dimanche 14 juin 2020

Actualités du Centre. Espagne – Ciudadanos à nouveau au centre du jeu politique


Inès Arrimadas
L’ère Alberto Rivera refermée suite à la catastrophe électorale des dernières législatives et la nouvelle donne imposée par les conséquences de l’épidémie de la covid19 couplés avec la nécessité de trouver une place sur l’échiquier partisan pour ne pas disparaitre ont amené la nouvelle dirigeante de Ciudadanos, Inès Arrimadas a remettre le parti au centre de la vie politique espagnole.
L’ancienne bras droit de Rivera a ainsi renoué avec les racines centristes libérales de Ciudadanos qui avait été, non pas abandonnées comme l’ont prétendu ses adversaires, mais mises en sourdine devant les défis que l’Espagne devaient affronter selon le fondateur du parti: la montée en puissance des indépendantistes notamment catalans, la progression de l’extrême-droite et la coalition qui se préparait alors et qui s’est réalisée entre les socialistes du PSOE et l’extrême-gauche populiste de Podémos avec le soutien à géométrie variable de certains partis nationalistes et indépendantistes.

Cette stratégie a été un fiasco, les électeurs n’y voyant là qu’une dérive droitière et une intransigeance de plus en plus forte de Rivera, brouillant l’image centriste de Ciudadanos.

L’Histoire dira si ce dernier avait raison de sonner le tocsin et de se mettre dans une sorte de résistance au démantèlement du pays et à la montée des populismes radicaux et démagogiques sans oublier une nouvelle jeunesse du franquisme.

Toujours est-il qu’après que Rivera ait décidé d’abandonner la vie politique, Ciudadanos s’est retrouvé avec à peine dix députés (contre 57 précédemment) alors même que le parti centriste avait été donné gagnant des prochaines législatives un an auparavant dans quelques sondages des législatives!

Dès lors, il fallait pour les centristes trouver à nouveau leur place dans un paysage politique qui était devenu au fil du temps bipolaire avec la Droite conduite par le Parti populaire (PP) et la Gauche par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), une place qui était la grande réussite de Rivera, il ne faut pas l’oublier.

C’est à cette tâche que s’est attelée Inès Arrimadas avec une nouvelle option, celle d’être une sorte d’entre-deux entre le PP et le PSOE tout en redonnant une visibilité aux thèmes économiques et sociaux de Ciudadanos.

Cette stratégie en est à ces débuts et reste donc à voir si elle va donner des résultats probants ou si le parti n’a pas été définitivement coulé par son obsession anti-indépendantiste qui a notamment empêché Rivera de faire une coalition avec le PSOE avant les dernières législatives.

Ainsi Ciudadanos, tout en gardant ses alliances locales avec le PP (et ses listes communes pour les prochaines élections régionales), s’est rapproché de la majorité gouvernementale en votant plusieurs textes présentés par le Premier ministre Pedro Sanchez, notamment dans le cadre de la crise sanitaire et de tous ses développements économiques, sociaux et sociétaux.

Un Sanchez pas mécontent de trouver des appuis au centre pour ne pas se retrouver en tête-à-tête constant avec Podémos de Pablo Iglésias.

L’idée d’Arrimadas, sur le court terme, est de ne pas laisser l’Espagne s’enfoncer dans une récession qui pourrait être d’une très grande ampleur et d’apporter les voix de son parti à des mesures gouvernementales qui iront dans le bon sens et ceci malgré la présence de l’extrême-gauche au pouvoir et du soutien de certains indépendantistes à Sanchez.

A plus long terme, il s’agit de redonner la crédibilité nécessaire à Ciudadanos afin de permettre au parti centriste de redevenir un acteur majeur de la politique espagnole.