mardi 21 juin 2016

Vues du Centre – Jean-François Borrou. Lagarde, président de l’UDI, une erreur de casting?

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Moins de 4% des Français se disent proches de l’UDI tandis qu’il est crédité de 1% des intentions de vote, qu’il soit candidat à la primaire de la Droite ou à la présidentielle alors même que seuls 5% des Français voient en lui un bon président de la république et que dans les baromètres de popularité, il se classe – s’il est présent – dans les derniers.
Et si l’UDI, sous sa présidence, est un parti politique parmi les moins mal vus des Français, c’est surtout parce qu’une grande proportion d’entre eux n’ont aucune opinion sur celui-ci ou ne le connaisse même pas!
Quant au programme du parti ou son positionnement politique exact, ce sont des arlésiennes.
Tout juste doit-on le créditer d’un positionnement anti-FN de bon aloi et de réactions globalement positives sur le terrorisme.
Ce qui ne rattrape absolument pas son insipidité globale sur la scène politique qui le dispute avec ses sorties incontrôlables où ses diatribes surréalistes ressemblent souvent à des règlements de compte ou, plus grave, à une course entre lui, Sarkozy et Le Pen à celui qui sera le plus véhément sur tel ou tel sujet.
Son idée de voter une motion de censure avec l’extrême-gauche et le Parti communiste a été le summum d’une incapacité à être responsable, crédible et… centriste.
Quant au fonctionnement du parti, il est désastreux.
Non seulement il n’a pas réussi à faire le rassemblement au sein de la confédération centriste mais les oppositions n’ont pas cessé de s’exacerber avec les prises de position aussi nombreuses qu’il y a (peu) de militants et des règlement de compte incessants entre seconds couteaux qui se voient un avenir national sans en avoir aucune qualité.
De plus, il n’a pu empêcher des départs de poids comme celui de Jean-Christophe Fromantin et de son parti, Territoires en mouvement (accordons lui quand même d’avoir réussi à se débarrasser de Rama Yade!).
Ni même que le (très) peu rebelle Jean-Arthuis (Alliance centriste) ne tente de se présenter à la primaire de la LR, avant que ce dernier n’enterre (pour l’instant?) sa candidature.
A propos, justement de la présidentielle, la farce de la position de l’UDI est actuellement sa plus grande marque sur celle-ci.
Elu en grande partie sur la promesse que la formation centriste aurait un candidat à la présidentielle, il n’a cessé de faire du rétropédalage sur la question avant d’annoncer qu’il allait négocier un accord avec LR pour les législatives qui suivent la présidentielle et les postes de ministres, le tout avec un soi-disant «programme de gouvernement» qu’aucun leader de la Droite ne voulait.
Il s’est ramassé complètement, notamment parce qu’il est arrivé avec des prétentions inacceptables en particulier celle d’avoir un groupe parlementaire assez important pour empêcher LR d’avoir la majorité dans la future Assemblée nationale et ce u mépris total d’une arithmétique électorale.
Du coup, éconduit sans ménagement, il a menacé de ne pas faire d’accord, de présenter un candidat à la présidentielle (lui, par exemple, avec ses 1% dans les sondages…) avant d’expliquer qu’il allait attendre la rentrée pour discuter puis d’attendre après les résultats de la primaire de LR pour s’entendre avec l’heureux élu avant de revenir à ses menaces de candidature indépendante et d’un «rassemblement» dont on ne voit pas avec qui, comment et pourquoi.
L’UDI apparaît ici comme le parti des rigolos et des grenouilles qui se prennent pour des bœufs!
Une image désastreuse.
Le bilan de Jean-Christophe Lagarde à la tête de l’UDI depuis son élection voici un an et demi et des poussières est bien maigre.
Et c’est un euphémisme!
Ayant dit cela, y avait-il un meilleur candidat quand Jean-Louis Borloo a décidé de lâcher l’UDI en rase campagne?
En résumé, pouvait-il en être autrement?
Rappelons-nous les candidats en présence sur la ligne de départ pour la présidence de l’UDI.
Il y avait l’encore plus insipide Hervé Morin, ennemi mortel de Lagarde, le transparent Yves Jégo, le groupie déçu et revanchard de Nicolas Sarkozy, en tandem avec l’aussi transparente Chantal Jouanno, également transfuge de la Droite et Jean-Christophe Fromantin, personnalité de qualité mais pêchant au niveau de ses convictions centristes.
Pas de quoi susciter l’engouement.
A l’époque, on pouvait penser qu’il était, ad minima, le moins mauvais candidat pour le job et qu’il avait peut-être la qualité de dynamiser l’UDI qui en avait bien besoin à défaut de pouvoir la transformer en un véritable parti.
Son parcours et ses résultats démontrent, à l’instant présent, qu’il ne l’avait même pas.
Il semble bien, dès lors, qu’il n’a pas le talent d’un premier rôle.
Peut-être celui d’un second, voire d’un figurant, ce qu’est actuellement l’UDI sous sa présidence sur la scène politique.

