mardi 27 décembre 2005

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Réalité et modèle : l'urgence de refonder le social

Rien n’est gratuit en ce monde. Les Français, comme tous les autres peuples du monde, se sont battus pour édifier une société plus développée, plus prospère et plus solidaire. Et ce n’est que par son travail (qui est une condition sine qua non du développement) que le peuple français s’est bâti un présent plus humain et plus heureux que celui que connaissent malheureusement beaucoup de peuples de la planète. N’oublions jamais cette évidence. Rien ne s’est construit sans ce dur labeur de tous. Cette magnifique entreprise collective, quel que soit ses ratés et son soi-disant « sur-place » actuel (qui n’en est d’ailleurs pas un), a donné un résultat dont nous pouvons êtres fiers. Nous sommes même aujourd’hui dans une société beaucoup plus développée, sociale et sûre qu’il y a une vingtaine d’années malgré notre sentiment d’une détérioration de notre environnement économique et social.

La deuxième évidence est que tout cela est fragile, par essence, comme l’est la vie. Le combat n’est jamais passé, il est et sera toujours actuel. Si nos grands-pères et nos pères se sont battus pour construire cette société, nous devons, nous aussi, nous battre. Depuis les Incas et les Mayas nous savons que les civilisations meurent, tout autant, faute de régénération interne que par les agressions extérieures. Tout est donc contingent au présent. Les avancées du passé doivent être constamment régénérées. Rien n’est jamais acquis définitivement. Or nous avons tendance à croire que ce que nous avons est intangible…

Ce double rappel doit ramène bien évidemment tout droit à la situation économique et sociale d’aujourd’hui, dans cette « réalité » que beaucoup tentent de fuir et, parmi eux, un certain nombre d’hommes politiques effrayés et incapables d’analyser ce qui se passent ou, pire, incapables de prendre leurs responsabilités pour informer les citoyens et leur proposer des remèdes qu’ils pensent « impopulaires »…

Alors, ils adoptent une position indigne de leur mandat. Pour eux, les problèmes majeurs que nous rencontrons actuellement proviendraient d’un « ailleurs » qu’ils peuvent difficilement décrire et qui détruirait notre société. Pour preuve, la menace sur le soi-disant « modèle français », en tout cas sur la protection sociale élaborée depuis une centaine d’années et sur l’Etat providence (dont l’appellation d’origine anglaise est plus exacte : « Welfare State » que l’on pourrait traduire par Etat de bien être).

Cette dérobade coûte cher d’autant qu’elle permet à la plupart de nos concitoyens de croire que cette protection sociale constitue des droits définitivement acquis. Or, rien n’est plus faux et dangereux de les conforter dans cette opinion. Nos droits sociaux dépendent de l’environnement économique et sociétal et, surtout, des efforts que nous souhaitons fournir pour la préserver, si ce n’est l’étendre. Bien sûr, l’environnement mondial entre en ligne de compte mais ce qui est plus important c’est la manière dont on l’apprécie et dont on se positionne par rapport à lui.

Le constat est amer mais on ne peut l’éluder : nous avons construit notre modèle social sur des réalités qui n’existent plus tant à l’intérieur de notre pays (vieillissement de la population, par exemple) qu’à l’extérieur (émergence de nouveaux concurrents à bas prix et resserrement des écarts technologiques). Ce n’est pas en le « sanctuarisant » ou en dressant d’hypothétiques barrières (douanière, migratoire, culturelle, etc.) que l’on pourra, ni recréer ces réalités disparues, ni éviter la faillite du système tel qu’il est bâti et qu’il fonctionne aujourd’hui.

La tâche, ô combien indispensable, du politique est d’expliquer clairement cette situation, de présenter honnêtement la nouvelle réalité et de proposer courageusement les diverses solutions d’adaptation mais aussi et surtout de sauvetage du système social en évitant de l’ériger en modèle intouchable.

La situation, tout d’abord. Nous sommes dans une logique de faillite du système social qui est trop cher, inadapté et de plus en plus improductif quant à son but. La nouvelle réalité, ensuite. La France se trouve dans un monde globalisé qui convient bien à ses potentialités dans la haute technologie et dans les services mais qui rend obsolète son organisation de la protection sociale qui coûte (trop ?) cher avec des « avantages » sociaux qui deviennent des « handicaps » économiques comme la retraite à 60 ans ou les 35 heures, qui ne sont en soi ni de bonnes, ni de mauvaises mesures.

Les solutions, enfin. Posons quelques questions simples qui vont éclairer le sens des réformes à mettre en place : Quelles sont les protections sociales les plus importantes à sauvegarder ? A 60 ans est-on vieux aujourd’hui ? Qu’est-ce que le travail ? Commençons par la dernière. Le travail est tout simplement la condition sine qua non pour l’être humain de demeurer en vie. Sans travail, aucune société ne peut exister. De ce point de vue, le travail n’est ni une corvée, ni un plaisir mais une nécessité. Le rendre moins pénible ou plus agréable, raccourcir sa durée, remplacer le facteur humain par la machine, tout cela est dans l’ordre des choses pour, non pas se « libérer » du travail - ce qui est impossible -, mais trouver des moyens de déléguer certaines tâches pour en effectuer d’autres. Le travail est donc la seule valeur de base de notre activité en tant qu’humains pour assurer notre existence au sens de demeurer en vie.

Ce travail peut être divisé en deux parties. La première serait celle qui est nécessaire pour assurer notre survie. La deuxième serait celle qui nous permettrait de vivre mieux. C’est évidemment de cette deuxième qu’il est question ici car, heureusement, les Français sont capables d’assurer leur survie. Dès lors que le travail diminue en temps mais qu’un certain nombre de droits demeurent attachés à son exercice, se pose la question de l’équilibre entre sa création de valeur et la possibilité d’assurer la jouissance de ces droits sociaux. Cette mesure ne peut pas se faire dans le simple cadre national mais dans une globalité de l’économie mondiale puisque celle-ci est largement transnationale. Dès lors, plus cette durée baisse (chômage des jeunes, départ à la retraite plus tôt, baisse du temps de travail), en valeur absolue et en valeur relative par rapport aux autres pays, plus il devient difficile d’assurer les protections sociales.

Demandons-nous donc si, aujourd’hui, nous sommes vieux à 60 ans. L’espérance de vie est en continuelle progression et les personnes âgées se portent de mieux en mieux de plus en plus longtemps. Tant mieux. Mais, en leur permettant de ne pas travailler, on se prive d’une main d’œuvre importante, qualifiée et compétente. En outre, on paye des retraites élevées sans pouvoir assurer celles de ceux qui les payent aujourd’hui dans notre système de répartition. Dans de nombreux pays, l’âge de départ à la retraite est revu à la hausse. La France ne pourra pas faire l’impasse sur cette réforme. Quant aux protections sociales indispensables, nous devons ranger dans celles-ci l’accès à la santé pour tous (mais pas un accès à tout), des aides aux familles les plus démunies, des aides aux personnes privées d’emploi et quelques autres protections du même type.

Rallonger la durée du travail et repousser l’âge de la retraite en introduisant des mécanismes de fonds de pension par capitalisation. Focaliser l’attention sur les protections sociales les plus importantes. Créer un environnement favorable au travail et à l’accompagnement des chômeurs. Voilà quelques mesures afin de retrouver une croissance économique indispensable pour faire tourner la machine sociale. Le courage politique est maintenant de l’expliquer après avoir feint pendant des années de trouver des « solutions miracles »…

Alexandre Vatimbella

lundi 14 novembre 2005

Actualités du Centre. Réaction de François Bayrou à la formation de la coalition CDU-SPD en Allemagne

Si une coalition au centre est de bonne foi, elle peut assumer des réformes impossibles dans toute autre configuration. La division du pays en deux rend en effet, à la moindre difficulté, les gouvernements minoritaires. Seul l’élargissement du soutien apporté par une alliance centriste permettrait des politiques de plus longue durée, moins fragiles, et donc forcément plus courageuses. Une condition est cependant requise : que les programmes soient compatibles dans leur inspiration. La difficulté en France est que dans un pays qui se croit coupé en deux, chacun des deux « camps » est dominé par un noyau dur.
Les modérés se retrouvent donc forcément dominés dans leur propre camp. Cette bipolarisation artificielle a, depuis des années, coûté très cher à la France. Des femmes et des hommes, qui en fait, partagent les mêmes convictions – sociaux-démocrates, démocrates-chrétiens, centristes – ont été sans cesse divisés. Et puisqu’ils étaient divisés, ils ont été incapables de peser sur le destin de leur pays. Les temps dans lesquels nous entrons montrent aujourd’hui à l’évidence que cette configuration a conduit la France à l’échec, comme l’illustre le dossier des banlieues. Il faudra bien qu’une nouvelle ère s’ouvre permettant des démarches politiques nouvelles, plus rassembleuses. Mais cela dépend bien entendu de nos institutions, de leurs pratiques et de leurs règles électorales.
Le double scrutin majoritaire que nous connaissons en France – élection présidentielle suivie d’élections législatives, les deux au scrutin majoritaire – entraîne une amplification des mouvements électoraux qui permet, par exemple, à l’UMP d’avoir 365 sièges à l’Assemblée nationale alors qu’elle n’a obtenu que 19% au premier tour de l’élection présidentielle. Il y a donc un déséquilibre de la représentation, ce qui est extrêmement choquant et ce qui, au bout du compte, enferme les gouvernants dans un confort apparent, celui des majorités larges. Ces dernières conduisent cependant inéluctablement à la surdité. C’est d’autant plus frappant dans une période de crise comme celle que nous vivons.
(Propos recueillis par Laurent de Boissieu et Mathieu Castagnet - La Croix)

