jeudi 30 avril 2020

Propos centristes. France – Spécial guerre contre le coronavirus: département rouges & verts; masques; tests; promotion du vélo; plan économique; réouverture des commerces; stratégie de déconfinement; école; transports; événements culturels et sportifs; tourisme; stopcovid…

Voici une sélection, ce 30 avril 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à propos de l’épidémie de coronavirus et de ses conséquences.

● Emmanuel Macron (Président de la République)
Tant d'efforts faits depuis 46 jours. Ne les rendons pas vains. Tenons bon.

● Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Edouard Philippe (Premier ministre)
- Mon message aux organisations syndicales et patronales : il faut mobiliser le dialogue social à tous les niveaux pour reprendre l’activité dans des conditions garantissant la santé & la sécurité des salariés. C’est une condition nécessaire au retour au travail à partir du 11 mai.
- Concernant le retour à l'école, il n'y a pas de flou. Il y a une doctrine, et il y aura ensuite des applications. Je vais faire confiance aux directeurs d'école, aux maires et aux représentants de l'État.
- L’État prendra en charge 50% du coût des masques achetés par les collectivités locales, dans la limite d’un prix de référence.
- C’est l'esprit du partenariat entre élus locaux et acteurs de terrain qui nous permettra de piloter finement la maîtrise de la circulation du virus. Les départements seront verts ou rouges, mais il y aura partout une discussion intense et confiante pour adapter les mesures.
- Qui sera testé? Toute personne déclarant des symptômes et, si elle est positive, ceux qui sont entrés en contact rapproché avec cette personne. Nous allons donc tester beaucoup d’asymptomatiques. Si nous sortons de cette doctrine et chacun fait ce qu’il veut, ça ne marchera pas.

Christophe Castaner (ministre de l’Intérieur)
Devant les députés, Edouard Philippe a présenté notre stratégie nationale de déconfinement. Elle appelle au civisme de chacun et à la responsabilité de tous, indispensables à la lutte contre le COVID19 et à la protection du pays. Le ministère de l‘Intérieur y prendra toute sa part.

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
Nous avons présenté un dispositif de soutien sanitaire, social et éducatif pour aider les Français de l’étranger à faire face à la crise du COVID19. Au total, ce sont 240 millions d’euros qui sont mobilisés pour nos compatriotes.

Nicole Belloubet (ministre de la justice)
Le retour à une situation normale commençant à partir du 11, je vais présenter aujourd'hui au conseil d'Etat un projet d'ordonnance permettant le retour aux dispositions du code de procédure pénale. Un retour dans des conditions adaptées ;

Bruno Le Maire (ministre de l’Economie et des Finances)
- Notre pays va se relever de cette crise. Nous avons pu absorber le choc parce que l’État était là : le chômage partiel, les prêts garantis par l’État, le Fonds de solidarité fonctionnent. Maintenant, nous engageons la seconde période : le retour au travail.
- Nous devons nous battre pour engager la relocalisation d’un certain nombre d’activités stratégiques en France. Deux conditions pour y parvenir : rester compétitif avec une politique fiscale attractive et investir massivement dans les nouvelles technologies.
- Il ne faut pas ralentir la transition écologique, il faut l’accélérer. Notre économie doit être la première économie décarbonée en Europe.
- Le 11mai, tous les commerces pourront rouvrir sauf les lieux de convivialité comme les bars ou restaurants.
- J’invite tous les chefs d’entreprise à continuer à préparer le retour à l’activité le 11mai pour qu’il se fasse dans les meilleures conditions possibles. Nous ne réussirons cette reprise économique que si nous la préparons collectivement.
- Les conditions fixées pour les prêts à Air France sont des conditions de performance et des conditions environnementales. Elles devront être inscrites dans un contrat entre les actionnaires d’Air France et la compagnie.
- Avec Franck Riester, échanges avec les secteurs du spectacle vivant, du cinéma et du patrimoine, essentiels à la vie culturelle française. Ils bénéficient des mêmes mesures d'aides que les entreprises qui ne pourront pas rouvrir le 11 mai mais également de mesures spécifiques.
- Nous allons donner l’autorisation à tous les indépendants qui le souhaitent de débloquer leurs réserves d’épargne retraite sur les Fonds Madelin pour pouvoir compléter leurs revenus.
- Le seuil de contrôle des investisseurs étrangers qui prennent des parts dans des entreprises françaises cotées sera abaissé de 25 à 10%. Certaines entreprises sont fragilisées par cette crise, nous devons protéger nos technologies, nos emplois, nos savoir-faire.
- J’ai pris la décision de renforcer le décret sur les investissements étrangers en France en incluant les biotechnologies. Ce sont des entreprises qui participent par exemple à la recherche sur le vaccin contre le COVID19. Il faut impérativement les protéger.

Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
- La transition écologique est la meilleure stratégie de croissance pour la sortie de crise.
- La sortie du confinement sera progressive, adaptée selon les territoires et demandera le maintien d’une forte discipline collective. C’est par la mobilisation de tous que nous la réussirons.
- Nous voulons que cette période fasse franchir une étape dans la culture vélo, et que la bicyclette soit la petite reine du déconfinement. Un plan de 20m d’€ pour réparer vos vélos, installer des places temporaires, vous former au vélo.
- Nous voyons dans la transition écologique une source majeure d’activité, d’innovations et d’emplois ainsi qu’un puissant levier de reindustrialisation et de compétitivité.
- La crise actuelle conforte la stratégie que nous avons engagée : la neutralité carbone. (...) La sortie des hydrocarbures.
- Opposer écologie et économie est une vision dépassée et dangereuse : la transition écologique est la meilleure stratégie croissance de sortie de crise; pas de moratoire sur les normes environnementales; engagements écologiques des entreprises stratégiques soutenues.
- Il faut offrir des solutions alternatives à la voiture. Le covoiturage en fait partie. Il est autorisé avec un conducteur devant et un passager derrière.
- Le premier objectif est de remonter au maximum l’offre de transport public (…) et puis il va falloir drastiquement réduire la demande aux heures de pointe.

Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Education)
- [Protocole sanitaire dans les écoles] Si on ne le respecte pas, on n'ouvre pas une école ou un établissement.
- Bienveillance, personnalisation du parcours de chacun. Une vision d’ensemble pour la période de confinement, la période de déconfinement, les vacances d’été des enfants les plus défavorisés et la préparation de rentrée.
- L’instruction est obligatoire. Elle se réalise soit par la venue de l’élève à l’école soit par l’enseignement à distance. (…) Oui, l'instruction est obligatoire, les parents ensuite envoient ou pas les enfants à l'école, s'ils ne les envoient pas, il y aura enseignement à distance.
- Notre but est de personnaliser la situation pour chaque élève. Avant le 11 mai les familles auront un dialogue avec l'Education Nationale pour savoir ce qu'il va se passer et quelle est la feuille de route pour mai-juin.
- Progressif et social. Le déconfinement scolaire commencera par l’école primaire le 11 mai, dans le respect strict du protocole sanitaire avec des groupes de - de 15 élèves Le collège suivra à partir du 18 mai pour les 6eme 5ème dans les départements à faible circulation du virus.

Olivier Véran (ministre de la Solidarité et de la Santé)
- La levée du confinement tient dans la capacité des Français à tenir bon, au moins jusqu'au 11 mai.
- Protéger, tester, isoler. Dès le 11 mai, le déconfinement sera mis en œuvre de manière progressive, en fonction de la situation de chaque territoire. D’ici là, pas de relâchement: il faut continuer de respecter les gestes barrières qui font reculer l’épidémie !
- Le confinement est synonyme de baisse d’activité, voire de fermeture de cabinet, pour beaucoup de professionnels libéraux: c’est pourquoi une aide sera versée aux libéraux conventionnés, dès le mois de mai, pour faire face aux conséquences économiques du COVID19.

Jacqueline Gourault (Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales)
Aujourd'hui, l'urgence est de permettre aux collectivités territoriales de faire face au coût de mise en œuvre du plan de déconfinement.

Franck Riester (ministre de Culture)
- Dès le début de la crise, nous avons pris des mesures d'urgence pour soutenir le monde de la culture. Hier, Edouard Philippe a fixé le cadre du déconfinement. Nous travaillons à un plan de reprise et à un plan de relance pour ce secteur stratégique pour notre pays. C'est avec un secteur uni que nous continuerons à déployer les mesures d'urgence annoncées dès le 18 mars, à bâtir de nouveaux dispositifs et à travailler ensemble au futur plan de relance.
- Je veux garantir sur tout le territoire le maintien d'une distribution de la presse écrite partout, assurant le pluralisme de la presse, avec une diversité des éditeurs.
- Dès le début de la crise sanitaire, le gouvernement a mobilisé des aides pour le spectacle vivant. Aujourd'hui, j'ai fait le point avec les organisations syndicales sur cette première vague de mesures et sur celles à venir prochainement.
- Les concertations se poursuivront la semaine prochaine avec les collectivités et les professionnels. Le monde de la culture traverse une crise inouïe, je sais les terribles difficultés de ceux qui en sont l’âme. Après les mesures d’urgence nécessaires que nous avons prises, nous bâtissons un plan ambitieux qui sera à la hauteur de cette crise sans précédent. Personne ne sera laissé au bord du chemin. La Culture est essentielle à nos vies.
-Pour donner aux organisateurs d'événements de la visibilité, les grandes manifestations culturelles, notamment les festivals, tous les événements qui regroupent plus de 5000 participants, ne pourront se tenir avant le mois de septembre.

