lundi 20 février 2017

Vues du Centre – Aris de Hesselin. Fillon et Le Pen principaux bénéficiaires d’une candidature Bayrou!

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

François Bayrou va donc indiquer mercredi s’il est oui ou non candidat.
Ce suspens insupportable uniquement pour lui-même trouvera, si l’on en croit ses fidèles supporters, sa résolution dans une quatrième candidature sous la bannière de la «patrie est en danger», une variante de l’union nationale de sa précédente campagne et qui lui permettra de se présenter en endossant le costume du de Gaulle du XXI° siècle qu’il coud patiemment depuis plusieurs années.
Au-delà de ce qu’il va dire et faire au cours de cette campagne, il faut dire que sa candidature est du pain béni pour François Fillon, Marine Le Pen et aussi Jean-Luc Mélenchon, tous ceux contre qui il prétend lutter (même si on a un petit doute sur Mélenchon depuis qu’il en dit du bien…).
Car sa présence à la présidentielle n’enlèvera pratiquement aucune voix à Fillon, aucune à Mélenchon et, si on pouvait aller jusque là, encore moins qu’aucune à Le Pen…
Au contraire, cela va renforcer le camp de Fillon avec des sympathisants de droite qui détestent – et le mot est sans doute faible – Bayrou et qui vont encore plus se rassembler derrière le candidat LR.
De même, le camp Le Pen se félicitera d’une candidature qui empêchera peut-être Emmanuel Macron d’être au second tour alors que le leader d’En marche! est actuellement celui qui représente le meilleur rempart à l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite.
Car là où Bayrou peut puiser ses voix c’est évidemment d’abord chez Macron ainsi que chez ceux qui ne se sont pas encore déterminés et peut-être un peu chez Hamon.
Dès lors, sa candidature aboutira exactement à l’inverse de ce qu’il prétend en renforçant les chances de ses ennemis, de ceux qu’il affirme être des dangers pour la France.
Et tout cela par simple ambition personnelle.
Bien sûr, mercredi, il pourrait dire qu’il ne se présentera pas et qu’il va discuter avec Macron pour savoir si une alliance entre les deux hommes est possible.
Je n’y crois pas un instant comme j’ai toujours cru qu’il se présenterait.
Peut-être même que mes sombres prédictions ne se vérifieront pas et qu’il suscitera un enthousiasme tel qu’il sera le prochain hôte de l’Elysée.
En tant que réaliste, ce n’est pas vraiment ce que je pense qui va se passer mais rien n’est écrit d’avance comme le dirait Donald Trump.
Reste qu’aucun sondage ne montre une envie de Bayrou de la part des Français même s’il demeure haut dans les baromètres d’opinion.
Dès lors, Bayrou pourrait bien être celui qui fera battre son camp, celui du Centre et de l’axe central, celui d’une démocratie équilibrée, refusant le clientélisme, le populisme et la démagogie.
A moins, bien entendu, que son camp ne se résume qu’à sa propre personne…

Aris de Hesselin


Présidentielle 2017. Sondages «rolling»: Macron fait mieux que de se maintenir malgré les polémiques

Les candidats déclarés à la présidentielle
François Bayrou a décidé de parler mercredi 22 février afin de dire s’il sera ou non candidat à la présidentielle.
Il va donc regarder donc avec attention les deux sondages «rolling» (quotidien) de ce jour.
Et tant celui de l’Ifop (pour Paris Match, iTélé et Sud radio) que celui d’Opinionway (pour Les Echos et Radio classique), ne montrent aucun effondrement des intentions de vote en faveur d’Emmanuel Macron, son principal concurrent dans l’espace central.
Bien au contraire puisque celui-ci se maintient dans l’un (Opinionway) et progresse d’un demi point dans l’autre (Ifop) en demeurant en seconde position.
Il se retrouve donc ex-aequo avec Fillon en deuxième position au premier tour avec 20% des intentions de vote (pour Opinionway) et seul en seconde position avec 19% des intentions de vote devant Fillon à 18,5% (pour Ifop).
En outre Marine Le Pen obtient 27% des intentions de vote pour Opinionway et 26% pour l’Ifop.
Au deuxième tour, Emmanuel Macron gagne devant Marine Le Pen mais Opinonway le donne en baisse sensible (58%-42%) alors qu’il se maintient pour l’Ifop (61,5% contre 37,5%).
Quant à François Bayrou, testé uniquement par l’Ifop, il reste à 5,5% d’intentions de vote et se retrouve derrière Benoit Hamon (14% pour Ifop et 16% pour Opinionway) et Jean-Luc Mélenchon (11,5% pour Ifop et 12% pour Opinionway).
(Sondage «rolling» Opinionway réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement – âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage «rolling» Ifop réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement –  âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Alexandre Vatimbella



