aux jeunes générations et à la population en général.

> Je mesure ce symbole, car beaucoup de personnes me le renvoient. J’ai reçu beaucoup de messages qui me disent à quel point c’est important d’avoir une femme à la tête de l’Assemblée nationale, pour les femmes bien sûr, mais j’ai aussi reçu des mots très touchants de papas qui me disent qu’ils sont fiers pour leurs filles, parce que ce sera possible pour elles. J’ai la conscience aiguë d’avoir ouvert une voie, et en même temps de faire partie d’une longue chaîne de toutes ces femmes qui l’ont ouverte, et d’avoir l’immense responsabilité que la porte ne se referme pas derrière moi. (…)
Pour moi, on n’en est plus au sujet des compétences genrées. Maintenant, il est vrai qu’il y a toujours un plafond de verre, dans le monde économique, dans les grandes entreprises. Dans ce domaine, le chemin reste long. Mais en même temps, en politique, ce plafond de verre a explosé. Avec mon élection à la tête de l’Assemblée nationale, mais aussi celle de cinq vice-présidentes sur six.
Nous avons aussi une femme présidente du groupe majoritaire, deux femmes présidentes des deux principaux groupes d’opposition, le Rassemblement national et la France insoumise. Nous avons évidemment une femme Première ministre, et aussi une autre secrétaire générale du gouvernement. Je crois qu’aujourd’hui, on peut se dire qu’on a fait sauter collectivement le plafond de verre, et on ne peut que s’en réjouir.

> Mon défi, c’est de rester moi-même. On parle de moi en tant que femme, mais mes collègues qui ont travaillé avec moi à la commission des lois pendant cinq ans disent que je suis une femme de débats, qui fait vivre le dialogue, une femme de consensus et de compromis.
C’est surtout cela que je veux mettre en avant aujourd’hui, car c’est cela que souhaitent les Français aujourd’hui. Mon objectif c’est de faire vivre un débat apaisé et constructif.
Je crois qu’il faut absolument respecter la volonté des Français : celle d’avoir comme président Emmanuel Macron, élu sur un programme, et celle d’avoir une Assemblée plus diverse.
Il va falloir que le gouvernement et l’ensemble des parlementaires tiennent compte de cela et travaillent ensemble pour répondre à leur attente. Nous verrons, j’imagine, texte par texte, projet par projet, comment ça se construit, mais il est certain que chacun doit être à la hauteur des attentes des Français, c’est de leur vie dont il s’agit. Les enjeux doivent nous rassembler.

 

Partis politiques

● LaREM (futur Renaissance)
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Aurore Bergé (présidente du groupe à l’Assemblée nationale)
> Ce que va démontrer le rejet de la motion de censure de LFI est simple : Jean Luc Mélenchon a perdu la présidentielle et a perdu les législatives. Et ce que nous souhaitons, c'est cesser de perdre du temps pour protéger le pouvoir d'achat des Français.

> Il n'y a eu aucun «deal» entre Emmanuel Macron et Uber. Il y a un ministre de l'économie qui a reçu, publiquement une entreprise qui voulait s'implanter, développer un service plébiscité par les Français, et créer de l'emploi. Et un président qui a garanti les droits sociaux de ces salariés.

> Protéger les Français face à l'inflation, ce n'est pas au prix du «n'importe quoi qu'il en coûte». Nous continuerons à le faire avec détermination, sans dette, ni impôts supplémentaires !

> A l’Assemble nationale, on a surtout vu un groupe, celui des Insoumis, qui reste fidèle à ce qu’il a fait ces cinq dernières années. Sauf qu’ils étaient alors 17, et qu’ils sont maintenant 84. D’ailleurs, seuls les Insoumis n’ont eu de cesse de vociférer dans l’hémicycle. Mais ce n’est ni une ZAD ni un campus. C’est le cœur de la vie démocratique. Et puis il y a ce qui se passe dans l’hémicycle, mais aussi ce qui se passe en commission: le texte examiné en commission des lois, qui permet la poursuite de la veille sanitaire, a ainsi été adopté à l’unanimité, Insoumis compris.

