vendredi 26 juin 2009

Une semaine en centrisme: remaniement ministériel: le Nouveau Centre roulé dans la farine ?

On parlait de Cavada, de Leroy, de Sauvadet et de quelques autres du Nouveau Centre pour venir épauler les Morin, Santini, Létard, Idrac et Blanc au gouvernement. Non seulement aucun des premiers nommés n’y a fait son entrée lors du dernier remaniement mais, en plus, Santini s’est fait débarqué. Et, comble de l’ironie, Michel Mercier, membre d’un Mouvement démocrate qui insulte Nicolas Sarkozy à longueur de journées a été le symbole de l’ouverture centriste de ce remaniement en se mettant simplement «en congé» du MoDem! Si ce n’est pas une claque, ça y ressemble beaucoup…

D’où ces questions qui deviennent de plus en plus prégnantes: le Nouveau Centre est-il le dindon de la farce de l’ouverture et sa fidélité sans faille (à part quelques éclats de voix très feutrés) l’a-t-il décrédibilisé totalement aux yeux de Sarkozy lui-même? Car, pour être un parti qui compte dans une majorité au pouvoir, il faut apporter quelque chose. Et ce quelque chose, c’est une personnalité et des idées qui font, non seulement vivre cette majorité mais qui, politiquement, apporte une visibilité, une dynamique et des voix aux élections qui n’auraient pas été là sinon. Or, si le Nouveau Centre a apporté quelques idées dont la quasi-totalité a été refusée par l’UMP et le gouvernement, on ne voit plus très bien ce qu’il apporte électoralement parlant, imitant en cela les précédents ralliements d’anciens UDF à l’UMP et avant cela au RPR. Les Paillé, Douste-Blazy, Méhaignerie, Barrot et autres anciens de la maison Giscard sont des poids morts politiquement parlant. Ils ne représentent plus qu’eux-mêmes et non une mouvance centriste qui permet à l’UMP de ratisser large ou si peu. Cette trajectoire du Nouveau Centre qui n’est pas souhaitée par tous ses membres peut, à terme, le faire devenir une simple composante de l’UMP. Il sera donc intéressant de voir la réaction à cette marginalisation dont François Sauvadet, le président du groupe Nouveau Centre s’est déjà plaint ouvertement. Mais cela n’a pas l’air de gêner plus que ça Hervé Morin si bien au ministère de la Défense et qui ne sait pas très bien encore si son parti présentera des listes autonomes aux régionales. Attention, monsieur Morin, même Nicolas Sarkozy pourrait se lasser d’une exposition politique aussi obscure…


Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

L’Edito d’Alexandre Vatimbella: Les partis centristes ont besoin d’une confédération

Rassembler les Centristes ou, plutôt, rassembler les différentes formations politiques se réclamant du Centre dans une confédération voilà la tâche la plus urgente depuis que le Nouveau Centre et le Mouvement démocrate l’ont fait imploser et que d’autres, tels des radicaux dans leur ensemble regardent depuis trop longtemps le train du pouvoir passer tentant de s’accrocher aux derniers wagons des strapontins. Réunir les différentes composantes du Centre n’est pas plus illégitime que d’avoir réuni les Droites (UMP) ou la Gauche dans des fronts populaires, des programmes communs, des fronts de gauche ou des majorités plurielles. Mais rassembler les Centristes comme le souhaite Jean Arthuis aujourd’hui ne doit pas être de faire revivre la vieille UDF mais d’en créer une nouvelle dans laquelle les différentes composantes du Centre trouveront naturellement leurs places, des Radicaux de gauche au Nouveau Centre, du Parti radical au Mouvement démocrate en passant par la Gauche moderne et quelques autres.

Ici, nous avons souvent parlé de la pensée centriste, une pensée originale, un Centrisme du juste équilibre pour ne pas être suspects de vouloir une union de bric et broc chargée seulement de grappiller des sièges à des élections. Nous avons aussi dit que le Centrisme était pluriel avec des sensibilités et des nuances. C’est cette pluralité qu’il convient aujourd’hui de réunir et non pas d’unir afin de couvrir le large spectre du Centre et le positionner enfin sur le principe du juste équilibre. Car un Centrisme ne signifie pas un seul parti du Centre. L’unité des valeurs et de principe d’action ne signifie pas qu’il faille un parti unique mais qu’il faille néanmoins que tous se réunissent dans une structure afin d’être mieux à même de faire entendre leur message, de peser plus sur la vie politique et d’accéder au pouvoir comme Centre et non comme supplétif à la Droite ou à la Gauche.

Ce n’est que de cette façon que l’on pourra mettre en œuvre le Centrisme qui, comme nous le rappelle quotidiennement Barack Obama et sa politique centriste, est une pensée moderne, progressiste et d’avenir qui prône le consensus et l’équilibre juste dans tous les domaines pendant que la Droite et la Gauche ressassent sans fin leurs vieux dogmes issus pour la plupart du XVIII° siècle avec leurs volontés de séparer plutôt que de réunir par des politiques extrêmes et d’exclusion de l’autre.

Dès lors, toute tentative de sortir le Centre du ghetto dans lequel quelques uns l’ont enfermé pour leurs ambitions personnelles mégalomaniaques ou pour récupérer quelques miettes dans les allées venteuses d’un pouvoir auquel ils n’ont aucune prise réelle mais aussi où d’autres louvoient sans cesse, désespérant les électeurs, les militants et les sympathisants doit être accueillie favorablement. C’est ainsi qu’il faut voir celle de Jean Arthuis en espérant qu’elle n’est pas seulement une tentative, une de plus, pour une personnalité ou pour un petit groupe, de s’approprier le Centre pour des visées qui n’ont que peu à voir avec des convictions politiques. Parce que si c’est le cas, le Centre sera encore le perdant et les Centristes la risée de tous. Et ils ne l’auront pas volé…

Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC