samedi 21 septembre 2019

Actualités du Centre. Canada – Législatives : les libéraux centristes de Trudeau en tête

Justin Trudeau

Le 21 octobre prochain, les Canadiens se rendront aux urnes afin d’élire pour quatre ans les 338 députés de la nouvelle législature de la Chambre des communes.
Situé au Centre, le Parti libéral au pouvoir avec Justin Trudeau comme Premier ministre, est donné favori pour remporter l’élection qui devrait néanmoins être plus serrée qu’en 2015 où il avait réussi à prendre le pouvoir au Parti conservateur et à obtenir la majorité absolue.
Même s’il est un peu en retard en matière de vote populaire dans les derniers sondages (mais la différence entre dans les marges d’erreur) après une remontée qui l’avait fait passé en tête, le Parti libéral est donné vainqueur au nombre de sièges ainsi que dans la probabilité d’une victoire.
Les électeurs devront se décider entre un programme progressiste porté par un Parti libéral qui l’est particulièrement en matière sociétale et un Parti conservateur qui a modernisé le sien notamment en matière sociale.
Le bilan du gouvernement actuel est plutôt positif avec des avancées sociales et sociétales notables ainsi qu’avec la mise en place d’une politique volontariste en matière d’environnement qui fait du Canada un des pays leaders en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
C’est plus mitigé en matière économique avec une croissance estimée à 1,3% pour 2019, une baisse comme dans les autres pays avancés, par rapport à celle de 2018 qui s’était établie à 1,8% et celle de 2017 à 3%.
Pour 2020, les analystes prévoient un léger rebond à 1,5%.
Ce qui risque de jouer également, c’est la personnalité du Premier ministre sortant.
Si Justin Trudeau, 47 ans, est populaire dans les zones urbaines, il a plus de mal dans les provinces rurales plutôt acquises aux conservateurs.
Mais un élément supplémentaire semble également pouvoir jouer sur le résultat.
Il s’agit de la divulgation, notamment par le magazine américain Time, de photos montrant Trudeau, il y a quelques années, se grimant le visage en noir lors de fêtes costumées.
Or, cette pratique est désormais condamnée moralement en Amérique du Nord, surtout aux Etats-Unis (où elle est associée au blackface, une pratique largement raciste de comédiens blancs se grimant en noirs au XIX° et au début du XX° siècle pour se moquer des Afro-américains) mais également au Canada.
Pour autant, comme l’a rappelé la Ligue des Noirs du Québec, une association de défense des droits de la communauté noire, le bilan de Justin Trudeau est largement positif en matière ethnique et a considéré qu’il n’était, non seulement, pas raciste mais qu’il n'avait pas à s'excuser pour ses blackfaces de jeunesse.



L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Peut-on écouter le «peuple» et faire de vraies réformes ?


Dans une interview au magazine américain Time, Emmanuel Macron a déclaré : « Je veux réformer, pas uniquement pour le pays mais avec le pays. »
Traduction : pas de réformes sans large concertation mais pas de pause dans les réformes.
Si cette nouvelle ligne de conduite semble consensuelle, démocratique, républicaine et la plus à même de permettre de réformer le pays avec l’accord de sa population, force est de reconnaître qu’elle n’a jamais fonctionné…
C’est même ce qui a tué toutes les réformes en profondeur du pays !
Pourquoi ?
Parce que l’on sait bien qu’une très large concertation et la prise en compte de tous les désidératas de tous les groupes de pression plus ou moins représentatifs ou habilités à donner leur opinion fait en sorte que l’on ne change les choses qu’à l’extrême marge pour contenter tout le monde et que la seule victime est la vraie réforme.
Un des maitres dans ce faux-semblant a été sans conteste Jacques Chirac qui, promettant sans cesse des réformes radicales, a laissé le pays dans un immobilisme coupable qui a nui à tous.
C’est ainsi que, de fausses réformes en fausses réformes, le contribuable continue à payer le régime exorbitant des retraites des agents de la RATP parce que, justement, aucune réforme prenant en compte les exigences de ces mêmes agents ne peut aboutir et que ce sont leurs représentants qui agissent en première ligne pour représenter le «peuple».
Comme ce fut le cas et c’est le présent, dans le cas des retraites, des fonctionnaires, des agents EDF, des salariés de la SNCF, etc.
Mais même sans cette intrusion corporatiste de catégories de salariés du secteur public protégés, le fait de mettre sur la place publique une réforme, c’est généralement la vouée, la plupart du temps, aux oubliettes et, ad minima, à n’être qu’un ersatz de réformette sur lequel il faut revenir sans cesse avec de nouvelles réformettes qui ne règlent rien et parfois aggravent même la situation qu’elles étaient sensées réparer.
Dès lors, c’est bien «avec le pays » que l’on réforme mais, avant tout, lors d’une élection nationale où les enjeux sont clairs et les propositions concrètes.
C’est à ce moment-clé de la vie d’une démocratie républicaine que l’on consulte les citoyens sur la nécessité ou non de faire des réformes et qu’ils choisissent parmi les programmes proposés lequel a leur préférence.
Bien entendu, ces réformes doivent être, lors de ce rendez-vous électoral, être clairement nommées, très largement expliquées et détaillées pour que le choix ne soit pas biaisé.
Le débat démocratique doit alors être intense avec tous les acteurs de la vie politique, sociale et sociétale pour que les choix réalisés soient faits en toute connaissance de cause.
Mais, ensuite, selon la volonté du suffrage universel, elles doivent être mises en application sans les compromissions qui les vident de leur substance.
Et c’est en suivant les promesses faites le plus possible dans une concertation qui permet, non pas de marginaliser la réforme mais de l’amender à la marge pour la rendre meilleure et plus acceptable pour certains de ceux qui sont concernés au premier chef que l’on fait une véritable œuvre réformatrice.
Donc, si l’on écoute bien ce que dit dorénavant la majorité en place, ce n’est plus du tout ce qui va se passer puisque le «peuple» aura le dernier mot, c’est-à-dire que l’on en revient à la bonne vieille recette politicienne qui est d’agir sans réellement agir, de décider sans réellement décider, de faire sans réellement faire en s’abritant derrière cette « volonté populaire » qui n’est en fait qu’un agrégat d’intérêts particuliers qui ne représentent qu’eux-mêmes.
A moins que cette entité fantôme et fantasmagorie des populistes et démagogues, ce «peuple» prenne ses responsabilités, ce qui n’a jamais été le cas jusqu’à présent…
La réforme, contrairement à ce que disent tous les détenteurs de privilèges obsolètes et les conservateurs de situation dépassée, n’est jamais une option.
Elle est une nécessité parce que le monde dans lequel nous vivons évolue (l’espérance de vie est passée d’une trentaine d’année au XVIII° siècle à près de 90 ans aujourd’hui, par exemple).
Le mieux serait évidemment que la réforme permanente se substitue à la réforme coup de balai parce qu’elle permettrait des ajustements incessants qui ne bouleverseraient pas les choses d’un coup et ne mettrait pas certains individus ou groupes d’individus dans des situations difficiles.
Malheureusement, l’humain est toujours plus prêt à agir quand la situation est extrême en espérant que celle-ci, par une intervention divine, ne survienne jamais.
On le voit bien avec le changement climatique.
Mais, là, c’est une autre histoire car ce n’est une réforme dont on a besoins mais une prise de conscience qui change beaucoup de nos comportements en profondeur.
Au vu de la difficulté de réformer, on ne peut être qu’inquiet sur la capacité de l’Humanité à prendre la mesure du défi qui se présente à elle et à agir en conséquence.



