mercredi 6 mars 2019

Actualités du Centre. Paroles centristes: Démocratie, progressisme, sexisme, Europe, Grand débat, taxe GAFA…

Voici une sélection des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux.

Christophe Castaner (LREM, ministre)
- L’Europe n’est pas figée. Encore moins condamnée. L’Europe est un projet. Elle est une volonté. Elle est ce que nous, citoyens d’Europe, en ferons. Ne laissons pas se refermer sur nous le piège nationaliste et bâtissons ensemble un avenir de liberté, de protection et de progrès.
- [A propos d’un député FI qui affirme avoir été matraqué par le police lors d’une manifestation des gilets jaunes:] Très clairement, il me semble que ce n’est pas la place d’un député, que d’être dans un lieu interdit pour une manifestation. Que ce n’est pas l’attitude d’un député, que de provoquer nos forces de l’ordre.

Bruno Le Maire (ministre)
- La préférence européenne en matière économique, proposée par Emmanuel Macron dans sa tribune, permet de défendre nos intérêts, nos emplois et nos industries
- La taxe sur les géants du numérique est une mesure forte, attendue par les Français, qui vise à rétablir de la justice fiscale et à construire la fiscalité du 21ème siècle

Muriel Pénicaud (LREM, ministre)
Le président de la République a précisé son idée de progressisme. C’est de la liberté mais aussi de la protection, au niveau européen. C'est notamment aller plus loin sur la convergence sociale.

Benjamin Griveaux (LREM, ministre)
Nous devons renouer avec le fil de l’histoire de l’Europe.

Marlène Schiappa (LREM, secrétaire d’Etat)
- Je me réjouis que la presse mentionne Agnès Buzyn, Nathalie Loiseau, Brune Poirson, Nicole Belloubet comme potentielles têtes de liste aux européennes Pour moi, la tête de liste doit être une femme!
- Pour tout vous dire, j'ai été ravie qu'on parle de beaucoup de mes collègues femmes (...) qu'on reconnaisse les mérites et les qualités politiques des femmes de ce gouvernement.
- On est dans un pays extrêmement sexiste.
- Le gouvernement agit sans relâche contre les violences faites aux femmes. Car il est insupportable et injustifiable de penser qu’une femme, qui avait eu le courage de parler, soit retrouvée morte, chez elle, malgré sa ou ses plaintes.

Brune Poirson (LREM, secrétaire d’Etat)
L'Europe a été créée à une époque où les défis étaient totalement différents. Ils ont évolué ; il faut donc faire évoluer les institutions européennes. Et on le fera avec les citoyens européens.

Stanislas Guerini (LREM, délégué général)
C'est le moment. Celui de la Renaissance européenne. L'heure est venue de défendre notre liberté, de protéger notre continent et de retrouver l'esprit de progrès. Ensemble, pour l'Europe.

Pierre PERSON (LREM, député)
Aujourd'hui, Emmanuel Macron invite tous les citoyens européens à participer à une renaissance de l'Europe. Pour:
Défendre notre liberté
Protéger notre continent
Retrouver l'esprit de progrès
A nous, progressistes et fervents européens, de poursuivre cet élan!

Ludovic Mendes (LREM, député)
- Nous devons sortir de notre vision franco-française de l’Europe pour comprendre les problématiques et décisions prises avec nos partenaires européens.
- L’Europe est en train de s’effondrer. À travers sa tribune, Emmanuel Macron souhaite donner une impulsion, un nouvel élan pour réenchanter l’Europe en France et hors de ses frontières.
- Quand je rencontre les députés allemands, ils me disent, «on a besoin des discours de monsieur Macron car cela nous permet d'avancer et d'informer notre population des avancées européennes».