> Je rappelle que nous sommes majoritaires à l’Assemblée nationale. Pour nous battre, il faudrait que toutes les oppositions se coalisent contre un texte. Imaginez qu’elles le fassent pour empêcher d’augmenter les minima sociaux, les allocations logement, l’allocation adulte handicapé, la revalorisation des retraites, le gel du montant des loyers: ça se retournerait contre elles. De même, pour faire adopter des amendements contre notre position, il faudrait une coalition des oppositions. Or elles ne sont pas sur la même ligne. Oui, nous avons besoin d’avoir une recherche absolue et permanente du compromis. Mais on ne le fera pas à n’importe quel prix. Ce ne sera pas le « n’importe quoi qu’il en coûte ! » Si c’est 35 milliards de dépenses supplémentaires pour bloquer le prix de l’essence, ce serait une irresponsabilité absolue.

> Nous allons installer une nouvelle culture, qui est d’ailleurs la culture prédominante dans les autres démocraties et au Parlement européen, et qui correspond à ce que les Français ont choisi : travailler ensemble dans l’intérêt général. Avec une ligne rouge : ni dette, ni impôts supplémentaires.

> On ne négocie ni avec l’extrême gauche ni avec l’extrême droite. Je me tiens strictement à l’arc républicain. Or cet arc ne peut comprendre des députés qui expliquent que l’IVG est un crime de masse, ou d’autres qui ont fait venir Jeremy Corbin, qui est antisémite, pour les soutenir pendant leur campagne.

> A-t-on la même légitimité ? Oui : on a tous été élus par les Français. On ne peut pas faire comme si on n’avait pas 89 députés du RN. Voilà pourquoi ils devaient avoir leur place institutionnelle au bureau de l’Assemblée. En revanche, il y a des valeurs, et des frontières que l’on ne peut pas franchir. Mon groupe ne se compromettra pas avec ceux qui ont des valeurs opposées aux nôtres et qu’on a combattus pendant les campagnes électorales.

> [IVG dans la Constitution] On parlait du combat pour nos valeurs: ce n’est pas anodin que ce soit notre premier acte politique. Et ce n’est pas une proposition d’affichage, pour se faire plaisir : elle aboutira avec le soutien du Président et de la Première ministre. La décision de la Cour suprême américaine montre que même des droits qui semblent irréversibles peuvent être bannis. Nous devons donc intégrer le droit à l’IVG, pour le protéger, dans notre socle constitutionnel.

> Il y a une Première ministre qui a répondu de la manière la plus claire à tous ceux qui auraient aimé qu’elle tombe dans des chausse-trappes. Sa déclaration de politique générale, son autorité, sa malice et ses réponses à ceux qui doutaient qu’elle soit à la bonne place ont été limpides. Il ne fait aucun doute que la cheffe de la majorité, c’est elle. Et oui, nous avons des ministres forts au sein du gouvernement, et tant mieux ! On a besoin d’hommes et femmes politiques identifiés par les Français. Et Bruno Le Maire comme Gérald Darmanin sont des atouts pour le gouvernement.

> La succession n’existera que si le quinquennat est réussi, et il ne sera réussi que si nous sommes solidaires. On ne peut pas constater l’abstention galopante ou les résultats des législatives et faire comme si de rien n’était en reprenant nos mauvaises habitudes. Ceux qui donnent le sentiment de rentrer dans une guerre de succession aujourd’hui font fausse route. Notre sujet n’est pas de créer des écuries pour 2027. Personne ne nous interpelle dans la rue pour savoir qui sera notre candidat à la prochaine présidentielle. Ce qu’on nous demande, c’est de protéger les Français, face à l’inflation, face au dérèglement climatique comme face à l’insécurité.

> La dissolution est surtout évitable et personne ne la souhaite. Nous avons été élus pour cinq ans, pas pour trois mois, six mois ou un an. Ceux qui imaginent que dissoudre immédiatement les avantagerait se trompent. Dire aux Français « vous avez mal voté, il faut revoter », cela se traduirait par une sanction pour tous. Président fort et Parlement fort, c’est ça que les Français ont choisi et qui a vocation à durer cinq ans.