Présidentielle USA 2020. La gauche du Parti démocrate peut-elle faire perdre Joe Biden comme elle a fait perdre Hillary Clinton en 2016

Affiche électorale de Joe Biden

Joe Biden sera-t-il battu à la prochaine présidentielle s’il est le candidat démocrate à cause de la gauche de son propre parti ?
Cette question doit être posée quand on voit la rhétorique des candidats de gauche à la primaire démocrate à son encontre ainsi que les attaques récurrentes dont il est victime de la part de la gauche du Parti démocrate, notamment son aile radicale.
On se rappelle qu’en 2016, le socialiste Bernie Sanders, battu lors de la primaire démocrate, avait apporté avec beaucoup de réticence, si ce n’est d’aversion, son soutien à Hillary Clinton après l’avoir critiquée sans cesse et de manière démesurée pendant la campagne de désignation du candidat du parti – critiques souvent populistes qu’avait repris à son compte Donald Trump !
De même, nombre de militants de la gauche du Parti démocrate avaient mené campagne contre cette dernière faisant en sorte que beaucoup d’électeurs démocrates – considérant de manière sidérante que Clinton et Trump, c’était blanc bonnet et bonnet blanc – ne se rendirent pas aux urnes, notamment dans les Etats où la victoire s’est jouée à quelques milliers de voix et qui ont permis à Donald Trump de remporter le nombre de délégués nécessaires pour devenir président (mais pas le vote populaire).
Quand on entend la sénatrice du Massachussetts et désormais principale rivale de Biden, Elizabeth Warren, expliquer qu’il ne faut pas que le Parti démocrate choisisse un candidat juste parce qu’il est le plus à même de battre Trump s’il n’est pas idéologiquement acceptable pour les idées de la gauche du parti, elle se positionne exactement comme l’avait fait Sanders en 2016 (et comme il le fait dans cette primaire où il est candidat).
En outre, on n’a pas oublié que cette même gauche démocrate n’avait soutenu que du bout des lèvres Hilary Clinton lors de la cabale menée contre elle par l’extrême-droite du Parti républicain et ses médias affiliés (comme Fox news) à propos de sa boite e-mail.
Quand on voit que Donald Trump vient de proposer au président ukrainien de l’aider à trouver des boules puantes contre Joe Biden (par rapport à des relations d’affaire qu’auraient eu son fils avec des Ukrainiens) avec l’aide du pitoyable Rudi Giuliani, son avocat personnel et ancien maire de New York, on se dit, qu’au-delà de la nouvelle infamie du populiste démagogue, cette histoire pourrait être utilisée par les opposants internes de l’ancien vice-président de Barack Obama pour le déstabiliser, voire lui faire perdre les primaires et même la présidentielle.
Cette alliance objective entre les extrêmes sensés être dans une opposition radicale n’est pas nouvelle en démocratie mais elle tend à devenir plus commune avec la montée du populisme qui n’épargne, ni la droite, ni la gauche.
Et, généralement, elle a pour cible tout ce qui se trouve dans l’espace central, c’est-à-dire les défenseurs de la démocratie républicaine libérale, et plus particulièrement les centristes.
Il est à espérer que le Parti démocrate ne soit pas phagocytés par cette gauche totalement irresponsable et intolérantes qui considère que tout ce qui est à sa droite comme des ennemis irréductibles au risque de faire élire des personnages comme Trump.