Philippe Berta (LREM, député)
[Extraits de la tribune «Grand débat: la démocratie qui vient» écrite avec Barbara de Vos et Serge Guérin]
- Le Grand débat peut être l'une des prémices d'une mutation plus profonde de la démocratie.
- La révolution technologique que nous vivons, et que Jeremy Rifkin théorise sur les volets numérique et énergétique avec le concept de Troisième révolution industrielle, bouleverse profondément notre économie, notre société, nos modes de vie.
Le monde bouge, il bouge vite. Et comme les années que nous vivons sont des années charnières, nous avons l'assurance de ce que l'on quitte, mais pas toujours une vision nette de l'horizon vers lequel nous nous rendons. Rappelons-nous la célèbre formule de Gramsci : «Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres.»
- Alors que la société s'articule généralement autour de trois pôles – progressiste, réactionnaire et conservateur – qui s'équilibrent, la position conservatrice devient peu confortable en ces périodes de bouleversement profond. Qui, en effet, voudrait rester dans cet entre-deux incertain? Il en ressort une radicalisation protéiforme des positions.
- Ceux que l'on nomme parfois les perdants de la mondialisation voient leurs structures traditionnelles s'effondrer sans garantie d'un horizon désirable et éprouvent un besoin de se rassurer, de se tourner vers la sécurité. Et ce besoin peut prendre des expressions extrêmement variées: on va y retrouver aussi bien le mouvement des gilets jaunes, le regain du religieux, le vote pour les extrêmes, le militantisme pour les formes familiales traditionnelles ou encore le renouveau de l'intérêt pour retrouver ses origines marqué par le succès des tests génétiques. De l'autre côté de l'échiquier, ceux qui se définissent comme tenants du progrès sont tout aussi renforcés dans leurs positions et divers dans leurs expressions, et ceci en fonction de là où ils situent le progrès: chantres de la start-up, militants du développement durable, polyglottes de la mondialisation ou autres militants d'évolutions sociétales.
- Qu'ils souhaitent le retour à une société et une économie des Trente Glorieuses, ou qu'ils souhaitent accélérer la marche vers le futur qu'ils projettent, réactionnaires et progressistes partagent le constat d'une période inconfortable d'effondrement des repères et le désir de mouvement. Au fond, c'est dans le milieu institutionnel, qu'il soit politique, bureaucratique ou technocratique que l'on trouve les derniers défenseurs du conservatisme. Parce que la constance est simple dans des structures solides. Parce que la codification et les rituels sont puissants dans les institutions. Parce que la reproduction sociale est forte dans la politique et la haute fonction publique.
- Alors que l'économie et la société, et même, paradoxalement, les tenants de la réaction ont adopté une structuration en réseau et un nouveau mode de vivre, d'agir et de penser, la politique française reste arc-boutée sur un système institutionnel rigide, jacobin, avec une conception du pouvoir d'un autre temps.
- La démocratie, si elle se contente de s'auto-conserver, avec quelques menues améliorations – un peu plus de transparence par ici, un peu moins de dépenses par là – n'a aucune chance de survie dans un environnement où tout le reste se réinvente. Il suffit d'observer, à l'échelle internationale, le poids des régimes autoritaires et l'essor des populismes.
- La réaction pourrait bien l'emporter partout, et singulièrement chez nous, si la démocratie ne trouve pas sa voie dans le nouveau monde.
- [Il faut que) le grand débat national rouvre une nouvelle forme de dialogue, un processus itératif, entre ce que les Grecs appelaient la praxis (la pratique) et la technè (l'expertise).
- Le grand débat national est bien plus qu'une réponse aux gilets jaunes, c'est une bouée de sauvetage envoyée à la démocratie. Si nous parvenons collectivement à la saisir, le chemin sera encore long pour parvenir à la démocratie représentative du XXI° siècle mais, au moins, aurons-nous une première piste. A cette aune, nous pourrons alors imaginer comment substituer l'intelligence collective à la pratique référendaire manichéenne, comment mettre en place une structure politico-administrative en réseau, comment donner toute sa force au principe de subsidiarité, comment recréer un espace public de dialogue et de décisions, comment libérer les initiatives sur les territoires. Bref, nous pourrons redonner vie à la démocratie.

Sarah El-Hairy (MoDem, porte-parole)
Lors du débat initié par FI sur la criminalisation de l'action militante, j'ai réfuté l’idée qu’il existe une forme de «criminalisation de l’action militante» mais il existe bien des militants criminels.

Nathalie Griesbeck (MoDem, députée)
Même longueur d’onde que le Président Emmanuel Macron qui redit son souhait lors de l'inauguration à Paris du Collège du Renseignement et en présence de tous les acteurs, d’étendre les compétences du parquet européenne à la lutte contre le terrorisme. Ce combat est européen.

Jean-Noël Barrot (MoDem)
[Extraits d’une tribune publiée dans Le Parsien: «Il est temps de restaurer l’utilité du Parlement»]
- Le moment est venu de restaurer l’utilité du Parlement et d’en faire un instrument au service des Français: confions aux parlementaires la charge de contrôler l’action publique. Faisons d’eux les vigies de la bonne application des lois. Ils doivent pouvoir vérifier, une fois la loi votée, qu’elle est concrètement mise en œuvre. Députés et sénateurs pourraient assurer le suivi des textes jusqu’au cœur des territoires et au sein des administrations déconcentrées de l’Etat.
- Donnons aussi aux parlementaires le temps et les incitations à s’investir pleinement dans l’évaluation des politiques publiques. C’était l’un des objectifs du projet de loi constitutionnelle. Les députés et sénateurs doivent pouvoir interroger le gouvernement sur l’exécution et la performance des politiques qu’il mène. Ces débats doivent être suivis de décisions : prorogation des dispositifs qui atteignent leur objectif, abrogation des autres. Ouvrons enfin aux parlementaires l’accès aux données nécessaires à l’évaluation, notamment celles collectées par les administrations. Elles sont indispensables à un travail d’analyse des politiques publiques. Pour faire bon usage de ces données, les Assemblées doivent en parallèle se doter de l’expertise nécessaire pour mesurer, en amont et en aval, l’efficacité des lois et leur incidence budgétaire.
- La société civile doit être pleinement associée : mobilisons-la pour qu’elle participe à une évaluation permanente des politiques publiques. Sur le modèle de la plate-forme utilisée pour le grand débat national, créons un espace numérique au sein duquel les citoyens pourront en permanence évaluer, noter et comparer la qualité des services publics de proximité ou encore la pertinence des textes. Disponibles au téléchargement, ces données viendront alimenter le travail des parlementaires.

Pascal Brindeau (UDI, député)
Nous voulons rassembler tous les pro-européens qui veulent des propositions concrètes, pas des grandes incantations!

Laurent Hénart (Mouvement radical, président)
Je souhaite que l'on puisse aboutir à une liste «des européens» avec le Modem et LREM.
[Taxation des GAFA] Je suis favorable à cette taxation et plus largement à la taxation des transactions financières.
Il faut associer les maires au suivi des fichés S.
L'Est de la France est particulièrement exposé à la radicalisation car c'est une région frontière.


Actualités du Centre. François Bayrou: «Du grand débat va sortir un nouveau projet national»

François Bayrou
François Bayrou n’en démord pas, du Grand débat national et du mouvement de foule des gilets jaunes va sortir «un nouveau projet national».
C’est ce qu’il a redit lors d’un entretien à la chaine CNews.
Un nouveau projet dont il n’indique pas le contenu mais qui est, selon lui, indispensable pour faire de la politique autrement et parce que «le moment que nous sommes en train de vivre, c'est le plus périlleux que nous ayons connu depuis 50 ans, pour notre pays, pas seulement pour les grands principes de la planète, pour notre pays, pour nos intérêts».
Cette dramatisation de la situation actuelle est désormais une constante chez le président du MoDem et lui permet, notamment, de se poser en une sorte de conscience d’Emmanuel Macron à qui il prétend, sans plus de réserves, prodiguer moult conseils et visions politiques.
Dans cet entretien, Bayrou parle également des enjeux des européennes en estimant qu’il faut un volontarisme, tel celui proposé par le Président de la République pour faire bouger les choses et «retrouver la prise sur notre propre destin» (celui des peuples de l’UE).

Extraits de l’entretien de François Bayrou

Dans sa lettre aux citoyens de l'Europe, Emmanuel Macron propose une renaissance européenne, une souveraineté européenne. On a envie de dire: ce n'est pas demain la veille.
Vous vous trompez.
Au Conseil des Ministres, Bruno Lemaire va présenter tout à l'heure la taxe française contre les GAFAM, les géants mondiaux du numérique. La France est seule, les autres européens se planquent, ils ont peur.
Et alors, vous proposez que l'on se croise les bas et qu’on laisse faire? C’est cela?
Vous dites: au fond, c'est très difficile donc il faut renoncer.
C’est justement parce qu’on est tout seul et que les autres ne veulent pas qu’il faut y aller?
Eh bien, voilà, c'est très difficile sans aucun doute. La loi du monde, la loi de l'univers, on la connaît bien, c'est la loi des intérêts et pas la loi des principes. En face de cette loi des intérêts, nous, les Français, parce que c'est notre histoire, et parce que ce sont nos valeurs, nous opposons des lois plus morales, si j’ose dire, en tout cas un horizon dans lequel nous n'abandonnons pas les valeurs qui sont les nôtres. C'est exactement ce que le Président de la République a dit dans cette tribune très importante publiée dans tous les pays européens et dont vous avez vu qu'elle a des échos dans tous les pays européens. Qu'est-ce qu'il dit? Il dit: La question des peuples aujourd'hui, c'est la souveraineté. Comment retrouver la prise sur notre propre destin.
C’est-à-dire la souveraineté nationale ou la souveraineté européenne qui passe par la souveraineté nationale?
La souveraineté des peuples et, aujourd'hui, on ne peut pas imaginer la souveraineté des peuples s'il n'y a pas cette construction que nous avons faite ensemble qui est en face des empires sans scrupule, empires j'allais dire sans loi et sans foi pour ce qui est de leurs intérêts. En face des intérêts des empires, à ce moment-là, il faut que nous bâtissions, nous, quelque chose qui nous permette de résister et de faire entendre et si possible notre voix.
Mais en même temps, sans oublier les intérêts nationaux. Là on voit que c'est le GAFAM…
Comprenez-moi, c'est la même chose. Le fait qu'il y a d'immenses intérêts privés, ce dont on va parler ce matin au Conseil des ministres c’est: puissances numériques de la planète, Google, Amazon, Facebook, etc.
Domination du monde.
Ces puissances-là, industrielles et financières et les puissances des empires, de la Chine, des États-Unis, de tout ce qui se passe aujourd'hui et de tout ce qui se met en place sur la planète, en face de cela, nous n'avons qu'un recours, et ce recours c'est que les pays européens se rassemblent et se rapprochent pour défendre ensemble l'essentiel.
Il n'est jamais trop tard pour le faire.
Ce n'est pas seulement qu’il ne soit pas trop tard, c'est qu'il est urgent de le faire. C'est cette urgence-là. Vous voyez bien la question des frontières, la question des vagues migratoires, la question des mafias, comment vous voulez que l'on y résiste seul ?
Il y a un lien d’ailleurs entre les mafias et les migrants. Il y a d'autres choses, sur les migrants, puisque vous y venez, il y a peut-être un changement assez net à l'égard des migrants chez le Président de la République. Il demande à tous les Européens de négocier un nouveau Schengen, c'est-à-dire qu'est-ce qu’on met dedans?
C'est une chose très importante.
C'est ce que réclamait la droite il n'y a pas longtemps.
Oui, ce que réclament les gens qui connaissent le sujet. De quoi s'agit-il ? Nous pouvons constituer ensemble un espace qui comprend les pays déterminés à lutter contre ces trafics parce qu'il y a beaucoup de trafics derrière. Il y a d'immenses intérêts mafieux qui vendent du rêve aux migrants et qui prospèrent sur leurs dos, quitte à ce qu'ils perdent la vie, ils s’en moquent.
Donc il faut fermer les frontières et laisser les migrants dans les mains des passeurs et des trafiquants?
Cet ensemble de pays souverains décidés à faire respecter leurs lois, ils vont faire deux choses. D’abord défendre ensemble le territoire qui est le leur, des frontières.
Il y a déjà Frontex.
Oui, et je ne suis pas sûr que cela suffise. Ensuite, avoir pour l'asile la même loi, c'est-à-dire que l'on ne puisse plus se trouver dans la situation où nous sommes aujourd'hui dans laquelle il suffit, à un migrant qui se voit refuser le droit d'asile dans un pays européen, de passer dans le pays voisin pour recommencer tout le processus.
Emmanuel Macron est Bayrouïste ou Bayrou est macroniste ?
L'essentiel est que nous sommes sur les mêmes orientations profondes. Je suis sûr que vous vous rendez compte, mais peut-être on ne le dit pas assez, le moment que nous sommes en train de vivre, c'est le plus périlleux que nous ayons connu depuis 50 ans, pour notre pays, pas seulement pour les grands principes de la planète, pour notre pays, pour nos intérêts. On est comme cela sous la menace de puissances qui veulent nous imposer leurs lois, de puissances dont on considérait hier qu'elles étaient de notre côté de la barrière.
Le grand débat a fini par mobiliser une grande partie des citoyens qui avaient probablement besoin de se parler, d'échanger. Qui perd, qui gagne dans ce grand débat ?
Je pense que c'est la France qui gagne. Vous voyez bien ce qui s'est passé.
Même ceux qui critiquent?
Oui, vous en avez fait le reportage très souvent. On a eu 30 ans pendant lesquels, chaque fois, il y avait une élection présidentielle, les sujets profonds et les attentes du pays surgissaient, on votait, un nouveau régime ou censé être nouveau se mettait en place et on retrouvait exactement les défauts et les faiblesses d’hier.
Ce n’est pas ce qui va arriver ?
Je ne le crois pas.
Parce que vous pensez que, du grand débat, va sortir quoi?
Du grand débat va sortir, formulé par le Président de la République au nom du pays, un nouveau projet national.
Avec quoi dedans?
Laissez s'élaborer le projet.
Vous dites le pouvoir d'achat, vous dites la ré-indexation des retraites ?
Il y a un aspect social. Qu'est-ce que la solidarité, sans oublier ce que tout le monde sait que, pour la solidarité, il faut des moyens, et les moyens sont ceux de la Nation. Alors, certains disent, à juste titre, il faut accentuer sur la fraude fiscale, à condition qu'on l'identifie, j'en suis d'accord. C'est au fond ce que l'on va dire au Conseil des ministres ce matin avec cet impôt nouveau sur les GAFA, les grandes puissances numériques de la planète et qui vont devoir payer, en France, puisqu'on n'a pas réussi à mettre tout le monde autour de la table. Cela, un aspect social. Il y a un aspect d'économie, il y a un aspect de démocratie. Les gens très souvent ont dit pendant cette crise qu'ils ne se sentaient pas représentés.
Donc ils le seront?
Donc, il y aura des réponses de ce point de vue-là et il y aura une grande réponse, j'espère, plus importante qui est: qu'est-ce que la France défend dans le monde aujourd'hui? Parce que tous les pays sont interpénétrés, tous se tiennent.
C'est ce que l'on dit depuis le début.
C'est déjà très bien qu’on le dise.
Au-delà de la philosophie, par exemple, il peut continuer avec le même gouvernement?
Oui, si les orientations ou quand orientations seront clairement fixées, c'est le Président de la République qui forme son gouvernement et je ne crois pas qu'il soit bon de changer tout le temps de gouvernement.
Il y a un papier dans l'opinion aujourd'hui, plutôt favorable à François Bayrou qui dit que vous avez parfois des petits tiraillements avec Édouard Philippe. Vous avez milité pour qu’il reste ou pour qu’il s'en aille?
J'ai eu des divergences, tout le monde le sait, je les ai exprimées en public, avec un certain nombre d'orientations publiques au moment où elles ont été prises. Mais tout ceci est derrière nous. Nous sommes aujourd'hui dans une situation dans laquelle le gouvernement, qui conduit une action très importante, songez aux retraites, qu'il va bien va falloir traiter, mérite le soutien de la majorité.
Les élections européennes, est-ce qu’il y aura une seule tête de liste ou un trio?
Je crois une tête de liste. C'est la même chose pour toutes les listes. On a beau dire: on met une équipe en tête.
On dit que vous aviez d'emblée milité en faveur d'Agnès Buzyn. Elle a des compétences européennes?
Je pense que c'est une femme qui, par les responsabilités qu'elle a exercées et aussi par la vie de médecin qui a été la sienne, a quelque chose qui peut en effet parler au nom de la France mais il y en a d'autres candidatures, on parle de Nathalie Loiseau.
Et vous, que dites-vous?
Je ne milite pas pour les uns ou pour les autres? J'essaie de trouver, ou de recommander si je peux, l'équipe qui, non seulement fera de la politique en Europe, mais parlera au nom des Français avec une sensibilité que les Français reconnaîtront.


Actualités du Centre. Européennes 2019: la droite modérée et libérale se rallie à la liste centriste LREM/MoDem

Dans un entretien au Figaro (à lire ci-dessous), Jean-Pierre Raffarin, toujours membre de LR, chef de file des modérés du parti de droite et ancien premier ministre de Jacques Chirac a décidé d’apporter son soutien à la liste centriste LREM/MoDem pour les prochaines européennes, affirmant que le projet d’Emmanuel Macron est «le plus abouti» et déclarant, «c’est donc le projet du président que je soutiendrai sans aucune hésitation».
De son côté, le parti de la droite libérale, Agir, a décidé d’être présente sur la liste LREM/MoDem comme en témoigne le communiqué publié et signé par son chef de file, Franck Riester (à lire ci-dessous).
Enfin, lors de son congrès du 9 mars, le Mouvement radical présidé par Laurent Hénart, devrait lui aussi annoncer son alliance avec LREM et le Modem pour le scrutin de mai prochain.
On peut considérer que, dès à présent, cette liste est celle de l'axe central.

Extraits de l’entretien de Jean-Pierre Raffarin au Figaro:
- Vous attendiez «les principales options du président quant au projet, à la liste et aux alliances» pour annoncer votre choix aux européennes. Savez-vous quelle liste vous soutiendrez?
Je ne dispose que du texte écrit par le président. Mais il s’agit du projet européen le plus abouti. J’adhère au constat, à la vision et au projet. C’est donc le projet du président que je soutiendrai sans aucune hésitation; un projet fondé sur un constat lucide d’extrême gravité du monde, avec une vision ambitieuse, de renaissance européenne, avec une volonté de progrès sociale et libérale. C’est la trace de la France en Europe. L’intuition que nous avions eue avec Alain Juppé, après le discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron, se confirme aujourd’hui. Je suis constant. Je me mobilise pour l’essentiel. La question européenne impose le rassemblement car la situation actuelle de l’Europe me fait craindre le pire.
- Sur quels aspects de cette tribune vous retrouvez-vous en particulier?
Je trouve la tribune d’Emmanuel Macron bien dosée entre visions et actions concrètes, avec de bonnes idées comme «la Banque européenne du climat», «le traité de défense et de sécurité» ou «la police commune des frontières». Il y a ce qu’il faut d’audace et de protection. Et je suis fier que le président français prenne cette position dans toute la presse européenne. C’est la France que j’aime! Entre attention aux citoyens et ambition pour l’Europe.
- Pourquoi ce choix plutôt qu’un soutien à la liste LR, votre famille politique?
L’action européenne est davantage entre les mains de l’exécutif, au Conseil européen, que dans celles des partis. Aujourd’hui, affaiblir le président français, c’est affaiblir la France. Il ne s’agit pas pour moi d’un engagement de politique intérieure, mais d’une réponse à la menace de déconstruction qui pèse sur l’Union européenne dans un monde extrêmement dangereux. C’est donc avec Emmanuel Macron qu’il faut construire notre riposte.
- Votre soutien à LREM vaut-il désormais pour toutes les élections?
Il ne s’agit pas d’adhérer à LREM. Je reste partisan pour la France d’un centre-droit fort. Et je souhaite qu’après les européennes, on prépare ce qui pourrait être l’Epinay de la droite et du centre en rassemblant toutes les chapelles et toutes les personnalités de la droite et du centre: celles de LR, comme Gérard Larcher, Valérie Pécresse, Bruno Retailleau, François Baroin, Christian Estrosi, et celles en dehors de LR, comme Xavier Bertrand, Dominique Bussereau, Franck Riester… Avec les autres fondateurs de l’UMP, nous avions réussi à rassembler dans la diversité. A droite, dans le passé, nous avons souvent été dispersés aux européennes. Cela ne nous a pas empêchés de nous rassembler dans les grandes circonstances nationales.
- Ferez-vous activement campagne pour les européennes? Comment?
Je m’engagerai dans cette campagne des européennes avec beaucoup de convictions. Je crois la situation grave. L’Europe est travaillée par des forces négatives intérieures, comme le Brexit, et des forces extérieures. Je pense aux grandes puissances qui envisagent le monde avec une Europe éclatée. Le président américain n’est pas le dernier dans cette catégorie.
- Les Républicains s’inquiètent d’un duo-duel entre Emmanuel Macron et les extrêmes. Partagez-vous cette inquiétude?
Je ne crois pas à la disparition des clivages gauche-droite. C’est pour ça que je souhaite le rassemblement du centre et de la droite pour l’avenir. Je pense qu’il est possible de constituer une coalition sur un programme, comme c’est le cas en Allemagne. Ma vision n’est pas celle d’une fusion mais d’une coalition. Raison pour laquelle je souhaite que la liste LREM soit une liste de rassemblement, élargie à d’autres courants de pensée, et notamment le centre-droit.
- Qui voyez-vous comme leader de ce rassemblement du centre-droit?
Il y a de nombreux leaders. Ils sont au travail. On verra les résultats.
- Mais voyez-vous Emmanuel Macron comme leader de ce rassemblement?
Emmanuel Macron peut être fédérateur. Une partie de nos électeurs a voté Macron en 2017. Mais le centre-droit a une existence propre et un projet précis. C’est pour cela que nous avons, sur la politique intérieure, un certain nombre de divergences avec le chef de l’État, comme sur les questions de décentralisation ou de fiscalité.