 

Benjamin Haddad (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> La Nupes espérait les voix du RN pour sa motion de censure, et son représentant admet même que le texte a été rédigé pour que les mesures auxquelles le RN s’oppose n’y figurent pas !

> La confiance se construit avec les Français en travaillant. Les insoumis, qui ont perdu l’élection présidentielle et législative, sont dans la posture et le coup de com alors que les sujets d’urgence ne manquent pas.

> Ni dette supplémentaire, ni impôt supplémentaire: notre ligne rouge pour agir.

> Mélenchon perd toutes les élections et remet en cause leur légitimité. C’est dangereux pour notre démocratie. Arrêtons les postures et le chahut et mettons nous au travail. Sur le pouvoir d’achat, la construction européenne, la santé, la transition écologique, il y urgence!

> Projet de loi sanitaire, bilan de la présidence française de l’UE, protection du pouvoir d’achat, pendant que les Insoumis choisissent la posture avec la motion de censure et les insultes dans l’hémicycle, nous travaillons concrètement pour les Français.

 

Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Stéphane Séjourné (président du groupe Renew Europe au Parlement européen)
> L’Union européenne a démontré une résilience inégalée face aux crises Covid19 et à l’invasion russe de l’Ukraine. Elle devra pourtant redoubler d’imagination et d’efforts face aux multiples crises qui attendent les Européens à la rentrée. Face à la conjugaison d’une série de tensions économiques, géopolitiques, sociales et migratoires au dernier semestre 2022, aucun Etat ne pourra agir seul.

> D’un point de vue géopolitique, personne ne peut prétendre que le conflit avec la Russie trouvera à court terme une fin heureuse pour les Ukrainiens et les Européens. Malgré les efforts surhumains des gouvernements et de la Commission européenne pour compenser l’approvisionnement russe, le gaz pourrait manquer. La crise énergétique s’amplifiera, et donc l’inflation. La réforme du marché de l’énergie ne sera plus accessoire mais essentielle.

 

Nathalie Loiseau
> Sans le vaccin contre le covid19, les vagues des variants Delta et Omicron auraient été trois fois plus meurtrières. C’est une étude scientifique qui le démontre. C’est une information, pas une opinion. Mais certains refuseront encore de l’admettre, malheureusement.

> Jamais, « normalisation » ou pas, Marine Le Pen n’arrêtera de soutenir V Poutine. Les sanctions frappent la Russie, qui aimerait qu’elles soient levées. Ce qui l’enrichit, c’est de continuer à acheter son gaz au prix fort. Les mensonges du RN n’ont qu’un but: plaire à Moscou.

> 18 camps pour filtrer et déporter des Ukrainiens de force vers la Russie. Des mauvais traitements, des tortures, des disparitions forcées. En Europe, en 2022. Nous avions répété «  plus jamais ça ». Et certains osent donner raison à la Russie.

 

Pascal Canfin
> Victoire! Ni les dérivés de l’huile de palme ni les cultures intermédiaires ne sont comptabilisés dans les carburants durables à la place du kérosène. Un beau résultat lié notamment a la mobilisation de la délégation Renaissance au Parlement.
Soit disant défenseurs du « localisme » les députés européens
RN ont voté hier pour intégrer les dérivés de l’huile de palme dans les carburants. Huile de palme pourtant 100% importée d’Indonésie…. Ridicule…

 

