samedi 22 octobre 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’allié «naturel» qui exècre les centristes

Dans le Figaro, toujours lui, monsieur François Baroin crie toute sa haine des centristes en ressortant la fameuse distinction du politlogue René Rémond sur la droite bonapartiste – la bonne pour lui – et la droite orléaniste, incarnée, selon lui et ses vagues réminiscences d’études en sciences politiques, par les centristes.
Au-delà d’un clivage déjà en grande partie faux quand il fut inventé, le nouveau groupie de Nicolas Sarkozy – pour une cause on ne peut plus haute et profonde, la haine de Juppé! – et ancien protégé de Jacques Chirac parce que son papa était un homme qui comptait, il faut rappeler à celui-ci qu’il est membre d’un parti qui s’appelle LR et se targue d’avoir des centristes dans ses rangs de par la volonté de son mentor…
Comme quoi, dire des bêtises pour prouver l’improuvable est une compétition ouverte à droite en direction des centristes.
Parce que si le camp Sarkozy s’en donne à cœur joie en ce moment, pensant que l’injure aux centristes leur fera gagner la primaire ou, tout au moins les aidera dans cette tâche, les autres candidats à la primaire LR et leurs fan-clubs ne se sont pas privés de critiquer et de rabaisser constamment des centristes qui, manifestement, aiment s’en prendre plein dans la figure et en redemande, pourvu qu’on leur donne quelques sièges de députés et quelques strapontins ministériels à la fin des hostilités quand ils auront baisse totalement leurs pantalons.
On peut ainsi reprendre les propos acerbes et agressifs d’un Hervé Gaymard à propos des centristes et plus particulièrement de François Bayrou pour comprendre qu’à droite on veut bien le soutien des centristes – on en a même besoin – mais que l’on préfèrerait qu’ils la ferment.
Cet allié «naturel» selon le terme même inventé par l’UDI pour s’adosser à l’UMP puis à LR depuis sa création – et qui est une méconnaissance de l’histoire politique de la France – s’est donc fait une spécialité de la chasse aux centristes et, évidemment, plus particulièrement de François Bayrou.
On comprend la rage des sarkozystes à son égard.
Non seulement la président du Mouvement démocrate a critiqué Nicolas Sarkozy tout au long de son quinquennat – s’intronisant son premier opposant et le plus déterminé – et même avant, mais il a voté pour son adversaire, François Hollande puis a continué dans son offensive contre le désormais ancien président de la république avec des attaques qui sont montées crescendo, se couplant avec son alliance avec Alain Juppé, principal concurrent de l’ancien président de la république à la primaire de LR.
Vouloir faire de Bayrou un complotiste qui se sert de Juppé pour faire renaître l’UDF qui serait, grâce aux largesses de Juppé, le parti qui contrôlera réellement la présidence si le maire de Bordeaux est élu est aussi grotesque qu’efficace pour mobiliser les troupes sarkozystes dont beaucoup de ses membres n’ont rien à envier au fanatisme et à l’adoration de leur chef de celles de Donald Trump.
L’attitude de LR vis-à-vis des centristes pose évidemment la question de savoir pour ces derniers, comment peut-on gouverner avec des gens qui vous humilient, vous considère comme des moins que rien et on l’insulte et la grossièreté à la bouche pour vous définir?
La première réponse est qu’on ne peut pas, surtout si Sarkozy est le candidat de LR à la présidentielle.
Seulement, la politique n’est pas un univers de gentils membres qui s’aiment et se font des câlins toute la journée.
Ayant dit cela, dans cette haine du centriste qui pourrait vouloir sa part du gâteau, voire une part plus grosse que ce à quoi il a droit, ressort également le fait que le Centre n’est pas la Droite et que leurs projets politiques respectifs ont, certes, des points communs, mais également, nombre de différences majeures.
Si alliance avec la Droite il doit y avoir, elle ne doit pas être considérée comme «naturelle», loin de là.
Elle doit être prise pour ce qu’elle est: une convergence d’idées dans certains domaines à un moment donné mais aussi des divergences qui imposent un combat pour les centristes afin de faire respecter autant qu’ils le peuvent leurs valeurs, leurs principes et leur originalité.
On voit bien qu’actuellement ce n’est pas le cas et les rodomontades des leaders de l’UDI ne sont là que pour abuser la galerie comme leurs déclarations d’indépendance reprises aussi par François Bayrou.
Seule une candidature à la présidentielle aurait réellement montré cette indépendance et cette engagement en faveur de ce qui fait la spécificité du Centre.
Les centristes y ont renoncé et, dès lors, ils ne récoltent que le fruit de leur couardise.
Quant au Centre, heureusement, ce ne sont pas les critiques d’un fils à papa ou d’un candidat dont on ne voit plus la différence avec Marine Le Pen qui l’ébranleront.
Il est bien plus fort que cela, lui, que la plupart de ceux qui s’en réclament aujourd’hui et nettement plus profond que les imbéciles qui l’attaquent de manière aussi mesquine qu’indigne de la politique, la vraie.