vendredi 28 mars 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Honte aux «grands amis» du régime chinois

La Chine est un grand pays. Les Chinois sont un grand peuple. La culture chinoise est une grande culture. La Chine a donné de grands hommes à la civilisation mondiale. La Chine est redevenue la grande puissance qu’elle était et la grande économie qu’elle fut pendant des siècles.
Oui, tout cela est vrai, tout comme la Chine est aujourd’hui dirigée par un parti totalitaire et demeure la plus grande dictature de la planète (qui, plus est, en train de se réarmer à vitesse grand v).
Et que l’on ne vienne pas raconter encore une fois ce mensonge que la culture et la tradition chinoise ne s’accommode pas de la démocratie.
Hong Kong était une véritable démocratie avant que Pékin ne remette la main dessus. Surtout, Taiwan est une démocratie, ce qu’elle prouve actuellement avec le débat qui l’agite sur les menaces récurrentes de Pékin sur son indépendance et sa liberté.
Dès lors, on ne peut être qu’honteux, en tant que Français mais aussi en tant que centriste, de voir avec quel faste incongru et déplacé, le gouvernement français a reçu le chef du Parti communiste chinois et président de la Chine, Xi Jinping, celui qui s’en va dans les campagnes et les villes de son pays affirmer sans rire que Mao était le plus grand homme chinois et qu’il s’en inspire tous les jours alors que les historiens sont toujours à se demander qui a fait le plus de millions de morts, Staline ou ce grand timonier assassin, et que des prisonniers politiques croupissent dans les geôles communistes à travers le pays.
On est honteux en tant que Français quand le président de la république déroule, non seulement, le tapis rouge à monsieur Xi mais quand on voit avec quelle chaleur il lui fait visiter Versailles ou quand il lui dit que la France et la Chine sont d’accord sur les dossiers syriens et iraniens que Pékin bloque sans états d’âme depuis des années et qu’il loue l’attitude de la Chine à propos de l’annexion de la Crimée par la Russie, oubliant que le régime chinois n’a pas condamné ce coup de force mais s’est seulement abstenu au Conseil de sécurité des Nations unies et que sa répression sanglante au Tibet ne peut être décrite comme une attitude responsable contre tous les «séparatismes».
On est honteux en tant que centriste quand on entend ce même monsieur Xi vanter son «grand ami» Jean-Pierre Raffarin qui prétend défendre les valeurs du Centre et qui est devenu le principal VRP du régime communiste.
Ah oui, j’oubliais, nous sommes dans une mondialisation dominée par la realpolitik.
Alors, oui, bien sûr, il faut dialoguer et entretenir des relations diplomatiques avec la Chine, il faut même commercer avec elle et respecter le peuple chinois.
Mais, au nom de contrats juteux (qui nous font oublier que le dumping social et fiscal, couplé à un protectionnisme dur de la Chine ont mis à mal les économies occidentales), doit-on mettre à la poubelle nos valeurs, nos principes et notre lutte incessante pour faire triompher la démocratie dans le respect de la personne humaine?
Les «grands amis» de la Chine peuvent se mentir à eux-mêmes sur le fait qu’ils ne défendent pas une dictature mais parlent seulement d’un grand pays et tenter de leurrer les Français à ce propos.
Mais cela fait penser que Vladimir Poutine n’a pas forcément tort lorsqu’il affirme que les régimes démocratiques occidentaux sont devenus faibles et incapables de défendre leurs valeurs, ce qui lui permet d’en profiter, comme il l’a fait en supportant le régime scélérat syrien avec l’appui de la Chine (jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’alternative qu’entre le boucher Assad et les assassins d’Al Qaeda, c’est-à-dire aucune) et qu’il s’approprie la Crimée devant des dirigeants de l’Union européenne tremblants et prenant leurs calculettes pour savoir combien cela allait leur coûter d’avoir une attitude ferme devant l’autocrate du Kremlin.
Bien sûr, si la France se fâche avec la Chine, il y aura l’Allemagne ou la Grande Bretagne, l’Italie ou l’Espagne, voire les Etats-Unis pour la remplacer et remporter ces contrats juteux.
C’est la raison pour laquelle c’est aussi et surtout au niveau de l’Union européenne ou du G7 (Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Japon, Canada, Italie, Allemagne) que des fronts démocratiques doivent se mettre en place et défendre les valeurs qui fondent les démocraties républicaines.
En tout cas, pour ceux qui pensent que tout ceci n’est que de la naïveté, l’important est de savoir qui nous sommes et qui nous voulons être.
Le Centre et les centristes, attachés au Centrisme, savent que rien ne peut remplacer la démocratie républicaine, même avec ses défauts.
Dès lors, la lutte contre ses ennemis est un impératif politique et moral.
D’ailleurs, comment les Hollande et les Raffarin qui s’inquiètent, à juste titre, de la montée du Front national en France peuvent s’afficher avec de si grands sourires avec monsieur Xi?