Marie-Pierre Vedrenne
> La décision de la Cour suprême américaine contre l’avortement nous rappelle que malheureusement les droits des femmes ne sont pas acquis et qu’ils sont toujours menacés.
Huit États américains ont d’ores et déjà interdit l’avortement, vingt-six pourraient à termes en faire de même. N’oublions jamais qu’interdire l’avortement ne fait pas cesser les pratiques d’avortement. Cela les rend simplement illégales et dangereuses pour les femmes.
Cela signifie que les femmes les plus aisées pourront aller dans d’autres États, parfois à des milliers de kilomètres pour avorter dans des conditions médicales sûres. Pour les plus modestes, cela ne signifie le recours à des avortements clandestins dans des conditions sanitaires souvent précaires et dangereuses pour la vie des femmes. (…)
Cette décision n’est pas seulement une terrible nouvelle pour les américaines. Elle est un signal d’alarme à toutes les femmes dans le monde, notamment en Europe. Cela renforce et donne de la légitimité aux discours réactionnaires et conservateurs qui pullulent en Europe aussi.
Il suffit de regarder le résultat du vote de jeudi sur la résolution du Parlement qui condamne la décision américaine et demande un accès légal et sûr à l’avortement dans tous États membres pour comprendre que rien n’est acquis ; bien au contraire. 193 députés ont refusé de soutenir une telle résolution ou se sont abstenus. Les lois sur l’IVG peuvent être défaites par des majorités conservatrices, à nous de graver dans le marbre ce droit, qui est un droit humain d’accès à la santé.

> La situation en Europe est toute aussi inquiétante. Le gouvernement polonais des ultra-conservateurs du PiS et de Jarosław Kaczyński a quasiment de facto interdit l’avortement dans son pays. Malgré une mobilisation exceptionnelle des polonais et notre condamnation la plus ferme, les femmes polonaises sont les victimes de politiques réactionnaires, bien souvent menées par des hommes.
Malte interdit également l’avortement sous couvert de principes religieux. En Italie, alors que ce droit est protégé et inscrit dans la loi, sept gynécologues sur dix sont objecteurs de conscience et refusent de pratiquer une interruption volontaire de grossesse. Cela réduit considérablement de facto l’accès à l’avortement.
Même en France, le Rassemblement national demeure un adversaire du féminisme. Malgré les discours de façade en soutien aux droits des femmes, les députés européens issus de cette extrême droite française n’ont pas pris part aux votes sur cette résolution alors qu’ils étaient présents.
Un véritable bal des hypocrites qui éclate au grand jour. Front national ou Rassemblement national, ils ont changé de nom, de président, de discours mais ils n’ont pas changé de ligne : contre le féminisme et le droit des femmes.
Des femmes sont mortes en Pologne et même à Malte à cause de complications médicales qui auraient nécessité un avortement. Comment peut-on accepter que des femmes en Europe au XXIème siècle meurent parce que privées d’accès à des soins ?
Il est temps d’acter que l’interruption volontaire de grossesse est un droit fondamental. Le 19 janvier dernier, le Président de la République, Emmanuel Macron, plaidait au Parlement Européen à Strasbourg pour l’inscription du droit à l’avortement dans la Charte des Droits fondamentaux.
Cette annonce forte, en défense des droits des femmes, s’inscrit dans ce que porte notre délégation au Parlement européen avec le Pacte Simone Veil. Nous voulons que les femmes européennes voient leurs droits protéger par l’Union européenne selon le principe défini par Gisèle Halimi de « clause de l’Européenne la plus favorisée ». Cela signifie que nous devons assurer une convergence vers le haut pour les droits des femmes et assurer que si une femme suédoise bénéficie d’un accès sûr à l’avortement, cela doit être le cas pour une femme italienne.
L’inscription dans la Charte des droits fondamentaux permettrait de rendre opposable juridiquement au niveau européen le droit à un avortement légal et sûr. Concrètement, les lois nationales de chacun des États membres doit respecter la Charte. Et si ce n’est pas le cas, les citoyens européens seraient en mesure d’attaquer leur État en justice pour qu’il se mette en conformité avec les principes de la Charte.
L’Union européenne est avant tout une Union de valeurs. L’avortement est un droit fondamental qui doit juridiquement et légalement être reconnu et gravé dans le marbre à sa juste valeur.

> Nous devons reprendre le combat de Simone Veil, mais aussi de nos mères et grands-mères pour que les femmes puissent disposer de leur corps. Simone de Beauvoir disait : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis." C’est terrible mais sa mise en garde se confirme aujourd’hui. Nous devons plus que jamais continuer ce combat pour un accès légal et sûr à l’avortement !