jeudi 28 janvier 2021

Propos centristes. France – Lien avec les Etats-Unis; politique écologique du gouvernement; écoles doivent rester ouvertes; proportionnelle; égalité professionnelle homme-femme; emploi; protection animale…

Voici une sélection, ce 28 janvier 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.


► Emmanuel Macron (Président de la République)

31 juillet 1944. Un grand convoi prend la destination du camp d’Auschwitz depuis Drancy. Il porte le numéro 77. À son bord, 1309 enfants, femmes et hommes. Ils seront pour la plupart exterminés. Pourquoi ? Parce qu'ils étaient Juifs. Ce convoi fut le dernier. 2021. En France, en Allemagne, en Europe et autour de la Méditerranée, des élèves réalisent ensemble les biographies des déportés. C'est le projet Convoi 77. Pour ne jamais oublier. Avec le Président Steinmeier, j’ai décidé de mettre leurs travaux à l’honneur prochainement.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

- Les premiers gestes de l'administration américaine sont des gestes qui marquent un retour des USA au multilatéralisme : les accords de Paris, l'OMS, les accords de Vienne sur le nucléaire iranien.

- [Répression de Navalny et des manifestants en Russie] J'ai parlé d'une dérive autoritaire inquiétante du pouvoir russe et j'assume devant vous cette déclaration.

- [Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN)] La France n'a pas participé aux négociations de ce traité et la France n'adhérera pas à ce traité.

 

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)

- Oui notre planète souffre. Mais le changement est là. Chaque jour l’écologie avance.

[MaPrimeRénov] 190 000 demandes ont été enregistrées en 2020 ! Un vrai succès qui nous met sur le bon chemin pour rénover les passoires thermiques en France.

- Jamais l’option d'un mix électrique qui tend vers le 100 % renouvelables n’a été autant approfondie : l'IEA [Agence internationale de l’énergie] et RTE [réseau de transport d’électricité en France] en confirment la faisabilité technique. C'est une base objective précieuse pour les futures décisions sur notre avenir énergétique. (…) On est dans un moment copernicien.

- [Avenir de l’énergie nucléaire]  Aucune décision ne sera prise avant la fin du quinquennat. Nous devons avoir plusieurs options: si on se concentre sur une seule solution, on sera fort dépourvus en cas de problème. Il ne faut pas s’enfermer dans un corner. Grâce à ce rapport, on entre dans un débat rationnel et documenté. On ne pourra pas nous accuser d’être dans un débat idéologique.

- On peut lutter, on doit lutter ! Au regard des constats terribles, soit on baisse les bras, soit on se dit qu'on ne peut pas et qu'il faut se battre, chacun à sa place. Il y a ceux qui alertent, informent, et d'autres qui sont là pour essayer de faire bouger les choses… (…) Le jour où je serai désespérée et me sentirai impuissante, j'arrêterai. Mais je suis extrêmement combative, j'ai, chevillée en moi, cette foi qu'il y a urgence à avancer. Oui, il y a des lobbys, mais ils ne gagneront que s'il n'y a personne en face. Certains sont focalisés sur le court terme et se disent qu'on ne va pas s'en sortir, mon travail est de trouver des solutions, de convaincre du contraire. Et ça commence à bouger. Des entreprises se rendent compte qu'elles peuvent mourir si elles ne prennent pas ce virage de la transition écologique. C'est l'opportunité de trouver un autre mode de développement qui créera aussi des emplois. L'industrialisation de l'agriculture, par exemple, a vidé les campagnes. En recréant une agriculture plus respectueuse de la nature, on peut inverser les choses.

- Sur de nombreux sujets, nous avançons ensemble avec le ministre de l'Agriculture. Mais son enjeu est aussi de convaincre le monde agricole d'accélérer sa mue vers un modèle plus écologique sans laisser d'agriculteurs sans solution, et ça, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a le poids du passé, l'inertie, les vieux modes de fonctionnement qu'il faut tordre… Même dans ce ministère, la commande publique n'est pas assez écolo…

- Si c'est pour aller chercher du bio en Amérique du Sud, non. Moi, je veux du bio local. Et pas qu'au ministère. On a fait entrer le bio dans toute la restauration collective publique et grâce à la Convention citoyenne, il y aura bientôt 5 % de produits de qualité dans toute la restauration collective.

- On va mettre en place un chèque alimentaire pour que les gens le plus en difficulté puissent acheter des produits bios, locaux et de qualité.

- D'ici quelques années, les emballages plastiques auront disparu. Nous avançons sur ce point, avec l'obligation, par exemple, de vendre des produits en vrac. (…) Si on le fait du jour au lendemain et qu'ils n'ont pas de solution, on met les gens en difficulté… Ils y travaillent et expérimentent. Déjà, depuis le 1er janvier, on ne peut plus vendre de pailles ni de cotons-tiges ni de couverts ou d'assiettes en plastique. (…) On a interdit en moins de deux ans les dix produits en plastique les plus présents dans nos mers. On peut dire que ce n'est pas assez, mais il fallait le faire. Et c'est fait.

- Je ne suis pas végétarienne, j'aime bien la bonne viande, mais je fais très attention à ma consommation et je mange le moins possible de viande industrielle. (…) Manger de la viande n'est pas choquant en soi. La question est d'en réduire notre consommation et de privilégier la viande de qualité.

- Avec la 5G, beaucoup voudront changer de portable. Or, le poids environnemental du numérique est croissant et les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre du numérique sont liés au matériel. Ne pas remplacer son téléphone s'il fonctionne encore ou bien acheter des produits reconditionnés, c'est un geste pour la planète. C'est ce que j'ai fait.

- Il faut arrêter de faire peur aux gens, de voir la menace climatique uniquement comme une source d'angoisse. J'ai une fille de 17 ans, je ne peux pas en tant que maman lui dire que dans dix ans ce sera pire et qu'elle aura une vie horrible. Je dois lui dire : le réchauffement, on est en train de s'en occuper parce qu'on veut te construire une belle vie.

- Cette crise est en train de faire basculer les choses. Des scientifiques ont montré que les atteintes à la biodiversité, et notamment la déforestation et les trafics d'espèces, favorisent les pandémies. Ça doit être une incitation forte à agir. On ne peut pas passer notre vie à subir les crises et à courir derrière elles. Il faut qu'on anticipe.

- On a une stratégie sur la déforestation importée. On a d'ailleurs refusé de s'allier avec le Brésil sur les accords commerciaux pour cette raison. On a refusé de signer l'accord avec le Mercosur! On peut dire que ce n'est pas assez, mais si. Enfin, le commerce international tient compte du climat.

- Il y a cinq ans, avant l'accord de Paris, jamais on n'aurait alors envisagé d'arrêter des liaisons aériennes quand il y a une alternative en train. Il y a cinq ans, il y avait encore une dizaine de centrales à charbon ou à fioul dans ce pays. Il n'y en aura plus dans deux ans.

- On n'a pas assez travaillé sur la sobriété ni le gaspillage.

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)

Maintenir les écoles ouvertes en assurant la sécurité sanitaire. Cela reste l’objectif fondamental car l’école est essentielle pour chaque élève. La France a su le faire tout en ayant un taux de contamination plus faible que des pays qui fermaient leurs écoles.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)

- Ce qui se joue aujourd'hui, c'est notre capacité à sortir de la crise avec une économie plus digitalisée, plus durable et plus compétitive.

- Le fonds de solidarité est la clé de voûte du soutien aux entreprises impactées par la crise. Pour l'aide au titre du mois de décembre, en quinze jours, plus de 331 000 entreprises ont pu en bénéficier pour un montant total de 1,78 milliard €.

- La loi Copé-Zimmermann fête ses 10 ans aujourd’hui. Ce texte a permis une avancée majeure et indispensable pour l'égalité entre les femmes et les hommes dans la vie professionnelle et économique. Vraiment ? La parité est un combat de tous pour une société plus juste et une économie plus performante. Emmanuel Macron a ainsi doublé le congé paternité de 14 à 28 jours pour qu'un père et une mère puissent accompagner ensemble les premiers instants de leur enfant. Ces mesures étaient les principales demandes de la consultation citoyenne sur l'égalité femmes-hommes dans l'économie, lancée il y a un an avec Marlène Schiappa suite aux engagements du G7. (…) Avec Elisabeth Borne et Elisabeth Moreno, nous voulons aller encore plus loin : nous sommes notamment favorables à des quotas dans les instances dirigeantes des entreprises françaises, notamment les plus grandes, pour que cette égalité soit une réalité. (…)Plus que jamais, avec Emmanuel Macron et Jean Castex, nous sommes déterminés à poursuivre ce combat. Un combat juste et nécessaire qui améliorera le fonctionnement et la performance de notre économie tout en diminuant les inégalités dans notre pays. Ne lâchons rien!

- Notre politique d’attractivité reste la même. Nous maintenons tous nos choix fiscaux favorables aux entreprises : baisse de l’impôt sur les sociétés et sur le capital et, depuis cette année, baisse des impôts de production. La France est le pays où il faut investir.

- Le couvre-feu de 18h demande un effort considérable. Il est dur à vivre pour les Français qui font preuve d’un vrai sens des responsabilités. Regardons d’abord calmement les résultats du couvre-feu avant de prendre des décisions.

 

Florence Parly (ministre des Armées)

- Face au terrorisme, la réponse n’est pas seulement militaire : elle est aussi politique. Il en va de la stabilité de la région sahélienne et de la sécurité européenne. Le sommet de N'Djamena les 15 et 16 février prochains nous permettra de dresser le bilan des 12 derniers mois et de tracer ensemble nos prochains objectifs stratégiques et politiques.

- Entretien à Paris avec mon homologue nigérien Issoufou Katambé. Partenaire indispensable dans notre lutte commune contre le terrorisme, le Niger est un pays ami avec lequel la France a une relation ancienne et solide. Le Niger est aussi présent à hauteur de plus de 800 hommes dans la Minusma (l’ONU au Mali). Par ailleurs, la mission de formation de l’Union européenne formera bientôt des soldats nigériens. Le Niger prend également une part active dans le dynamisme actuel de la force conjointe G5 Sahel :  parmi les plus de 4000 soldats issus des rangs des pays du G5, plus de 1000 sont Nigériens. La force G5 est actuellement commandée par le général nigérien Namata. Le but de notre discussion aujourd’hui était de préparer le sommet de N'Djamena qui permettra de faire un bilan opérationnel et politique des 12 derniers mois mais aussi d’acter les décisions stratégiques à prendre avec tous nos partenaires pour notre action commune au Sahel.

- À la télévision, une femme que j’avais déjà vue mais dont j’ignorais l’histoire, racontait. Simone Veil, pour la première fois, témoignait de sa déportation. J’avais 13 ans, son témoignage est resté gravé en moi, pour toute une vie. Se souvenir sans cesse, transmettre, toujours.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

- J'ai participé cet après-midi en visioconférence au Conseil "Justice et affaires intérieures" avec mes homologues de l'UE. Nous avons notamment poursuivi la discussion sur le nécessaire renforcement de l’espace Schengen face aux défis sécuritaires, migratoires et sanitaires.

- Si le Parlement, si les partis politiques, dans une unanimité ou quasi-unanimité, souhaitaient mettre le sujet de la proportionnelle à l'ordre du jour, le gouvernement serait bien évidemment prêt à les entendre sur ce sujet.

 

Elisabeth Borne (ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)

- Je le crois profondément et je l’ai porté en tant que cheffe d’entreprise : la parité à tous les niveaux est synonyme de performance économique et sociale. 10 ans après la loi Copé-Zimmermann, continuons d'agir pour l’égalité professionnelle en entreprise.

- Le télétravail reste la règle 5 jours sur 5 pour toutes les tâches qui peuvent être faites à distance. Les entreprises comme les salariés jouent massivement le jeu et je les en remercie car je sais que c'est difficile. Ne relâchons pas nos efforts !

- L'activité partielle, c'est le meilleur choix que l'on puisse faire pour protéger les emplois et permettre aux entreprises de rebondir rapidement au moment de la sortie de crise.

- Parce qu'ils sont essentiels pour notre avenir, le plan France relance prévoit d'ouvrir 16000 formations aux jeunes dans les métiers du soin.

- Je le crois profondément et je l’ai porté en tant que cheffe d’entreprise : la parité à tous les niveaux est synonyme de performance économique et sociale. 10 ans après la loi Copé-Zimmermann, continuons d'agir pour l’égalité professionnelle en entreprise.

- Il n'y a aucun doute : le « quoi qu'il en coûte » durera aussi longtemps que la crise le nécessitera.

- J'ai proposé aux partenaires sociaux que les règles du futur système d’assurance-chômage soient adaptées à la situation du marché de l'emploi. Il faut tenir compte de la crise sanitaire et économique que l’on est en train de traverser.

- Le système actuel d'assurance-chômage n'est pas satisfaisant. Il faut l'améliorer en poursuivant deux objectifs : lutter contre la précarité de l'emploi et avoir plus d'équité entre les demandeurs d'emploi.

 

Eric Dupond-Moretti (Garde des Sceaux, ministre de la Justice)

- [Réforme de la justice pénale des mineurs] Les jugements rapides en audience unique restent exceptionnels et soumis à une appréciation individualisée des procureurs spécialisés.

- Quel est le sens d'une peine prononcée à 22 ans pour des faits commis à 16 ans ? La Justice des mineurs doit aussi avoir une portée éducative et pédagogique. 6 ans après, ce n'est plus le cas. Le code de Justice pénale des mineurs y remédiera.

 

Olivier Véran (ministre des Solidarités et de la Santé)

- [Covid19] Je suis revenu sur la situation sanitaire fragile, avec un virus qui circule à un niveau élevé. Le couvre-feu a permis de ralentir la progression de l'épidémie mais ne suffit pas aujourd'hui à faire reculer le virus.

- En l’absence de consensus scientifique à ce stade, nous maintenons le délai de 21 à 28 jours entre deux injections du vaccin Pfizer, comme la quasi totalité des pays européens.

 

Frédérique Vidal (ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)

- Visioconférence avec les présidents d'université et chefs d'établissements. Nous nous mobilisons collectivement pour accompagner les étudiants et permettre la reprise progressive de l’enseignement en présentiel dans les jours à venir. Notre seule boussole : nos étudiants.

- Nous devons repenser structurellement le système des aides sociales qui laisse sur le bord du chemin les jeunes dont les familles ont des revenus médians.

- Avec un reconfinement dur nous serions tous dans une situation très difficile.

Les universités et les écoles travaillent sans relâche pour mettre en œuvre des protocoles sanitaires stricts afin que l'enseignement puisse être préservé sur le plan sanitaire comme pédagogique.

- A l’âge où l’horizon, pour les étudiants, s’élargit à de nouvelles expériences, à de nouveaux cercles d’amis, à de nouveaux pays, le leur s’est tout à coup borné à leur chambre d’étudiant, avec un écran d’ordinateur pour seule fenêtre sur la vie qui leur était promise. Pour d’autres, c’est l’angoisse du lendemain qui a pris le pas sur le reste : avec le coup d’arrêt porté aux petits boulots, on a vu apparaître des étudiants dans les files d’attente pour accéder aux distributions alimentaires. Cette détresse étudiante, le Gouvernement n’a pas attendu qu’elle devienne médiatique pour y apporter des réponses. Mais nous le savons bien : le meilleur remède contre la détresse et le décrochage des étudiants, c’est le retour sur les bancs universitaires, c’est le lien humain.

- Je veux saluer la mobilisation des enseignants et des personnels qui dès le mois de juin ont travaillé à des solutions pédagogiques alternatives pour vous permettre de poursuivre vos études malgré le contexte sanitaire.

- Pour la reprise, nous avons élaboré des protocoles permettant de répondre à 3 objectifs: le retour des étudiants les plus fragiles, puis des étudiants de première année, puis de l'ensemble des étudiants.

- La jeunesse est pleine d'espoir en accédant à l'enseignement supérieur. Aujourd'hui, la crise amplifie les difficultés, mais nous mettons tout en œuvre pour l'accompagner.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

- France relance est un succès : plus de 215 millions d'euros déjà investis pour moderniser nos équipements agricoles.