Gérald Darmanin (ministre de l'Action et des Comptes publics)
- C’est une crise qui n’a pas de précédent. Ce qui est tout à fait inédit, c’est qu’elle ne naît pas de mauvaises décisions politiques ou du dysfonctionnement de l’économie, mais de son arrêt volontaire de celle-ci par les hommes. C’est à la fois plus profond que ce qu’on n’a jamais connu, et plus changeant. Un acte de grande civilisation – la vie passe avant l’économie – et une terra incognita. Le plus difficile à imaginer, c’est la façon dont l’économie va reprendre après cet arrêt. En Autriche, pays qui a déconfiné depuis sept jours, les gens semblent mettre du temps à ressortir de chez eux. En France, vont-ils avoir un réflexe de protection, continueront-ils à épargner? Ou au contraire, va-t-on vouloir revivre les Trente Glorieuses, rebondir après le choc, comme après la Seconde Guerre mondiale?
- La richesse nationale va se rétracter. Concernant la richesse individuelle, cela dépendra beaucoup du statut de chacun, de la nature de son emploi. Nous avons mis en place un système incroyablement fort de chômage partiel, une forme de nationalisation des rémunérations qui permet à plus de 10 millions de personnes de toucher au moins 84 % de leur salaire, payé par l’Etat à la place des employeurs. C’est du jamais-vu. Mais, malgré ce filet de sécurité, il y a aussi des primes que l’on ne touche plus, des heures supplémentaires que l’on ne fait plus, une part variable qui peut disparaître… Pour l’Etat, cela se concrétise par une baisse de recettes fiscales très importante: 42 milliards d’euros et une trentaine de milliards d’euros de cotisations sociales en moins pour le budget de la Sécurité sociale. Un manque à gagner total de 70 milliards d’euros. Et ce n’est sans doute pas fini.
- La grande espérance que peuvent avoir les Français, c’est que cet impressionnant trou d’air soit passager. Parce que les outils qu’on a mis en place sont sans précédent, parce qu’on a préféré l’endettement – même s’il est préoccupant – à la faillite des entreprises et au licenciement des salariés, on peut espérer retrouver plus rapidement une situation économique favorable. Le chômage partiel, ce sont des gens dont le travail est suspendu, mais qui le retrouveront dès que l’activité reprendra. C’est ce qui justifie notre plan massif et conjoncturel. Prenez l’exemple des 41 milliards d’euros de déficit de la Sécurité sociale. En général, les déficits viennent des dépenses. Ici, il s’explique essentiellement par une perte de recettes : attrition de la masse salariale, baisse de cotisations, demandes de reports de charges. Seulement 8 milliards relèvent de la dépense – pour acheter des masques, aider l’hôpital public, revaloriser la rémunération du personnel hospitalier. Les recettes reviendront quand les gens reprendront le travail. Grâce à l’activité partielle, il n’y a quasiment pas eu de licenciements, ou peu. Y en aura-t-il demain ? Je suis incapable de répondre à cette question.
- Par rapport à la crise financière de 2009, c’est presque le double pour la Sécurité sociale et 2 points de plus de déficit pour l’Etat. Mais ces chiffres donnent surtout la mesure de ce que fait le gouvernement. Je suis à la tête de deux administrations : les Urssaf [Unions de Recouvrement des Cotisations de Sécurité sociale et d’Allocations familiales] et la DGFIP [la Direction générale des Finances publiques, le Trésor public] dont la culture première est de contrôler que vous avez bien payé vos impôts, vos cotisations et de récupérer l’argent. En quelques heures, on leur a demandé d’arrêter le contrôle, d’accepter tous les reports possibles plutôt que de collecter l’argent dû, et même de reverser de l’argent sur les comptes. Ce sont les agents des impôts qui débloquent les 7 milliards d’euros du fonds de solidarité pour les indépendants – un million d’entrepreneurs l’ont déjà sollicité – et les Urssaf qui acceptent le report des charges. C’est un changement de culture pour des dizaines de milliers d’agents publics et je les remercie de leur capacité d’adaptation et de leur travail efficace.
- L’Unedic – c’est-à-dire l’assurance-chômage – va payer un tiers de ce chômage partiel et l’Etat, les deux tiers. Difficile de dire combien cela coûtera à la fin. Aujourd’hui, on pense que c’est autour de 26 milliards d’euros, tout confondu, pour le temps du confinement. Mais il faut aussi ajouter le coût du chômage « habituel », si j’ose dire. Car nous avons prolongé les droits des demandeurs d’emploi. Non seulement le gouvernement a suspendu des réformes – des retraites, de l’assurance-chômage –, mais il a aussi prolongé, sans que personne ne lui ait rien demandé, tous les dispositifs sociaux. Si vous étiez chômeur en fin de droit, vous auriez dû sortir du dispositif du chômage : on l’a prolongé et même au-delà de la crise. Le gouvernement a bien conscience qu’il est difficile actuellement de trouver un travail pour les demandeurs d’emploi.
