dimanche 28 avril 2013

L’Humeur du Centriste. L’union nationale, pourquoi faire?


Le Journal du Dimanche qui, comme nombre de ses confrères qui multiplient actuellement les sondages biaisés afin de créer à leur profit le buzz médiatique, vient d’en sortir un nouveau concernant l’Union nationale.
Selon ses résultats, celle-ci serait plébiscitée par 78% des Français même si ces derniers sont plus que circonspects sur la capacité d’un tel gouvernement à pouvoir résoudre les graves problèmes que connait actuellement la France, que ce soit la lutte contre le chômage, celle contre la dette publique et les déficits, celle en faveur du pouvoir d’achat et celle contre l’insécurité.
Du coup, on se demande à quoi elle servirait selon ces mêmes Français…
En outre, les sondeurs au lieu de laisser les Français dire qui ils verraient dans un tel gouvernement (question ouverte), ont établi leur propre liste limitative (question fermée) ne comportant, en l’occurrence que cinq socialistes et un seul centriste (bonjour l’ouverture), une bizarrerie qui permet de s’interroger sur le but de ce sondage.
On y trouve ainsi François Bayrou mais pas Jean-Louis Borloo, Martine Aubry mais pas Jean-Pierre Raffarin, Bertrand Delanoë mais pas Bruno Le Maire, Louis Gallois mais pas Thierry Breton, Claude Bartolone mais pas Alain Juppé, Ségolène Royal mais pas Christine Lagarde...
Et devinez quoi, c’est, ô surprise, le seul centriste du lot, qui plus est celui qui se bat depuis 2007 sur cette idée d’union nationale à laquelle il est identifié par les Français, François Bayrou, qui arrive en tête avec 47% des personnes interrogées qui le verraient bien ministre (et non pas premier ministre comme l’a titré le site internet de l’Express dont les responsables ont eu sans doute quelques difficultés de lecture des résultats!).
A noter qu’aucune de ces six personnalités n’obtient une majorité de réponses positives.
De même, sans surprise, les Français sont majoritairement pour que le PS, l’UMP, le Mouvement démocrate, les Verts et l’UDI soient dans ce gouvernement d’union nationale. Il y en a même 47% qui souhaitent que le FN en fasse partie et 42% le Front de gauche.
Ce qui est amusant, c’est que ceux qui sont le plus pour cette union nationale sont les sympathisants de l’UMP (89%) et ceux du FN (79%), eux qui sans cesse attaquent de manière très agressive François Hollande et son gouvernement, eux dont les partis qu’ils soutiennent ne sont pas au pouvoir actuellement et qui se verraient bien le récupérer le plus vite possible alors que des élections présidentielles et législatives ont eu lieu il y a tout juste un an.
Au fait, pourquoi un gouvernement d’union nationale aurait plus de succès dans sa lutte contre le chômage, les déficits et autres questions importantes?
Là, la question n’a pas été soumise aux sondés et les sondeurs sont bien évidemment incapables d’y répondre même si les journalistes du JDD estiment que les pays ayant expérimenté un gouvernement de large union ont eu des résultats un peu meilleur que les autres, ce qui reste, par ailleurs, à démontrer.
En outre, on ne leur a pas demandé, non plus, quelle politique donnerait des résultats miracles. Cependant, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour penser que la politique que devrait mener ce gouvernement d’union nationale devrait être de droite pour les sympathisants de l’UMP, du FN et de l’UDI et de gauche pour ceux des Verts, du PS et du Front de gauche…
Retour à la case départ!
Plus sérieusement, il semble que la peur du présent et la crainte du futur soit la raison principale de cette volonté d’union nationale. Non seulement 70% des Français s’attendent à une explosion sociale dans les mois à venir mais 37% pensent désormais que l’Union européenne est un danger selon d’autres sondages publiés récemment…
Pour autant, ce n’est pas dans l’union nationale que se trouve la réponse à ces inquiétudes mais dans une union autour des valeurs de la démocratie républicaine.
Que, par ailleurs, on trouve des consensus autour des politiques économiques, sociales et financières à mettre en place serait plus que positif.
Mais, même si le Centre et le Centrisme n’ont rien contre elle, laissons l’union nationale pour les cas les plus graves, lorsque la patrie est en danger.
Aujourd’hui, malgré tous les oiseaux de mauvais augure, nous n’en sommes pas encore là, heureusement.
Et, demain, si cela devait être le cas, alors oui, l’union nationale aurait une utilité. Mais ne la rendons pas inutile en l’invoquant à tort et à travers et, surtout, en la mettant en place quand elle n’est pas encore nécessaire.
Centristement vôtre.

Le Centriste

vendredi 26 avril 2013

Une Semaine en Centrisme. La non-Europe crée un chômage de masse


La France, après l’Espagne, vient d’établir un nouveau record, très peu enviable, du nombre le plus important de chômeurs depuis des décennies. Et la situation risque de se détériorer encore au cours de cette année comme l’avait annoncé François Hollande en 2012.
Le président de la république espère toutefois que la courbe du chômage s’inversera à la fin de 2013. Vœu pieux ou réalité, on le saura dans quelques mois…
Ce que l’on sait avec certitude, en revanche, c’est que l’absence d’Europe est une des raisons principales qui nous a mis dans cette situation si difficile et que sans un renforcement de celle-ci, la France mais également tous les autres nations européennes (mais oui, même l’Allemagne) auront beaucoup de mal à s’en sortir.
Le chacun pour soi n’est plus une option, si elle l’a jamais été.
Si les Etats-Unis peuvent faire de la relance seuls de leur côté, c’est qu’ils sont la première puissance mondiale avec une monnaie qui est encore aujourd’hui la devise universelle et ils en jouent comme cela a toujours été le cas des plus forts dans les relations internationales (regardons ce que fait également la Chine qui ferme son marché et bénéficie de l’ouverture des marchés étrangers dont l’européen, ce qui lui permet d’avoir des taux de croissance si élevés).
Et cela donne des résultats. Il y a moins d’Américains au chômage, ils se créent des emplois et la croissance outre-Atlantique pour le premier trimestre 2013 a été de 2,5%.
Et si la France s’est cassée les dents en 1981 (et a du changer toute sa politique économique en 1983) en voulant faire de la relance toute seule, c’est qu’elle n’est plus qu’une puissance moyenne et que sa devise de l’époque, le franc, n’avait rien d’une monnaie forte et stable…
Mais l’Europe, elle…
En effet, rien n’empêcherait l’Europe unie, avec une politique économique, financière et monétaire commune de prendre des mesures, à la fois, de rigueur budgétaire indispensable dans certains domaines, de solidarités obligatoire entre les différents pays de l’Union et de relance essentielle de l’économie afin de créer cette croissance indispensable à la baisse du chômage, tout en imposant son point de vue et ses intérêts au reste de la planète, tout au moins en faisant que ceux-ci aient un réel poids.
Cette politique européenne concertée et axée sur ces trois grands domaines est, en plus, demandée par la communauté internationale et les grandes organisations internationales comme le FMI (Fonds monétaire international) ou l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique).
Le Centre sait cela depuis longtemps et c’est pourquoi sa bataille pour une Europe fédérale, loin d’être béatement romantique, est fondée sur une analyse sérieuse et responsable de la réalité économique et sociale des pays de l’Union.
Il semble malheureusement que l’on ne prenne pas le chemin d’un renforcement fédéral de l’Union européenne actuellement. Demain, avec une situation encore plus détériorée, cela sera sans doute incontournable mais peut-être trop tard…
Aujourd’hui, la grande majorité des hommes et femmes politiques européens, dans leur grande majorité, manquent de vision et de courage pour porter ce projet. Quant aux peuples européens, ils demeurent focalisés sur leurs petits intérêts à court terme, ne comprenant pas que s’ils veulent les sauvegarder à moyen et long terme et même les renforcer, cela ne pourra que se faire qu’avec plus d’Europe.
Le grand dessein de l’Europe est le seul qui peut apporter une réponse au chômage de masse et à une croissance anémique.
Imaginons ce qu’une Europe fédérale pourrait aujourd’hui décider et, grâce à sa puissance, comment elle pourrait agir.
Les scénarios fictions sont actuellement la seule chose qui nous permette d’espérer dans des lendemains meilleurs. Jusqu’à ce que ces possibles lendemains s’évanouissent et ne reviennent pas avant longtemps ou jamais.
A moins qu’une «bonne guerre» (qui permet, c’est vrai, de régler la question du chômage mais à quel prix!) vienne, comme en 1939, tout détruire, faute d’avoir su construire quand il en était encore temps.
La solution par la guerre a été, pendant longtemps, une grande spécialité européenne. Si elle était une nouvelle fois mise en pratique, elle signifierait la faillite totale des Européens, de tous les Européens…
Raison de plus pour agir ensemble.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

jeudi 25 avril 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Du respect, messieurs, mesdames les élus!


Pour le Centre et le Centrisme, le respect est une des valeurs essentielles de la démocratie républicaine.
Pour illustrer le pourquoi, il suffit d’observer la manière consternante dont le débat politique dérape ces derniers mois avec des attitudes, des mots et des postures qui n’honorent pas ceux qui les font leurs.
Et dire cela, ce n’est pas faire le lit des extrémismes, bien au contraire, c’est rappeler que la démocratie est aussi et beaucoup de la tolérance et de la responsabilité.
Dans ce cadre, le respect est bien la valeur qui empêche les dérives multiples auxquelles est confrontée la démocratie républicaine dont, bien sûr, le possible basculement dans l’extrémisme de droite ou de gauche.
Respecter l’autre, c’est respecter sa différence et ses opinions. C’est également et évidemment une relation symétrique: celui que je respecte doit me respecter pour que le respect fonctionne et remplisse sa mission.
Un respect qui permet de faire dire à Voltaire (il semble qu’en fait il n’ait jamais prononcé ces mots même s’ils résument bien sa vision de la tolérance), «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire».
Oui, la bataille n’est pas d’agresser son contradicteur mais de lui permettre d’expliciter et d’expliquer ses opinions et de préparer ses arguments pour lui répondre.
Les dérapages récents constatés tant à droite qu’à gauche (et quelques  fois, malheureusement, au centre) montent combien nous devons nous battre pour que le respect soit reconnu comme cette valeur qui permet à tous d’être des citoyens à part entière de la république, c’est-à-dire reconnus dans leur être et dans leurs droits.
Les insultes, les violences, les comportements grossiers nourrissent la haine et le ressentiment qui permettent ensuite aux démagogues populistes de monter le peuple contre la démocratie pour en montrer le ridicule et le désordre.
Mais qui a donc libéré la parole politique pour qu’elle devienne agressive et franchisse les lignes de la bienséance? Bien sûr, l’extrême-droite s’est affranchie depuis longtemps d’un dialogue respectueux et les fameux dérapages lepénistes ont, après les indignations de façade, donné des (mauvaises) idées aux autres.
Tout le monde est donc responsable dans l’univers politico-médiatique où l’injure et la méchanceté font bien mieux le buzz et la notoriété que la courtoisie et la civilité.
De même, le «Casse-toi pauv’con» de l’ancien président de la république n’a pas été un exemple, loin de là, montrant que celui qui doit être le chef de tous les Français pouvaient insulter ceux qui, simplement, ne pensaient pas comme lui. Tout comme les insultes à répétition d’un Jean-Luc Mélenchon à l’égard de ses anciens amis socialistes, de ses adversaires lepénistes ou des journalistes, se parant sans doute de la posture de Georges Marchais qui, pour virulent (et de mauvaise foi…) que fut l’ancien secrétaire général du Parti communiste, n’avait jamais dépassé les bornes comme le fait allègrement et avec gourmandise le leader du Front de gauche.
Certains penseront sans doute que le respect n’est dû qu’à ceux que l’on respecte vraiment et que la force du débat politique est dans l’affirmation forte de ses convictions.
Ceux-là n’ont rien compris et s’ils sont des politiques, se sont manifestement trompés de métier ou de régime...
Dans une démocratie républicaine digne de ce nom, on respecte la parole de tous tant qu’elle est respectueuse et la puissance dans la confiance de ses convictions confrontée à celle des autres dans une ouverture d’esprit qui définit l’intelligence, fait qu’on n’a pas besoin d’agresser les autres pour développer ses arguments et tenter de convaincre le pays qu’ils sont les bons.
Au-delà de l’énervement un peu puéril (mais malgré tout très dangereux) actuel, il est malheureusement peu probable que le respect s’impose à ceux qui, pour exister, savent qu’il faut transgresser les codes de bonne conduite envers les autres.
Et tant que nous serons friands de ces joutes pourtant affligeantes et pathétiques, pourquoi s’en priveraient-ils?!
Pour autant, ceux qui croient que le respect est bien au centre du vivre bien ensemble dans une démocratie républicaine ne baisseront pas les bras.
Oui, la démocratie, comme il est souvent rappeler ici, est un combat quotidien. Mais un combat dans la dignité pour la dignité de soi-même et des autres.
De ce point de vue, il est assez réconfortant de voir que les centristes ont su, globalement, demeurer dignes. Espérons qu’ils continueront ainsi.

