jeudi 14 juillet 2022

Une Semaine en Centrisme. Macron: son «en même temps» à l’épreuve de la nouvelle réalité politique

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, lors de son entretien télévisé du 14 juillet a expliqué vouloir travailler avec l’opposition afin de trouver des compromis pour le «cap» qu’il veut suivre au cours des cinq années à venir qui s’appuie sur un triptyque:
«Premièrement, rendre la France plus indépendante. Deuxièmement, gagner la bataille pour le climat. Troisièmement pour l’égalité des chances.»

Pour cela, il affirme:
«Je ferai tout pour que les compromis intelligents soient trouvés le long de ce cap pour que nous sortions une nation plus forte et plus juste. C’est ça la réponse de la France dans ce moment que nous vivons»

Et de rappeler la réalité du contexte politique après les élections présidentielle et législatives:
«Les Français m’ont accordé leur confiance, et l’ont accordé aux députés par une majorité relative. Qu'est-ce qu’ils nous ont dit? On veut que vous travailliez ensemble. La responsabilité de la majorité, du gouvernement, des forces d’opposition, c’est de trouver des compromis. Vous allez voir qu’on va pouvoir avancer.»

La situation que doit affronter le Président de la république est de faire vivre son fameux «en même temps» dans un paysage morcelé où personne n’a le pouvoir d’agir seul.

C’est aussi une vision de la démocratie défendue par les centristes où les majorités d’idées sur des mesures et des réformes permettent d’avancer dans un consensus élargi au-delà des forces soutenant le pouvoir exécutif.

D’ailleurs, ce serait sans doute la normalité si la proportionnelle intégrale était mise en place pour les législatives.

Tout cela serait une sorte d’avancée démocratique… si la pratique politique française n’était pas celle de la confrontation et où le compromis est immédiatement assimilé à la compromission et le consensus au ralliement.

C’est un exercice pour le moins difficile – voire impossible – que va devoir accomplir Emmanuel Macron sans aucune assurance de succès comme on l’a vu avec le premier texte sur des mesures sanitaires pour lutter contre la covid19 et qui a permis aux deux extrêmes, LFI et RN, de voter ensemble et aux forces politiques traditionnelles de gauche et de droite de jouer l’irresponsabilité politicienne comme d’ailleurs elles le font depuis cinq années au Sénat, le dernier rapport de sa commission d’enquête sur les événements du Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions de football le rappelant.

La tâche sera donc ardue mais intéressante à suivre parce qu’elle montrera si le macronisme et son dépassement politique par le «en même temps» vaut en-dehors d’une structure somme toute traditionnelle de la politique – En marche! puis LaREM puis Renaissance – et d’une alliance tout aussi classique avec le MoDem, Agir et aujourd’hui Horizons et le Parti radical.

Elle dira, surtout, si une culture du consensus peut voir le jour en France.

Si tel n’était pas le cas, alors il faudrait sans doute réfléchir aux conséquences désastreuses que pourrait avoir l’introduction de la proportionnelle sur la stabilité politique du pays.

Plus grave, cela démontrerait que la démocratie française est incapable de sortir de la logique de l’affrontement dans laquelle l’a enfermée la Constitution de la Ve république au motif de solidifier le pouvoir exécutif mais au détriment du débat politique constructif, c’est-à-dire profitable au pays.

Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

 

La quotidienne centriste du 14 juillet 2022. L’avenir de la démocratie française

En ce jour de fête nationale où nous célébrons à la fois la liberté, l’égalité et la fraternité, les élections récentes ainsi que l’atmosphère politique invitent à se questionner sur l’avenir de la démocratie républicaine française.

Parce que les signaux envoyés par les Français semblent contradictoires, en tout cas, manquent d’une clarté évidente.

Après un quinquennat dont les réussites mais aussi la menace des extrêmes, ont permis à Emmanuel Macron de se faire réélire sans aucune contestation possible face à Marine Le Pen, la volonté de mettre en doute sa légitimité démocratique par un consortium politico-médiatique déjà à l’œuvre dès sa victoire de 2017, demeure inquiétante et rappelle que, comme aux Etats-Unis, une partie de la population ne veut même plus respecter le verdict des urnes.

Même les élections législatives qui ont donné, certes, une majorité relative aux partis le soutenant mais une majorité tout de même, sont constamment instrumentalisées par ce même consortium qui va de l’extrême-gauche à l’extrême-droite en passant par les alliés et les idiots utiles de la gauche et de la droite traditionnelles, pour créer une instabilité politique dont le but est le même, affirmer l’illégitimité du gouvernement en place.

Dès lors, il faut prendre acte de la disparition du consensus sur lequel s’appuie la démocratie républicaine libérale et sa récusation par une partie importante de la population, donc l’entrée d’une nouvelle ère qui nécessite de se demander pourquoi on en est arrivé à ce stade, comment faire pour inverser une tendance inquiétante et de se mettre en mode résistance pour protéger la liberté, l’égalité et la fraternité ainsi que toutes les règles et principes démocratiques et républicains ainsi que les valeurs humanistes.

Parce que nous sommes à un moment critique où le basculement est possible dès les prochains rendez-vous électoraux.

N’oublions pas que dans cette période d’un peu plus de deux mille ans de l’histoire de l’Humanité, la démocratie n’occupe même pas 250 ans et encore avec des formes imparfaites pendant une partie de cette période.

Si, demain, elle disparait pour toujours ou longtemps, la démocratie n’aura été qu’une sorte d’épiphénomène historique et non cette évolution de nos sociétés vers un humanisme où, enfin, la dignité de chacun, est au centre de leurs préoccupations.

Quant à la démocratie française qui a connu nombre de hauts mais également beaucoup de bas depuis la Révolution, nous ne mesurons sans doute pas l’ampleur de son érosion qui permet à nombre de forces séditieuses et subversives de capitaliser sur un mécontentement qui doit en étonner plus d’un dans les pays totalitaires.

Mais le fait est là et les dix prochaines années seront sans doute cruciales en France mais aussi dans les autres pays démocratiques, notamment aux Etats-Unis, dans cette lutte qui sera sans fin entre les partisans de la liberté et ses ennemis.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]