- Attention à la comparaison avec l’Allemagne. On verra à la fin. Nous n’avons pas la même structure économique. Nous sommes sans doute davantage tournés vers les services. Restauration, commerce, hôtellerie, tourisme, c’est la culture française, sa force. Quand on dit à tous les restaurants de fermer, on ne voit pas très bien ce qu’ils peuvent faire d’autre que mettre leurs salariés en chômage partiel. Mais c’est sûr que le système français est le plus abouti et le plus protecteur pour les salariés. On fait confiance aux entreprises et nous espérons bien que ce n’est pas à mauvais escient.
- Pour l’impôt sur le revenu, on a prévu 6 milliards d’euros de recettes en moins cette année, en plus des 5 milliards de baisse d’impôts décidés par le président de la République, car il y aura une attrition de la masse salariale. Et je ne suis pas certain que ce chiffre soit définitif. Heureusement que nous avons fait le prélèvement à la source. Sinon les Français auraient dû, pour une partie d’entre eux, emprunter pour payer leurs impôts ou demander des reports.
- J’ai senti chez [les chefs d’entreprise] beaucoup de solidarité. Des élans très forts. Des restaurateurs qui donnent des repas aux hospitaliers, des gens qui changent leur production – à Tourcoing, il y a une usine qui fait de l’huile et qui produit désormais du gel hydroalcoolique. Elle a fait des dons aux collectivités locales. Je vois aussi beaucoup d’entreprises qui paient la différence entre le chômage partiel et le salaire réel pour leurs salariés. Nous recevons beaucoup de remerciements des associations professionnelles – la CPME, l’U2P– qui habituellement sont plus dans la revendication vis-à-vis du fisc ou des Urssaf. Les voir marcher la main dans la main avec l’Urssaf, c’est remarquable ! Et même s’il y a des questions, il y a beaucoup d’envie de reprendre le chemin de l’activité. Il peut y avoir çà et là des difficultés d’ordre personnel, une dynamique cassée par la crise… Mais les entrepreneurs ont compris que l’Etat était à leur côté. A nous d’être vigilant, de dire au restaurateur qui déprime, qui ne demande pas le prêt garanti par l’Etat parce qu’il ne voit pas le bout du tunnel, de lui dire comment on déconfine, comment on aide son secteur pour lui donner de la visibilité.
- [Plan de relance] Il est trop tôt pour le dire, mais ça ne passera pas par une hausse d’impôt! Les Français se demandent d’où viennent ces milliards ? Ils viennent de l’endettement. Augmenter la fiscalité serait contre-productif. D’autres gouvernements l’ont fait avant nous et on a vu le résultat : cela décourage l’activité économique, l’esprit d’entreprendre, cela baisse le pouvoir d’achat des ménages et fait fuir le capital. En résumé, cela ajoute de la crise à la crise. Nous partons plutôt du constat que la stratégie économique et fiscale du président depuis trois ans a porté ses fruits : avant l’arrivée de la crise sanitaire, le chômage était au plus bas depuis dix ans, la croissance française était l’une des plus fortes d’Europe, le pouvoir d’achat remontait, on n’avait jamais créé autant d’emplois dans les territoires industriels. On a parié sur la croissance. La croissance fait des recettes, elle permet de réduire les déficits et de rembourser la dette.
- Aucun pays n’a rétabli l’ISF. L’idéologie fiscale, ça ne marche pas, et ça ne fait qu’augmenter le chômage.
- Le président de la République avait déjà lancé la réflexion sur ces impôts de production avant la crise. Quels sont-ils ? Ce sont des impôts locaux, à l’exception de la C3S [Contribution sociale de Solidarité des Sociétés] qui va à la Sécurité sociale pour 4 milliards. Vous noterez qu’en Allemagne, il n’y a pas d’impôts locaux, ce sont des impôts nationaux répartis localement. Cela fait une différence au profit de l’industrie allemande. Ce serait dans la lignée de notre stratégie depuis 2017 : nous avons redirigé de la TVA vers les régions et les départements pour qu’ils aient des moyens tout en baissant la fiscalité des ménages, notamment par la suppression de la taxe d’habitation.
- Tous ces milliards de dépenses sont évidemment préoccupants ! Il ne faut pas laisser croire aux Français qu’ils n’auront pas de conséquences. Mais nous pensons simplement que ces dernières sont beaucoup moins graves que la faillite économique des entreprises et le licenciement massif des salariés. La dette n’est pas comme on l’entend parfois quelque chose qui n’existe pas, qui peut s’effacer en créant de la monnaie. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. La BCE permet à la France – grâce à l’accord européen qui a été trouvé – d’emprunter à des taux très faibles, et autant que nécessaire. Mais il faut tout de même rembourser ce que l’on doit. La rupture de remboursement de la dette est une rupture de confiance.
- Il appartiendra aux chefs d’Etat d’avoir une politique commune en sortie de crise, d’avoir une stratégie européenne, internationale, et de se poser la question du refinancement de cette dette née du coronavirus. Il est encore un peu tôt.