lundi 22 avril 2013

L’Humeur du Centriste. Quand l’ivresse de la sédition euphorise la Droite


L’extrême-droite et l’extrême-gauche salivent déjà d’une possible crise de régime (celle de la démocratie républicaine libérale) qui pourrait dégénérer, selon ses fantasmes, en une sorte de révolution, soit nationale pour les uns, soit prolétarienne pour les autres.
Rien de nouveau sous le ciel des extrémistes.
En revanche, voilà qu’une partie de la Droite se met de la partie, celle qui est incapable, comme en 1981, d’accepter les résultats électoraux lorsqu’ils lui sont défavorables et, plus particulièrement ceux de l’élection présidentielle, ceux du «chef» du pays dont elle estime que le poste lui revient de droit.
Rappelons-nous lors de la victoire de François Mitterrand, ceux qui avaient «mal à la France», ceux qui parlaient d’immigration et ceux qui insultaient carrément les Français qui avaient «mal» voté.
Que voyons-nous aujourd’hui? Une contestation de plus en plus frontale de la légitimité du président de la république (grâce à des cotes de popularité au plus bas) avec demande de sa démission, le tout avec des propos d’une violence inouïe comme ceux d’un Henri Guaino dont on se demande quelle est sa définition d’un pouvoir légitime…
Que la Gauche fasse des erreurs, notamment lorsqu’elle s’érige en gardienne des «droits à» (adoption par les couples homosexuels) et en haute autorité de la moralisation (loi future sur la moralisation de la vie politique) est une évidence mais cela ne remet pas en cause sa victoire en 2012.
Il est vrai que la crise économique frappe le pays mais qui possède la recette miracle? Le Droite? Non. La Gauche? Non plus. La France «collectiviste» qui se fait frapper sur les doigts par le FMI? Non. La Grande Bretagne «ultralibérale» qui se fait retirer ses triples A par les agences de notation économique? Non plus.
Et quand les monde entier demande directement à l’Europe d’être capable, dans la rigueur mais non l’austérité, de relancer son économie, on touche bien là à une politique du juste équilibre.
C’est dans la recherche d’un consensus et non dans l’exacerbation des fractures que l’on trouvera, d’abord, l’énergie nécessaire pour trouver les bonnes solutions comme le prône, par exemple, Barack Obama aux Etats-Unis.
Puis, c’est grâce à ce consensus (et non l’unanimisme) que l’on pourra les mettre en œuvre pour sortir le pays de ses difficultés.
Parier sur l’échec de la France comme le fait la Droite pour s’emparer du pouvoir ainsi que le font aujourd’hui les courtiers sans foi ni loi lorsqu’ils se remplissent les poches en pariant sur la chute des cours boursiers de certaines sociétés dont pourtant ils sont les actionnaires est une attitude pour le moins irresponsable.
La Gauche et la Droite doivent comprendre que la politique n’est un jeu que pour ceux qui oublient que derrière les problèmes du pays il y a les visages de millions et de millions d’enfants, de femmes et d’hommes.
Avec sa vision humaniste, oui, le Centrisme a beaucoup à leur apprendre sur ces visages et sur la responsabilité.
Espérons qu’il n’est pas trop tard…
Centristement vôtre.

Le Centriste

jeudi 18 avril 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les ravages inquiétants du populisme et du consumérisme


Les adversaires, parmi lesquels ses ennemis les plus résolus, de la démocratie républicaine libérale défendue par le Centre et le Centrisme ont tout intérêt à la survenance de périodes de crises quelles qu’elles soient.
On le voit bien aujourd’hui où les voilà qui saisissent n’importe quel motif ou incident pour s’attaquer aux principes mêmes démocratiques, ceux qui, pour imparfaits qu’ils soient, ont permis l’établissement de pays avancés riches et de sociétés ouvertes où chacun bénéficie de la liberté d’expression et de la protection de la loi contre l’arbitraire du pouvoir ainsi que contre la violence des autres.
Deux des pires dangers de la démocratie montent actuellement en puissance, tant à droite qu’à gauche, les comportements populistes et les revendications consuméristes qui conduisent à des discours démagogiques et clientélistes de la part des politiques.
Les premières estiment que la démocratie républicaine n’est qu’un système pourri dès le départ, générant la chienlit, la corruption et le désordre des «élites», et qu’il faut y mettre de l’ordre coûte que coûte en s’attaquant en priorité au personnel politique, aux institutions et en contestant les résultats des élections lorsqu’elles ne vous sont pas favorables.
Les deuxièmes, phénomène beaucoup plus récent, considèrent la démocratie comme un vaste hypermarché où l’on peut faire ses courses en choisissant les biens et les services dont on a envie sans se préoccuper de ce que la signifie pour les autres, que ce doit au niveau de l’individu ou de la collectivité, l’idée étant que l’on a le «droit à».
Ces deux types de comportements, qui ont, chacun, des dimensions individuelles et collectives, ont d’ailleurs plus de points commun qu’on ne le croit au-delà de leur remise en cause de la démocratie libérale.
Le premier est qu’ils ne peuvent exister que grâce aux règles démocratiques…
En outre, tous deux demandent que la démocratie soit à leur service et se plient à leurs volontés et leurs caprices qui sont changeants et souvent épidermiques.
Mais, soyons clairs, le populisme et le consumérisme ne viennent pas de nulle part. Si, aujourd’hui, nous en sommes là, c’est qu’ils sont attisés par certains responsables politiques soi-disant responsables qui s’en délectent mais également parce qu’ils sont les premiers à allumer les premières braises par des discours et des actes démagogiques et clientélistes afin d’attiser des comportements extrêmes pour ensuite surfer sur la vague des mécontentements.
Le comportement d’un homme comme Jean-François Copé suscite ainsi nombre d’interrogations. Le voilà qui récupère de manière démagogique les thèmes d’extrême-droite sans vergogne mais lorsque l’on parle de publier le patrimoines des politiques s’insurgent contre le voyeurisme du «peuple» qu’il a lui-même excité pendant des mois et des mois.
A l’opposé, François Fillon, lui, évite les provocations, ce qui nous rappelle fort opportunément que la bataille pour la présidence de l’UMP n’était pas seulement une question d’hommes mais aussi et surtout celle d’une vision de la société et d’une façon de faire de la politique.
Et n’oublions jamais que quand des hommes politiques comme monsieur Copé joue un double-jeu, la victime est toujours la même, la démocratie.
Mais ceux qui jouent la carte du clientélisme pour contenter des demandes consuméristes déraisonnables (comme l’adoption pour les couples gays) sont également responsables du climat délétère qui s’installe, contaminant la société tel un poison aux effets lents mais extrêmement toxiques.
Car, derrière, les adversaires de la démocratie libérale comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon en profitent pour tenter de la discréditer alors que leurs modèles de société d’un autre temps seraient, non seulement, liberticides, mais plongeraient le pays dans une crise économique et sociale sans précédent.
Enfin, ce qui est également intéressant de noter dans l’évolution du populisme et du consumérisme, c’est qu’ils fonctionnent de plus en plus de manière semblable.
Le premier nommé était jusqu’à présent essentiellement un mouvement social alors que le consumérisme était avant tout une attitude individuelle.
Aujourd’hui, le populisme est souvent issu d’une agrégation de comportements consuméristes (comme, par exemple, la demande que la collectivité se plie à une vision individuelle partagée par un groupe plus ou moins nombreux) et le consumérisme prend de plus en plus des formes collectives de revendications (comme, par exemple, celle d’un droit pour une communauté particulière).
Pour autant, ce n’est pas le fameux et nébuleux «intérêt général» ou l’imprécis «bien commun» qui permettre de résoudre l’équation «ni populisme, ni consumérisme» mais bien le principe du «Juste équilibre» propre au Centrisme qui rejette la démagogie et le clientélisme.
Celui-ci, je le rappelle, vise à donner le plus de satisfaction possible à tous les citoyens tout en sachant que personne ne peut être contenté totalement. Ainsi, c’est dans l’harmonie (et non la confrontation) de tous les intérêts particuliers que le politique bâtit sans relâche le juste équilibre de la communauté.
C’est uniquement de cette façon que, non seulement, l’on pourra préserver les acquis démocratiques mais, surtout, les adapter à la nouvelle réalité des sociétés contemporaines.
Seule le Centrisme aujourd’hui se bat contre la démagogie et le clientélisme, les deux plaies de la démocratie républicaine.

lundi 15 avril 2013

Une Semaine en Centrisme. Le temps du Centre est-il en train de venir?


