vendredi 8 février 2019

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Centrisme et le populisme, l’impossible convergence

Le Centrisme est un humanisme du juste équilibre.
Le populisme est un radicalisme de l’excès.
Ces deux définitions lapidaires montrent leur impossible convergence, hier, aujourd’hui et demain.
Et ceux des centristes qui prennent des accents populistes pour surfer sur la vague actuelle des revendications irresponsables et démagogiques de mouvements foule qui essaiment à travers la planète jouent un jeu dangereux, pas pour eux-mêmes, mais pour l’avenir de la démocratie républicaine libérale dont ils se doivent, au regard des valeurs qu’ils devraient défendre sans dévier, être les garants.
Cependant, il faut bien s’entendre sur l’opposition irréversible entre le Centrisme et le populisme.
Il ne s’agit pas d’une opposition entre élite et peuple «d’en bas».
Il ne s’agit pas, non plus, d’une opposition entre liberté et égalité.
Il ne s’agit encore moins d’une opposition entre méritocratie et solidarisme.
Il s’agit avant tout d’une opposition entre une pensée hautement respectueuse de la dignité de l’autre et de la responsabilité de soi et une idéologie où la haine, l’envie et l’irresponsabilité sont les émotions et les comportements qui dominent ceux qui s’y rallient dans la rue, sur les plateaux télés ou en adhérant dans des formations politiques qui en font leur fonds de commerce.
Quand des individus se prétendant centristes épousent la cause du populisme ou soutiennent ses revendications les plus démagogiques et poujadistes, ils tournent le dos à cette volonté de consensus et de juste équilibre qui doit animer leur agir et leurs propos.
Quand les ennemis du Centre présentent ce dernier comme une idéologie «d’en haut» qui n’aurait aucune compassion pour tous ceux qui ne réussissent pas ou qui ont du mal à s’intégrer, ils n’ont certainement pas lu tous les penseurs centristes qui ont parlé de cet impératif moral qui est d’aider tous ceux qui sont fragilisés pour leur permettre, in fine, de retrouver la confiance en eux et pour réussir leur projet de vie.
De même, ils n’ont toujours pas compris ce qui anime les centristes: ce qui marche pour construire la meilleure société possible où l’on puisse donner le plus de ce que l’on peut à chacun tout en servant tout le monde.
Ainsi, les centristes ne sont pas idéologiquement pour qu’il y ait des riches, voire des très riches.
Mais ils savent, en revanche, qu’une des motivations pour qu’une personne entreprenne, c’est la volonté de reconnaissance qui passe très souvent par la réussite matérielle.
Dès lors, la liberté d’entreprendre qui est à la source de toutes les sociétés qui ont permis à leurs populations un bien-être matériel, permet à ceux qui créent des centaines, des milliers, voire des dizaines de milliers d’emplois, c'est-à-dire qui font vivre des centaines de milliers de personnes, de s’enrichir.
On peut trouver légitimement que la répartition actuelle de la richesse est mauvaise et qu’il faut se mettre d’accord au niveau mondial (sinon cela ne marchera pas) sur un changement de paradigme en la matière.
Néanmoins, ceux qui prônent un égalitarisme des rémunérations savent que cela ne marche pas et n’a jamais marché pour faire fonctionner correctement l’économie, tuant dans l’œuf toutes les volontés de se dépasser pour une grande majorité de personnes (qu’on regrette ou non cet état de fait).
Si nous vivons, en France et en Europe, dans des sociétés, certes imparfaites, qui ont permis des avancées extraordinaires dans l’hygiène, la santé, l’alimentation, les loisirs, les sciences, l’espérance de vie, la liberté, l’éducation, l’information, etc., c’est grâce à la démocratie républicaine libérale.
Quand on compare ce bilan au fiasco des régimes fasciste et nazi de l’Italie et de l’Allemagne, au régime communiste de l’URSS et de Cuba, aux régimes populistes comme celui qui est en train de tuer et d’affamer sa population au Venezuela, comme l’on dit familièrement, il n’y a pas photo!
Alors, oui, le Centre et le Centrisme vont continuer à s’opposer au populisme et à la démagogie, au radicalisme et à l’extrémisme parce qu’il sait où les aventures que ces derniers proposent peuvent nous conduire et nous ont déjà conduits.
Mais, oui, le Centre et le Centrisme vont également et surtout continuer à demander que la société évolue et se réforme pour qu’elle progresse dans tous les domaines afin de proposer la meilleure vie possible à tous ses membres.


Une Semaine en Centrisme. Quand l’UDI veut recréer… l’UMP!