- Grâce au travail avec les parlementaires, nous avançons pour sensibiliser les adoptants avec un certificat de connaissance, accompagner ceux qui prennent en charge les animaux abandonnés, sanctionner systématiquement et fermement les actes de maltraitance.

- Ce qui nous réunit aujourd’hui c’est un combat commun pour lutter contre l’abandon des animaux de compagnie, en allant au-delà des slogans pour trouver des solutions réalistes, applicables et efficaces. A nous, ensemble, de trouver les bons curseurs.

- Qui peut accepter que dans notre pays plus de 100.000 animaux de compagnie sont chaque année abandonnés ?

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

- Changer le quotidien des gens, ça passe d'abord par les écouter. Signalez un problème administratif dans vos démarches sur http://service-public.fr, il sera réglé. J'en prends l'engagement.

- Avant 2017, à peine 30% de femmes étaient nommées en Conseil des Ministres à des postes dirigeants de la fonction publique. En 2020, la détermination d'Emmanuel Macron et du gouvernement a porté ce chiffre à 43%. Alors oui, l'égalité professionnelle est bien la grande cause du quinquennat.

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

- [Bilan de la loi Copé-Zimmermann] Un super bilan. Avec cette loi, le plafond de verre des conseils d’administration a été brisé. La parité y a grimpé en une décennie de 10% à 45%. L’impact a donc été majeur. Mais elle a aussi engendré la création d’un sous-plafond. Alors qu’on s’attendait à ce qu’elle provoque un ruissellement sur l’ensemble de l’entreprise et facilite les carrières des femmes, sa portée est restée bloquée dans les conseils d’administration, et c’est frustrant.

- Je suis favorable à une loi. Sans quota, les choses n’évoluent pas. Donner aux femmes la possibilité de s’installer à la table des décisions stratégiques devient une question de performance, de compétitivité et d’attraction des talents. A défaut, les inégalités vont se creuser alors que notre économie est à reconstruire. Fixer des quotas, ce n’est ni enlever une domination pour en mettre une autre, ni imposer des femmes qui n’en auraient pas les compétences. Je ne demande pas la charité. Il y a du talent et de la volonté dans notre pays, et il faut s’en servir. J’entends les inquiétudes des chefs d’entreprise et on pourra prévoir une période de transition pour préparer les viviers de femmes pour prendre des postes à responsabilité.

- La loi a démontré son efficacité et peut s’appliquer aux PME-PMI. Cependant, si de grands groupes ont été avant-gardistes, douze entreprises du CAC 40 n’ont encore aucune femme dans leurs instances de gouvernance: c’est une honte internationale! Peuvent-elles se passer de 52% de la population parmi leurs clients? Mais attention, je ne suis pas pour faire un copier-coller de la loi dans les PME car elles n’ont pas les mêmes moyens que les grandes entreprises: les délais, les périmètres, la temporalité ne seront pas les mêmes et les possibilités d’ajustements sont nombreuses. Avec de l’intelligence collective, et si les partenaires sociaux sont volontaires, c’est réalisable.

- La plus grande mesure prise en faveur des femmes, c’est l’index de l’égalité professionnelle de 2018 qui mesure la façon dont les femmes sont traitées dans l’entreprise par rapport aux hommes. Grâce à cet outil, on s’est aperçu que moins de 1% de nos entreprises comptaient une femme parmi les dix plus gros salaires. Il a également mis en évidence que des femmes n’étaient pas augmentées à leur retour de congé maternité. Quand un sujet est rendu transparent, est mesuré chaque année et que les actions correctrices sont examinées, alors il progresse.

- [Pourquoi le salaire d’une femme est-il toujours inférieur de 9% à celui d’un homme?] Parce que les préjugés ont la dent dure, tant du côté des employeurs que des femmes qui manquent encore trop souvent de confiance en elles à la différence des hommes. Elles doivent aussi s’approprier les codes d’un monde professionnel masculin et patriarcal. Reste la question de l’âge: avant 30 ans, on ne leur confie pas de postes à haute responsabilité par crainte qu’elles aient des enfants. Mais leur carrière s’arrête à 45 ans. Donc ce que les hommes accomplissent entre 20 et 55 ans, les femmes le réalise de 30 à 45 ans. De fait, elles ne sont pas sur un pied d’égalité.

- Les stéréotypes perdurent alors que le numérique a changé. Aujourd’hui, il est présent dans l’éducation, les loisirs, la communication et l’information, qui sont des secteurs investis par des femmes. En s’intéressant davantage aux outils qu’elles utilisent quotidiennement, elles s’apercevront qu’ils doivent mieux leur ressembler. C’est une démarche que l’école doit mener dès le plus jeune âge. Les jeunes filles doivent aussi être incitées à faire des stages pour s’approprier le numérique.

- Je suis extrêmement sensible au nombre de femmes qui seront dans les postes stratégiques. Mais il ne faut pas s’arrêter aux cadres dirigeantes. Certaines femmes sont dans situations de précarité économique mortifères, or l’indépendance financière est la clé de la liberté. Je veux aussi m’occuper de ces héroïnes du quotidien - dans les métiers du Care, de la distribution, du nettoyage… - dont on ne parle pas assez, mais qui contribuent au fonctionnement de notre société et ont été en première ligne dans la lutte contre la crise. Valoriser leur travail est nécessaire, faute de quoi elles s’enkystent dans des situations qui perdurent souvent jusqu’à la retraite. Ces inégalités-là sont insupportables, et si je laisse quelque chose de positif sur ce point, j’aurais le sentiment d’avoir fait mon travail.

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)

- Nucléaire: filière d’avenir, filière exportatrice, filière d’excellence et d’innovation grâce à EDF. Toute une filière que nous avons fait le choix d’accompagner davantage encore à l’export!

- Au centre de recherche d’EDF à Saclay pour réaffirmer le soutien à la filière nucléaire française dans la durée et vers le monde. La 1ère R&D des électriciens au monde est un bel exemple de l’excellence de cette filière française avec plus de 3000 PME et ETI dans tous les territoires. Notre priorité est claire et poursuit un double objectif: lutter contre le réchauffement climatique et décarboner notre économie, assurer la sécurité d’approvisionnement en énergie a un coût abordable  Et l’ambition est là: atteindre la neutralité carbone en 2050. Excellence technologique, sûreté, performance de la R&D : la France est le champion européen de l’exportation d’électricité. Grâce à EDR, la filière nucléaire a tous les atouts pour conquérir les marchés internationaux, où la demande pour cette énergie d’avenir est forte.

 

Emmanuelle Wargon (ministre chargée du Logement)

"Auschwitz, c'est une chose impossible mais qui a eu lieu : une invraisemblable vérité." Joseph Bialot 76 ans après la libération du camp d'Auschwitz, le travail de mémoire doit continuer sans cesse, pour rappeler cette vérité et l'empêcher à jamais de se reproduire.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- L'égalité professionnelle homme-femme, c'est un combat social, politique et économique. C'est, soutenir des parcours économiques qui permettent aux femmes de se projeter dans toutes les carrières, toutes les entreprises.

- La 5G sera un facteur déterminant de notre compétitivité industrielle ! Avec le gouvernement et avec le plan France relance, notre feuille de route est claire : accélérer son développement et ses applications en France, au service de notre industrie.

- L'implication de notre industrie dans la récupération et le recyclage des déchets est indispensable au succès de la relance!

- Avec le gouvernement et avec le plan France relance, nous faisons de la reconquête industrielle une priorité absolue. C'est un enjeu économique, d'égalité sociale, et de cohésion territoriale.

- En tant que femme politique et ministre, j'assume de dire que je suis une femme-quota. Et ma génération de femmes-quotas prouvera par ses qualités professionnelles que les femmes ont naturellement leur place aux postes de responsabilités.

- Collectivement nous devons assumer d’être des femmes-quotas. Est-ce que cela réduit nos qualités professionnelles ? Non. Mais les quotas nous ont permis d’accéder à des fonctions de responsabilité. Agissons pour l’égalité!

- Depuis 2017, le Président de la République s'est engagé personnellement pour renforcer l’égalité femmes/hommes : protection du conjoint collaborateur, sécurisation du versement de la pension alimentaire, congé paternité, lutte contre les violences sexuelles.