Laminé lors de la dernière présidentielle de 2012 puis lors des législatives qui l’ont suivie, divisé entre plusieurs petits partis qui se font une guéguerre aussi pathétique qu’inutile, phagocyté par des ambitions personnelles aussi démesurées que sont insignifiantes leur poids dans la vie politique actuelle, il semble un peu provocant, voire ridicule, de se demander si le temps du Centre va bientôt survenir.
Et pourtant…
N’oublions pas que ni la Droite avec un Nicolas Sarkozy renvoyé sèchement par les Français, ni la Gauche, qui a héritée du pouvoir après ce licenciement démocratique et qui s’est montrée incapable jusqu’à présent d’inspirer la confiance nécessaire et indispensable au sursaut du pays, ne parviennent pas, toutes les deux, à insuffler la dynamique politique pour nous sortir de la situation plus que délicate dans laquelle nous nous trouvons présentement.
Les extrêmes, eux, n’ont que des solutions clivantes, hasardeuses et aventurières à proposer qui feraient dangereusement régresser le pays et dont il aurait le plus grand mal à surmonter les conséquences dévastatrices.
On ne parle même pas des écologistes qui ne sont même pas capables d’être d’accord avec eux-mêmes avec des extrémistes parfois plus irresponsabes que ceux de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche.
Reste donc le Centre.
Depuis plusieurs années, celui-ci propose une politique responsables de rigueur mais pas d’austérité, de libéralisation de l’économie mais pas de néolibéralisme débridé, de réformes en profondeurs de la société et des institutions face aux conservatismes de gauche et de droite qui ankylosent la France, au risque de la mettre en péril, mais pas de mesures clientélistes qui minent de plus en plus le lien social et mettent à mal le vivre bien ensemble.
De même, ses valeurs humanistes de respect, tolérance et solidarité dans une société de liberté sont à même d’accompagner les moments difficiles puis la renaissance du pays.
Mais se pose évidemment la question essentielle: comment le Centre peut-il se poser en force de gouvernement vu sa faiblesse, son morcellement, ses combats internes ridicules et ce, dans un climat d’affrontement idéologique exacerbé par la Droite et la Gauche et leurs extrêmes.
C’est évidemment le paradoxe du Centre français  de voir que ses idées et ses positionnements sont plébiscités par une majorité de la population mais que les partis centristes ne parviennent pas à être une force politique majeure.
Les Français élisent donc des partis de droite ou de gauche en souhaitant qu’ils feront une politique centriste et en espérant qu’ils prendront (en plus, quelques mesures clientélistes afin de grappiller quelques petits avantages…).
Mais il ne faut pas en conclure pour autant que la Droite et la Gauche font la politique du Centre, une fois au pouvoir. Leurs partis font une politique au centre c’est-à-dire une politique qui est un méli-mélo de tout et n’importe quoi, un peu de mesures à gauche, un peu de mesures à droite et des pâles copies de ce qui devrait être fait et ce qui serait fait par le Centre. Le tout en flattant leurs électorats respectifs.
Dès lors, ce dernier doit-il, devant la gravité de la situation, entrer au gouvernement et à n’importe quel prix?
Les partis centristes doivent demeurer extrêmement vigilants si l’on fait appel à eux.
Si, demain, il y a une coalition entre la Gauche et le Centre (avec François Bayrou), il faut absolument éviter que ce dernier ne soit qu’un alibi, une sorte de cache-misère de la Gauche comme le Centre l’a été de 2007 à 2012 avec Nicolas Sarkozy.
De même, si la Droite revient au pouvoir, le Centre (avec Jean-Louis Borloo), ne devra pas, à nouveau, n’être qu’un faire-valoir dont les membres seront plus préoccupés de garder leurs sièges d’élus nationaux que de défendre leurs idées.
Car si les partis centristes se décrédibilisent au pouvoir, il ne restera plus grand-chose à part les deux fronts…
Oui, le temps du Centre n’est sans doute pas loin si nous voulons sortir la France de cette situation intenable qui sent le soufre dans laquelle elle se trouve et sur laquelle tous les politiciens en quête de grand soir se penchent, tels des charognards prêts à s’emparer du pouvoir en décomposition.
Malheureusement, les partis centristes sont encore aux abonnés absents. Et s’ils sont les marginalisés de la vie politique, il faut aussi qu’ils s’en prennent à eux-mêmes et arrêtent d’incriminer tout et n’importe quoi à tout bout de champs comme le scrutin majoritaire (même si celui-ci doit être amendé) pour s’absoudre de leur incapacité à convaincre une majorité de Français de voter pour eux.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC

mardi 9 avril 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le rêve humaniste du Centre d’une société équilibrée


Il y a, bien sûr, le fameux rêve américain qui a façonné tant d’espoirs de vie meilleure dans le monde; il y a aussi le «modèle français» devenu dans la bouche de François Hollande, le «rêve français» qui consiste dans la mise en place d’une république sociale et égalitaire; il y a depuis peu le rêve chinois que veut promouvoir le nouveau numéro un du pays, Xi Jinping, dont le moteur, semble-t-il, est de ravivé l’utopie communiste par une vision purement nationaliste, un paradoxe de plus dans l’empire du milieu; il y a le projet, ne l’oublions pas, d’une fédération européenne que certains qualifient de rêve mais qui est en train de s’étioler, petit à petit, face à la résurgence des égoïsmes nationaux et des replis frileux devant une tâche pourtant si exaltante.
Et puis il y a le rêve humaniste du Centre d’une société basée sur l’être humain et érigée sur le principe du juste équilibre.
Ce rêve là est peut-être moins clinquant que les autres dans les images qu’il véhicule mais il propose moins de chimères et produira beaucoup plus de concret pour tous.
Son objectif, créer une communauté de personnes libres et responsables, respectueuses les unes des autres et où chacun pourra se réaliser en réalisant son projet de vie.
Rien de fantasmagorique, ici, mais plutôt cet espoir raisonnable d’une existence accomplie dans une société équilibrée.
Bien entendu, l’objectif n’est pas de promouvoir la morosité et la médiocrité d’une petite vie sans aspérités, c’est même le contraire. Il s’agit de libérer l’ensemble des potentialités réelles que nous avons tous en nous afin que chacun d’entre nous puisse vivre sa vie du mieux possible et, en retour, en faire bénéficier, d’une manière ou d’une autre, la communauté dans laquelle il vit.
L’important est de (re)partir de l’humain afin que renaisse cet envie et cet espoir, moteurs essentiels des grandes épopées de l’humanité, non pas de quelques uns mais de tous.
Car, en ces temps de grands doutes dans les pays avancés mais aussi de questionnement dans les pays émergents et de craintes dans les pays en développement, il nous faut retrouver cette confiance dans le présent et l’avenir qui seule peut permettre au genre humain de se dépasser et de mettre son intelligence et ses facultés au service le projet de construire la mondialisation humaniste, unique voie pour bâtir un monde de paix et de progrès.
C’est en portant ce rêve qui doit devenir réalité que les centristes apporteront leur pierre indispensable à l’édifice de l’humanité.

