jeudi 10 avril 2008

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. John McCain est-il centriste ?

Nous parlons beaucoup ici des deux candidats démocrates qui se sont positionnés au centre. Mais qu’en est-il de John McCain, le candidat républicain, que l’on présente comme un centriste et qui, selon la presse américaine, aurait pu être le candidat à la vice-présidence en 2004 sur un ticket avec le démocrate John Kerry?
John McCain se définit lui-même comme un conservateur et nous n’aurions aucune raison de ne pas le croire si le parcours de sa vie publique n’allait pas à l’encontre de cette étiquette. Le sénateur de l’Arizona a toujours eu des liens avec les Démocrates et pas seulement ceux qui penchent à droite comme le sénateur Lieberman qui lui apporte son soutien dans cette élection présidentielle. Il entretient de bonnes relations, par exemple, avec Hillary Clinton et John Kerry et sa vision de la politique intérieure est un laisser-faire mou, loin de l’idéologie ultra-libérale de l’Administration Bush. Son positionnement comme conservateur et sa constante affirmation qu’il est bien un conservateur sont à rechercher avant tout dans sa position à l’intérieur du Parti républicain. John McCain y est un franc-tireur qui a toujours manifesté les plus grandes réserves avec la droite dure du parti et les groupes évangéliques conservateurs du Sud qui ont mis la main sur la machine républicaine et dont les heures de gloire semblent passées mais qui restent néanmoins capables de gêner fortement la campagne du sénateur de l’Arizona. D’où sa volonté de les rassurer. Mais les sondages le démontrent, John McCain est apprécié de beaucoup d’indépendants mais aussi de démocrates modérés qui pourraient voter pour lui en novembre prochain. Et dans ce lot, il y aurait, toujours selon les sondages, beaucoup de partisans d’Hillary Clinton si Barack Obama est élu candidat démocrate à l’élection présidentielle et vice versa…
Si l’on raisonne dans une optique européenne, John McCain serait probablement au centre d’un parti démocrate-chrétien allemand ou de l’UMP. On ne peut le mettre dans la même catégorie que George W. Bush ni dans celle de Ronald Reagan – dont il était l’ami – mais plutôt dans celle d’un George Bush père ou d’un Gérald Ford, au centre-droit.
D’où l’idée que l’élection américaine se déroulera au centre semble une évidence si l’on se rappelle que les deux candidats démocrates sont eux aussi proche du Centre, que ce soit Barack Obama ou Hillary Clinton.
Jean Gripari
Chef du département Etats-Unis du CREC

Actualités du Centre. François Bayrou convoque le comité directeur de l’UDF pour couper l’herbe sous le pied des contestataires

Le président du Mouvement démocrate a indiqué que la réunion du comité de l'UDF la semaine prochaine était destinée à "lever toute ambiguïté" concernant l'existence d'un centre indépendant sur l'échiquier politique. "Je vais réunir ce comité pour lever toute ambiguïté, pour qu'il n'y ait plus d'ambiguïté sur la question essentielle qui est celle-ci" : est-ce qu'on va vers un bipartisme, deux partis, l'UMPP et le PS, qui ont la totalité du champ politique français, ou est-ce qu'au contraire on défend le pluralisme en permettant à une autre expression, l'expression démocrate, au centre, d'être libre, indépendante, autonome", a déclaré M. Bayrou sur RTL. "Nous avons décidé qu'il y aurait une expression libre et indépendante dans la vie politique française", a-t-il ajouté. M. Bayrou a annoncé lundi que le comité directeur de l'UDF se réunirait le mercredi 16 avril à Paris. Cette réunion est souhaité par certains membres du MoDem qui contestent la stratégie de M. Bayrou et veulent "faire revivre" l'UDF. Le 30 novembre 2007, lors du dernier congrès de l'UDF avant la fondation officielle du Mouvement démocrate, un comité d'une vingtaine de personnes avait été désigné pour veiller aux "intérêts juridiques, matériels et moraux" de l'UDF, pendant une période transitoire de trois ans.

Actualités du Centre. Le Parti démocrate italien se veut proche des démocrates américains et du centre-gauche

Selon les derniers sondages autorisés (ils sont interdits deux semaines avant le scrutin), le Parti Démocrate avait cinq à sept points de retard sur le Peuple de la liberté (PDL, centre-droit), la nouvelle formation de Silvio Berlusconi. En raison du mode de scrutin, l'avance de la droite au Sénat est beaucoup plus faible. "Cela ressemblera à un tirage du Loto", résume M. D'Alema, un des dirigeants du Parti Démocrate au journal Le Monde, qui ne conteste pas le cap choisi par le leader du centre-gauche. M. Veltroni a amorcé une simplification du paysage politique en allant aux élections sans les communistes et les Verts, alliés encombrants du gouvernement sortant de Romano Prodi, que M. D'Alema appelle "la gauche idéologique". Le positionnement du nouveau parti, né à l'automne 2007 de la fusion des Démocrates de gauche (ex-PCI) et de la Marguerite (d'inspiration démocrate-chrétienne), n'est pas simple à expliquer. En titrant "Je ne suis pas de gauche" un entretien avec M. Veltroni, le quotidien espagnol El Pais a suscité un certain embarras au Parti démocrate. Le réformisme, tel que le revendique le PD, serait à chercher du côté des démocrates américains. "De Roosevelt à Clinton", aime à préciser M. Veltroni. Dès 1999, M. D'Alema avait accueilli à Florence le président Bill Clinton pour un sommet sur le "progressisme au XXIe siècle", dont il avait eu l'initiative avec Tony Blair et le chancelier allemand Gerhard Schröder, et auquel Lionel Jospin, alors premier ministre, s'était aussi rendu. "L'objectif d'un centre-gauche libéré du conditionnement idéologique est d'introduire de forts éléments de libéralisation dans la société sans déchirer la cohésion sociale", souligne M. D'Alema. Pour autant, cet ancien dirigeant du PCI réfute l'idée d'une rupture avec ses anciens amis : "C'est une différentiation des rôles, pas une fracture, entre une gauche qui a vocation à gouverner et l'autre pas." Il précise : "Nous maintenons d'ailleurs nos rapports au niveau local." Le Parti démocrate a noué avec l'Italie des valeurs d'Antonio Di Pietro, l'ex-magistrat vedette de l'opération "Mains propres", et avec les laïcs du Parti radical des accords limités qui lui ont permis d'imposer un programme simple, en douze points. En mettant fin à la saison des coalitions hétérogènes, le Parti démocrate a obligé M. Berlusconi à réduire aussi ses alliances. M. D'Alema estime que "cette grande opération écologique" visant à éliminer les petites formations apportera la stabilité politique dont manque l'Italie. Afin que le pays retrouve "l'équilibre perdu dans une série d'alternances névrotiques", Marco Follini, un transfuge centriste, ex-ministre de M. Berlusconi devenu vice-secrétaire du PD, estime que "seul le Parti démocrate peut remplir le rôle de nouvelle Démocratie chrétienne". La solidité de l'édifice dépendra du résultat obtenu le 14 avril. Un score inférieur à 35 % serait considéré comme un échec de la stratégie de M. Veltroni, estiment les observateurs. Son leadership ne serait peut-être pas remis en question, mais à bien interpréter les critiques discrètement apparues dans ses rangs au cours de la campagne, le PD pourrait voir naître des courants.