 

Geneviève Darrieussecq (ministre chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)

Il y a 76 ans, le 27 janvier 1945 sonnait enfin la libération du camp d’Auschwitz. Plus d’1 million de victimes y ont péri de la barbarie nazie. Continuons d’enseigner, d’éclairer, d’éduquer, de transmettre et d’élever les consciences.

 

Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)

Mieux accueillir les plaintes des femmes contre les violences conjugales, sexistes et sexuelles : un objectif mondial !

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- [Vaccin covid19] Nous défendons le cadre d’achat européen qui évite une compétition destructrice entre États. Et ensemble nous défendons nos intérêts, le plein respect des contrats ; l’Europe ne sera pas une variable d’ajustement.

J- 'ai confiance dans la capacité du gouvernement italien et de l'Italie à être l'un des partenaires européens les plus proches de nous. Ensemble, nous avons construit le plan de relance. Ensemble, nous avons défendu la nécessité d’une Europe plus solidaire. Depuis le mois de mars, la France et l’Italie défendent l’idée d’un plan de relance européen et d’une dette commune. Nous devons les mettre en œuvre, de manière rapide et efficace : c’est notre devoir.

- En cette journée internationale pour la mémoire de l’Holocauste, nous pensons aux victimes et aux horreurs du régime nazi. Le projet européen a été créé pour que ces crimes ne se reproduisent jamais. Jamais.

- En Europe il n’y a pas de baguette magique, mais des combats politiques: nous avons construit le plan de relance, nous créerons de nouvelles ressources propres.

 

Nathalie Elimas (secrétaire d’Etat chargée de l’Education prioritaire)

Présentation des stages de réussite et des parcours buissonniers proposés aux élèves grâce au dispositif vacances apprenantes. En 2020, 250.000 élèves se sont inscrits pour y participer, soit 3 fois plus que l’année précédente.

 

Sarah El Hairy (secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)

- « Pardonne, n’oublie pas » est-il écrit au mémorial de la Shoah. En cette journée de l’holocauste, ces mots nous rappellent la vigilance qui doit être la nôtre et le nécessaire engagement de chacun dans la transmission de la mémoire.

- La loi imposait aux jeunes qui effectuaient un service civique de se consacrer au moins 24 heures par semaine à cette mission, ce qui rendait difficile l’engagement de certains, notamment les étudiants. Aujourd’hui, nous voulons, avec Jean-Michel Blanquer [ministre de l’Education nationale], leur apporter des réponses. Car en cette période de pandémie, ils souhaitent plus que jamais se sentir utiles A partir de cette semaine, le service civique s’adapte pour être plus accessible aux étudiants. Il n’y aura plus cette contrainte horaire hebdomadaire. Un jeune engagé pourra par exemple consacrer 10 à 15 heures à son service civique une semaine où il a cours et effectuer plus de 24 heures la semaine d’après lorsqu’il sera en vacances. Cela permettra à davantage de jeunes, et notamment des étudiants, de participer à leur rythme à une mission de service public sur une période de 6 à 8 mois, tout en cassant ce sentiment d’isolement qu’ils éprouvent souvent en ce moment.

- Actuellement, ils sont 45.000 étudiants à effectuer un service civique. Nous espérons doubler leur nombre en 2021. Cela correspond au besoin de sens qu’ils expriment. Ils ont envie d’être acteurs de notre quotidien​. Cela leur apportera également un soutien financier, car une mission de service civique est indemnisée.

- Un volontaire touche 580 euros mensuels. Et jusqu’alors, les boursiers des échelons 5, 6 ou 7 touchaient en plus 108 euros. Je vous annonce qu’à partir de cette semaine, ces 108 euros supplémentaires seront versés à tous les boursiers, quel que soit leur échelon. Par ailleurs, je rappelle que l’indemnité de service civique n’est pas prise en compte dans le calcul de la bourse. C’est un soutien financier en plus.

- Il n’y a pas une jeunesse en France, mais des jeunesses. Le service civique est accessible à tous, comme le montrent les derniers chiffres : un quart des volontaires ont moins que le bac, 40 % ont le bac ou équivalent et un gros tiers ont plus que le bac. Et si en 2019, 1.250 volontaires étaient en situation de handicap, nous avons l’objectif de doubler leur nombre d’ici à 2022, en facilitant le financement des aménagements nécessaires dans les organismes qui les accueillent.

- [100.000 missions supplémentaires seraient financées d’ici à 2021] C’est une avancée historique pour fêter les 10 ans du service civique. Le budget qui lui sera consacré va passer de 508 millions d’euros en 2020 à 868 millions en 2021. Au total, 245.000 missions seront proposées en 2021. Aujourd’hui, 65.000 sont déjà pourvues, il en reste 180.000 pour nos jeunes C’est ambitieux, mais si comme moi, on croit à la France des héros du quotidien, on les atteindra. Car le service civique est une des plus belles inventions des dix dernières années. Et depuis septembre, j’effectue un tour de France tous les jeudis et vendredis, à la rencontre des associations et des collectivités pour leur vanter les mérites du service civique. Beaucoup d’entre elles ne savent pas que l’indemnité versée aux volontaires l’est par l’Etat. Il y a encore un vivier énorme à conquérir. Quant aux volontaires, on devrait les trouver sans problème puisque l’an dernier, on a compté trois candidatures en moyenne par offre.

- Aucune mission n’est validée par l’agence du service civique si elle ressemble à un emploi. Nous avons établi une grille d’évaluation de 60 critères définissant ce que doit être une mission de service civique, qui doit être avant tout d’intérêt général. Malgré cela, certains jeunes alertent l’agence lorsqu’ils sont étonnés par la nature de la mission qui leur a été confiée. Nous sommes également vigilants à l’égard des opérateurs qui recrutent toujours le même profil de jeunes plusieurs années de suite. En cas de suspicion, une équipe de l’agence est chargée de faire des contrôles.

- [Missions de service civique] Certaines se sont adaptées, car la nécessité de renforcer le lien social et la solidarité s’est fait ressentir. Les personnes âgées ayant exprimé un fort besoin de contacts avec les plus jeunes, 10.000 missions de service civique vont ainsi être créées en Ehpad cette année. Certains bénévoles âgés s’étant mis en retrait, les associations caritatives ont recruté davantage de jeunes en service civique pour effectuer des distributions alimentaires. D’autres volontaires ont été enrôlés pour épauler des étudiants dans les résidences universitaires, pour accompagner les agriculteurs impactés par la crise du coronavirus, pour sensibiliser la population aux gestes barrières, pour initier les seniors aux outils numériques…

- Quelle que soit la situation économique, le service civique sera toujours un tremplin pour trouver une formation, une vocation ou un emploi. On ressort toujours grandi d’une telle expérience et on a davantage confiance en soi. Par ailleurs, nous travaillons avec Frédérique Vidal [Enseignement supérieur] et Jean-Michel Blanquer à la manière dont nous pourrions davantage valoriser ces missions sur Parcoursup, afin qu’elles puissent être mieux prises en compte lorsqu’un jeune postule à une formation

 

Adrien Taquet (secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles)

J'ai annoncé ce soir: l'interdiction du placement des mineurs de l'Aide sociale à l’enfance à l'hôtel, un fichier national des assistants familiaux, des contrôles et des normes d'encadrement, l'accompagnement de tous vers l'emploi ou la formation et une allocation de 500€ par mois. Le Parlement examinera rapidement une loi, fruit d'un an et demi de travail avec tous les acteurs de la protection de l’enfance pour que ces mesures, entre-autres, soient mises en place au plus vite.

 

Assemblée nationale

Richard Ferrand (président)

- Encourager l'inclusion des personnes handicapées à tous les niveaux, de l'hébergement, en passant par l'emploi ou l'intégration dans la cité : une approche indispensable pour une citoyenneté à part entière.

- Le bilan des 10 ans de la loi Copé-Zimmermann sur l'égalité professionnelle montre que les outils volontaristes sont efficaces ! Il faut aller encore plus loin, notamment dans les instances de direction.

 

► Haut Commissariat au Plan

François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)

- J'approuve tout ce que le Président de la République et l'exécutif font pour éviter le reconfinement. Je sais très bien que, si nous nous limitions au strict point de vue épidémiologique, le plus efficace serait probablement en effet de reconfiner, de tout refermer, de tout mettre sous cloche, comme vous le rappeliez. Moi, je crois au contraire que la recherche d'équilibre, qui est la mission des gouvernants, c'est de freiner autant que possible l'épidémie, mais de laisser ouvert ce qui est essentiel. (…) Les écoles, c'est essentiel, cela permet aux parents, aux mères de famille le plus souvent, d'avoir une vie qui soit à la fois sociale et familiale. Par ailleurs, ce qui pour moi est essentiel - et je sais très bien que c'est difficile - il faut penser aux universités, car cet âge-là, entre 18 et 25 ans, c'est un âge moins facile qu'on ne le croit, quand on a dépassé cet âge. Ce n'est pas un âge où tout va de soi et, dans la formation de la personnalité, la rencontre avec les autres de son âge, les enseignants, c'est absolument vital. Être enfermé dans une cité universitaire, dans un appartement ou chez soi et ne pas en sortir, à cet âge-là, entre 18 et 25 ans, c'est et je crois que l'on pourrait à la fois rechercher une ouverture, une communication et une formation pour qu'ils comprennent que l'on peut éviter d'être porteur du virus et contaminer ses proches, ceux que l'on aime, sa famille.

- J'ai un point de vue qui peut paraître surprenant. J'ai une certitude, c'est que nous allons nous en sortir. Nous nous sommes sortis de guerres absolument terribles avec des millions de morts et Dieu sait que cela a été, pour le pays, une saignée séculaire. Nous allons nous sortir de cette épidémie. C'est un pays qui a, en lui, des ressources, des forces, une capacité. (…) Bien sûr, nous sentons plus que la lassitude, le sentiment d'inquiétude, c'est que personne ne voit comment il est possible de trouver une issue et, pour moi, cette issue est très claire, c'est si on vérifie que le vaccin est efficace et qu'il est sûr, alors c'est la vaccination qui est la sortie de la crise.

- La vaccination est un horizon pour l'ouverture et pour l'ouverture de la vie scolaire, universitaire, professionnelle et culturelle.

- Il faut que nous construisions notre action publique, y compris en matière de recherche, comme les Américains l'ont fait. Ils ont construit, il y a déjà des décennies, une organisation qui permet de repérer la recherche essentielle pour l'avenir. C'est de l'argent bien placé. Nous avons la chance de vivre dans un moment où l'on peut précisément emprunter pour l'essentiel, emprunter pour préparer l'avenir. Moi qui me suis préoccupé de la dette toute ma vie, cet investissement est nécessaire.

- [L'objectif de la France est de remonter la part de l'industrie à 17 % du PIB. Aujourd'hui, elle est à 12 %] C'est le travail d'une réflexion, comme c'est ma mission, qui est de donner des repères et je dis que 1 % par an d'augmentation, ce qui, en 5 ans, fait, en effet, de l'ordre de 5 %, cela doit être un objectif collectif que nous sommes capables de prendre. Nous constatons quelle a été la dérive au travers des décennies, ce n'est pas d'aujourd'hui que je dis cela, j'ai fait une campagne présidentielle sur le "produire en France". À l'époque, c'était l'objet de quolibets, comme si cela n'existait pas. Nous avons besoin de reconstruire notre place dans l'économie mondiale, ce qui donne à la France une obligation qui est plus importante, plus forte que celle de nos voisins. Nous, nous avons non seulement besoin de sauver et de soutenir notre industrie, mais de la promouvoir et il se trouve que, ce que nous rappelions ensemble, nous pouvons aujourd'hui mobiliser des investissements que nous ne pouvions pas mobiliser hier et il se trouve qu'en plus, c'est un tournant de la production mondiale. Cela nous offre une chance.

- On ne peut pas emprunter pour tout et n'importe quoi. Mais on doit emprunter car nous sommes dans une économie de guerre. Quand il y a la guerre, personne ne se pose la question, on est obligé d'acheter des avions, des blindés, des navires, faire ce qu'il faut parce que c'est la vie du pays qui est en jeu. Là, c'est la vie du pays qui est en jeu. Il faut ajouter que cette menace sur la vie du pays, personne n'en est responsable, personne. Il n'est pas de responsabilité ni individuelle ni collective à la mutation d'un virus. Donc on est obligé d'y faire face. Et, par chance extraordinaire, puisque nous avons maintenant la puissance de la Banque centrale européenne pour nous aider, on peut le faire sans grever exagérément l'avenir, à condition de focaliser la dépense publique sur ce sujet du Covid-19 et de ne pas laisser entrer toutes les dépenses de fonctionnement par exemple de notre organisation.

- Ce que nous traversons, ce que la planète entière traverse, en tout cas ce que l'Occident traverse tout entier, c'est une épreuve à laquelle il faut que nous répondions sans aucune timidité.

- Je pense qu'il est très important d'isoler, cantonner les dépenses qui sont celles de réponses précises au Covid-19. (…) Je ne suis pas pour que nous ayons la désinvolture de dire c'est une dette dont on se moquera, car, si c'était le cas, alors, avec certitude, nous saurions que personne ne nous prêterait plus jamais, ni la BCE, ni qui que ce soit d'autres. En revanche, je suis favorable à ce qu'il y ait ce que l'on appelle, comme quand on achète une maison, un différé d'amortissement, c'est-à-dire que nous dirions : "Voilà, c'est une dette dont nous prenons acte, mais nous allons prendre 10 ans pour redresser le pays et c'est à ce moment-là que, sur une longue période"… L'argent à 0 %, c'est une chance, car cela permet de programmer dans le temps, à longue distance, les remboursements. Vous voyez que, si nous avons une stratégie isolée, cantonnée, définir la dette Covid-19, avoir un différé d'amortissement et un remboursement sur longue distance, alors, tout d'un coup, nous devenons des citoyens qui savent où ils vont.

- [Proportionnelle] Moi, je ne baisse pas les bras. Je trouve que, quand on a pris un engagement et que l'on est devant un sujet essentiel, alors, il faut que les responsables publics fassent face à leurs obligations. Pourquoi est-ce important ? Vous voyez bien à quel point le Parlement, de jour en jour, est de plus en plus déconsidéré. En tout cas, les Français n'écoutent plus ce qui s'y passe. Pourquoi ? Car la composition du Parlement, avec l'hégémonie d'un seul parti, successivement l'UMP et le Parti socialiste, la majorité actuelle, est tellement déconnectée de la réalité du pays qu'un très grand nombre de citoyens s'en détournent.

- Ce ne sont pas les députés que l'on fait entrer à l'Assemblée nationale, c'est la représentation des électeurs. Il n'aurait pas de députés s'il n'y avait pas d'électeurs et dire : "Ces électeurs-là me plaisent, je les prends - généralement ses amis ou les proches de ses amis- et, ces électeurs-là ne me plaisent pas, donc je les écarte de la représentation nationale", pour moi, c'est une faute de raisonnement et, pendant ce temps, le pire est que l'on invente des comités tirés au sort, dont on ne connaît pas les membres, dont on ne connaît pas les idées et on les met sur le même pied que la représentation nationale parlementaire. Vous voyez bien qu'il y a là un déséquilibre incroyable.

- Il est malsain et nuisible pour le débat démocratique que ces dizaines de millions de Français ne soient pas représentés.

- Si je rêve, je trouve que le combat assis sur un rêve, en tout cas sur un idéal ou sur un projet rassembleur, c'est un bon combat.  Nous avons besoin de changer le mode de gouvernement de la France. L'hégémonie d'un seul parti, cela ne fonctionne pas et nous le voyons bien, puisqu'il n'a pas été possible de faire passer les réformes.

- La réforme des retraites n'est pas passée, comme des grands sujets sur lesquels nous sommes engagés. Il faut donc penser, imaginer un changement des méthodes de gouvernement dans un pays où elles ne fonctionnent plus.

- [Emmanuel Macron a dit que la France, c'était 66 millions de procureurs] Je pense que, ce que le Président de la République a voulu dire, et il a raison à mes yeux de le dire, c'est que nous entrons dans un moment où tout le monde dénonce tout le monde. La dénonciation devient une espèce de sport national et, cela, c'est destructeur de l'esprit public.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)

- Le capital jeune : un capital pour s’émanciper et se lancer dans la vie. Je suis de ceux qui font confiance à notre jeunesse, dans une logique de responsabilisation.

- Le capital jeune, c’est un capital, plus juste, qu’on ne rembourse qu’à partir d’un certain niveau de salaire, oui c’est une vraie avancée pour la jeunesse !

- Mettre en place un index de la diversité dans les entreprises est une avancée réelle au service de l'égalité des chances.

- Le vote de ce soir est historique: il permet à l'UE d'emprunter en commun pour financer le plan de relance. L'Europe montre une nouvelle fois son unité pour faire face à la crise.

 

Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- Tandis qu’avec les députés LaREM nous renforcerons le droit des femmes à recourir à l’IVG, en Pologne, il est remis en question. Quel retour en arrière! La liberté des femmes à disposer de leur corps n’est pas négociable.

- En cette journée internationale des victimes de l'Holocauste, nous nous souvenons de chacun de ces visages, de chacune des histoires. Nous n'oublions pas.

- Avec la proposition de loi Animaux, nous votons un texte qui fera avancer concrètement la lutte contre la maltraitance animale. C’était le souhait de millions de Français. Donc oui, certaines pratiques vont devoir évoluer, parce que la place d'un lion ou d'un ours n'est pas en cage.

- Bien sûr que je souhaite, du fond du cœur, la dissolution de Génération identitaire, qui se cache derrière un militantisme associatif pour provoquer la haine. Mais, comme toujours, cela doit se faire dans le cadre du droit : c’est une garantie démocratique.

- Sur les mesures sanitaires, la méthode reste constante : c'est sur la base de données scientifiques que le président de la République et le premier ministre prendront une décision. Notre objectif : protéger les Français et nos hôpitaux, en limitant au maximum les contraintes.

 

Gilles Le Gendre (député)

La proportionnelle est une nécessité. Aujourd'hui (si possible) ou demain. Nous l'avons promise aux Français, prêts à approuver cette réforme. Elle sera la première brique d'une refondation démocratique plus vaste et plus urgente que jamais.

 

Laurent Saint-Martin (député)

La crise sanitaire dicte la crise économique ! Il est nécessaire de faire preuve de prudence sur les prévisions de croissance. La croissance française a démontré qu’elle pouvait redémarrer fort à l’été 2020. Soyons optimistes et volontaristes pour une relance puissante!

 

● MoDem

Jean-Noël Barrot (secrétaire général)

- Nous serons en première ligne aux élections régionales.

- Le contexte sanitaire nous montre qu’il est plus important que jamais de garantir la légitimité de nos institutions. Cette légitimité passe par une meilleure représentativité des Français et donc par la proportionnelle.

 

● UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Jean-Christophe Lagarde (président)

- On dit que les français n’accepteraient pas un reconfinement. Logique, nous sommes tous usés. Montrez les images de l’Angleterre et tout le monde se confinera, même sans loi!!!

- 76 ans après la libération d’Auschwitz, nous commémorons les millions de victimes de la barbarie antisémite. Plus que jamais, nous leur devons la mémoire : ne pas oublier, c’est agir contre la haine.

 

 

Actualités du Centre. Le monde de l’après-covid19 selon Macron sera humaniste ou ne sera pas

Emmanuel Macron

Lors d’une intervention  dans le cadre du Forum de Davos, Emmanuel Macron a donné sa vision du monde de l’après-covid19.

Selon le Président de la république, il sera humaniste ou ne sera pas.

L’économie mondiale devra ainsi mettre en avant cette dimension de manière prégnante afin de construire un monde compatible avec l’humain et les énormes défis qui se présentent à l’Humanité tant en matière sanitaire qu’environnementale ou sociale.

Emmanuel Macron a conclu son intervention en affirmant qu’il ne fallait jamais oublier «que notre objectif est toujours en société de construire la vie bonne, avec les vertus qui vont avec et la volonté de respecter l’autre».

 

► Voici l’intervention d’Emmanuel Macron:

- Je voudrais faire le lien entre le monde d’aujourd’hui et le monde d’après. D’abord parce que dans tous nos pays, les sociétés se transforment avec l’expérience qu’on est en train de vivre. Et je crois qu’on a quelques leçons à retenir de ce qu’on vit tous ensemble depuis un peu plus d’un an, et qui va encore durer, on le sait, pendant des mois, certains nous disent, des années. Avec en tout cas une présence plus ou moins forte de ce virus. 
Je crois que la première chose que ça nous a enseigné, c’est qu’on ne peut pas penser l’économie sans l’humain. Alors, ça paraît être une banalité de dire ça, mais enfin, nous avons fait, dans tous nos pays, quelque chose qui était considéré comme impensable, c’est-à-dire qu’on a arrêté toutes les activités économiques pour protéger des vies. Première leçon. Et on s’est rappelé que l’économie, c’était une science morale et donc que la vie des hommes primait sur les échanges et les chiffres. 
La deuxième chose, c’est que cette période nous rappelle notre vulnérabilité, à titre personnel, si je puis dire (j’en ai fait les frais en l’attrapant), mais comme organisation, entreprise, société, pays. Et la vulnérabilité, ça veut dire qu’on ne peut pas penser nos organisations de notre économie sans l’intégrer. Et c’était au fond une idée qui nous paraissait - certains avaient plus conscience que d’autres sur ce sujet - mais qui nous paraissait parfois lointaine quand on parlait de l’écologie et du climat. Mais c’est la même notion. C’est de dire : ce qui se passe autour de nous a un impact sur notre quotidien et peut, en quelque sorte, briser les chaînes, changer nos vies. 
Une fois que j’ai dit ça, ça veut dire qu’on ne peut rien reconstruire, à mes yeux, dans le monde d’après-Covid19, qui ne tire les leçons de ces deux éléments fondamentaux. L’économie est redevenue une science morale, et rien n’est au-dessus de la valeur humaine ; et nos sociétés sont vulnérables parce que la nature nous le rappelle et elles sont vulnérables face à des événements pandémiques, climatiques et autres. 
Et donc, l’économie de demain, forte de ces enseignements, mais de ce qu’on savait aussi avant, parce qu’il y a aussi, on parle beaucoup des variants dans cette période, il y a aussi des invariants, eh bien, l’économie de demain, c’est à mes yeux, une économie qui va devoir penser à la fois l’innovation, la vulnérabilité et l’humanité, et donc qui va devoir construire une autre compétitivité compatible et même aidant à la résolution des problèmes climatiques : réduction du CO2, adaptation de nos sociétés parce qu’on en a déjà les conséquences, agenda biodiversité. Ça veut dire une économie qui devra être plus résiliente aux chocs et donc intégrer dans ses modes de protection des individus, dans ses organisations des éléments de résistance, soit dans ses chaînes de production, soit dans ses organisations logistiques très fines des éléments de résilience -on pourra y revenir si vous le souhaitez- et une économie qui prenne en compte ce principe d’humanité, qu’il s’agit d’ailleurs du sanitaire ou des inégalités sociales. Et on avait ce problème, on en avait parlé ensemble il y a un an. Et je crois qu’on ne sortira pas de la Covid19 avec une économie, je dirais, qu’on sortira plutôt de la Covid19 avec une économie qui aura encore plus en son cœur la problématique de la lutte contre les inégalités. Voilà les quelques convictions rapidement brossées.

