vendredi 15 septembre 2017

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le droit à l’enfant est une régression humaniste

L’expression «avoir un enfant» ne désigne pas le fait de posséder bientôt un petit être humain mais bien de le mettre au monde et d’avoir la responsabilité, en lui donnant la vie, de le protéger et de l’accompagner dans son existence pour faire de lui une personne qui pourra se réaliser du mieux possible, dans la meilleure harmonie et le meilleur équilibre possible.
Cette mission, la plus belle de toute, s’inscrit dans ce qu’est la nature humaine et dans ce que l’on appelle les droits de l’enfant.
Ces derniers qui se sont développés notamment par l’élaboration de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée le 20 novembre 1989, ressortent de cette «aide et de cette assistance spéciales» dont doit bénéficier l’enfance afin de permettre «l’épanouissement harmonieux» de «la personnalité» de tous les enfants.
Tout cela concoure à développer un humanisme qui est bien sûr et en outre à la base de la pensée centriste et défendue par tous les centristes.
Tout autre est le «droit à l’enfant» qui s’est développé ces dernières décennies parallèlement et qui est né de la revendication des couples à pouvoir avoir un enfant quel que soit leur condition au nom d’une volonté toute puissante où l’intérêt de l’enfant n’apparait nul part.
Cette demande émanait d’abord de couples hétérosexuels qui ne pouvaient enfanter naturellement et qui devaient passer, soit par l’adoption, soit par des techniques nouvelles regroupées sous le terme de PMA (procréation médicalement assistée).
Plus récemment, ce droit à l’enfant a été réclamé par les couples homosexuels et la loi votée en 2013 permet, dorénavant, l’adoption d’enfants par ceux-ci même si aucune étude n’a démontré l’absence de problèmes psychologiques pour un enfant d’avoir deux parents du même sexe.
Il semble que bientôt la PMA sera ouverte également aux couples homosexuels français, ce qu’Emmanuel Macron avait promis lors de sa campagne électorale.
Faut-il s’en émouvoir si l’on considère que cette mesure sera une nouvelle avancée du droit à l’enfant mais pas du droit de l’enfant?
Oui, si l’on estime que le «droit à l’enfant» peut être comparé à une demande consumériste où l’enfant est plus un objet de désir qu’un sujet qui s’appartient.
Oui, si l'on estime qu'il n'y a aucune justification à ce que la vie d'un être humain (l'enfant) entre dans la problématique d'une personne ou d'un couple qui est injustement pénalisé par la nature par son infertilité ou son orientation sexuelle, dans une vision où cette vie servirait en quelque sort à «réparer» cette injustice.
Ici l’avoir vient chambouler l’être en le réduisant à peu de chose.
Bien entendu, dans le cas d’un couple hétérosexuel qui décide d’avoir un enfant, il est impossible de savoir quelles sont ses motivations profondes.
S’agit-il de mettre en pratique son «droit à l’enfant» ou de vouloir donner la vie à un être humain pour la plus belle aventure qu’est d’être parent afin de l’accompagner dans son existence?
Et, dans le sens inverse, le droit à l’enfant réclamé par les couples infertiles ou homosexuels ne peur être réduit uniquement à une demande égoïste et égocentrique.
Sans oublier, qu’un couple homosexuel peut être de bien meilleurs parents qu’un couple hétérosexuel.
Pour autant, on se saurait passer sous silence une des motivations premières qui a guidé les associations homosexuelles à réclamer ce droit à l’enfant: avoir les mêmes droits que les hétérosexuels.
Ici, rien qui ne met en avant l’enfant prioritairement, juste une volonté d’une égalité, en l’occurrence fabriquée et non naturelle ou naturellement légitime.
Il faut bien comprendre que le point de vue humaniste ne peut se contenter de l’argument égalitariste alors même qu’il s’agit de la vie d’un être humain.
In fine, d’ailleurs, ce n’est pas le fait qu’un couple homosexuel ait un enfant par adoption ou PMA qui est le cœur du débat et même du problème (si cela ne perturbe pas l’enfant) mais l’existence même de cette revendication à pouvoir avoir un droit sur la conception d’un être humain au seul motif d’une égalité fabriquée qui s’auto-justifie elle-même.
Sans doute que l’on peut trouver des arguments convaincants pour ce qui est de l’adoption, un enfant étant toujours mieux dans un milieu familial stable et harmonieux que dans une institution quelconque.
En revanche, ils le sont nettement moins pour un enfant virtuel, puisque celui-ci n’existe pas avant la mise en route de la méthode de procréation.
Ici, il ne s’agit pas d’offrir mieux à un enfant qui est déjà né mais de mettre en route un projet où l’enfant risque de n’être qu’un objet de désir.
Ce qui est pour tous ceux qui mettent l’enfant d’abord, une régression humaniste évidente.
D’autant qu’après l’autorisation de la PMA pour les couples homosexuels, on sait que la prochaine revendication des associations qui les représentent et les défendent sera la GPA, la gestation pour autrui où le «droit à l’enfant» entre inexorablement dans l’univers marchand, comme cela a été constaté dans tous les pays qui l’autorisent.
Et là, pour tous les humanistes, la ligne rouge sera franchie que cela concerne les couples hétérosexuels ou homosexuels.
Enfin et surtout, tout humaniste doit s’appuyer sur l’intérêt de l’enfant, sur cette personne qui, non seulement, ne peut pas se défendre toute seule – encore plus l’enfant à naître – mais représente le fondement même de l’Humanité et de son devenir.
Quand on ne respecte pas un enfant, on ne respecte rien.