dimanche 6 novembre 2005

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Notre devoir de citoyen

« Il n’y a pas de situations désespérées ; il y a seulement des hommes qui désespèrent des situations. », dit ce proverbe chinois particulièrement adapté à la situation présente de notre pays mais aussi de la plupart des autres nations du monde. Certaines périodes de l’histoire de l’Humanité sont des charnières entre l’ancien et le nouveau, entre le déclin et le (re)nouveau, entre les risques de sombrer dans une crise majeure et la chance de rebondir en construisant le nouveau paradigme idéal. Nous sommes sans doute à l’un de ces moments dont le président américain, Franklin D. Roosevelt, affirmait – en parlant des années 30 qui subirent la grande dépression et se terminèrent par la plus grande boucherie de tous les temps - que la génération qui est aux commandes « a un rendez-vous avec le destin. ». Nous sommes dans un temps où les enjeux doivent nous transcender pour ne penser qu’à notre mission, clairement définie par un état des lieux sans équivoque, d’inventer un nouveau présent en pensant à l’avenir. Cette mission, à nous tous, « simples citoyens » de la France et du monde, ne réside pas dans ce que nous voulons faire, ni même dans ce que nous pouvons faire mais dans ce que nous devons faire. Nous avons un devoir à accomplir pour notre génération ainsi que pour celles qui la suivront. Il n’y a rien de pompeux ou d’emphatique dans cette affirmation, ni même d’alarmiste. De même, il ne s’agit pas de tomber dans une « mode » du prophétisme du malheur et de la recherche des hommes ou des idéologies providentiels. A toutes les époques, des augures ont stigmatisé les temps présents, faisant du « sursaut nécessaire » leur unique fond de commerce. Toujours ils se sont trompés en trompant les crédules du pessimisme. Mais, tout comme il convient de ne jamais dramatiser outrancièrement les enjeux, il ne faut pas, non plus, les relativiser en manquant de sens politique. La donne est encore de notre côté, mais pour combien de temps ?

Depuis la mise au point de l’arme nucléaire à la fin de la dernière guerre puis avec le développement effréné de nos économies, nous savons que nous pouvons détruire le monde ou, ce qui revient au même pour nous, l’Humanité. Evidemment, le pire n’est jamais sûr et certains prétendent que le progrès humain suffira à nous faire trouver des solutions adéquates sans pour autant devoir renoncer à notre développement. D’autres rappellent que cette vision est par trop optimiste et que les civilisations meurent, l’histoire nous l’ayant prouvé à maintes reprises (comme, par exemple, celle des Mayas), parce que celles-ci n’avaient pas réussi à maîtriser leur développement qui détruisit leur environnement après l’avoir trop u(tili)sé. Sans attendre de savoir qui a raison, nous pourrions peut-être agir en incluant ces deux données. Oui, nous trouverons des solutions. Oui, nous devons faire en sorte de ne pas les rendre inopérantes par une situation sans point de retour.

On pourrait également affirmer qu’il est primordial de s’attaquer aux vrais problèmes. Car, quand on les cache, on ne peut, non seulement s’y attaquer, mais on ne peut encore moins les résoudre puisqu’on affirme qu’ils n’existent pas (la « crise des banlieues » en est un exemple frappant). Ce cercle vicieux est devenu un mode opératoire banal et général dans les sphères du politique. En adoptant des mesurettes et en remettant à demain la prise en charge des grands défis, on ne fait qu’une chose : on augmente leur probabilité de ne pouvoir être résolus. Il nous faut donc une détermination forte et possédant un sens afin d’entraîner tous les citoyens dans ce challenge crucial. En son temps, Franklin D. Roosevelt, pour sortir de la crise de 1929, avait élaboré un programme dit des « 100 jours » (celui auquel Dominique de Villepin faisait sans doute référence pour son propre programme et non celui des 100 jours du retour de Napoléon…). Pendant ce laps de temps, de très nombreuses mesures furent décidées, non pas pour sortir de la crise immédiatement – ce qui ne fut vraiment réalisé qu’en 1946 ! – mais pour donner les bonnes directions et restaurer la confiance.

Il ne s’agit pas de s’inspirer du programme du président américain qui n’est plus d’actualité mais de s’inspirer de ce volontarisme qui permit un dynamisme certain même si les résultats concrets du New Deal prêtent toujours à discussion. Rappelons-nous cette donnée essentielle : oui, les peuples possèdent le pouvoir de changer les choses. Et celle qui en découle : oui, le volontarisme politique peut donner le nouvel élan indispensable. Sans Schuman et Monnet, pas d’Europe. Sans de Gaulle, pas de sursaut de la France en 1940, sans Churchill, pas de résistance héroïque au nazisme, sans Clemenceau, pas de sursaut national, sans Lincoln, pas d’Etats-Unis modernes pour ne prendre que quelques exemples. Et si les politiques mettaient autant d’énergie à s’attaquer aux défis du monde qu’à se faire élire, nous pourrions, sans doute, déplace des montagnes… A l’inverse, un pays qui n’ose pas, pire, qui renonce, ne doit pas se plaindre de sa malchance.

C’est dans cette optique qu’il nous faut une « France puissance ». Battons-nous pour demeurer un grand pays, non pas pour des rêves d’une « grandeur » surannée et sans aucun intérêt mais parce qu’un grand pays décide de son avenir, un grand pays décide de l’avenir du monde, un grand pays porte en lui une économie forte et des potentialités de développement. Mais, pour être un grand pays, il faut accepter les efforts. Sans efforts, nous deviendrons un pays sans voix, un pays résigné et nous remettrons notre destinée, notre présent et notre futur dans les mains des autres. Et pour demeurer ce grand pays, nous avons besoin de l’Europe qui seule peut nous garantir notre statut. Si l’Europe ne peut se faire sans la France, la France ne peut se développer sans l’Europe.

Alors, ne perdons pas de temps. La plus grande faute des gouvernants n’est pas d’agir mal mais de ne pas agir du tout. On ne pourra jamais reprocher à un leader d’avoir essayé honnêtement et de bonne foi mais on pourra lui en vouloir de son manque de courage politique.

Alexandre Vatimbella

mardi 1 novembre 2005

Actualités du Centre. René Rémond: « La pluralité de la droite reste d’actualité »

Historien, président de la Fondation nationale des sciences politiques René Rémond est spécialiste un spécialiste du XX° siècle et de la vie politique en France.
Il parle des droites en France dans une interview au quotidien L'Humanité.- Vous publiez un ouvrage intitulé les Droites aujourd’hui. Cela fait maintenant cinquante ans que vous travaillez sur la question de la droite et des droites françaises, pourquoi une telle fidélité, peut-être une passion, pour ce sujet ?
René Rémond. Le mot passion ne convient pas. Il s’agit plutôt d’un intérêt persistant. Je le dis souvent, si j’ai choisi ce sujet dans les années cinquante, c’est simplement parce qu’il était disponible. Personne ne s’y intéressait. L’un de mes regrets est de ne pas avoir réussi à trouver l’occasion de faire sur la gauche un travail symétrique à celui que j’ai réalisé sur la droite. Dans les années cinquante, on concevait la droite et la gauche au singulier. Toute ma réflexion reposait sur l’idée qu’il existait une certaine diversité tant à droite qu’à gauche. D’ailleurs les deux sujets se seraient en partie recouverts puisque certaines droites ont d’abord été des gauches.
- Votre livre est le troisième volet d’une « série » commencée en 1954 avec la Droite en France de 1815 à nos jours. Continuité et diversité d’une tradition politique, et poursuivi en 1982 par les Droites en France...
René Rémond. C’est effectivement le troisième sur cette question de la pluralité des droites. L’ouvrage de 1954 a été actualisé peu de temps après l’installation de la Ve République qui marquait le retour de De Gaulle au pouvoir. J’ai fait une seconde adaptation après la crise de 1968. Enfin, le livre a été complètement réécrit après l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Les Droites aujourd’hui prolonge et actualise les Droites en France.
Pourquoi avez-vous éprouvé le besoin de revenir sur le sujet en 2005 ?
René Rémond. Cinquante ans ont passé et je trouve que le livre a « bien résisté ». Les hypothèses que j’y développais (la tripartition entre droite libérale « orléaniste », droite autoritaire « bonapartiste » et droite contre-révolutionnaire « légitimiste ») ont été très largement acceptées. En particulier les relations conflictuelles entre les deux principales droites. On ne comprend rien à l’histoire de la Ve République, et en particulier à l’histoire des droites au pouvoir ou dans l’opposition, si on ne prend pas en compte les différences entre la droite libérale et la droite autoritaire. Le constat de deux candidats de droite se disputant les suffrages de l’électorat de droite lors de toutes les élections présidentielles confirme qu’il y a bien deux familles, deux traditions, deux systèmes de valeurs et de pensée. Ces deux systèmes ne sont pas nés en 1958, ils sont les rebondissements de familles de pensées beaucoup plus anciennes. La droite libérale s’inscrit dans le prolongement de la droite libérale du XIX° siècle. Juste une anecdote : j’ai éprouvé un vrai bonheur d’historien, un soir en écoutant Valéry Giscard d’Estaing dire : « Je représente le juste milieu. » C’est la définition que donnaient Louis-Philippe et Guizot de la monarchie de Juillet. VGE authentifiait en quelque sorte ma généalogie. La troisième droite (la première dans l’ordre chronologique d’apparition) que j’appelais « légitimiste » afin de mettre en évidence son origine et de souligner son ancienneté, mais que je préfère aujourd’hui appeler contre-révolutionnaire, n’a plus guère qu’un intérêt archéologique.
Reste que s’il y a eu une assez large adhésion à la thèse de tripartition de la droite, il y a des points controversés, particulièrement la question d’une droite extrême, différente de la droite autoritaire « bonapartiste ». C’est le problème des ligues, la question d’un fascisme ou pas dans l’entre-deux-guerres, avec des contestations venant essentiellement d’historiens étrangers. Il me fallait donc rouvrir la controverse et dire pour quelles raisons, à mon sens, cette droite de « combat », que Zeev Sternhell appelle « révolutionnaire », s’inscrit dans une tradition française et ne se confond pas avec le fascisme. Selon moi, le terme « révolutionnaire » pour qualifier cette droite n’est pas très bon. La révolution porte un projet alors que la droite extrême est plus contestataire que révolutionnaire. Enfin, en écrivant ce livre, j’avais aussi le désir de montrer que mes hypothèses étaient validées par l’histoire politique de ces trente dernières années. Le débat Balladur-Chirac de 1995 est l’illustration des deux droites. Cela a pu être occulté par le fait que les deux hommes appartenaient à la même formation mais il n’y a pas forcément coïncidence entre les formations parlementaires et l’appartenance à une tradition politique. Exemple frappant, l’UMP, où cohabitent des souverainistes à la Dupont-Aignan, une composante de fidèles gaullistes en voie d’extinction, un paquet de libéraux économiques, et une partie de la postérité de la démocratie chrétienne.
Lorsqu’on fait le compte entre les démocrates chrétiens de l’UMP et de l’UDF, est-ce que cette famille n’est pas aujourd’hui la plus nombreuse de la droite ? Cette famille a bien résisté à l’usure.
- Que signifie la permanence, depuis plus de vingt ans, du Front national dans le paysage politique ?
René Rémond. Sur le plan de l’histoire des idées politiques, le FN pose un problème. Selon moi, le FN n’est pas un simple avatar du fascisme. En effet, il n’a pas grand-chose de comparable aux ligues factieuses. Le FN garde un comportement légaliste. Il inscrit son action dans le cadre des institutions. Le Pen n’est pas un réactionnaire au sens historique du terme. Il ne souhaite pas revenir à l’avant-1789. Il fait une critique systématique de la politique menée mais il ne remet pas en cause le cadre institutionnel et la souveraineté du peuple. On se fourvoie si on voit dans le FN une simple variante du fascisme. Bien évidemment, on trouve dans sa « clientèle » comme dans celle de Villiers une partie de la postérité de Vichy et le noyau des catholiques intégristes contre-révolutionnaires. Le FN est lui aussi une coalition. Pour une part, le FN est un écho du boulangisme, du nationalisme de l’affaire Dreyfus et des ligues. Mais la nouveauté du FN, c’est que Jean-Marie Le Pen ait réussi à faire cohabiter toutes ces « tendances » dans la même organisation, et aussi part sa permanence, son enracinement dans le corps électoral à un niveau élevé. Les antécédents des phénomènes politiques comparables au FN disparaissaient rapidement. Le boulangisme, les ligues ou le poujadisme n’ont existé que quelques années dans des périodes de crise.
- Est-ce que vous faites un lien entre la permanence du FN et ce que vous décrivez comme « l’obsolescence » de la plupart des clivages historiques entre la droite et la gauche ?
René Rémond. Je constate que toute une série de questions qui ont structuré les débats droite-gauche ne sont plus au coeur des débats. Exemple, les questions qui touchent au régime politique, à sa philosophie inspiratrice : personne ou presque conteste la forme républicaine du gouvernement, les principes démocratiques ou le suffrage universel. 1789 est accepté au moins depuis le bicentenaire. Les nostalgiques de l’Ancien Régime, les maurrassiens, il n’en reste plus beaucoup. La laïcité suscite encore quelques débats mais la question religieuse n’est plus le principe majeur d’une division de l’espace politique. Sur cette question du clivage droite-gauche, il existe un grand paradoxe. Selon les enquêtes d’opinion, les Français estiment que le clivage droite-gauche n’a plus de pertinence. Pourtant si on leur demande de se situer politiquement, ils se classent majoritairement dans un camp ou dans l’autre. Donc le clivage persiste. Il existe indéniablement des valeurs de gauche et des valeurs de droite, une culture de gauche et une culture de droite. Même si l’on peut estimer que depuis Michel Rocard une partie du PS glisse à droite. Est-ce à dire que la frontière droite-gauche passera un jour au sein du PS ? La question peut se poser. La frontière se cherche mais ne disparaît pas. Aujourd’hui, la cassure se fait sur l’Europe mais cette question cristallise autre chose. Le dénominateur commun de la gauche est le rejet du libéralisme, et l’Europe a été en grande partie rejetée pour cela. Cette cristallisation anti-européenne et antilibérale est-elle passagère ou bien le système politique va-t-il se reconstituer sur cette question ? Dans quelle mesure le clivage du 29 mai est-il appelé à durer ? Pour l’instant il reste très fort au sein de la gauche. Peut-il devenir structurant ? Je n’en sais rien.
- Que pensez-vous du phénomène Sarkozy ? Est-ce une sorte de synthèse idéologique des différentes droites, libérale, autoritaire, populiste, voire vichyste ?
René Rémond. J’avoue que j’ai quelque difficulté à l’identifier par rapport aux différentes droites. Je ne crois pas que l’on puisse réduire Nicolas Sarkozy au libéralisme. C’est un tempérament qui a du mal à être situé dans une famille. Il est avide de pouvoir pour faire quelque chose. De ce point de vue, il n’est pas simplement libéral, il estime que l’État, que le pouvoir servent à faire des réformes. On retrouve une référence implicite au gaullisme qui se démarque des notables libéraux. D’ailleurs on peut se poser la question s’il existe en France des purs libéraux ? Quelques professeurs, quelques essayistes, et quelques politiques comme Alain Madelin, qui sont réduits à jouer un rôle d’électrons libres.(Propos recueillis par Stéphane Sahuc)


Actualités du Centre. Sondage: Une forte majorité de Français a une image négative du capitalisme

Les Français ont en majorité une image négative du capitalisme (61%) et du libéralisme économique (51%), alors qu'ils jugent positivement le socialisme (51%), selon un sondage LH2 (Louis Harris) pour le quotidien Libération à paraître vendredi.
Interrogées sur leur perception du capitalisme, 61% des personnes estiment que cela évoque quelque chose de négatif contre 33% qui en ont une vision positive.
Concernant le libéralisme économique, 51% déclarent en avoir une image négative, contre 38% qui le jugent positivement.
Le socialisme est en revanche perçu de manière positive par 51% des sondés, alors que 42% disent considérer cette notion négativement.
Le clivage est très net entre sympathisants de gauche (PCF, PS, Verts) et ceux de droite (UMP, UDF) sur ces questions.
Les premiers sont respectivement 76% et 65% à juger négativement le capitalisme et le libéralisme économique, alors qu'ils plébiscitent le socialisme à 77%.
Les seconds perçoivent positivement le capitalisme (60%) et le libéralisme économique (66%), mais rejettent majoritairement le socialisme (62%).
Si 66% des Français considèrent que "la liberté d'entreprendre et de créer" correspond plutôt bien à l'idée qu'ils se font du capitalisme, la critique de ce système porte avant tout sur la place réservée aux salariés dans l'entreprise, 62% jugeant que ce sont les actionnaires qui ont le plus de pouvoir dans les entreprises privées, contre 8% qui jugent que ce sont les salariés.
Corrélativement 67% souhaitent que les salariés aient plus de pouvoir et 57% qu'ils soient mieux associés aux décisions comme aux bénéfices. 43% se prononcent pour une forte augmentation des salaires.
Pour autant, 80% des salariés du privé disent avoir de l'intérêt pour leur activité et 69% de la motivation, contre 36% qui retiennent surtout l'exploitation, 32% l'injustice et 28% la précarité.
Sondage réalisé les 28 et 29 octobre par téléphone auprès d'un échantillon national représentatif de 1.004 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas)

mercredi 26 octobre 2005

Actualités du Centre. L'UDF s'affiche en opposante au gouvernement et à l'UMP

A près plusieurs années de menaces, l'UDF est passée aux actes. Mardi 25 octobre, à l'Assemblée nationale, une majorité de députés centristes (16 sur 30) a voté contre le volet recettes du projet de budget 2006, treize s'abstenant, un ne prenant pas part au vote.

samedi 22 octobre 2005

Actualités du Centre. La place de l'UDF en France selon Maurice Leroy

Sur le Monde.fr, le député   Maurice Leroy  analyse le positionnement de l'UDF centriste dans le système politique français.
- Pourquoi n'affirmez-vous pas clairement que l'UDF est un parti centriste, c'est-à-dire ni à gauche ni à droite ? Beaucoup de gens associent votre parti à la droite, or, sur l'Europe en particulier, vous êtes loin des positions réelles de l'UMP. 
Maurice Leroy : Oui, sur les questions européennes, nous avons de fortes différences avec l'UMP, voire parfois des divergences. Nous sommes clairement pour une Europe fédérale. Nous nous sommes toujours battus pour qu'il y ait une Constitution européenne. C'est tout le sens de notre "oui" franc et massif au projet de Constitution. En ce sens, nous nous affirmons plutôt comme un parti central et non pas uniquement centriste.
- Ne pensez-vous pas que l'UDF a seulement contribué à diviser la droite jusqu'à maintenant?
Maurice Leroy : Non, pas du tout ! Sans l'UDF, est-ce que M. Martin aurait été élu hier soir à l'Assemblée nationale dans la circonscription d'Alain Juppé ? Sans l'UDF, Jacques Bélissart aurait-il été élu aussi confortablement président des Maires de France cette semaine ? Evidemment non ! Il a fallu à chaque fois un accord partenarial entre l'UMP et l'UDF. Et toute l'actualité nous montre, y compris le week-end dernier, qu'il n'est point besoin de l'UDF pour voir arriver querelles et divisions au sein même de l'UMP ! Comme les Français, je suis très attaché au pluralisme et à la diversité. Il était illusoire de penser qu'un parti unique à droite puisse espérer faire à lui seul 50 % à toutes les élections ! Il faut donc élargir l'offre politique à droite et au centre et ne pas la rétrécir.
- Les divisions internes à la droite française, disons "démocrate-chrétienne", ne sont-elles pas ridicules lorsqu'elles sont vues à l'échelle européenne ?
Maurice Leroy : Oui ! Elles sont manifestement ridicules à l'échelle européenne, mais les comparaisons sont difficiles. La France a son histoire et sa culture. Vous pouvez aussi considérer qu'avec ses 36 500 communes, la France a à elle seule autant de communes que toute l'Europe confondue. Eh bien, je souhaite bien du plaisir aux gouvernants, quels qu'ils soient, qui voudraient demain supprimer des communes. C'est la même chose pour la vie politique française. En fait, si les responsables politiques, et tout particulièrement à l'UMP, parlaient un peu moins de ce qui divise pour rassembler, cela énerverait moins les électeurs de droite.
- Notre pays paraît coincé entre les tenants du "Ne touchons à rien, tout va bien Madame la marquise" et les "Notre pays est communiste, brûlons tout". Qu'en pensez-vous? Quelles propositions pourriez-vous faire pour garder un Etat-providence tout en le modernisant et en le rendant plus efficace?
Maurice Leroy : Décidément, vive le centrisme ! Il vous faut adhérer très vite à l'UDF ! D'abord, vous y serez bien et ensuite, vous y constaterez que cela correspond tout à fait à votre attente, à savoir un projet qui tienne compte de l'économie de marché, mais une économie qui soit régulée. En vérité, comme le proposait en son temps Giscard d'Estaing, ce projet pourrait rassembler deux Français sur trois. C'est tout le projet de l'UDF, que défend François Bayrou, et sincèrement, je rêve de pouvoir faire bouger les lignes politiques traditionnelles de notre pays. Ne pensez-vous pas que nous aurions pu avoir en France, dans un même gouvernement, Raymond Barre, Jacques Delors, Valéry Giscard d'Estaing et quelques autres issus du Parti socialiste ? C'est-à-dire un parti qui serait central au sens de l'échiquier politique, qui défendrait l'économie de marché, mais une économie qui ne laisse pas la place au libéralisme pur et dur ? Malheureusement, ce que l'on voit au PS aujourd'hui est de ce point de vue bien attristant.


vendredi 14 octobre 2005

Actualités du Centre. François Bayrou: La bipolarisation est un échec

interview de François Bayrou au magazine Le Pélerin 
- L’Assemblée nationale s’apprête à examiner le budget 2006. Les députés du parti que vous présidez, l’UDF, ne savent pas encore s’ils vont voter ce texte. Pourquoi cette hésitation ?
François Bayrou: Un budget doit être fiable. Or le budget présenté fait tout pour cacher la situation catastrophique des comptes de la nation. Il masque, par une série d’artifices, la gravité de notre déficit public, qui se situe bien au-delà de la limite que nous fixent les accords européens. Mais ce n’est pas seulement l’Europe que nous mettons en péril. Ce sont nos enfants. La situation du pays est celle-ci : nous empruntons tous les jours 20 % de ce que nous dépensons ! Conséquence de cette déroute financière, le poids de la dette publique s’élève apparemment à 1 100 milliards d’euros. En réalité beaucoup plus. Cela veut dire que chaque famille va devoir rembourser quelque 100 000 euros dans les vingt ans qui viennent. Est-ce qu’on peut continuer comme cela sans rien faire ? Est-ce qu’on peut continuer à le cacher aux Français ? Laisser un tel fardeau financier peser sur les épaules des générations futures est impardonnable.
- Feriez-vous mieux si vous étiez en charge des affaires du pays ?
F.B.: Oui, parce que je dirais la vérité aux Français. Pour qu’ils mesurent l’ampleur des périls et réalisent que la solution passe, avant tout, par le courage collectif de rééquilibrer les comptes et de réduire les dépenses inutiles et de bannir les cadeaux fiscaux non financés. Cette prise de conscience est indispensable au rétablissement du pays. En attendant, le gouvernement actuel ne fait que brouiller les pistes : il n’a plus un sou en poche, mais vient de distribuer dix milliards d’euros depuis le 1er septembre, sous forme de réductions fiscales et d’aides en tous genres.
- Ne craignez-vous pas de passer pour le diviseur de la majorité ?
F.B.: Je ne suis pas un diviseur, mais un constructeur. Ce n’est pas la défense d’un camp qui m’importe. C’est le destin du pays. Je veux que les choses changent durablement dans notre pays. Et si cela passe par des affrontements, je l’assume. Nous ne pouvons pas laisser la France dériver comme elle dérive. Il faut la rétablir, la reconstruire. D’abord en lui rendant son équilibre. Et ensuite en lui rendant un projet. Le projet français, c’est une société humaniste. Le monde est dur, la compétition économique féroce, pour autant je n’accepte pas que l’argent devienne peu à peu la seule valeur de notre société. L’argent, c’est indispensable, à l’image de l’essence que l’on met dans le moteur d’une voiture pour la faire rouler. Mais ce n’est qu’un carburant. L’essentiel, c’est l’endroit où l’on va. Le cap que l’on fixe au véhicule. Et le cap, je le répète, c’est l’humanisme, l’éducation des enfants, la culture, les valeurs de générosité, de spiritualité. Les sociétés qui succombent au matérialisme sont des sociétés mortes.
- De quels autres maux souffre selon vous notre pays ?
F.B.: Les Français entretiennent un rapport très difficile avec leur Etat. Je ne suis pas de ceux qui veulent démonter cet Etat. Seulement, il faut le reconstruire, car il est devenu administratif, paperassier, incompréhensible. Notre société toute entière sombre dans une complexité absolue. Personne ne comprend plus rien à nos institutions, au fonctionnement de la protection sociale. Même pour réserver un billet de train, il faut savoir jongler avec les touches d’un téléphone. Résultat : les personnes âgées et les citoyens les plus démunis sont lâchés, rejetés à la marge du système. Notre société est sans pitié. Le risque y est mal vu et l’échec jamais pardonné. Aucune seconde chance n’est offerte à l’écolier qui échoue ou à l’entrepreneur qui fait faillite. Du coup, les Français ont perdu l’envie de relever les défis
- Mais pourquoi avez vous tant de mal à faire triompher vos idées ? Est-ce à cause de la bipolarisation de la vie politique ?
F.B.: Cette bipolarisation est un grave échec. J’espère qu’un jour, pour soutenir une politique courageuse, on pourra trouver des majorités plus larges, que pourront travailler ensemble des gens qui se sont pendant longtemps opposés. Il existe en France des hommes modérés et nuancés, dans les deux camps, de Balladur à Delors, de Barre à Rocard. Vous voyez, que, par prudence, je choisis des noms de la génération plus âgée. C’est un grand courant réformateur, et ce courant est majoritaire, mais comme il est artificiellement coupé en deux entre gauche et droite, chacune des deux moitiés se trouve minoritaire au sein de son propre camp. Je pense depuis longtemps qu’un jour un esprit d’union nationale devra se créer pour sortir la France de son enlisement. A cet égard, je retiens la leçon de nos voisins allemands. Outre-Rhin, le 18 septembre dernier, les électeurs ont dit oui aux réformes, à condition qu’elles soient subordonnées à un pacte social ! Pas question, pour les électeurs allemands de briser les liens qui tissent leur société, sous prétexte que les marchés financiers l’imposent. Du coup, on va avoir une grande coalition, chargée de conduire les réformes, mais en respectant les valeurs de solidarité, l’importance des liens familiaux, l’éducation au respect du beau et du juste.
Vous être l’héritier de la démocratie chrétienne. Comment assumez-vous, aujourd’hui, cet héritage ?
- F.B.: Comme homme, je suis croyant, catholique et pratiquant. Comme citoyen, je suis un défenseur de la laïcité. L’un est parfaitement compatible avec l’autre. Les temps qui viennent l’exigent même. Face au défi de l’islam radical, par exemple, ou de tout autre intégrisme, nous devons défendre fermement nos principes. Ces valeurs humanistes, tout le monde peut les partager, quelle que soit sa foi, ou son absence de foi. Notre société est une des plus tolérantes, généreuses, que le monde ait connu. Nous sommes une société héritière des valeurs chrétiennes aussi bien que des lumières. Ces valeurs ouvrent sur l’autre. La vision de l’homme qu’elles portent n’est pas intégriste, elle n’exclue personne. Et nous devons être fiers de cet héritage spirituel. Il n’y a aucune raison d’accepter que les chrétiens soient brocardés, pas plus qu’aucune autre religion ou philosophie.
(Propos recueillis par Benoît Fidelin)

dimanche 2 octobre 2005

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Un programme de rupture ?

