jeudi 27 novembre 2008

Actualités – France


Hervé Morin traite François « d’imprécateur médiatique » « égaré en rase campagne »


Dans une interview donnée au quotidien Le Figaro, le président du Nouveau Centre et ancien numéro deux de l’UDF s’en prend à la politique de son ancien patron, François Bayrou. Extraits.

François Bayrou a appelé les déçus du PS à le rejoindre. N'est-il pas le mieux placé pour profiter de la crise au PS ?

Ces appels démontrent que François Bayrou a besoin du PS. Le MoDem est devenu en peu de temps une petite fraction de l'opposition, aux côtés du PS. C'est une trahison de l'idéal centriste. C'est parce que j'ai refusé cette stratégie qu'au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle j'ai créé le Nouveau Centre. Le puzzle politique de 2012 commence déjà à se constituer.

En choisissant l'alliance avec le PS, François Bayrou s'est coupé de l'électorat du centre droit et a dévoyé nos valeurs communes. François Bayrou s'est égaré en rase campagne. Scrutin après scrutin, il accumule les revers électoraux : les élections municipales à Pau, l'échec total aux sénatoriales. À Arcachon, le score du candidat MoDem à la législative partielle, qu'il est venu soutenir en personne, ne dépasse même pas 3,7 % ! Sans élus et sans électeurs, le MoDem est moins un parti d'opposition qu'un groupe d'opposants animé par un imprécateur médiatique. François Bayrou est devenu un berger sans troupeau, sans élus et sans électeurs. Il n'a plus le choix de ses alliances et se rapproche de ceux qui l'ont fustigé pendant tout le congrès de Reims.

Dans ce contexte, quelle peut être la stratégie du Nouveau Centre ?

Le Nouveau Centre incarne le centre et le centre droit en faisant valoir les thèmes qui lui sont chers : l'idéal européen, la défense de toutes les libertés, la justice sociale et le respect de l'individu. D'ailleurs, ces valeurs sont la clé de voûte du projet économique que nous présenterons samedi, lors du conseil national du Nouveau Centre : notamment permettre aux PME d'embaucher trois salariés exonérés de cotisations employeurs pendant trois ans ou favoriser la relance des investissements des collectivités locales qui ont de nombreux projets dans leur tiroir qu'elles peuvent lancer rapidement.

Présenterez-vous des listes autonomes aux élections européennes ?

Nous restons fidèles à l'héritage des pères fondateurs de l'Europe : Jean Monnet, Robert Schuman et, après eux, Valéry Giscard d'Estaing et Simone Veil. Nous voulons porter cet idéal européen au sein de la majorité présidentielle. Le Nouveau Centre sera au rendez-vous de cette échéance électorale majeure.

Le sénateur centriste Jean Arthuis vous reproche de ne pas assez faire entendre votre différence par rapport à l'UMP.

Le Nouveau Centre est dans la majorité. Mon mouvement a fait entendre sa voix à plusieurs reprises, en demandant l'abandon du fichier Edvige ou en réclamant le plafonnement global des niches fiscales. Jean Arthuis et moi-même avons en commun de vouloir faire revivre la famille centriste. Il faut maintenant que nous travaillions ensemble.

Propos recueillis par Anne Rovan

© 2008 Le Figaro

Actualités – France

François Bayrou choisit une stratégie de gauche et d’opposition systématique


François Bayrou, qui ambitionne d’apparaître comme le principal opposant à Nicolas Sarkozy, cherche à occuper le créneau laissé vacant par un Parti socialiste tout à sa guerre interne. Face à un PS «coupé en deux», le président du Mouvement Démocrate réaffirme sa volonté d’attirer à lui des électeurs socialistes déçus : «il faut que tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans l’action du pouvoir actuel et de Nicolas Sarkozy aient un espoir», qui ne peut «visiblement» pas venir du PS, en «bout de cycle et en décomposition grave». «Je me sens une responsabilité d’offrir un espoir, des idées et un rassemblement possible à ces millions de Français qui cherchent et ne trouvent plus et s’en désespèrent». «Il faut une alternative au pouvoir actuel. Cette alternative, elle doit être proposée et exprimée aux Français, et elle impliquera des rassemblements. C’est une idée si simple qu’on s’étonne que ça fasse l’objet de polémiques internes au PS». «J’ai apprécié que Ségolène Royal accepte l’idée de faire bouger les lignes un jour», a-t-il souligné, en allusion aux propositions d’ouverture au centre de l’ex-candidate socialiste à la présidentielle. «Je n’ai pas oublié que Martine Aubry à Lille a accepté et voulu un accord avec des gens qui sont très bien, et qui sont très bien dans la majorité municipale de Lille.»

«A court terme, le spectacle donné aujourd’hui par le parti socialiste et l’idée qu’il ne remplit plus ses fonctions d’opposant ne peut qu’être bénéfique à François Bayrou, comme d’ailleurs à Besancenot ou aux Verts» estime François Miquet-Marty, directeur de l’institut de sondage Viavoice. Selon lui, le Modem peut en tirer profit aux européennes, car «il a un discours clair sur l’Europe, ce qui n’est pas le cas du PS, au moins depuis 2005, et il y a des électeurs qui sur ces enjeux-là peuvent facilement passer du Parti socialiste au MoDem». «A moyen terme, c’est plus compliqué. Si le parti socialiste évolue en deux pôles, Ségolène Royal sera davantage positionnée sur ce créneau central, où Bayrou ne sera plus seul».