Communiqué d’Agir:
Pour beaucoup de citoyens de l’Union européenne, notamment les plus jeunes, la paix et la prospérité que nous connaissons depuis plusieurs décennies en Europe sont, en quelque sorte, un « acquis ». Et nombreux sont ceux pour qui cette même Europe est devenue une entité abstraite, technocratique et insaisissable, qui ne saurait pas les protéger des dangers du monde: le terrorisme, les grandes migrations, le changement climatique, les conséquences du dumping social, la sécurité sanitaire, etc. Ce rejet de l’Union européenne semble progresser sans barrage.
Que des générations, qui n’ont pas connu la guerre, peinent à reconnaître ces deux réussites majeures de l’Europe que sont la paix et la prospérité, doit nous rappeler à deux devoirs fondamentaux: défendre ce qui a été construit depuis plus d’un demi-siècle, mais aussi et surtout donner un nouveau souffle à l’Europe, capable d’entraîner avec lui de nouvelles générations autour d’un projet commun, refondé.
Le projet présenté aujourd’hui par le Président de la République répond à ces grands enjeux: rassembler et renouveler. Nous nous reconnaissons dans cette démarche, dont l’objectif affiché est de permettre l’existence, au Parlement européen, d’une force politique qui défende l’Europe, qui soit fidèle au projet des pères fondateurs tout en étant résolument tournée vers l’avenir et les réalités du monde qui nous entoure.
Pour rester maîtres de notre destin, l’Europe doit impérativement s’affirmer comme une puissance souveraine et unie, à chaque fois que l’action de ses États membres ne peut pas suffire à elle seule à assurer l’avenir de ses citoyens : développement des technologies majeures à venir, sécurité des frontières, lutte contre le terrorisme et transition énergétique.
Comme à chaque période de « basculement du monde », le succès de cette entreprise oblige au courage de faire des propositions qui ne sont pas une simple amélioration de l’existant mais l’expression d’une grande aspiration ; oblige à l’écoute des attentes profondes des peuples afin que ces propositions puissent produire des résultats concrets améliorant leur quotidien; oblige à l’expression d’une certaine part de rêve nécessaire à la mobilisation des énergies humaines.
Ce sont ces nécessités auxquelles répond le projet présenté aujourd’hui par le Président de la République, et c’est pourquoi nous nous y reconnaissons. En tant que parti de droite pro européen, il est de notre responsabilité de participer au rassemblement qui assurera la victoire de ces convictions, en élisant des députés qui soutiendront cette démarche et permettront cette renaissance de l’Europe.