Le moral des Français est en berne. L’économie ne parvient pas à s’accrocher aux wagons de tête des pays développés et les prix élevés de l’énergie n’arrangent rien. Le chômage, bien qu’il ait un petit peu baissé ces derniers mois, reste encore à un niveau très élevé. La balance des paiements est de plus en plus déficitaire, proche des records historiques qu’elle devrait atteindre en 2006 (et la structure de nos exportations sur-représente les pays les plus pauvres, donc peu solvables, et ne parvient pas à renforcer ses positions vis-à-vis des pays développés et des pays émergeants comme la Chine et l’Inde). Le pays est peu innovant, une réalité structurelle, conséquence des choix économiques des années d’après-guerre qui permirent la réussite des trente glorieuses mais sont devenus, aujourd’hui, un lourd handicap. Faire des affaires en France, comme l’indique une étude de la Banque Mondiale, est bien moins sûr que dans la plupart des pays développés. Quant à la compétitivité, nous sommes, d’après une étude du World Economic Forum en trentième position, loin derrière la Finlande, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, etc. Les repères sociétaux et culturels sont de moins en moins solides (les Français ne croient plus en la capacité de la France a protéger sa culture selon un sondage du Pew Institute). L’école et surtout l’enseignement supérieur ont besoin de réformes. Et l’on pourrait sans doute continuer cette triste liste…

Devant de tels résultats qui sont autant de défis, les hommes politiques de tous bords ont trouvé la parade : il faut une bonne et grosse « rupture » ! Une bonne politique serait donc une politique de rupture. Et tout candidat sérieux à la future présidentielle de 2007 ou tout homme politique qui se respecte parle de rupture, qu’il soit de gauche, de droite ou du centre. On est là, bien entendu, dans le seul domaine de la communication et de la rhétorique. Car, le fond du problème est de réconcilier la France en s’attaquant aux problèmes avec des mesures efficaces. Que cela produise ou non une rupture semble anecdotique, une préoccupation de tribune.

D’autant que ce thème de la rupture est totalement inapproprié pour ce qui concerne le problème fondamental qui mine nos sociétés occidentales : la crise des valeurs. Nous entendons par « valeurs », les référents moraux à nos comportements (et non pas l’effectivité de ces valeurs à travers nos comportements qui a toujours été très éloignée de ces référents…). Il est assez commun d’expliquer que nous sommes dans un monde changeant où Dieu est mort (c’est-à-dire où un des référents principaux d’explication du monde a été remplacé par la toute puissance de l’individu), où l’individualisme se répand comme une traînée de poudre sans pour autant nous rendre heureux et sans nous rendre capable de maîtriser notre angoisse existentielle mais également nos peurs quotidiennes que certains positivistes attribuaient avec une certaine suffisance à nos croyances religieuses (autrefois nous avions peur qu’un cataclysme naturel détruise la planète, aujourd’hui nous craignons que l’être humain le fasse lui-même !).

Nous sommes donc dans l’ère du chacun pour soi avec des valeurs qui ne cimentent plus une vision du monde qui nous entoure. On entend beaucoup parler de « respect » ou de « solidarité », par exemple. Mais ces concepts éminemment humanistes sont malheureusement tournés prioritairement vers une revendication pour soi-même. La liberté est souvent confondue avec la licence et la nécessaire bataille pour la vie se voit diaboliser en un égoïsme suprême alors que c’est justement cette volonté de se complaire dans un confort que l’on croit définitivement acquis qui l’est. Cet autisme devant les réalités du monde actuel relève d’une vision étriquée et d’un égocentrisme dévastateur dont on peut prévoir que nous aurons à en payer le prix si nous ne décidons pas de nous réveiller de cette apathie.

Réconcilier la France, c’est donc la réconcilier tout d’abord avec ses valeurs : liberté, solidarité, tolérance, respect. Sur ce socle - où la personne est l’élément essentiel et incontournable, le sujet central indépassable - on pourra alors bâtir un projet politique avec une ambition, une France forte dans une Europe forte et capable d’affronter les défis de la globalisation et, surtout, de les relever pour le bien-être des citoyens. Il ne faut pas croire que l’on pourra faire l’économie de ce vaste débat sur les valeurs. Sans référents puissants, une société manque de ce ciment essentiel qui donne un sens à une aventure commune. Et sans ciment, l’édifice s’écroule…

Pour en revenir à l’action politique, la rupture signifierait donc que toute la politique actuellement menée est mauvaise et/ou que les bases sur lesquelles fonctionne la démocratie sont mauvaises et/ou que les règles de l’économie ne sont plus adéquates, etc. Or, rien ne le prouve. Avec des « vieilles » idées, de nombreux pays s’en sortent tout court ou, en tout cas, mieux que nous. Ce ne sont donc pas les concepts qui sont forcément mauvais mais plutôt la pratique qui en émanent. Ce ne sont pas les principes qu’il faut condamner mais leur interprétation.

A force de parler de « rupture », on accrédite la thèse des extrêmes qui, depuis des décennies, se battent pour détruire le système de la démocratie représentative et de l’économie de marché fondée sur la libre-entreprise, le tout accompagné d’un système de protection sociale (le « modèle français » en quelque sorte…). De l’extrême-droite à l’extrême-gauche, on jubile. On avait donc bien raison, se dit-on. Et comme toujours, ces partis extrémistes récupèrent les mécontents, d’autant qu’il vaut mieux toujours choisir l’original plutôt que la copie. Comme naguère Le Pen puis Laguiller, voilà que Besancenot monte dans les sondages. Certains y verront une société plus ouverte. D’autres, les réalistes, un phénomène inquiétant.

S’il semble étrange de devoir l’affirmer, la base de tout programme de renouveau, toute réconciliation de la France avec elle-même – après les valeurs -, c’est le régime représentatif, l’économie de marché, la libre-entreprise et un système de protection sociale. Ayant dit cela, tout reste à faire. Car la machine est grippée. Il faut donc appliquer une médecine qui la fasse redémarrer. Et là, les « vieilles » et les « nouvelles » idées doivent se donner la main pour une efficacité maximale.

Comment doit donc s’articuler un programme de gouvernement qui désire s’attaquer à la réalité, gérer un présent en pensant à l’avenir et prévoir l’avenir en construisant le présent ? Voyons quelques mesures parmi d’autres.

En matière économique, la priorité c’est évidemment la croissance. Car la croissance apporte l’emploi et non le contraire (même si un fort taux d’emploi permet à la croissance de se maintenir). Pour relancer l’économie française, la croissance à court et moyen terme est indispensable. Mais cela ne doit pas occulter le débat de fond sur le contenu de la croissance à long terme.

Pour que la croissance reparte, il faut que les entreprises possèdent des marges de manœuvres. Or celles-ci sont de plusieurs genres (une capacité plus importante de financement, une aptitude à l’innovation, une baisse des coûts par l’amélioration constante de la productivité, etc.). Tout cela suppose un marché du travail plus libre et plus flexible. Tout cela suppose des charges moins lourdes. Tout cela suppose un temps de travail hebdomadaire et une durée d’activité au cours de la vie plus étendus (plus il y a de gens qui travaillent plus ceux-ci créent de la valeur qui permet d’en employer encore plus et ainsi de suite). Mais, sans doute aussi, cela suppose une nouvelle définition du travail et, dans ce cadre, une nouvelle distribution de la richesse. Il n’est pas possible de déléguer de plus en plus de tâches à des bénévoles au sein d’associations, par exemple, tout en les excluant de la reconnaissance sociale liée au travail.

La croissance, dans une vision keynésienne de l’économie, c’est une forte participation de l’Etat par le biais de grands travaux, de subventions, etc. Si depuis longtemps l’Etat n’est plus neutre nulle part dans le monde, nous devons nous montrer prudent dans l’utilisation de l’outil Etat. Il ne faut pas que son intervention s’accompagne d’une limitation de la sphère marchande sans raison, ni d’une augmentation des prélèvements par le biais de l’impôt, des taxes et des prélèvements sociaux. La réponse d’un Etat qui intervient réside dans la mise en route de missions claires et ponctuelles à travers des structures efficaces. Celles-ci devraient être le plus souvent « ad hoc », c’est-à-dire créées uniquement pour des missions spécifiques et disparaître par la suite. Cela permettrait de ne pas gonfler indéfiniment l’administration publique avec des fonctionnaires en nombre croissant et de nouvelles structures. Pour cela, il faut appliquer le plus possible des critères d’efficacité à l’action de l’Etat avec une évaluation permanente pour réaliser les ajustements nécessaires avant la bureaucratisation qui amène, à la fois, la pérennité de la structure et son inefficacité !

L’intervention de l’Etat doit être réelle dans l’innovation. Non pas qu’il fasse mieux que le privé ; mais la France est désormais tellement en retard dans ce domaine que seuls les pouvoirs publics peuvent donner l’impulsion nécessaire et entraîner les grandes entreprises nationales dans ce cercle vertueux de la recherche fondamentale qui aboutit à la recherche appliquée qui aboutit à la création de nouveaux produits et de nouvelles technologies qui permettent une croissance et l’investissement dans la recherche et le développement permettant à l’innovation de se maintenir à un niveau élevé. Si, malgré ses énormes déficits actuels, les Etats-Unis inspirent confiance c’est parce qu’ils sont le pays le plus innovant du monde. Et si la Chine fait peur, c’est tout autant par ses exportations que par sa capacité de plus en plus importante dans l’innovation. Bien sûr, l’effort dans l’innovation doit aussi se traduire par une politique plus cohérente et plus volontariste en matière d’enseignement supérieur.

En matière sociale, il faut ajuster les protections, c’est-à-dire qu’il faut revoir leur couverture et leurs bénéficiaires sur la base de deux critères : ce que l’on peut réellement payer (c’est-à-dire assurer aux citoyens) et introduire pour toutes les protections une progressivité de celles-ci au regard de la situation socio-économique des personnes. En clair, l’assurance maladie universelle doit être dégressive plus on gagne d’argent. Mais, en même temps, il faut limiter son accès gratuit, même pour les plus démunis, aux soins de base sauf pour certaines pathologies chroniques. Ce n’est pas une régression mais un ajustement nécessaire conjoncturel, donc qui pourrait être revu si la situation économique et démographique s’améliore durablement. Car ce principe fonctionne aussi en sens inverse. En cas de croissance retrouvée et de résorption des déficits, les protections peuvent être étendues.

En matière institutionnelle, il faut montrer aux citoyens que leurs représentants servent à quelque chose. Or, aujourd’hui, le sentiment est que le Président de la République et son gouvernement sont les seules autorités qui prennent des décisions. Dès lors, les représentants du peuple sont discrédités. D’autant que le mode d’élection empêche de nombreux courants politiques d’être représentés à l’Assemblée Nationale. Il faut donc introduire de la proportionnelle aux élections législatives. Il faut redonner du pouvoir législatif aux députés. Il faut continuer la décentralisation mais en l’accompagnant d’une véritable démocratisation des échelons régionaux, départementaux et locaux. C’est là que certains éléments de démocratie directe sont les plus efficaces.

Le thème de la rupture cache une réalité : les solutions existent mais elles sont politiquement suicidaires, donc il vaut mieux disserter sur le thème de la rupture salvatrice que de s’attaquer aux problèmes. En clair, on sait ce qu’il faut faire mais aucun homme politique n’aura le courage de le dire et encore moins de le faire au risque de se suicider politiquement. Travailler plus, gagner moins, ajuster les protections sociales, gaspiller moins, protéger l’environnement, les mesures à prendre existent. Mais elles sont actuellement politiquement inapplicables parce que le politique a refusé de prendre ses responsabilités face à la population qui vit encore dans l’illusion d’acquis éternels en matière de niveau de vie et de protection sociale alors que l’histoire de l’humanité nous enseigne qu’il n’en existe pas et qu’il n’en existera jamais. Dès lors, il est essentiel de se battre pour que le courage politique devienne une vertu consacrée par les citoyens. Car, peu ou prou, ces derniers devront le reconnaître devant les défis qui se présentent. Sauf à choisir des chemins dangereux…

Alexandre Vatimbella

mardi 30 août 2005

Actualités du Centre. Extraits du discours de François Bayrou à l'université d'été de l’UDF

(…) Avant-hier, dimanche, a été publié dans Ouest-France un sondage terrible ! Tous les ans, à la rentrée, le journal fait poser aux Français la question de savoir s’ils sont optimistes ou pessimistes. L’année dernière, le résultat était : optimistes à 60 %. Et pourtant nous venions de vivre des régionales et des européennes qui étaient un coup de semonce. Cette année, un après, le résultat est pessimistes à 70% ! Le pessimisme a augmenté de trente points (un Français sur trois) en 12 mois. Et les raisons sont trop évidentes ! Croissance zéro, 0,1 % exactement. Nombre d’emplois en France, 6000 de moins pendant le dernier trimestre. Retours à l’emploi, 6000 de moins en juin qu’en mai, et en juin 2005 qu’en juin 2004.
Le pire est que, comme d’habitude, on a orchestré les choses pour affirmer, vous l’avez tous entendu, que les chiffres du chômage étaient bons. La vérité est que les améliorations apparentes sont obtenues en rayant des centaines de milliers de noms des listes de l’ANPE, centaines de milliers qui se retrouvent au RMI, au rythme, Michel Mercier vous le dira, de 1200 par mois par exemple dans le département du Rhône. Ce qui fait que les budgets des Conseils généraux explosent et les impôts locaux par voie de conséquence. C’est la terrible continuité de la politique française depuis vingt ou vingt-cinq ans. Une alternance en moyenne tous les trois ans… D’abord un immense espoir, puis une immense désillusion. Nous sommes là, non seulement pour dénoncer ce qui ne va pas, et il est nécessaire de le faire, mais pour proposer un chemin nouveau qui permette de laisser derrière nous ces années d’échec.
La France va se redresser. Car si nous avons si souvent échoué, c’est qu’il y a des raisons. Ces raisons n’ont pas été vues, ou pas assez bien, ou elles n’ont pas trouvé de réponses. Mais elles existent. Sous la Quatrième République, de Gaulle disait : « vous aurez beau mettre au gouvernement les plus intelligents –et ils l’étaient- de cette classe politique, ils échoueront ». Et ils échouèrent. De la même manière, je n’ai aucun doute qu’il y a eu depuis vingt-cinq ans, des gens intelligents au pouvoir, beaucoup, des gens de bonne foi, et ils ont tous échoué. Et ils échoueront encore et encore, tant qu’on ne changera pas le cadre de leur action.
Je voudrais devant vous, évidemment, non pas exposer un projet achevé, mais donner des exemples du changement profond, simple, compréhensible que la France peut penser et vouloir. Je n’expose pas ces idées comme achevées. Je les avance comme des propositions liminaires, capables de changer la situation, l’état d’esprit. Certaines sont faciles, d’autre très difficiles à mettre en œuvre, qui exigeront des années, mais donneront du sens à notre action collective. Il me semble qu’il y a aujourd’hui, dans la société française, trois sources de défiance. Le premier, c’est ce qui touche au travail, le pouvoir d’achat, le chômage jamais en recul, les délocalisations. Il y a ensuite l’exclusion, avec des allocations sociales de toute nature très compliquées et dont on a l’impression qu’au bout d’un moment elles excluent au lieu d’insérer. Et il y a enfin le décalage entre les citoyens et la vie publique. 
Je commence par l’économie. Je m’empresse de dire que je ne crois guère aux politiques dites « de relance », surtout dans le climat actuel, surtout sans moyens, surtout quand elles sont de saupoudrage. Je crois aux politiques de croissance, donc à la réforme fiscale, qui exigera un grand débat, auquel nous participerons, et l’adhésion du pays ; et la réforme de l’Etat, pour alléger et simplifier son action. Mais les Français se tournent vers nous et disent « les délocalisations s’accélèrent », « les usines s’en vont ». Ils disent « mon fils est au chômage, il est à bac +5 » ou « mon père est au chômage, il ne retrouvera rien, on lui dit qu’il est trop vieux, il a 55 ans. » Ils disent : « à la fin du mois on n’y arrive plus, et pourtant on est la classe moyenne. », « nous ne pouvons même plus nous payer un logement ».
Si les délocalisations deviennent une fatalité, s’il est impossible de donner du pouvoir d’achat, si les emplois ne peuvent pas se créer, ce n’est pas sans raison. Je crois qu’il y a une cause commune  qui explique, à la fois, la vague de délocalisations, l’impossibilité d’augmenter les salaires, et l’impossibilité de créer des emplois, et c’est quelque chose qu’au fond nous acceptons sans vraiment le remettre en cause depuis plus d’un siècle. Nous acceptons, comme si c’était logique et normal, que ce soit l’emploi salarié qui paie, sous forme de charges, l’intégralité ou presque de la solidarité nationale. La santé gratuite ou presque, les retraites de plus en plus nombreuses, la politique de la famille ! Tout cela, comme une pyramide posée sur sa pointe, de plus en plus lourde, reposant sur un nombre toujours plus limité de Français. Et si nous y réfléchissons ensemble, voulez-vous me dire ce qui justifie, dans le fond, que cette solidarité nécessaire soit payée par le seul travail salarié ? C’est le chancelier allemand Bismarck qui a fait adopter cette idée à la fin du XIX° siècle. Et nous avons suivi sans difficultés parce qu’elle s’inscrivait dans la suite des premières organisations de solidarité, qui étaient les corporations. Mais cette idée supposait pour fonctionner que la plus grande partie de la richesse soit créée par le travail, et en particulier le travail manuel, et que les travailleurs soient très nombreux par rapport aux personnes à charge, que la santé ou la vieillesse ne soient pas trop chères. 
Dès que ces conditions n’ont plus été réunies, le système a commencé à se déséquilibrer. Il est aujourd’hui enrayé et pris dans un cercle vicieux.
Moins il y a de postes de travail, plus ils sont alourdis de charges, et plus ils sont alourdis de charges moins il y a de postes de travail. Si vous êtes une entreprise, à production de richesse semblable, si vous créez des emplois, vous payez le maximum, si vous n’en créez pas, vous payez très peu. La situation actuelle est une formidable injustice. L’euro qui vient du travail est frappé de 70 à 100 % de charges sociales. L’euro qui évite le travail, celui qui vient de l’échange, de la spéculation, je n’emploie pas ce mot au sens péjoratif, est libre de ces taxes. Qu’est ce qui le justifie ? C’est pourquoi il ne faut pas être étonné d’avoir entendu le président d’une très grande société industrielle annoncer il y a quelques mois que son ambition était de faire de sa société « un groupe sans usines ». Surtout dans la concurrence avec d’autres pays ou non seulement le travail est moins cher, mais où cette charge supplémentaire n’existe pas. C’est un cercle vicieux dont nous ne sortirons pas ! Il va sans cesse s’accélérer.  Car la population vieillit, la médecine devient de plus en plus efficace pour protéger le vieillissement. En même temps, les traitements, les molécules, les examens deviennent de plus en plus chers. Et qui s’en plaindrait ?  C’est une des tendances les plus lourdes de notre époque que de voir la santé et la retraite coûter toujours plus cher.  Mais plus elles coûteront cher, et moins il y aura d’emplois pour en supporter le coût.
Ce système va exploser. Tant que nous n’aurons pas rebattu les cartes, nous continuerons d’aller droit à l’asphyxie des salaires, à la feuille de paie qui ne progresse plus, aux fins de mois de plus en plus difficiles, à l’expatriation croissante des emplois, à la raréfaction des postes créés sur notre sol. C’est l’histoire de l’impôt sur les portes et des fenêtres. En l’an VII de la République, si je me souviens bien, donc en 1798, on a eu une idée qui semblait de génie. La République cherchait une base d’imposition juste, facile à vérifier, impossible à dissimuler. Elle a trouvé les portes et les fenêtres ! Les riches en ont davantage que les pauvres, les châteaux plus que  les masures, mais tous les foyers ont au moins une fenêtre et une porte. Les ateliers en ont davantage que les maisons, et les usines plus que les ateliers. On ne peut pas les cacher, et cela se contrôle d’un seul coup d’œil, y compris de la rue. Et au début, on n’a eu qu’à se féliciter de l’idée. Et on a augmenté les taux. Et pendant vingt ans, il ne s’est rien passé. Et puis au bout de ces quelques décennies, dans un mouvement d’abord discret et ensuite irréversible, les portes se sont raréfiées et les fenêtres se sont murées ! Et dans mon enfance, on voyait encore dans les villages portes et fenêtres murées qui donnaient une leçon fiscale en vraie grandeur
Eh bien ce qui s’est passé pour les portes et les fenêtres se passe aujourd’hui pour l’emploi. Il faut rompre le cercle vicieux. Rien ne justifie que l’emploi salarié, que le travail, doive supporter à lui seul la solidarité nationale dans tous les domaines de la santé et de la protection sociale. Si l’on veut répondre à la fatalité des délocalisations, au blocage du pouvoir d’achat, à la crise des classes moyennes, au chômage, il faut une orientation de rupture : il faut libérer le travail des charges accumulées qui pèsent sur lui. Je ne parle pas d’une baisse, marginale, partielle, comme on en fait depuis des années, je parle d’un déplacement massif de ces charges, du travail vers un autre marqueur de l’activité de notre société. Ce transfert, c’est moins de délocalisations, une vraie augmentation, forte, de la feuille de paie, du salaire direct, 10 ou 15 % dès qu’un tiers du transfert est effectué, et la création de bien des postes aujourd’hui gelés. Alors naturellement, je sais bien que c’est une révolution. C’est un projet qui ne se décide ni ne se conduit sur un claquement de doigts. C’est très difficile. Ce sera très discuté. On rencontrera des oppositions surprenantes. Mais à mes yeux c’est nécessaire pour changer le climat, la vie, pour inverser la dynamique de notre société tout à la fois en matière de délocalisations, de pouvoir d’achat, de chômage, de création d’emploi.
Demandez aux salariés dont l’usine s’en va. Demandez aux artisans et aux petits employeurs. Demandez aux chômeurs. Demandez aux familles dont les feuilles de paie n’ont pas été augmentées depuis trois ou quatre ans. Ce changement de monde va prendre du temps. Ce sera nécessairement progressif. Mais c’est déterminant. En changeant les bases, on change le cadre. Sur quelles bases nouvelles envisager de recouvrer les sommes considérables qui sont ici en jeu ? Après augmentation du salaire direct, Jean Arthuis, ancien ministre de l’économie et des finances, défend l’idée de la TVA sociale, comme au Danemark où elle atteint 25 %. Si une augmentation de cinq points de la TVA suffisait pour assurer un tel transfert et une telle libération, j’y souscrirais immédiatement, malgré les disparités sociales que cette augmentation suppose. C’est une idée du même ordre qui est actuellement débattue en Allemagne. Mais soyons conscients que la TVA sociale ne pourra supporter, à elle seule, de tels transferts. Mais Jean Arthuis a raison de dire que l’avantage de cette TVA c’est qu’elle fait payer également les charges sociales par les produits fabriqués à l’étranger et les produits fabriqués chez nous, alors qu’aujourd’hui seuls les produits fabriqués dans nos frontières acquittent cette charge : une sorte de droit de douane à l’envers, en quelque sorte, qui frappe nos productions et encourage celles du voisin.
D’autres évoquent la CSG. Il y a, à l’origine de la CSG, une réflexion de nature comparable à celle que nous abordons ce matin. Raison pour laquelle à l’époque de sa création Michel Rocard a pu compter sur le soutien d’un certain nombre d’élus du centre. Mais la CSG, c’est le plus souvent du travail. Et son taux est déjà élevé. Mais, bien entendu, si elle s’accompagne d’une augmentation parallèle du salaire direct, cette suggestion doit être étudiée. D’autres esprits ont évoqué par exemple une taxe sur l’énergie. Mais je ne suis pas sûr qu’il soit bien temps d’en parler au moment de la flambée du pétrole cher.
Je voudrais pour ma part évoquer et soumettre au débat deux idées iconoclastes. Je voudrais que l’on étudie l’idée d’une « cotisation sociale universelle », fondée pour l’entreprise sur la valeur ajoutée. Ainsi, tout le monde assume, la valeur ajoutée est identiquement traitée qu’elle soit ou non dépendante du travail. On pourrait même imaginer un avantage pour qui crée de l’emploi, par rapport à qui n’en crée pas. Le contraire exact de la situation actuelle. Et je voudrais même que l’on étudie au moins pour en avoir le cœur net, l’idée d’une « contribution Tobin sociale » qui serait le prélèvement direct d’une fraction extrêmement faible, de l’ordre d’un millième, ou d’une fraction de millième, des sommes qui circulent dans les échanges bancaires. Dans un pays comme le nôtre, les échanges bancaires représentent des sommes en circulation considérables, de l’ordre de 70 fois le PIB, 120 000 milliards d’Euros. Je n’ignore pas qu’une grande part de ces sommes représente des compensations entre grands comptes. Mais même si l’on ne retient que les échanges réels, qui servent à rémunérer, à acheter et à vendre, ce sont des montants considérables qui sont en jeu. 
Dans les débats agités qu’une telle idée ne manquera pas de provoquer (c’est fait pour cela) certains diront sans aucun doute qu’un millième sur l’argent, cela risque de le faire fuir. Puis-je objecter à l’avance que si l’on s’émeut d’un millième sur l’argent, on devrait s’émouvoir à due proportion d’une charge sept cent fois plus importante sur le travail ! Je ne présente pas ces idées comme venant d’une baguette magique. L’enjeu est si important (plus de deux cent milliards). Mais je sais avec certitude que si l’on ne va pas dans cette voie, si l’on ne change pas de logique, il faudra oublier pour longtemps de présenter une alternative aux délocalisations, de prétendre augmenter le salaire direct et la feuille de paie comme il faudrait le faire, et de voir se recréer le travail dont la société française a tant besoin.