lundi 8 avril 2013

Une Semaine en Centrisme. L’exigence de la démocratie, notre devoir de responsabilité

Si l’économie française était en croissance et créait de nombreux emplois, si la classe moyenne voyait ses revenus augmenter et se sentait en sécurité, si la jeunesse pensait que ses rêves avaient des chances de se réaliser, si les Français se sentaient en confiance dans une France européenne capable de faire entendre sa voix et de proposer un vrai projet d’avenir tout en relevant les défis humanistes du XXI° siècle, alors l’affaire Cahuzac serait ce qu’elle est en grande partie, un fait divers affligeant d’un homme seul comme il y en a souvent.

Oui mais voilà, ce n’est pas le cas.

Alors, quand tout (ou presque) va mal du point de vue des citoyens, quand ils n’ont pas confiance dans le présent (et encore moins dans l’avenir), ce genre d’affaires cristallisent l’ensemble des frustrations, que les causes soient réelles ou non.

De même, lorsque les politiques n’ont que peu de résultats concrets à offrir et qu’ils sont contestés sur leurs compétences, les voilà qui nous parlent de ce qui leur tombe sous la main, aujourd’hui de la moralisation de la vie politique et même de la vie tout court.

Et ils sont relayés jusqu’à l’overdose par des médias où le superlatif est devenu le gage de l’engagement à dire tout la vérité, rien que la vérité que, bien entendu, ils sont les seuls à délivrer honnêtement.

D’autant que pour ne pas se faire doubler par tout ce qui circule sur la toile qui charrie tout et n’importe quoi, ils ont également choisi d’être les premiers à reprendre n’importe quelle info au lieu de se demander, d’abord, si elle est vraie ou, simplement, crédible.

A force de sondages dont les questions sont évidemment libellées en vue de conforter la thèse du «tout fout le camp» et du «tous pourris», la boucle est enfin bouclée: on vous a dit que tout allait mal et vous nous dites, en retour, tout va mal.

Fermer le ban.

Cela fait-il une crise de régime et, sœur Anne, voyez-vous venir une possible révolution?

Bien sûr, l’Histoire nous enseigne que le pire est toujours possible. Les ennemis de la démocratie libérale aiment ces atmosphères sombres.

Mais elle nous dit aussi que ceux qui crient au loup sont souvent ceux qui l’ont fait entrer dans la bergerie ou, même, les loups eux-mêmes déguisés en bons samaritains.

La «respectabilité» de Mélenchon, c’est le PS qui lui a donnée et la «banalisation» des thèses du Front national doit beaucoup à leur promotion par l’UMP.

Cependant, au lieu de nous tourner vers des boucs émissaires, si nous étions vraiment dans cette crise de régime, l’honnêteté serait de dire que les responsables, c’est nous tous!

Nous oublions un peu vite que nous vivons en démocratie et tous les élus de la république, oui, tous sans exception, l’ont été grâce à nos voix.

Un président de la république ne peut nommer un premier ministre qui nommera des ministres que parce qu’il a été élu par les Français au suffrage universel direct.

Jérôme Cahuzac est devenu député grâce aux électeurs de sa circonscription.

Oui, la démocratie c’est nous et cela nécessite autre chose que de mettre de temps en temps un bulletin de vote dans une urne ou de se plaindre par sondages interposés.

La démocratie, c’est un peuple responsable à tous les niveaux. C’est sa beauté mais aussi son exigence.

Si les Français sont écœurés par les politiques, il faut qu’ils le soient également par leurs comportements en la matière, par leur légèreté à élire n’importe qui, à ne pas s’investir suffisamment dans les rouages de la démocratie par le biais de tous les relais qui peuvent exister (partis politiques, syndicats, associations, etc.), en faisant confiance sans se renseigner, en n’étant pas assez mobilisés en tant que citoyens.

Cela ne veut pas dire que ceux qui sollicitent un mandat de leur part doivent être exonérés de leurs agissements lorsque ceux-ci sont irresponsables voire délictueux, bien au contraire.

Néanmoins, des citoyens passifs ne peuvent se plaindre d’être abusés car ils se sont abusés eux-mêmes.

Il ne s’agit pas de faire le travail des élus à leur place. Nous sommes dans un régime démocratique dit «représentatif» où nous donnons mandat à ces derniers pour qu’ils consacrent tout leur temps à administrer la société.

Non, mais nous devons sans cesse nous renseigner (sans information pas de démocratie) et contrôler leur action (sans contrôle du pouvoir pas de république).

C’est cela la démocratie républicaine représentative et participative que prônent le Centre et le Centrisme.