Muriel Pénicaud (ministre du Travail)
- La meilleure protection contre le chômage de masse, c'est de reprendre l'activité en protégeant les salariés
- La reprise de l'activité doit se faire dans le strict respect des conditions sanitaires pour la protection des salariés. J'y veillerai, avec les partenaires sociaux.
- Protéger les salariés, leur santé, leur sécurité, ce n'est pas négociable. Depuis un mois, les services du ministère du Travail ont mis en place des guides métiers, il y en a déjà 47, sur la mise en application concrète des gestes barrières.
- Le système de travail partiel pour garde d'enfant sera maintenu tel quel en mai, et à partir du 1er juin il faudra une attestation de l'école. Mais il est important que les enfants puissent retourner à l'école.
- Ce matin, ce sont 11,3 millions de salariés, et 890 000 entreprises, qui sont protégés par le chômage partiel, c'est-à-dire que l'entreprise fait l'avance et c'est l'État qui paie leur salaire.
- Grâce au chômage partiel massif et ouvert à tous les salariés, il n’y a pas eu de vague de licenciements en France. Mais la situation de l’emploi m’inquiète car la crise économique va durer. Nous faisons tout pour en limiter les conséquences et protéger chacun.

Julien Denormandie (ministre de la Ville et du Logement)
- Les associations de proximité sont en première ligne dans les quartiers. Merci à toutes celles et ceux qui font vivre cette solidarité. J’ai conscience de vos difficultés. Un soutien financier peut faire la différence. Un fonds de 5 millions d'euros est là pour vous soutenir.
- Pour aider les plus précaires, le plan d'urgence à l'aide alimentaire est activé : 50 Mio€ dédiés pour la distribution d’aide alimentaire. Par ailleurs dès le 15 mai, les familles modestes recevront l'aide exceptionnelle de solidarité de 100€/enfant (bénéficiaires APL/RSA/ASS).
- Pour mettre à l'abri les personnes à la rue, 178 200 places d’hébergement d’urgence sont ouvertes, dont 11 200 places d’hôtels supplémentaires depuis le début de la crise sanitaire.

Frédérique Vidal (ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation)
Universités, startups BioTech, laboratoires publics : la recherche française mobilisée sur tous les fronts et dans tous les territoires comme ici à Montpellier où la communauté scientifique dans son ensemble travaille au développement de nouvelles méthodes de dépistage Covid19.

Sébastien Lecornu (ministre chargé des Collectivités territoriales)
Notre objectif c’est que les conseils municipaux qui ont été élus dans leur totalité puissent être installés le plus rapidement possible. C'est une bonne chose pour la clarté de la vie politique et pour que des décisions puissent être prises.

Roxana Maracineanu (ministre des Sports)
- À partir du 11 mai, la pratique sportive sera possible dans des conditions moins contraignantes. Il faudra néanmoins appliquer des consignes pour se protéger et protéger les autres. D’ici là restons motivés pour respecter les règles du confinement.
- La santé des athlètes et des pratiquants est ma priorité. Le sport est un enjeu de santé publique mais dans cette période particulière, je souhaite que la pratique reprenne de manière progressive pour limiter les risques de contamination.
- Aussi, à ce stade, la reprise des compétitions (même à huis clos) ne sera pas envisagée avant août au mieux. J’ai conscience que cette décision est douloureuse et lourde de conséquences mais elle est nécessaire pour protéger joueurs, dirigeants, staffs, arbitres, etc.
- Il serait irresponsable de leur faire prendre le moindre risque. Enfin, comme Edouard Philippe l’a dit, les manifestations sportives de plus de 5000 personnes sur un même lieu ne seront pas possibles jusqu’en septembre.