Jean-François Borrou



Présidentielle USA 2016. Clinton creuse l’écart face à Trump en grandes difficultés

Hillary Clinton versus Donald Trump
Les derniers sondages vont tous dans le même sens, Donald Trump perd du terrain face à Hillary Clinton donnée gagnante dans tous et qui possède désormais entre 8 (Monmouth) et 10 points (Ipsos) d’avance dans les plus favorables à son encontre.
Il faut d’ailleurs remonter au 22 mai pour trouver un institut donnant Trump gagnant mais avec un écart dans la marge d’erreur des enquêtes d’opinion.
La centriste bénéficie des grandes difficultés dans lesquelles se trouve le populiste démagogue depuis plusieurs semaines mais surtout depuis ses propos après la tuerie d’Orlando.
Sa stratégie du «macho xénophobe et raciste» prônée par son directeur de campagne, Corey Lewandowski, est tellement un fiasco qu’il vient de limoger ce dernier alors même qu’il l’avait défendu contre vents et marées jusqu’à maintenant, notamment lors de propos très controversés de celui-ci.
Donald Trump a justifié ce renvoi par la mise en place d’une «nouvelle campagne».
On se rappelle que plusieurs fois il a promis que ses manières de voyou allaient cesser pour une manière de se comporter plus responsable sans que l’on voit la moindre évolution dans ce sens.
D’ailleurs, juste après avoir annoncé cette «nouvelle campagne», il a, à nouveau, insulté la sénatrice démocrate du Massachussetts, Elisabeth Warren…
Certains de ses soutiens expliquent qu’en fait Donald Trump changera une fois qu’il sera à la Maison blanche, évidemment une assertion impossible à vérifier et peu crédible tant le bonhomme a été durant toute sa vie ce qu’il présente actuellement de lui au cours de cette campagne présidentielle.
En réalité ce tournant qu’il annonce est dicté avant tout par une urgente nécessité et la résultante de ses choix qui le mènent petit à petit dans une impasse.
Car les sondages ne sont pas les seules choses qui sont mauvaises pour lui.
Ses finances sont catastrophiques et, comme vient de le révéler le New York Times, aucun candidat dans l’histoire moderne des élections américaines n’a eu aussi peu d’argent pour démarrer sa campagne nationale.
Il aurait ainsi 1,3 million de dollars en caisse alors qu’Hillary Clinton en a déjà 42 millions.
Cette différence viendrait de ce que les donateurs traditionnels du Parti républicain ne veulent pas lui donner de l’argent, ne souhaitant pas le voir s’installer dans le fauteuil du Bureau ovale.
La question est si problématique pour Trump qu’il a menacé de s’autofinancer, ce qu’il a fait jusqu’à présent à une toute petite échelle.
Or, s’il veut demeurer compétitif, il devra dépenser sans doute autour d’un milliard de dollars.
Et, il ne pourra plus compter sur l’effet médiatique de sa candidature qui lui a permis jusqu’à présent de bénéficier d’une publicité gratuite exceptionnelle avec la complicité peu glorieuse des principaux médias du pays.
En effet, avec le début de la campagne officielle, le traitement de chaque candidat devra obéir à des règles d’égalité et d’équité.
Si les donateurs républicains ne veulent pas faire des chèques, c’est aussi parce que la fronde à l’intérieur du parti a repris des proportions inquiétantes pour le populiste démagogue.
Un groupe de militants a déclaré qu’il ferait tout pour l’empêcher d’obtenir l’investiture lors de la Convention de Cleveland (Ohio).
De son côté, comme d’autres grands noms républicains, l’ex-président George W Bush mène une campagne anti-Trump et nombre des soutiens possibles de ce dernier commencent un rétropédalage plus ou moins discret.
Paul Ryan, le speaker (président) de la Chambre des représentants, qui lui a donné son soutien du bout des lèvres, déclare désormais que l’on doit respecter les convictions des républicains qui ne veulent pas soutenir Trump et qui disent qu’ils ne voteront pas pour lui le 8 novembre…
Donald Trump a beau clamer haut et fort qu’il a remporté haut la main les primaires avec 14 millions de vote et de menacer les récalcitrants et les allergiques à sa candidature, paradant partout qu’il n’avait pas besoin d’eux pour gagner, on constate une nervosité chez lui et son entourage.
D’où le licenciement de son directeur de campagne.
Evidemment, rien n’est fait et les rebondissements dans les campagnes américaines, comme dans celles de nombreux pays démocratiques, sont légions.
Reste que Trump doit se sortir au plus vite de cette spirale négative dans laquelle il s’est mis tout seul pour ne pas grever définitivement ses chances de se faire élire.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC


Présidentielle USA 2016

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