Ce n’est pas l’augmentation continue de la précarité de l’emploi, comme on voudrait nous le faire croire avec le Contrat Nouvelle Embauche, qui permet de licencier sans préavis et sans raison tous les jours pendant deux ans, qui recréera l’emploi, et encore moins la confiance. C’est que le coût de l’emploi redevienne abordable, qu’il permette d’envisager sereinement la compétition nécessaire avec le reste du monde, dans tous les domaines de main d’œuvre, dans tous les domaines où le rendement n’est pas immédiat, dans tous les domaines où il faut former. Et que la protection sociale puisse être assumée sur d’autres bases. Ceci est pour moi un projet, une idée structurante, de long terme, une mutation de la société, une rupture qui tourne le dos aux fatalités qui nous écrasent depuis longtemps
Deuxième débat, et celui-là est social. Il y a un lourd malaise autour du social. On a l’impression que les dépenses de tous ordres, les allocations diverses et variées, il y en a des dizaines, si elles sont nécessaires, nécessitent des armées d’experts pour les comprendre et les gérer et au bout du compte empêchent l’insertion au lieu de la favoriser. Je voudrais défendre devant vous l’idée d’un changement profond : l’allocation sociale unique, par points, cumulable de manière dégressive avec le retour à l’emploi.
Valérie Létard a été à l’initiative au Sénat (j’en profite pour dire combien nos parlementaires, font un travail remarquable sous l’impulsion de leurs présidents de groupe, qui sont là au premier rang, Hervé Morin pour l’Assemblée nationale, Michel Mercier pour le Sénat, et Marielle de Sarnez pour le Parlement européen). Valérie Létard a donc été à l’initiative au Sénat d’un rapport sur la précarité. Parmi les causes de la précarité durable, maintenue, qui se renforce et s’isole, il y a le piège des aides sociales. Si vous êtes au Rmi et que vous retrouvez de l’emploi, vous perdez vos allocations. Plus encore, le temps administratif n’étant pas le temps réel, vous avez retrouvé de l’emploi, on continue à vous verser le Rmi, mais lorsque la Caisse apprend que vous avez travaillé, alors on vous demande de rembourser le trop-perçu, qu’évidemment vous avez dépensé.
Selon la date où vous avez retrouvé de l’emploi, au début du trimestre, ou au milieu du trimestre, cela relève ou non de l’intéressement, c’est, ou non, cumulable avec un salaire. Et tout cela invite à ne pas bouger, à renoncer à bouger. C’est un univers d’une complication infinie. Les noms changent tout le temps : on vous parle de CJ, contrats jeunes, de CES, contrats emplois solidarité, de CEC, contrats emplois consolidés, il faut maintenant apprendre à parler de CA, contrats d’avenir, de CAE, contrats d’accès à l’emploi, de CIRMA, contrats d’insertion au RMA.
Les allocations sociales relèvent d’organismes différents, d’instructions différentes. L’assistante sociale est seule capable de s’y retrouver dans ce dédale, administratif, associatif, si compliqué. Dans mon canton, a été créée récemment une structure qui regroupe différents services de cet ordre : les nommant dans le discours traditionnel, j’ai compté dix-sept services différents d’aide sociale de toute nature. Les gestionnaires diront ce que cela coûte. Mais vu du côté des bénéficiaires, même des bénéficiaires formés, car il y en a beaucoup, tout cela est incompréhensible, déstabilisant. L’idée doit s’imposer de rassembler, d’unifier, toutes ces prestations éclatées en une allocation sociale universelle, par points, dont l’instruction serait unifiée, le paiement unique, cumulable en cas de changement de situation avec un travail salarié pendant un certain nombre de mois. Au lieu de la forêt d’aides incompréhensibles (et il en sort une nouvelle chaque semaine), une allocation unique. Au lieu d’une multitude de services instructeurs, une seule procédure. Au lieu de la complexité démotivante, la simplicité et une incitation à bouger. Et comme l’allocation est unique, en soi, c’est une intégration, on n’est plus un cas à part, un adulte handicapé, ou un parent isolé, enfermé dans son statut, on est français à part entière. Ne rien comprendre à un système, c’est une exclusion aussi, surtout lorsque on ignore que personne n’y comprend rien, même pas ceux qui sont censés les concevoir.
Et je veux y ajouter une deuxième idée, celle de l’activité universelle. La société n’est pas quitte avec une femme, un homme, une famille, lorsqu’on lui donne une allocation. Et cet homme ou cette femme ne sont pas quittes avec leur avenir d’avoir reçu l’allocation. On en parle généralement sur le ton de la punition. Ce n’est pas mon approche : innombrables parmi les Rmistes, par exemple, sont ceux qui ont une formation, une compétence, sportive, informatique, une passion, un talent, un don, une capacité. Tout revenu minimum garanti doit, selon moi, sauf en cas d’incapacité, donner lieu à une activité dans la société. Et cette activité doit donner lieu à un revenu complémentaire. Tout le monde y gagne. Regardez la sortie des écoles, regardez les associations qui manquent de bénévoles, regardez les clubs qui ont besoin d’animateurs, regardez les forêts qui flambent faute de débroussaillage, regardez les aéroports et les gares où les personnes âgées ou qui ont des difficultés à se déplacer ne trouvent personne pour les aider. Je propose avec ces millions de personnes laissées sur la touche, une immense mobilisation civique, dont la société française a besoin pour s’humaniser. Immense mobilisation civique, car il faut encadrer, encourager, former, et bien des jeunes retraités pourront trouver là, à temps partiel, un accomplissement.
Une grande perspective économique, fédératrice qui prendra plusieurs années, mais changera vraiment la vie. Une grande perspective sociale, qui prendra plusieurs années, mais qui changera vraiment la vie.
Il faut y ajouter une perspective démocratique. Ce qui me frappe, c’est l’éternel retour des dérives du pouvoir. L’isolement des gouvernants, leur perpétuelle impression que des complots sont en œuvre contre eux, que chaque critique, même mineure, dissimule une manœuvre, la perte du sens des réalités, le sentiment d’être injustement incompris des citoyens. Et je vous demande de le croire, nul n’en est à l’abri, même les meilleurs. Et à l’intérieur, non plus la démocratie, non plus la République, mais les jeux de cour.  Il y a, à cet éloignement, des causes simples, identifiables, et aisées à soigner.
Certains disent : il faut supprimer l’élection du Président de la République au suffrage universel. D’autres disent : il faut supprimer la fonction de Premier ministre. Il me semble que ce n’est pas la bonne voie. L’élection du Président de la République au suffrage universel c’est le droit, pour les Français, une fois tous les cinq ans, de changer le paysage politique, de choisir un projet et une vision en élisant celui ou celle qui va composer une majorité nouvelle autour de lui. La fonction de Premier ministre permet au Président de la République d’être un animateur mais de conserver le rôle d’arbitre dont toutes les nations ont besoin. Ce n’est pas la fonction présidentielle qui crée le déséquilibre dont souffre notre démocratie. Ce n’est pas le Premier ministre qui l’accentue. Le mal de la démocratie en France, c’est l’humiliation permanente dans laquelle est maintenu le Parlement, sa marginalisation acceptée par tous, que dis-je acceptée, théorisée, et son défaut de représentation des courants réels qui forment le pays.
Un Parlement a trois rôles : il devrait faire la loi, il devrait contrôler le gouvernement, il devrait organiser le débat public. Parce qu’il est tenu à l’écart et parce qu’il n’est pas représentatif de la diversité de la société française, on ne lui laisse assumer en France aucun de ces trois rôles. Et il l’accepte, quelquefois même il applaudit lorsqu’on le renvoie dans son coin !
À trois reprises, ces tout derniers mois, on a pu mesurer jusqu’où pouvait aller cette marginalisation de la représentation nationale. Au mois de décembre, le Parlement n’a même pas été autorisé à donner son avis sur l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Et quand j’entends ces jours-ci Jacques Chirac et Dominique de Villepin dire enfin des choses de bon sens sur l’obligation qui devrait être imposée à Ankara de reconnaître Chypre, je me dis : si le président et son ministre des Affaires Etrangères de l’époque, avaient laissé le Parlement débattre et dire son mot, librement, cette élémentaire exigence aurait été exprimée, la position de la France aurait été plus forte, et accessoirement le référendum se serait présenté différemment ! Au mois de juin, on lui a demandé de renoncer à légiférer sur la matière principale qui fait l’inquiétude de nos compatriotes, l’emploi. Et il y a consenti, et il a applaudi. On a cru que c’était le moyen de faire passer pendant l’été, à l’insu du plus grand nombre de Français, le contrat nouvelle embauche. Je crois que personne ne gagnera à avoir ainsi éludé le débat. Ni les Français, qui comprendront bien la nature de ce contrat qui autorise à licencier, au jour le jour, pendant deux ans, sans avoir à dire pourquoi. Ni le parti majoritaire, qui en sera cependant comptable. Ni le gouvernement qui, quoi qu’il en soit, devra recevoir le message du pays. Et enfin, pendant cet été, on a appris que la privatisation des sociétés autoroutières ne serait pas soumise au vote de la représentation nationale. Et si l’on cherchait exemple plus probant de l’effacement du Parlement, on aurait du mal à trouver mieux ! Il y a quelques mois à peine, à l’issue d’un débat parlementaire pour une fois sérieux, qui a duré plus d’une année, avec la participation de tous les groupes, la décision a été prise que l’on ne privatiserait pas ces sociétés. Que les bénéfices considérables qu’elles vont dégager dans les années qui viennent garantiraient, pour le long terme, les grands équipements dont la France a besoin : TGV, ferroutage, équipements fluviaux.
Et quelques mois après cette réflexion du Parlement, l’orientation est changée à 180°, sans même qu’on daigne l’en informer et lui demander son avis, alors même que la loi oblige à le faire. En effet, un bien qui a été payé par les Français ne peut pas être aliéné sans l’autorisation de leurs représentants élus ! Étonnez-vous donc que tout cela conduise au spectacle de désertion du Parlement dont les Français sont témoins tous les jours ! Lors du débat sur les ordonnances, au moment même où le Parlement s’apprête à renoncer à son droit de faire la loi –je devrais dire à son devoir de faire la loi !-, sur le sujet central de l’emploi, au moment où s’exprimaient les porte-parole des quatre groupes, mercredi après-midi 16 h. 30, vous pourrez le vérifier sur les enregistrements de la séance, nous étions sept ( !) députés sur 577 présents dans l’hémicycle. Le Parlement ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.
Et cela a des conséquences considérables : comme le débat ne peut se développer, la vérité des faits ne peut apparaître aux citoyens. C’est ainsi par exemple que l’endettement a pu croître, pendant deux décennies, sans que les Français, premiers frappés en soient informés. La vérité demeurant dans la pénombre, l’exigence publique ne peut se former et s’imposer.
Il y a donc trois décisions à prendre : rendre au Parlement la maîtrise d’une part importante de son ordre du jour, et limiter les ordonnances, par exemple en imposant leur adoption par une majorité qualifiée.  Changer la représentation, en permettant à tous les grands mouvements d’opinion qui organisent le débat public d’être représentés sur les bancs de l’Assemblée nationale. Il n’est pas normal que ces mouvements de balancier successifs aboutissent au fait qu’un parti qui représente 365 sièges pèse deux ans après jour pour jour 16 % des suffrages. Et pendant ce temps, l’UDF qui obtient 12 % a trente sièges, et les verts 3 seulement. La représentation minoritaire des extrêmes ne me gêne pas. Je préfère combattre leurs idées au Parlement que de les retrouver sans autre avertissement au deuxième tour de l’élection présidentielle. Je suis donc partisan, comme en Allemagne, d’un scrutin qui représentera à la fois les territoires, qui sont la France, et les courants d’opinion qui la forment aussi, la géographie territoriale et la géographie politique. Ainsi se trouveront garanties à la fois l’existence d’une majorité et la représentation des minorités. Et enfin, obliger les députés à être présents en interdisant la délégation de vote. Je vous rappelle que cette disposition est celle du Parlement européen. Dois-je vous rappeler de surcroît qu’à l’Assemblée de Strasbourg, l’indemnité est liée à la présence effective au moment des votes… Ce retour du Parlement, c’est la condition de la démocratie équilibrée que la France réclame. La question du cumul des mandats découlera de cette reconstruction, et la question de la simplification de la démocratie locale découlera du cumul des mandats. La France a besoin d’un Parlement qui la représente et qui soit respecté comme tel.

dimanche 28 août 2005

Actualités du Centre. Robien se pose en "chantre de l'unité de la majorité" à l'UDF

Gilles de Robien, seul ministre centriste, est arrivé dimanche à la mi-journée pour une visite-éclair à l'université d'été de l'UDF à Giens (Var), en sa qualité de "militant de base", mais en se posant aussi en "chantre de l'unité de la majorité".

samedi 27 août 2005

Actualités du Centre. UDF: François Bayrou veut défendre son "projet de rupture"

François Bayrou, qui continue de critiquer le gouvernement Villepin comme il l'avait fait avec celui de Jean-Pierre Raffarin, veut défendre un "projet de rupture" devant l'université d'été de l'UDF et promouvoir un "rassemblement alternatif" autour des centristes, une manière de tirer profit des divisions chez les socialistes.