Adrien Taquet (secrétaire d’Etat à la Protection de l’enfance)
Les enfants de l'Aide sociale à l'enfance vont-ils pouvoir recommencer à recevoir des visites de leurs parents? Nous travaillons à la reprise de ces visites dès maintenant et des droits d’hébergement dès le déconfinement, le 11 mai.

Cédric O (secrétaire d’Etat chargé du numérique)
- Les épidémiologistes, le conseil scientifique, l'Académie de médecine ou encore le Comité national d'éthique nous disent que l'application StopCovid est utile, et cela dès les premiers téléchargements, pour éviter une deuxième vague.
- La coopération internationale est déterminante pour surmonter les défis posés par le COVID19, au-delà des frontières. C’est l’objet du G20 numérique, auquel je participais aujourd’hui, pour utiliser au mieux le potentiel du numérique dans cette crise.

Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
Du 11 mai au 2 juin, un tourisme de proximité nature/culture sera possible dans un rayon de 100km. Fin mai, nous pourrons donner des perspectives pour la saison estivale. Grâce au civisme de chacun notre voeu à tous est de pouvoir redécouvrir cet été nos territoires.

Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances)
41 millions de masques textiles à filtration garantie avaient été produits ou importés en début de semaine. Ce sont des masques lavables et réutilisables en moyenne 10 à 20 fois. 26 millions seront livrés cette semaine et 31 millions de plus la semaine prochaine.

Sibeth Ndiaye (porte-parole)
La crise du COVID19 favorise la propagation de fakenews. Plus que jamais, il est nécessaire de se fier à des sources d’informations sûres et vérifiées. C’est pourquoi le site du gouvernement propose désormais un espace dédié.

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Richard Ferrand (président de l’Assemblée nationale)
Nous traversons une épreuve qui marquera l'histoire de notre pays.

Stanislas Guerini (délégué général)
- Si l’école doit rouvrir, c’est en priorité pour les familles dont les enfants en ont été durablement éloignés et vivent une période blanche qui peut laisser des traces profondes. Mais la situation devra être appréciée ville par ville en fonction de la situation sanitaire.
- Il faut que les plus modestes aient accès à un masque gratuitement. Le gouvernement accompagnera les collectivités locales et prendra en charge 50% du coût des masques qu'elles achèteront.
- L'aide de l'État aux entreprises n'est pas sans contreparties : Air France devra réduire drastiquement ses vols intérieurs si une alternative par le train existe. C'est un virage majeur vers des mobilités plus propres.
- Pendant la crise nous avons, notamment, mis en place une mission d’information à l'Assemblée, voté une loi sur l'état d’urgence sanitaire, deux budgets rectificatifs, le plan de déconfinement... Ceux qui disent que notre démocratie est bafouée mentent. Elle est pleinement vivante.
- La France a mis en place l'un des systèmes de chômage partiel les plus protecteurs du monde. Il faudra le prolonger, de manière plus circonstanciée, pour celles et ceux qui seront encore empêchés de travailler après le déconfinement.
- Pour le déconfinement et la réouverture des écoles, le Premier ministre a fixé un cadre national. C’est la situation sanitaire de chaque département qui conditionnera les choix que feront les élus locaux.
- La stratégie nationale de déconfinement annoncée par le Premier ministre est progressive et cohérente. La concertation avec les territoires et les acteurs locaux sera clé pour qu'elle devienne une réalité, ainsi qu'une réussite collective.

Gilles Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)
- Journée historique à l’Assemblée Nationale. Il n'y a pas de précédent où le risque d'effondrement de l'économie et la santé de la population sont en balance. Les députés LaREM et MoDem ont pris leurs responsabilités. Certains, peu nombreux, de l'opposition, aussi.
- Les députés LaREM ont approuvé à la quasi-unanimité le plan de déconfinement proposé par le Premier ministre. Protection sanitaire, travail, transports publics, commerces, écoles : le cadre clair est désormais fixé. Le succès du plan repose sur la responsabilité de chacun.

Aurore Bergé (porte-parole)
- Améliorer, renforcer les dispositifs de soutien aux artistes, aux créateurs, aux éditeurs. Préparer la relance en considérant la culture comme un levier essentiel.
- Les artistes auteurs sont en 1ere ligne dans cette crise. Nous avons donc une responsabilité particulière pour les soutenir avec les fonds d'urgence.

●MoDem
Sarah El Hairy (porte-parole)
En faisant le choix de s'appuyer sur les élus locaux & de différencier les territoires pour le déconfinement Edouard Philippe propose un plan au plus proche de la réalité et du quotidien. J'exercerai ma mission de contrôle sur le terrain pour accompagner ce plan: tests, masques.

●UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Jean-Christophe Lagarde (président)
- Je crains que ce plan soit mal né. Il aurait dû faire l’objet de concertations, de constructions pour être compris et accepté par les Français. Ce qui va compter le plus, c’est la confiance. Et après les bobards sur les masques, elle n’est pas là. Sans confiance, les parents n’iront pas au travail, dans les transports en commun et ne remettront pas les enfants à l’école.
- Il y a des contradictions. On nous dit qu’on va territorialiser mais les écoles rouvriraient partout en même temps. Il y a des endroits en France où l’on ne sera pas prêt à rouvrir les écoles, où cela ne sera pas possible. Je ne crois pas par exemple qu’on puisse rouvrir les écoles maternelles en respectant les gestes barrières.
- On aurait dû se concentrer sur les enfants les plus en difficulté, ceux qui sont le plus loin de l’école, qui n’ont pas pu faire l’école à la maison et on aurait dû prioriser les classes d’orientation, c’est-à-dire les CP, les CM2, les 3e, ceux qui ne seront pas dans les mêmes établissements l’an prochain, dont on ne pourra pas rattraper le retard avec la même équipe pédagogique.
- J’ai été président d’une commission sur le H1N1 et on avait dit à l’époque qu’il fallait constituer des gros stocks. On en avait un milliard et demi lorsque Nicolas Sarkozy a quitté l’Élysée. Monsieur Hollande, madame Tourraine, monsieur Salomon qui égrène nos morts chaque soir, ont décidé de supprimer ces masques. Mais vous le voyez en Asie qui eux ont déjà vécu ce type d’épidémie, les masques ont toujours été nécessaires.
- Il n’est pas compréhensible qu’on ouvre les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise, mais qu’on ouvre pas le restaurant de ma rue. On doit limiter leur activité pour respecter les barrières sanitaires. A ce moment-là ça pose un problème.
- Pour les restaurants, je pense qu’on pourrait les rouvrir dans les régions les moins atteintes et je propose de faire cadeau de la TVA aux restaurateurs pour redémarrer raisonnablement d'un point de vue sanitaire et économique. Je déposerai une proposition de loi en ce sens
- Il y a beaucoup de familles qui vivent en surnombre dans leur logement. Si vous êtes sept dans un trois pièces le confinement est beaucoup plus dure que lorsque vous êtes dans un pavillon avec un jardin. Il y a des parcs qui peuvent être ouverts en limitant le nombre de gens qui arrivent.
- Dans plusieurs quartiers sensibles de banlieues des violences ont éclaté, mais le confinement a globalement été bien respecté. Par rapport à l’image qu’on en a donnée, j’ai pu observer que le confinement était bien respecté, bien sûr il y a toujours quelques décérébrés, mais la plupart des gens ont été disciplinés d’abord parce qu’ils ne sont pas plus bêtes que les autres, ils ont la trouille, ils n’ont pas envie de mourir.


L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Ecroulement ou retour à la normale, l’énigme actuelle de l’épidémie de covid19