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Présidentielle 2017. Bayrou joue la chute de Macron

François Bayrou & Emmanuel Macron
C’est sans doute la semaine où la décision de François Bayrou va se décider définitivement.
Non pas dans sa conscience profonde et dans sa réflexion gaullienne de servir la France mais dans l’observation minutieuse des intentions de vote en faveur d’Emmanuel Macron ainsi que dans son image médiatique.
Pour pouvoir se présenter, avoir une chance de figurer dans le peloton de tête, voire d’avoir celle de figurer au second tour, le président du MoDem doit espérer – comme il le répète depuis des mois – l’effondrement du phénomène Macron.
Or, celui-ci, s’il doit survenir, devrait commencer à se manifester au moment où les intentions de vote en faveur du leader d’En marche! connaissent, non pas une baisse, mais un palier, et où ses adversaires politiques le pilonnent avec une presse beaucoup plus offensive à son encontre.
Si, dans les jours qui viennent, la fragilité de Macron apparait avec des intentions de vote plus proches de 15% que de 20% avec une incapacité de la part de sa campagne d’insuffler une nouvelle dynamique et de tourner la page des polémiques, Bayrou aura une fenêtre de tir évidente.
Pour autant, peut-il remplacer Emmanuel Macron, c’est-à-dire récupérer son positionnement politique et, surtout, son électorat potentiel?
S’il parait assez facile pour le président du MoDem de s’assoir dans le fauteuil de Macron comme celui-ci s’est installé dans le sien, rien n’est moins sûr quand à récupérer ses sympathisants.
Ceux-ci constituent six groupes: ceux qui viennent de la gauche modérée et du PS, ceux qui viennent du Centre sans se référer aux partis qui s’en réclament, ceux qui viennent du MoDem, ceux qui viennent de l’UDI, ceux qui viennent de la droite modérée et de LR et ceux qui affirment n’avoir pas de préférence partisane.
Bien entendu, il devrait s’attacher une grande partie de ceux qui viennent du MoDem et qui retourneront au bercail et une partie non-négligeable de ceux qui n’ont pas de préférence partisane.
En revanche, malgré le fait qu’il les avait séduits en 2007, ce sera beaucoup plus difficile de s’attacher une majorité de ceux qui viennent de la gauche modérée et du PS ainsi que des indépendants du Centre et impossible pour ceux qui viennent de l’UDI ainsi que de la droite modérée et de LR.
Les premiers repartiraient pour beaucoup du côté du PS malgré la candidature Hamon parce que Bayrou est pour eux un homme de droite ou un opportuniste, les seconds sont généralement peu enclins à voter Bayrou à qui ils ne donnent pas la stature d’un homme d’Etat, les troisièmes sont dans un véritable et très large rejet de celui qu’ils estiment fait perdre systématiquement le Centre à chaque élection et les quatrièmes, à part une petite partie des sympathisants d’Alain Juppé, ne veulent plus entendre parler d’un homme qui n’arrête pas de stigmatiser leur parti et leurs convictions politiques.
On peut estimer, dès lors, qu’il peut récupérer un tiers des possibles électeurs d’Emmanuel Macron, soit environ 7% des intentions de vote dans des sondages qui lui donnent actuellement 5% d’intentions de vote.
L’addition des deux pourcentages fait 12%, ce qui correspond d’ailleurs au niveau haut des intentions de vote qu’il recueillait dans les enquêtes sur la présidentielle avant la montée en puissance de Macron.
Bien sûr, cela fait une base intéressante mais loin d’être suffisante pour espérer être au deuxième tour ou même être au cœur de la bataille de la présidentielle.
Sauf si cette base insuffle une dynamique électorale, ce qu’espère évidemment François Bayrou.
Reste que ce raisonnement demeure largement hypothétique et inclut plus ou moins le retrait de Macron de la course à la présidentielle.
Or, même si ce dernier devait connaître un trou d’air violent, voire même ne pas pouvoir remonter la pente, rien n’indique qu’il renoncerait, ni même qu’il ait un intérêt à la faire s’il veut avoir un avenir et un destin politiques.
Pour autant, cela demeure la seule lueur d’espoir pour François Bayrou de se déclarer, pour la quatrième fois, candidat à l’Elysée.


Alexandre Vatimbella



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