jeudi 22 septembre 2016

Présidentielle 2017. Sondage: Macron prend des voix à Juppé et Bayrou, menace Sarkozy

Emmanuel Macron et Alain Juppé
Un nouveau sondage Elabe pour Les Echos et Radio classique vient confirmer la tendance actuelle au niveau de l’axe central en vue des présidentielles de l’année prochaine.
Emmanuel Macron continue de faire la course nettement en tête devant François Bayrou.
De même, il prend des voix à Alain Juppé, l’empêchant d’être en tête au premier tour devant Marine Le Pen.
Enfin, il est proche de Nicolas Sarkozy avec des scores qui sont équivalents en prenant en compte la marge d’erreur.
Dans les configurations où Macron et Bayrou sont présents au premier tour, le premier obtient entre 15% et 18% alors que le second n’obtient qu’entre 8% et 10%.
Sans Macron, Bayrou monte à 12%.
Si l’on examine les électeurs de François Bayrou en 2012, un tiers à l’intention de voter pour Macron s’il est opposé au président du MoDem.
Dans les configurations où Macron et Juppé sont opposés au premier tour, le maire de Bordeaux l’emporte aisément devant le leader d’En Marche en obtenant entre 29,5% et 26% contre entre 16% et 14%.
Toutefois, la présence d’Emmanuel Macron dans une des hypothèses retenues empêche Alain Juppé de terminer devant Marine Le Pen au premier tour (26% contre 27%).
Dans toutes les autres, il devance systématiquement la leader du Front national.
A noter que la présence de Macron détourne à son profit une partie des voix des électeurs de Bayrou en 2012 qui se seraient portées sur Alain Juppé.
Opposé à Nicolas Sarkozy au premier tour, Emmanuel Macron obtient dans une des hypothèses 18% contre 19% à l’ancien président de la république et dans tous les cas, les scores des deux personnalités se trouvent dans la marge d’erreur de trois points généralement admise des enquêtes d’opinion.
Il aurait sans doute été intéressant de proposer un cas de figure avec une opposition entre Macron et Sarkozy sans la présence de François Bayrou pour voir si l’ancien ministre de l’Economie bénéficierait alors de la majorité des voix des électeurs du président du MoDem en 2012, ce qui lui permettrait de devancer l’ancien président de la république.
Ce sondage montre qu’Emmanuel Macron est en train de s’installer dans la présidentielle de 2017 après s’être installé, ces deux dernières années, dans le paysage politique français avec sa présence dans le peloton de tête des baromètres de popularité.
Cette présence est sans doute la raison pour laquelle nombre de personnalités du Parti socialiste et évidemment François Bayrou se sont décommandés du colloque des réformistes européens et mondiaux organisé demain et après-demain à Lyon par le maire de la ville, Gérard Collomb, un des soutiens principaux d’Emmanuel Macron, sachant que celui serait présent et, surtout, y prendrait la parole.
C’est évidemment le meilleur hommage qu’ils pouvaient rendre à sa popularité sondagière!
(Sondage Elabe réalisé les 20 ou 21 septembre 2016 par internet auprès d’un échantillon de 1002 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

Alexandre Vatimbella



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Par petite touche, François Bayrou peaufine son image de présidentiable tout en étant de plus en plus explicite sur sa présence sur la ligne de départ en 2017 au cas où Alain Juppé ne serait pas le candidat de LR.
Ainsi, lors d’une interview sur la chaîne LCP, à la question «Quand on vous écoute, vous êtes prêt en fait, vous êtes prêt à y aller (à la présidentielle)?», il a répondu sans détour, «Qui a dit que je n'étais pas prêt» précisant qu’il n’avait jamais «abandonné» son destin présidentiel ainsi que «le travail de préparation, de réflexion, de formulation».
Il considère ainsi qu’il défend «une vision de l’avenir du pays» qui est selon lui «cohérente», «juste» et «qu'elle peut apporter une réponse à un certain nombre de Français».
Au passage, il s’adresse quelques satisfécits: «J'ai défendu depuis des années des idées et des thèses qui se sont avérées vérifiées dans la plupart des cas par la réalité, y compris quand j'étais seul contre tous (…). Je me suis battu souvent seul, et je crois assez juste, sur les déficits, sur la dette, etc., sur une certaine idée de la vie publique en France, de l'honnêteté de la vie publique».
Par ailleurs, il semble assez pessimiste sur les chances de victoire du maire de Bordeaux tout en continuant à lui offrir, tout au moins en paroles, un soutien sans failles.
Ainsi, il se dit «à 1000% sincère» dans son soutien à Juppé.
Il ajoute, «Je dis sans la moindre zone grise que si ce candidat de rassemblement qu'est Alain Juppé est choisi par son camp ou par cette compétition, je le soutiendrai. J'essaierai auprès de lui de faire valoir mes idées qui ne sont pas tout à fait les mêmes que les siennes sur un certain nombre de sujets, mais je le soutiendrai. Pourquoi? Parce que je pense que le pays a besoin de rassemblement, a besoin de rassembleurs et de rassemblement».
Néanmoins, il estime que «le mécanisme des primaires risqué, sinon dangereux. Vous avez sous les yeux les primaires américaines, grand pays, le camp républicain, important dans la sensibilité du pays, a joué un rôle majeur dans son édification, et bien le camp républicain va être représenté par Donald Trump. Ça ne vous trouble pas? Ça ne vous pose pas une question? Il n'y a pas dans votre regard comme une interrogation? C'est une machine qui est une machine... C'est une centrifugeuse, et ça favorise les gens les plus agressifs, transgressifs et agressifs. C'est comme ça la primaire».
Par ailleurs, après avoir réagit de manière impulsive et désordonnée face à la montée en puissance d’Emmanuel Macron où l’insulte sans preuve prenait le pas sur l’argumentation, François Bayrou construit désormais son rejet du leader d’En marche en le rendant responsable de toute la politique économique du gouvernement et de ce qu’il considère comme un échec.
«Emmanuel Macron, affirme-t-il, c'est le principal responsable de la politique économique qui a été suivie par François Hollande depuis quatre ans, deux ans comme conseiller spécial, secrétaire général adjoint de l'Élysée chargé de l'économie, et deux années comme ministre de l’Économie. Et donc sa responsabilité est très grande. Et depuis ces deux années-là, il y a des choses qui sont extrêmement évidentes. Les choix qui ont été faits vont à l'encontre sur beaucoup de sujets des choix que je crois nécessaires, et les résultats sont catastrophiques».
Enfin, il continue à se forger l’image de la meilleure alternative à un retour aux affaires de Nicolas Sarkozy et à un deuxième mandat de François Hollande, jouant sur leurs rejets dans l’opinion publique.
L'enjeu principal de l'élection présidentielle qui vient, c'est que la vie publique française, la vie politique, la vie démocratique française soient rebâties sur des bases nouvelles. On ne cherche pas une restauration de ce qu'il y avait avant, en tout cas, je ne cherche pas du tout une restauration de ce qu'il y avait avant. On ne cherche pas une prolongation de ce qui existe aujourd'hui. Nous cherchons une reconstruction, une réinvention de la vie publique en France, et de la démocratie en France. Et je ne cesserai pas de me battre sur ces questions».

Alexandre Vatimbella



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