Dans son opération survie, l’UDI croit avoir trouvé la formule miracle: devenir le parti qui unit les centristes et les droitistes.
Cela ne vous rappelle rien?
C’était le projet de l’UMP créée en 2002 par Alain Juppé et par la volonté de Jacques Chirac…
Une initiative qui avait séduit plusieurs centristes mais pas les membres de l’UDI et son président, Jean-Christophe Lagarde, qui avaient refusé de rejoindre la nouvelle formation préférant demeurer dans l’UDF.
Et quand ces mêmes membres quittèrent François Bayrou en 2007 au moment où celui-ci forma son Mouvement démocrate, ils ne rejoignirent pas l’UMP mais créèrent le Nouveau centre.
Et, quand en 2012, après l’élection de François Hollande à l’Elysée, ils n’allèrent toujours pas à l’UMP mais rejoignirent Jean-Louis Borloo à l’UDI, dans une «fédération» de partis qui regroupait surtout des centristes et quelques droitistes.
Et après la présidentielle de 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron, l’UDI ne rejoignit pas LR (alors même qu’elle avait soutenu jusqu’au bout son candidat controversé, François Fillon) mais tenta de s’allier avec les dissidents de la formation de droite qui avait succédée à l’UMP (et qui ont fondé Agir, parti avec lequel l’UDI a formé un groupe à l’Assemblée nationale).
Car, dans le discours de l’UDI, l’indépendance centriste n’était pas négociable et un rassemblement entre Droite et Centre aurait eu pour effet de diluer ce dernier dans la première, ce qu’a d’ailleurs très bien montré les années de fonctionnement de l’UMP (on peut considérer qu’actuellement il n’y a plus de centristes à LR avec sa radicalisation populiste et son suivisme de RN).
Qu’est-ce qui a changé et qu’est-ce qui pousse les dirigeants de l’UDI a opéré aujourd’hui un virage à 180 degrés?
Tout simplement la nécessité de la survie doublée d’un opportunisme que tous les adversaires internes et externes de Lagarde ont un jour ou l’autre dénoncé.
Tout a commencé dès après la présidentielle où l’UDI s’est retrouvée dans une situation des plus délicates avec sa position d’opposante au pouvoir centriste alors même qu’elle revendique cette appellation.
Il fallait donc que l’UDI trouve un positionnement pour justifier son existence tout court mais aussi sa décision de ne pas rejoindre la majorité présidentielle.
Une opposition qui est devenue de plus en plus frontale et qui, désormais, est sa marque distinctive avec sans cesse des diatribes contre la Président de la république, son Gouvernement et sa majorité.
Mais cela ne fait pas forcément un positionnement politique cohérent et crédible.
Dès lors, il fallait ratisser large.
Du côté de la Gauche, ce n’était guère possible.
De même que du côté du Centre (où c’est plutôt l’UDI qui a fait les frais de la victoire de Macron avec le départ d’un important contingent de ses militants et élus vers LREM).
Restait donc d’aller voir du côté de la Droite.
Et, le 17 mars 2018, lors de son premier congrès depuis sa création cinq ans plus tôt (sic!), l’UDI devenait officiellement le parti du centre et de la droite de progrès».
Depuis, c’est sur cette volonté de représenter une partie de l’espace central que la formation de Lagarde joue sa survie avec cette idée que la droitistes modérés ne peuvent demeurer dans LR qui se rapproche de plus en plus d’un parti de droite extrême et qu’il est possible de récupérer nombre de centristes qui seraient déçus de la présidence d’Emmanuel Macron.
Voilà pour l’opportunisme qui explique le discours musclé anti-Macron qui sort sans cesse de la bouche des responsables de l’UDI.
Sans oublier d’ajouter que la volonté de l’UDI d’être la nouvelle UMP serait, dans le raisonnement de ses dirigeants et de Lagarde, la possibilité pour la composante centriste d’être l’élément hégémonique face à celle droitiste, une sorte d’UMP renversée…
Le test grandeur nature de cette nouvelle stratégie aura lieu en mai prochain lors des élections européennes où l’UDI envers et contre toute logique, présente sa propre liste avec, à sa tête, son président.
Rappelons que la formation centriste avait refusé de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2017 de peur de se ridiculiser avec un score très bas alors même que tout parti qui veut réellement exister dans la V° République se doit d’avoir un représentant lors de cette échéance électorale.
Mais l’éventualité d’un flop encore plus humiliant la guette dans quatre mois puisque les sondages ne donnent à l’heure actuelle que 3% des intentions de vote à sa liste, c'est-à-dire qu’elle serait bien remboursée de ses frais de campagne mais n’aurait aucun député élue au Parlement européen alors même qu’elle affirme partout qu’elle est la plus européenne de toutes les formations françaises…
Une claque pour le «rassemblement» que ses dirigeants voudraient voir autour d’eux et qui n’a pas le plus petit début de commencement.
Si cette défaite se matérialise, il n’est pas du tout sûr que cela porte un coup fatal à l’UDI qui n’est, en réalité, qu’un cartel électoral.
En revanche, il sera beaucoup plus difficile à Jean-Christophe Lagarde de se relever d’un échec qui sera d’abord personnel.
C’est sans doute la raison de son agressivité actuelle contre eux à qui iles tentent de piquer des électeurs, Emmanuel Macron et Laurent Wauquiez.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC