dimanche 27 septembre 2009

Une semaine en centrisme: Y a-t-il un pilote dans l’avion de l’Alliance Centriste?

Mais pourquoi donc Jean Arthuis a-t-il créé un parti dont, en plus, il a pris la présidence? Cette question, de plus en plus de politologues qui se penchent sur l’Alliance Centriste, commencent à se la poser sérieusement. D’autant que l’intéressé leur donne du grain à moudre. Pas de déclarations, pas de prise de position, pas une seule référence à l’Alliance Centriste sur son blog et son site internet, aucune mention à celle-ci quand il donne une interview dans la presse, tout est fait pour cacher l’appartenance du sénateur de la Mayenne au parti qu’il a créé.

Selon Jean Arthuis lui-même ceci procède d’une volonté de définir d’abord un programme puis de faire vivre le parti et proposer des candidats aux différentes élections. Fort bien. Mais on peut alors se poser la question de savoir pourquoi il a créé un parti avant d’abord ledit programme d’autant qu’il avait un outil à sa disposition, l’association Rassembler les Centristes qu’il a justement transformée en Alliance Centriste.

Il n’y a pas que du négatif à vouloir se présenter devant les électeurs avec un vrai programme, bien au contraire. D’autres, comme François Bayrou, ont choisi le processus opposé ce qui n’a pas clarifié pendant longtemps le positionnement du Mouvement démocrate avant que son leader soit bien obligé de dire qu’il était désormais à gauche de l’échiquier politique. Néanmoins, le déroulé naturel de la création d’un parti politique procède d’une volonté de proposer aux électeurs une vision politique particulière. Donc, d’abord les idées et ensuite l’outil pour les faire vivre. On a nettement l’impression que Jean Arthuis a fait le contraire, a mis la charrette avant les bœufs. Ou, à tout le moins, que la création du parti s’est faite sur une seule idée, réunir les Centristes dans une seule structure qui, d’ailleurs, ne serait pas forcément l’Alliance Centriste mais une nouvelle formation, voire une confédération. Cependant, créer un parti sur ce seul but semble démesurer. On en revient à l’idée que Rassembler les Centristes étaient bien la structure nécessaire et suffisante à cette entreprise et que la création d’un parti politique ne se justifiait pas à ce stade là.

Néanmoins, l’Alliance Centriste répond bien à une nécessité du point de vue du Centre. En effet, jusque peu, il n’y avait plus de formation du Centre stricto sensu. Il y a des formations de centre-droit, le Nouveau Centre en tête mais aussi le Parti radical. Il y a des formations de centre-gauche, le Mouvement démocrate, les Radicaux de gauche et la gauche moderne. Seule l’Alliance Centriste se veut une formation du Centre. Et dans ce paysage centriste totalement fragmenté, ce parti a une carte à jouer et un espace à occuper. Or, Jean Arthuis a choisi de ne pas communiquer, nerf de toute stratégie politique, et l’Alliance Centriste est en train de passer à côté de sa mission de réunir les Centristes.

Ce n’est pas l’avenir de l’Alliance Centriste qui est important dans ce cadre – on trouvera bien une autre formation de rassemblement - mais bien celui du Centre. Et cela impose plus de volonté que l’on en perçoit chez les dirigeants de l’Alliance Centriste, leur président en tête. Les semaines à venir devrait révéler quelles sont leurs réelles capacités à mobiliser les Centristes. Sinon l’Alliance Centriste ne sera qu’un groupuscule de plus qui disparaîtra dans le marais qui occupe en ce moment la place du Centre.


Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC