lundi 19 septembre 2011

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Si un centriste est au second tour, ce sera face à un socialiste


Sans jouer au devin - et même si on ne peut totalement exclure des séismes tel celui d’avril 2002 -, comment imaginer, vu la probabilité selon les sondages que les socialistes l’emportent à la présidentielle et aux législatives de 2012, vu le traumatisme encore très présent dans l’électorat de gauche de l’élimination de Lionel Jospin par Jean-Marie Le Pen, vu le délitement progressif et le rejet de la sarkozie dans l’opinion publique, vu la situation économique guère favorable aux équipes en place (Angela Merkel va de défaites en défaites en Allemagne, le Danemark vient de repasser à gauche, les centristes au pouvoir ont été battus en Lettonie, etc.), qu’il n’y ait pas de représentant de la Gauche (et donc du Parti socialiste) au second tour de la présidentielle?
Dès lors, l’équation politique la plus probable n’est pas «qui sera opposé à Nicolas Sarkozy au second» tour mais «qui fera face au candidat du Parti socialiste». Nicolas Sarkozy (le favori pour l’instant), Marine Le Pen ou un représentant de la mouvance modéro-centriste (Borloo ou Bayrou)?
Et pour y parvenir, un de ces candidats devra séduire, à la fois, l’électorat de la Droite et du Centre.
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre et analyser les positionnements des différents prétendants au second tour. Ceux-ci jouent sur une indispensable rigueur et une responsabilité mais aussi sur la sécurité (thème de prédilection de la Droite) et la nécessité de refonder la solidarité nationale (thème de prédilection du Centre).
Pour autant, on ne connait pas encore les programmes des futurs candidats. Mais, de leurs déclarations et de leurs priorités, on voit bien que leurs préoccupations sont de ne pas apparaître ni trop laxistes, ni trop dépensiers en prônant des mesures keynésiennes de relance économique.
Bien sûr, on a droit au discours populiste et démagogique du côté du Front national et de Marine Le Pen mais il est accompagné d’attaques virulentes contre une gauche irresponsable qui serait prête à dilapider sans compter les deniers publics, rejoignant ainsi les attaques de la Droite classique dans ce domaine mais aussi du centre-droit et du Centre.
Lorsque l’on regarde du côté de la mouvance modéro-centriste, il n’y a pas encore de décantation assez avancée pour prédire sérieusement qui de Jean-Louis Borloo ou de François Bayrou sera celui qui aura le plus de chances de pouvoir accéder au second tour (sauf si, évidemment, Borloo renonce à être candidat!).
Jean-Louis Borloo bénéficie d’un ancrage à droite qui pourrait faire la différence alors que François Bayrou bénéficie d’une image d’opposant virulent contre Nicolas Sarkozy qui peut lui permettre d’être l’alternative au président de la république pour un électorat de droite et de centre-droit déçu du quinquennat qui s’achève.
C’est pourquoi chacun des deux travaille actuellement son point faible. Jean-Louis Borloo clame partout qu’il est indépendant du pouvoir en place et François Bayrou se rapproche du centre-doit pour gommer son image de proche des sociaux-démocrates.
Reste que la situation économique sera certainement le déterminant pour tous les deux. Que celle-ci empire et un boulevard s’ouvrira devant eux. Qu’elle s’améliore et Nicolas Sarkozy sera en position de force. A moins que des valises remplies de dollars ne viennent jouer un mauvais tour au président sortant. Comme des diamants voici trente ans…