- Je me retrouve dans la formule du stakeholder capitalism [capitalisme des parties prenantes développé par Klaus Schwab créateur du forum de Davos], mais au fond, ce qui est vrai, c'est quand on regarde l'évolution des dernières décennies, nous avons un capitalisme qui, d'abord, capitalisme et économie de marché ont des vraies réussites dans cette dernière décennie, parce qu'il ne faut pas caricaturer les choses. Elle a permis l'ouverture des économies. Le commerce mondial, le capitalisme ont permis de sortir de la pauvreté des centaines de millions de personnes. Donc ça, ça a eu un intérêt. Ça a permis de procéder à beaucoup d'innovations, ça a permis de répondre à des demandes du citoyen consommateur de nos économies de manière extraordinaire, avec de l'accès aux biens et à des services comme rarement dans l'humanité, nous y avons eu accès. Donc ça, c'est le formidable succès des dernières décennies. Il y a une façon à tout cela. C'est que tout cela est allé avec, un, évidemment, de la création d'inégalités dans nos sociétés ; c'est-à-dire que l'ouverture et la théorie des avantages comparatifs a permis de sortir de la pauvreté à l'autre bout du monde des gens et d'autres concitoyens pour accéder à la production, mais à la sortie de la production et donc de l'activité, de l'utilité sociale, d'un rôle réel et d'un accès aux salaires, beaucoup de nos concitoyens qui ont eu à souffrir des crises de délocalisation que toutes les économies développées ont eu à vivre. Et c'était un choc à la fois économique et social pour des centaines de millions dans le monde, dans mon pays des centaines de milliers, voire des millions de personnes qui ont eu ce sentiment de perte d'utilité, qui ont perdu leurs emplois avec une vraie crise économique et morale. Et en quelque sorte ce problème, il a été externalisé par le capitalisme des dernières décennies. 
Le deuxième sujet, c'est la déconnexion entre la création de valeur et les profits. Il y a une financiarisation de ce capitalisme. La financiarisation, c’est une très bonne chose quand elle permet d'aller plus vite, quand elle permet de procéder à la bonne allocation de l'épargne vers les besoins de financement. C'est une mauvaise chose quand elle sur-alloue en quelque sorte de la rémunération, alors qu'il y a peu de prise de risque et donc qu'elle permet des enrichissements qui ne sont pas liés ni à un travail ni à un phénomène d'innovation. Et c'est ce qui s'est passé. Donc, il y a eu une espèce d'emballement qui a accru ce premier phénomène d'inégalité. On a revu dans toutes nos sociétés une inégalité croissante en leur sein. 
Troisième phénomène, avec l'accélération des réseaux sociaux, elle a mondialisé l'imaginaire en créant aussi une insoutenabilité, si je puis dire, des systèmes de comparaison, je dirais ce terme, de plus en plus difficiles. 
Quatrième problème, elle a totalement externalisé le problème climatique pendant des décennies, c'est-à-dire qu’on a créé une logistique mondiale, des échanges mondiaux. On a dit au fond, il y a deux rois dans ce système : le consommateur et l'actionnaire, et le système a très bien produit pour le consommateur et l'actionnaire, mais il a ajusté sur le travailleur et sur le reste de la planète. Et en quelque sorte, on a créé des externalités négatives, comme on dit pudiquement, en termes climatiques. 
Ces quatre phénomènes ont alimenté la crise des inégalités sociales, la crise de la démocratie et la crise climatique. Et donc, le modèle capitaliste marié à l’économie de marché ouverte, il ne peut plus fonctionner dans cet environnement. Pourquoi ? Parce qu’il a été le fruit historiquement d’un compromis qui était des sociétés démocratiques, l'individu libre, des libertés individuelles, le progrès des classes moyennes qui ont créé la soutenabilité dans chacune de nos sociétés. Et il est en quelque sorte complètement percuté, cet équilibre, ce consensus qu'il y avait, par ces 4 accélérations. Et donc, moi, je crois très profondément dans le Stakeholder Capitalism, entre autres, c'est-à-dire dans l'idée de dire qu'on doit remettre au cœur du modèle la réponse à ces problématiques. 
On a au fond, durant les dernières années, essayé d'y répondre par une réponse des États. L'État seul ne peut pas le faire parce que sinon on a un problème, c'est que l'État est le seul à corriger des externalités négatives. Et donc, il s'endette de plus en plus pour payer tout seul la réponse aux problèmes climatiques, pour payer tout seul la réponse aux inégalités. Et vous avez en quelque sorte un modèle où la dette publique devient trop importante et/ou c'est le contribuable qui vient payer pour toutes ces crises. Le contribuable est en quelque sorte le sédentaire de ce modèle et celui qui ne peut pas non plus en tirer tous les bénéfices. C'est pourquoi ma conviction, c'est que le modèle capitaliste, parce que je crois malgré tout que nous construirons l'avenir de l'humanité en gardant quelques fondamentaux : la propriété privée, la coopération, les libertés individuelles et collectives qui ont fait nos sociétés. Et donc, que tout ça doit simplement conduire à repenser nos organisations pour réintégrer au cœur de l'entreprise. Eh bien, la prise en compte des inégalités sociales dans nos pays, des inégalités entre les différents espaces géographiques, des conséquences climatiques que nous vivons, entre autres. 
Et au fond, ce qu'on a ces dernières années appelé la responsabilité économique, environnementale, sociale de nos entreprises, l'approche par l'impact de nos entreprises, ce sont des innovations qu'il nous faut maintenant pousser beaucoup plus loin et nous devons réformer nos entreprises en leur sein pour qu'en leur cœur, pour que, en quelque sorte, l'ensemble des parties prenantes, donc stakeholders, les employés, les dirigeants, les actionnaires intègrent dans leurs comportements, mais aussi dans ce qu'on mesure, eh bien, l'impact de leurs actions en termes économiques, sociales, environnementales et démocratiques.

- Je pense plusieurs choses sur ce sujet [de l’écologie]. D'abord, on a une question de mise en œuvre, on a discuté et on s'est mis d'accord sur beaucoup de choses : un agenda climatique, l'agenda de Paris. Et aujourd'hui, nous ne sommes pas au rendez-vous tous ensemble, exactement de nos actes. Et donc, je pense que la priorité des priorités, c'est de manière coordonnée, de tout faire pour tenir nos engagements. Je dis de manière coordonnée parce qu'en quelque sorte, le passager clandestin peut détruire tout le système. Tout cela ne marche que si on avance ensemble au même rythme pour ne pas créer des biais de compétitivité. Et c'est en cela que les dernières années ont été capitales au moment où les États-Unis d'Amérique avaient décidé de quitter l'accord de Paris, à l'été 2017, il y avait un grand risque. Et moi, je regarde quand même les années qui viennent de s'écouler comme des années de résistance formidable où le château de cartes ne s’est pas effondré parce qu’on a tous ensemble tenu, on a créé cette initiative du One Planet Summit le 12 décembre 2017 avec ces coalitions. Tous ensemble on a tenu, Européens, avec beaucoup de pays émergents, développés, avec la Chine il faut bien le dire aussi qui a coopéré très fortement et avec le secteur privé et les États fédérés américains. Et là on a une administration américaine dont le premier geste est de revenir dans les accords de Paris. 
Donc, moi, mon premier objectif, c’est qu’on tienne ces accords de Paris ; rehaussement de nos objectifs 2030, nous l’avons fait en européen en décembre dernier avec la réduction d’émissions comme on l’a dit, -55%, ce qui est un objectif très important. Deuxième point, neutralité carbone 2050. Ce sont les deux points de passage absolument décisifs pour, dans les prochaines années, structurer nos comportements. Derrière, il faut qu'au niveau régional et national, on décline ces stratégies et c'est là le plus dur, c'est-à-dire avoir un prix carbone suffisamment élevé, des mécanismes qui incitent nos entreprises et nos investisseurs à aller plus vite dans la direction, des mécanismes d'accompagnement et de sanction pour que les entreprises et les ménages puissent aller plus vite et plus fort, qu'on renouvelle plus rapidement notre parc automobile, qu'on change plus vite la rénovation de nos bâtiments, etc. etc. Donc ça, c'est le premier pilier, il est essentiel. 
Le deuxième pilier, il est d'embarquer véritablement tout le secteur financier et toutes les entreprises et ça rejoint la discussion qu'on avait juste avant. On a des coalitions très importantes à cet égard, et moi je crois beaucoup à l'initiative qu'on a mise en place avec le One Planet Summit, des sovereign wealth funds, asset managers et private equity. Et on l’a réuni le 12 décembre dernier en mode virtuel. Et maintenant, on a réussi à généraliser, en effet, une même nomenclature. Tout le monde s'est engagé avec la task force for Climate-related financial disclosure, TCFD, qui est une vraie avancée à cet égard. On a une même méthodologie et on avance. Donc les investisseurs se sont engagés sur une méthodologie de mesure qui correspond exactement à ce que vous venez de dire et qui, maintenant, est en train de se décliner sur les entreprises. Et par exemple, on a obtenu en décembre dernier, le 12 décembre dernier, que les 40 entreprises du CAC 40 français intègrent cette méthodologie. Ce qui veut dire qu'elles vont devoir reporter à leurs actionnaires, aux marchés, le fait qu'elles sont justement elles-mêmes conformes à ses engagements et qu'elles font des efforts. 
Troisième pilier de notre action, c'est qu'on fasse la même chose sur la biodiversité. Moi je crois beaucoup qu'on ne tiendra l'engagement climatique que si on arrive à engager nos entreprises, nos investisseurs, nos pays sur un agenda biodiversité. C'est tout le sens d'ailleurs de ce qu'on a fait avec One Health, qui est de rassembler notre sujet santé humaine, biodiversité, lutte contre le réchauffement climatique et contre la désertification. Mais je crois véritablement qu'on n’est encore qu'au début sur le climat, sur la biodiversité. Et c'est très important parce que c'est des changements de production dans notre agriculture, c’est des changements de notre mode de consommation, de notre mode de vie. Et donc là, nous avons à bâtir cette année les règles communes. Et donc quand vous dites qu'est-ce que l'on doit réussir à négocier de plus ? Eh bien moi, je pense qu'à la COP de Kunming, on doit réussir à négocier l'équivalent de l'accord de Paris pour la biodiversité. Nous avons réuni, il y a quelques jours à Paris et en mode virtuel, un One Planet Summit biodiversité, c'était le premier du genre. On a pris plusieurs initiatives très fortes : la Grande Muraille verte, justement, pour dans 11 pays du Sahel et de la Corne de l'Afrique, réussir à lutter contre la désertification ; beaucoup d'initiatives en matière de biodiversité. Et on a lancé une initiative, là aussi, de disclosure en matière financière pour intégrer la biodiversité dans ces critères, avec un rendez-vous qui se tiendra cet été. Et donc, ça, c'est le point clé. Voilà les trois piliers.

- Je vais vous dire, tout ce qu'on est en train de se dire converge pour moi vers trois éléments. Le premier, on doit bâtir un nouveau consensus. Le 11 novembre dernier, lors du Forum de Paris pour la paix, on a essayé de réunir des chefs d'Etat et de gouvernement, des ONG, des organisations internationales, des intellectuels pour essayer de réfléchir à ce qu'on a appelé très immodestement le consensus de Paris. C'est le consensus de partout, qu'importe, mais de se dire plusieurs décennies après le consensus de Washington, il nous faut bâtir un nouveau consensus dont les règles ne sont pas la réduction de l'État, la baisse du secteur public et la création de valeur uniquement pour justement l'actionnaire. Et donc on doit bâtir, et c'est exactement la discussion qu'on a depuis tout à l'heure ensemble, un nouveau consensus qui intègre tout cela et qu'il remet au cœur du modèle. Deuxième point, il faut trouver un nouveau mode de coopération entre les États, c'est-à-dire retrouver un multilatéralisme efficace. C'est ce à quoi je crois depuis des années. Il était bloqué, en effet, par une administration américaine qui n'y croyait pas. Je nourris beaucoup d'espoirs en ce début d'année avec un partenaire américain, je l’espère, qui va se réengager, et donc nous devons construire un multilatéralisme efficace qui permettra de répondre et de mettre en œuvre ce nouveau consensus. Et puis, troisième chose, on a besoin de bâtir ces nouvelles coalitions, celles-là même qu'on a essayé de construire dans le cadre des One Planet Summit. C'est-à-dire qu’au fond, pour répondre à ces défis, le « new normal » est une interaction, c'est-à-dire la coopération, mais au concret entre les États, les ONG, les entreprises, les investisseurs. C'est-à-dire que ce « new normal » dont on parle, la mise en scène du consensus, ce n'est pas qu'un multilatéralisme intergouvernemental, ce sont des coalitions d'acteurs hétérogènes qui se donnent les mêmes objectifs pour avoir des résultats.

[Impact de la puissance de l'écosystème numérique] Je pense qu'il y en a plusieurs. Le premier, c'est que nous sommes en effet en train de multiplier les révolutions, quand on parle de numérique. Il y a plusieurs révolutions en une. Nous sommes au début de plusieurs révolutions technologiques qui nous font complètement changer de dimension. On a la révolution de l'intelligence artificielle, qui va totalement changer la productivité et même aller au-delà du pensable dans énormément de verticaux, de l'industrie à la santé en passant à l'espace. À côté de la révolution de l'intelligence artificielle, il y en a une deuxième qui, pour moi, est totalement fondamentale, qui est celle du quantique, qui va là aussi, par la puissance de calcul et la capacité d'innovation, profondément changer notre industrie, en changeant l'industrie des capteurs et donc ce qu'on peut faire dans l'aéronautique, ce qu'on peut faire dans le civil, changer totalement la réalité du cyber, par exemple ; et notre puissance de calcul, ce qui veut dire aussi la capacité qu'on a à résoudre des problèmes. Je prends l'épidémie que nous sommes en train de vivre, l'intelligence artificielle et le quantique sont des instruments de gestion, de transformation de gestion de l'épidémie. C'est-à-dire que vous pourrez régler des problèmes qui aujourd'hui prennent des semaines, en un jour. Vous pourrez régler des problèmes de diagnostic, peut-être en quelques secondes, grâce au croisement de l'imagerie médicale et de l'intelligence artificielle. Et donc dans la grande famille de ce qu'on appelle le numérique, on a en fait une convergence entre des innovations, celles du numérique, qui est au fond, quand on appelle ça génériquement, des réseaux sociaux et d'une hyper connectivité avec celle de l'intelligence artificielle et des technologies quantiques. 
Le mariage de tout ça fait que nous allons rentrer dans une ère d’accélération de l’innovation, de rupture très profonde d’innovation et donc de capacités à commoditiser certaines industries et créer de la valeur très vite. Par rapport à ce que j’ai dit, qu’est-ce que cela a comme impact ? Un, on va continuer à innover et à accélérer. C’est sûr. Deux, il y aura des impacts en termes d’ajustement sociaux et il nous faut les penser dès maintenant. C’est-à-dire que le sujet des inégalités sociales va être encore plus prégnant dans un monde comme celui que je viens d’évoquer parce que nous aurons des impacts, des ajustements qui seront réels et qui sont à penser dès maintenant. Trois, tout cela a des impacts en termes démocratiques qui sont massifs. Et donc si vous voulez, pour moi, ces innovations vont être des accélérateurs de nos problèmes sur le plan social et démocratique. L’expérience américaine des dernières semaines l’a montré sur le plan démocratique, si besoin était. Quatre, la bonne nouvelle c’est que je pense que sur la résilience de nos systèmes et la réponse à la crise climatique, on a sans doute sous-estimé l’apport de l’innovation et je pense aussi que toutes ces technologies vont nous permettre, beaucoup plus vite, de répondre aux défis climatiques. 
Et donc si je regarde, que je prends deux pas de recul par rapport à tout ce qu’on est en train de se dire, je pense que nos économies vont devoir de plus en plus investir dans ces innovations et il faut y aller à fond. Je pense que si on s’y prend bien et qu’on coopère entre nous, ces innovations vont nous permettre de créer de la valeur, de répondre aux défis économiques. Elles vont nous permettre, je l’espère, je le crois possible, de répondre plus vite aux défis climatiques. Et c’est aussi pour ça que moi je crois à ce que j’appelle l’économie du mieux, la réponse climatique par l’innovation plutôt que par l’arrêt des activités. Mais elles vont nous poser des problèmes sur lesquels nous n’avons pas assez réfléchi en termes démocratiques, en termes de libertés publiques et d’augmentation des inégalités sociales dans nos différentes nations. 

- N’oublions jamais que notre objectif est toujours en société de construire la vie bonne, avec les vertus qui vont avec et la volonté de respecter l’autre. Et je pense que c’est au service de cet objectif qu’on doit mettre chacune de nos actions.