Il n’y a que deux manières que nous retrouvions une «vie d’avant»: soit le virus disparaît naturellement (ou, plus précisément, ne s’attaque plus aux humains), soit on le maîtrise par un traitement ou un vaccin.
Toutes les autres solutions sont des sortes de pis-aller qui nous permettent de tenter de retrouver une certaine normalité dans l’anormalité, de pouvoir vivre sous haute protection d’une menace vitale constante.
D’où l’extrême difficulté pour tous les dirigeants de la planète d’élaborer des déconfinements qui seront «réussis» et d’organiser la société pour qu’elle fonctionne au mieux qu’elle pourra.
Tous ceux qui disent le contraire sont, au minimum des ignorants, voire des irresponsables qui doivent être sanctionnés.
Dans quelques mois, nous nous rappellerons peut-être de la période que nous vivons actuellement comme un cauchemar et ce sera tant mieux.
Mais, comme je ne crois pas aux miracles façon Trump (ni à ses remèdes mortels!), nous devons trouver les moyens pour que ce virus ne fasse pas s’effondrer pour longtemps le monde actuel, non pas uniquement ses tares comme l’espèrent dans une fantasmagorique dangereuse ses contempteurs mais toute son organisation et ses structures au péril d’une crise sans précédent avec ses troubles et ses conséquences désastreuses ainsi que ses possibles millions de morts, le tout dans une gigantesque régression dont nous avons peine à imaginer ce qu’elle sera exactement tout en vivant dans l’angoisse de sa survenance.
Cette possibilité d’«écroulement» pour reprendre le mot utiliser par Edouard Philippe lors de son discours sur le déconfinement à l’Assemblée nationale le 28 avril, est bien réel, soyons-en, au minimum, conscients.
Comment peut-on jouer l’alarmiste à ce point diront certains alors que le covid19 n’a fait jusqu’à présent «que» 200.000 morts officiellement dans un monde qui en compte aux alentours de 7,7 milliards?
Mais, au-delà des chiffres macabres – dont on sait qu’ils sont difficiles à établir pour l’instant sans oublier les mensonges éhontés de certains pays en la matière qui les minorent comme la Chine, la Russie, l’Inde ou le Brésil, par exemple, et d’autres qui sont incapables de faire une comptabilisation du fait de leur Etat trop faible et/ou de leur système de santé quasi-inéxistant (du coup, on peut sans doute multiplier le nombre de décès par deux ou trois afin d’obtenir un chiffre plus proche de la terrible réalité) –, il faut rappeler que les mesures prises, tout insuffisantes qu’elles furent et qu’elles soient, ont permis d’éviter une hécatombe.
Ainsi, si l’on compte plus de 24.000 morts jusqu’à aujourd’hui en France, les spécialistes estiment qu’avec les seuls confinement et gestes barrières, on en a évité plus de 60.000.
Et ce qui nous attend est, pour l’instant largement inconnu de nos connaissances.
Va-t-on vers la disparition ou une atténuation de l’épidémie dans les semaines qui viennent pour les pays de l’hémisphère nord qui entrent dans la période estivale, comme le prétendent certains sans en avancer la moindre preuve?
Ou va-t-on vers une présence forte du virus qui reprendra encore de plus belle à l’automne, comme le prétendent d’autres avec aussi peu de preuves à l’appui.
Car, comme au temps du début de l’épidémie du sida, nous naviguons à vue, ce qui permet de dire tout et n’importe quoi sans que l’on puisse savoir ce qui est vrai ou faux.
Et n’oublions pas que la peste noire de 1347 revint cinq fois avant de disparaître des pays européens.
Quotidiennement, nous sommes abreuvés d’«informations» qui minorent la dangerosité du covid19 et d’autres qui font craindre le pire comme ces possibles cas d’une extrême gravité chez les enfants ou les séquelles constatées chez certains patients guéris au niveau inflammatoire, cardiovasculaire ou neurologique.
En revanche, ce que nous savons, sans trop savoir comment nous y prendre pour l’instant, c’est que nous devons, dès à présent, éviter absolument l’écroulement et remettre les sociétés en ordre de marche tout en prenant toutes les précautions possibles pour maîtriser au mieux l’épidémie et éviter une reprise forte des contagions.
Ne nous mentons pas, c’est, avec nos connaissances du moment sur ce qui va advenir dans le court et moyen terme, la parfaite quadrature du cercle!
Et, pour autant, nous devons avancer parce qu’immobiles nous ne nous en sortirons pas, parce que la vie c’est le mouvement.
Cela signifie prendre des risques les plus calculés possibles mais certainement pas les paris crétins et criminels que certains responsables politiques à travers le monde ont pris et que d’autres recommandent et qui pourraient causer des ravages incalculables.
Mais, oui, nous devons agir et, comme toujours et plus en ce moment, l’agir comporte des risques.
Ceux-ci doivent être en rapport avec la situation actuelle – celle qui est réelle et non fantasmée (en bien ou mal) – et avec l’objectif poursuivi, tenter de reprendre autant que faire se peu notre destin en main.
C’est dans un équilibre constant que doivent se prendre ces décisions cruciales pour notre avenir.
Ce qui n’empêchera pas les erreurs de trajectoires ou des décisions mal calibrées.
Mais comment penser que nous pouvons vivre comme nous le faisons actuellement sans que cela ait des conséquences colossales sur notre existence, sans que l’économie s’effondre avec tous les maux qui iront avec, sans que le lien social se délité avec toutes les terribles conséquences sur notre sécurité et nos libertés, sans que le prix à payer soit trop élevé.
Oui, nous devons agir, en humanistes responsables et respectueux sans nous ca cher la difficulté de la tâche et sans atermoiements.
L’humain se targue d’intelligence, de raison et de sentiments.
L’heure est de le démontrer.