Rappelons enfin que la démocratie n’est pas un système figé mais qu’il évolue constamment et qu’il doit être réformé continuellement pour être adapté aux données du présent et qu’il doit anticiper souvent les évolutions futures.

Faire vivre la démocratie, c’est notre devoir d’hommes et de femmes libres.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

jeudi 4 avril 2013

L’Humeur du Centriste. Affaire Cahuzac: de la responsabilité, de la dignité et des Français

Au bal des faux-culs, il y a ceux qui tentent de profiter de l’affaire Cahuzac (UMP, Front national, Front de gauche et consorts) et ceux qui essaient de n’y être pas associés (PS essentiellement).
Tous parlent de «moralisation de la vie politique» alors qu’ils sont tous, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite en passant par la Droite, la Gauche et le Centre, dans cette vie politique depuis longtemps et qu’ils n’ont pas fait grand-chose pour la «moraliser», sans que l’on sache exactement ce que qu’ils veulent dire concrètement (le savent-ils, eux-mêmes, d’ailleurs…).
Et puis il y a les médias, notamment ceux qui font de l’info 24 heures sur 24, à la recherche constante d’un buzz quelconque, qui dramatisent à l’envie l’affaire en parlant d’onde de choc, d’affaire d’Etat et autres grands (gros) mots, un œil sur leurs taux d’audience respectifs.
Des journalistes dont certains oublient leurs manquements à leur mission d’information (et non de propagande) mais qui va leur demander d’être «moraux»…
Tous, en tout cas, prétendent parler au nom des Français qui seraient, selon eux, scandalisés et écœurés par la malhonnêteté du personnel politique auquel ils ne font plus confiance depuis des lustres avec la fameuse expression, «tous pourris».
Mais, au fait, de quoi parle-t-on, exactement? D’un ministre qui a caché son compte en Suisse puis a menti sur le fait d’en posséder un.
Un épisode éminemment affligeant et lamentable, oui certainement, de la part d’un élu de la nation qui plus est, a accepté le poste de ministre du budget...
Dans cette affaire, Jérôme Cahuzac n’a pas commis d’actes délictueux dans le cadre de sa fonction de ministre (son mensonge n’ayant eu aucune conséquence sur son action ministérielle).
De même, il n’y a pas eu mort d’homme, pas de détournement de fonds publics, pas d’enrichissement personnel sur le dos des contribuables, pas de trahison au profit d’une puissance étrangère ennemie, pas de complot contre la république.
Soyons donc un peu plus… humain.
Car personne de sensé ne peut demander au monde politique d’être composé de surhommes et de surfemmes, de super-héros qui seraient parfaits et au-dessus du peuple et de ses travers.
D’ailleurs, ceux qui se sont prétendus comme tels, comme Cromwell ou Robespierre, n’ont été que des despotes qui ont fait régner la terreur au nom, justement, d’une perfection impossible à atteindre (et qu’ils étaient loin d’atteindre eux-mêmes).
Que celui qui n’a jamais fauté lance la première pierre disait Jésus dans une de ses interpellations les plus fortes à une populace qui allait lapider une femme accusée d’adultère.
Le mensonge en politique comme dans la vie de tous les jours est une réalité. Et il est, non seulement, impossible à éliminer totalement mais il peut même remplir une fonction sociale et permet parfois de nous protéger de l’extérieur.
Et puis, il ya mensonge et mensonge. Celui qui nous fait dire à une mère que son enfant est très beau alors que nous n’en pensons pas un mot n’est pas de même importance que celui qui affirme que les juifs ou les noirs sont des sous-hommes.
Mentir sur la détention d’un compte en Suisse (ou à Singapour…) n’est évidemment pas aussi condamnable que mentir sur le détournement de millions d’euros d’argent public.
Pour autant, il n’est pas question d’excuser monsieur Cahuzac et il est tout à fait normal qu’un politique qui ment, perde la confiance de la population.
C’est pour cela que Bill Clinton, alors président des Etats-Unis, avait été aussi critiqué lors de l’affaire Monica Lewinsky (son adultère avec une stagiaire de la Maison blanche).
Non pas parce qu’il avait trompé sa femme (ce qui est une affaire privée) mais parce qu’il avait, devant les Américains, juré qu’il ne l’avait pas fait.
Evidemment, la faute de Clinton n’avait aucune incidence sur ses capacités à gouverner son pays et l’on pouvait comprendre son aversion à déballer le linge sale de son couple devant les caméras du monde entier d’autant que les groupes d’extrême-droite avaient décidé d’avoir sa peau.
Avec Jérôme Cahuzac, c’est un peu différent. Membre du Parti socialiste et ministre du budget qui, en plus, demandait un effort sans précédent aux Français pour qu’ils se serrent la ceinture, la détention d’un compte caché pour ne pas avoir à payer d’impôts est nettement plus grave politiquement parlant.
Oui, Jérôme Cahuzac doit être sanctionné judiciairement et politiquement pour ce qu’il a fait et pour ses mensonges. Néanmoins, il se révèle avant tout plus minable et pathétique qu’autre chose, incapable d’avoir de la responsabilité et de la dignité, surtout d’être à la hauteur de sa charge d’élu du peuple et de ministre de la république vis-à-vis des Français.
C’est bien là que se trouve le nœud du problème dans la responsabilité et la dignité - deux valeurs centristes par excellence - que toute personne doit porter avec elle dans son existence et en tant qu’être libre dans un régime démocratique.
Une responsabilité et une dignité qui se traduit dans le respect que nous devons aux autres.
Si Jérôme Cahuzac les avait eues et avait respecté les autres, il n’en serait pas là.
Cependant, aucune loi, aucun serment sur l’honneur ne permettront de faire de tous les politiques des personnes respectueuses.
C’est dans ce que nous attendons, nous tous, de la politique et de ceux qui décident de s’y investir, que se trouve en grande partie la solution.
Non seulement pour ne plus croire les promesses intenables et les discours démagogiques que nous savons tels mais également pour ne pas nous en remettre à ceux qui les tiennent en les élisant ou en leur faisant confiance les yeux fermés.
Oui, la démocratie républicaine est un combat. Oui, elle peut exister que si l’on paye le prix de la liberté.
Celui-ci est fait de la responsabilité et de la dignité de chacun de nous.
C’est ce qui nous élève et nous donne de grandes gratifications.
Quand nous y renonçons, nous permettons à tous les aventuriers de la politique de nous berner.
Nous pouvons décider que ce prix est trop élevé, que c’est un fardeau et nous en remettre à ces aventuriers qui, un jour ou l’autre, ouvrirons la porte à d’autres bien plus dangereux qui nous conduiront à des régimes autoritaires et despotiques qui nous considèrent comme des gens irresponsables et incapables de prendre notre destin en main.
Avant de tomber dans cette renonciation, regardons autour de nous, dans ce monde où la démocratie est si rare et où la liberté est un bien si cher à tous ceux qui ne l’ont pas.
Maintenant, au-delà de l’aspect judiciaire de l’affaire (l’illégalité de la détention d’un compte non-déclaré en Suisse), c’est aux Français de sanctionner politiquement monsieur Cahuzac.
A nous d’avoir aussi le sens du ridicule en ne réélisant plus des hommes et des femmes politiques qui nous avaient menti …
Centristement vôtre.

