mercredi 16 novembre 2016

Présidentielle 2017. L’ambiguïté de la «révolution démocratique» de Macron

En se présentant à la présidentielle, ce mercredi 16 novembre, Emmanuel Macron «ne veut pas rassembler la Gauche, ne veut pas rassembler la Droite mais veut rassembler les Français» dans une «révolution démocratique».
Il souhaite ainsi «porter l'optimisme de la volonté» et que sa candidature se place «sous le signe de l'espérance».
En outre, il «en appelle aujourd'hui à toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, à toutes celles et ceux qui croient à la réconciliation de la liberté et du progrès, à toutes celles et ceux qui ne veulent pas guetter dans la pénombre la lueur d'espérance mais veulent l'incarner».
Des propos que n’importe quel centriste aurait pu prononcer en se présentant à la reine des élections françaises.
De même que le constat qui l’a amené, selon lui, à être candidat: «La France aujourd'hui est sortie du chemin du progrès. Le doute s'est installé. Depuis quarante ans, nous n'avons pas réussi à régler le problème du chômage de masse, la déprise des territoires, la langueur de l'Europe, les divisions internes. La France est bloquée par les corporatismes».
Mais Emmanuel Macron a cru bon, comme à son habitude, à stigmatiser le monde politique comme pourrait le faire un Jean-Luc Mélenchon, un Nicolas Sarkozy ou une Marine Le Pen.
Pour le fondateur d’En marche, «Les appareils politiques, les logiques politiciennes paralysent aujourd’hui notre capacité d’aller de l’avant. J’ai vu de l’intérieur la vacuité de notre système politique qui empêche les majorités d’idée au motif qu’elles fragilisent les appareils, les partis traditionnels, les intérêts acquis, qui ne poursuit plus au fond l’intérêt général mais son propre intérêt, qui a transformé la vie des Français en simple décor de son propre théâtre d’ombres».
Et de s’estimer une victime de ce système: «J’ai pu mesurer ces derniers mois ce qu’il en coûte de refuser les règles obsolètes et claniques d’un système qui est devenu le principal obstacle à la transformation de notre pays. (…) Ce système je le refuse».
Il lance une sorte d’appel pour que «face à cela», «l’énergie du peuple français» nous conduise «à donner le meilleur de nous-mêmes».
En conclusion de son intervention, Emmanuel Macron a évoqué «cette révolution démocratique à laquelle je crois, celle par laquelle, en France et en Europe, nous conduirons ensemble notre propre révolution plutôt que de la subir».
Une envolée lyrique, certes, mais il faudra qu’il précise ce qu’il entend exactement par «révolution démocratique», tant on sait ce que le mot révolution porte comme ambivalences et peut être interprété de multiples façons.
De ce point de vue, rappelons que le Centrisme n’appelle pas à la révolution mais à la réforme dans le sens où il ne veut pas changer de monde mais changer le monde.
Les réactions à la candidature d’Emmanuel Macron ne se sont pas fait attendre et leur dureté prouve que le microcosme politique tente de le rejeter.
Certains des propos des politiques et des commentaires des journalistes ressemblent étrangement à ceux très négatifs qui furent prononcés à l’encontre de la candidature de Donald Trump ou de Bernie Sanders aux Etats-Unis.
La candidature d’Emmanuel Macron ne les mérite pas ainsi que les procès d’intention qui lui sont faits.
Néanmoins, il sera bien inspiré de préciser sa pensée pour éviter les incompréhensions.

Alexandre Vatimbella



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Présidentielle 2017. Avec Macron, il y aura un candidat centriste

Emmanuel Macron a donc décidé de se présenter à l’élection présidentielle du printemps 2017.
C’était évidemment devenu un secret de polichinelle mais sa décision n’en est pas moins un événement dans cette campagne électorale qui bat son plein actuellement.
Pour certains, la date de cette annonce n’est pas anodine puisqu’elle vient avant une possible candidature de François Hollande et/ou de Manuel Valls ainsi qu’avant le dernier débat de la primaire de LR.
Quoi qu’il en soit, la présence d’Emmanuel Macron à la présidentielle fait en sorte qu’il y aura bien un candidat centriste sur la ligne de départ avec une chance non-négligeable de pouvoir se retrouver au second tour, même si, aujourd’hui, il est en troisième position dans les sondages et dans tous les cas de figure.
Il va combler ce vide suscité par le refus de l’UDI ainsi que du Mouvement démocrate d’avoir des candidats et de suivre aveuglément Alain Juppé.
On voit déjà certains, à gauche comme à droite mais aussi au centre de l’échiquier politique dénier le qualificatif de centriste à Emmanuel Macron d’autant que ce dernier ne s’est jamais revendiqué du Centre.
Mais outre qu’il fait partie incontestablement de l’axe central qui va des gaullo-réformistes (Juppé) aux sociaux-réformateurs (Valls) en passant par les libéraux sociaux (Lagarde, Bayrou), il s’est revendiqué du social-libéralisme, se désigne comme libéral et veut réunir autour de lui des gens progressistes de droite, de gauche et du Centre face à tous les conservatismes qui bloquent la société.
Et son positionnement au centre est acté par les velléités de rapprochement des leaders de l’UDI, en particulier de Laurent Hénart et de Jean-Christophe Lagarde, surtout par l’agressivité de François Bayrou à son égard qui voit dans le fondateur d’En marche, plus un concurrent pour le leadership de l’espace centriste qu’un adversaire politique.
La preuve ultime serait son socle sondagier à défaut d’être encore électoral.
Toutes les enquêtes d’opinion montrent qu’il séduit avant tout les sympathisants centristes ainsi que les modérés de gauche et surtout de droite.
Si l’on voulait être plus précis, on qualifierait la candidature de Macron de centre-gauche puisque l’homme s’affirme toujours appartenant à la gauche de par, selon ses dires, une sensibilité à l’égalité qui l’en rapproche.
Reste maintenant à Emmanuel Macron de concrétiser tous les espoirs mis en lui par ceux qu’il a séduit tout en élargissant leur nombre pour pouvoir avoir une chance de l’emporter en mai prochain.
Ce sera certainement un challenge difficile mais pas impossible.
Il a prouvé sa capacité politique par son ascension rapide et l’exemple de Donald Trump, un homme sans aucune expérience dans les affaires publiques (ce qui n’est pas le cas de Macron), jamais élu (ce qui est le cas de Macron) et venant de la société civile (ce qui est également le cas de Macron) démontre que l’époque est peut-être à l’élection de candidats en dehors du système traditionnel et surfant sur une vague de rejet de ce dernier.
Ainsi, il est sûr qu’une partie de la séduction d’Emmanuel Macron vient de ses propos qui flirtent avec un certain populisme même s’il est loin d’être le seul sur la scène politique française à en distiller.
C’est là, peut-être que se jouera son positionnement final au cours de la dure campagne électorale qui se profile pour lui et tous les autres candidats.
Cependant, s’il tient la barre et continue dans la direction qu’il a prise, il sera, non seulement, un candidat centro-compatible mais centriste.

Alexandre Vatimbella



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