mercredi 9 décembre 2009

Editorial d’Alexandre Vatimbella: La légitimité politique du Centre

Pourquoi la Droite et la Gauche reviennent toujours au centre? Pourquoi tous les gouvernements de droite et de gauche ont tendance à gouverner au centre. Ce n’est pas par hasard, ni par perte du sens de l’orientation. Au contraire. Car la légitimité politique se trouve bien au centre et c’est une évidence que l’attirance centrale soit trop forte pour que les extrêmes puissent s’en affranchir longtemps. Mais ce n’est pas une attirance de renoncement, bien au contraire, c’est la force aimantée de la responsabilité et de la légitimité auxquels sont obligés de revenir tous les idéologues un tant soit peu lucides. Pour gouverner un pays, il ne peut y avoir, sur la durée, qu’une politique qui soit légitime et responsable, une politique équilibrée.

Dès lors, pourquoi mettre au pouvoir des gens qui proposent des politiques irresponsables et qui divisent la communauté alors qu’il y a des gens qui portent les idées du Centrisme, celle d’une pensée politique responsable et légitime ?

Evidemment, il y a le syndrome «demain on rase gratis» ou «Père Noël». Les propositions clientélistes et populistes sur l’établissement demain du paradis sur terre sans effort et pour tout le monde sans exception exaltent les populations mais aussi flattent leurs comportements les plus matériels. Avoir beaucoup plus sans se fatiguer plus que ça, voilà qui attire toujours de nombreux électeurs! Mais, ne nous y trompons pas, cette situation existe aussi parce que le Centre est incapable de «vendre» correctement ses idées et que de nombreux opportunistes phagocytent son message.

L’incapacité du Centre à vendre son message est ancienne. Les centristes ont toujours du répondre aux attaques venues de la Gauche et de la Droite les accusant d’être des mous qui ne prenaient pas partie et dont les idées n’étaient qu’un mélange fade d’idées de gauche et de droite. Et, au lieu, de clamer haut et fort l’originalité de leurs idées et de leur démarche, les centristes ont répondu par des arguments sur leur vision «modérée» (que leurs détracteurs ont tôt fait d’appeler de la mollesse et de l’insipidité), par un profil bas et, surtout, par un complexe d’infériorité qui s’est traduit sans cesse par des rapprochements soit avec la Gauche, soit avec la Droite pour se donner, soi-disant, un peu plus de personnalité. Le centriste honteux ne peut porter un message dynamique, moderne, responsable et légitime, le message du Centrisme. Et ne pouvant le porter, il ne peut convaincre que le message est le bon et qu’il est le meilleur messager pour le mettre en œuvre.

Mais il ne faut pas oublier tous les opportunistes qui encombrent les salles d’attente des agences pour l’emploi politique et qui pensent que d’être au centre leur donnent plus de chance de parvenir au pouvoir puisqu’ils peuvent plus facilement se déclarer de gauche ou de droite au moment opportun. Les gouvernements de la V° République pullulent de cette race de politiques dont certains, il faut le dire, ont très bien réussi sur le dos du Centre…

Porter la légitimité politique, c’est-à-dire la seule façon de faire de la politique dans une démocratie représentative, est une mission qui impose un comportement responsable et une fierté que les centristes seraient bien inspirés d’adopter face à leurs détracteurs. Vouloir construire la meilleure société possible où tous y trouvent leur compte en respectant chacun dans une vision humaniste, ce n’est pas honteux. C’est plutôt le contraire qui l’est!

Actualités – France – Les dirigeants du Mouvement démocrate montent au créneau contre la récupération du nom UDF par le Nouveau Centre

La question de la récupération du nom UDF par le Nouveau Centre va certainement empoisonner le climat entre les partis qui se réclament du centrisme alors que les priorités sont sans doute ailleurs au vu de leurs résultats électoraux. Mais il risque aussi d’empoisonner le climat à l’intérieur du Mouvement démocrate. Car il va bien falloir expliquer aux militants, et notamment à ceux qui ont adhéré récemment, comment en changeant de nom pour ne plus apparaître comme l’héritier d’un parti, l’UDF, trop marqué au centre, François Bayrou peut revendiquer ce nom et empêcher Hervé Morin, son ancien bras droit, de le récupérer. C’est bien sur ce grand écart difficile que table le président du Nouveau Centre qui, au-delà de la récupération du nom UDF qui permettra, espère-t-il, de booster son parti, va obliger les dirigeants du Mouvement démocrate à se positionner plus précisément sur l’échiquier politique. Ainsi, comment François Bayrou qui ne se considère pas comme centriste et qui a voulu changer le nom de son parti pour, justement, ne plus être taxé de ce qualificatif, peut le revendiquer à moins d’apparaître comme un opportuniste qui tente de vendre à gauche le nom de Mouvement démocrate et à droite celui d’UDF. Toujours est-il que son adjointe, Marielle de Sarnez, vient de monter au créneau en déclarant de manière agressive que le Mouvement démocrate «ne se laissera pas faire» et ne fera pas de cadeaux au Nouveau Centre. Il semble que, déjà, une partie des vœux d’Hervé Morin est en train de se réaliser…