Le Centriste

mercredi 3 avril 2013

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. La vocation du Centre: ne pas tout attendre de la politique



Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

Il peut sembler paradoxal ou même incongru d’associer une famille politique à l’idée qu’il faut relativiser la politique et pourtant il est nécessaire aujourd’hui de mener résolument cette réflexion. Au lendemain des aveux de Jérôme Cahuzac, il me semble clairement établi que la morale est au fondement de la politique, ce qui déjà relativise cette dernière. Je voudrais argumenter brièvement en trois points: La logique de la volonté générale est dangereuse, la Révolution française a créé la division Droite-Gauche qui fige la vie politique, le Centre incarne la figure du juste milieu qui relativise les mythologies néfastes.
I - La logique de la volonté générale
Nous savons que cette idée vient de Rousseau. Dans Le contrat social, il tente de transposer le contenu de la souveraineté politique, du roi au peuple. Etant donné que dans sa représentation mentale, la souveraineté ne peut être divisée ni partagée, il forge le donné mythologique qu’il appelle «volonté générale». Elle est dans son esprit, différente de la volonté majoritaire et même de la volonté de tous. Elle exprime l’unité du peuple qui n’a qu’un vouloir. Le danger est que cette logique soit porteuse d’un potentiel totalitaire qui va se trouver actualisé sous la Révolution française, prenant la forme de la terreur. Explicitons le mécanisme mortifère qui se met alors en place: si la volonté est générale, elle n’a pas d’adversaire. Elle ne peut avoir que des obstacles qui n’ont aucune bonne raison d’exister. Par conséquent les opposants sont automatiquement jugés comme étant extérieurs au corps social et ennemis du peuple. Ce mécanisme a prouvé sa capacité mortifère en engendrant la terreur sous la Révolution française et le léninisme en Russie et ailleurs.
II - La mythologie a fait son temps.
La Révolution française a développé cette logique de la volonté générale qu’elle a d’ailleurs recouverte par une autre, celle de la souveraineté des représentants du peuple. Il faut savoir en effet que Sieyès a donné aux représentants du peuple le seul véritable exercice de la souveraineté, celui de l’assemblée. La Gauche française et c’est là le point important, a pensé et pense toujours la vie politique comme affrontement du bien et du mal, le bien étant incarné par elle. François Furet, grand historien de la Révolution et du siècle qui l’a suivie a bien montré que le champ politique forgé par la Révolution étant finalement, provisoire et qu’il avait perdu toute crédibilité après l’effondrement de l’Union soviétique et la promotion de l’Etat de droit. Mais la Gauche française continue  de mettre sa vision du monde sous la bannière de l’égalitarisme qui fait actuellement des ravages fiscaux et autres sous le gouvernement Ayrault. Va-t-il en rabattre avec les aveux de Cahuzac? On peut en douter.
III - Le juste milieu
On dit souvent que le Centre incarne le juste milieu. Je pense que c’est profondément vrai au sens où c’est sa vocation. . Le milieu ne désigne pas ici l’égale distance, mais la position qui se construit en rejetant deux logiques néfastes. Celle de la Gauche a été décrite dans les lignes qui précèdent. Il faut donc en finir avec la mythologie issue de la Révolution française qui oppose le camp du bien au camp du mal. Mais il faut en finir également avec la logique de la droite dure qui considère que le cynisme et le machiavélisme sont des bons moyens de gouvernement.
La France a besoin d’une société civile forte qui cantonne la politique dans les limites de l’Etat de droit et de la morale, oui de la morale. En ce sens, les décisions de ces derniers jours: la pilule gratuite pour les mineures de 15-18 ans et le remboursement à 100% de l’avortement sont des signaux très négatifs qui s’ajoutent au mariage homosexuel. Décidemment la Gauche n’a pas compris ce qu’est l’exigence morale. Quand on se réclame du «bien», c’est fâcheux!
Jacques Rollet