vendredi 31 juillet 2020

Vues du Centre. Les médias publics doivent réellement être au service des citoyens



Par Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.

Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde et intitulée «Des médias publics en bonne santé sont une force pour les démocraties», sept des dirigeants de ces organismes qui se doivent d’assurer le service d’informer et de former du mieux possible les citoyens en font l’éloge ainsi que de leurs missions.
Et ils ont raison d’expliquer le rôle essentiel que ces médias jouent et doivent jouer dans les démocraties républicaines ainsi que leur sine qua non indépendance non-négociable vis-à-vis du pouvoir en place.
Il en va, et nous l’avons dit très souvent ici parce que c’est un combat crucial pour le Centrisme et les centristes, dans la défense des valeurs humanistes sur lesquelles sont assis nos régimes de liberté et d’égalité.
Sans médias chargés de délivrer une information citoyenne la plus juste et la plus vraie possibles, les individus ne sont pas capables de se former un jugement sur la réalité des choses et donc de choisir en fonction de cette réalité au mieux de leurs intérêts et de ceux de leurs proches.
Comme l’expliquent ces responsables, il ne faut évidemment pas confondre médias publics avec médias d’Etat, ces derniers étant contrôlés directement par le pouvoir en place et ne font que de la propagande et du bourrage de crâne comme c’est le cas, par exemple, en Chine, en Russie, en Corée du Nord, en Iran mais aussi, dorénavant en Pologne ou en Hongrie qui sont pourtant des membres de l’Union européenne…
Reste que la défense de ces médias publics serait plus efficace de la part de leurs responsables s’ils s’attelaient à vraiment faire en sorte de délivrer une parole qui soit la moins partisane.
Pour prendre l’exemple que nous connaissons le mieux, celui de la France, le tropisme de gauche affiché, voire revendiqué, par des médias comme franceinfo ou France inter avec toute la désinformation qui va avec dès lors que l’on analyse les faits par rapport à une grille idéologique ne permet pas à leur présidente une autosatisfaction pourtant revendiquée dans cette tribune.
Les médias de service public en France ont connu une histoire mouvementée depuis toujours.
Si leur personnel a toujours penché plutôt à gauche, ils ont été pendant longtemps la voix du pouvoir en place qui était de droite et dirigés par des hommes et des femmes fidèles au gouvernement en place.
Du Général de Gaulle à Valéry Giscard d’Estaing, l’évident contrôle de ces outils au profit du pouvoir était criant et indécent.
Mais l’on ne doit pas oublier que François Mitterrand en «dédroitisant» les directions des médias publics les a, en même temps, gauchisés sans vergogne et à son profit comme le faisaient, pour le leur, ses prédécesseurs de droite...
La privatisation de TF1 par Jacques Chirac, pour qu’elle devienne une chaine de droite même lors d’une alternance politique, procédait toujours de la même logique, le contrôle de l’information audiovisuelle.
Si le Président de la République actuel et son gouvernement ne contrôlent rien, c’est plus une anomalie historique qu’autre chose, due à l’élection surprise d’Emmanuel Macron et à son positionnement «ni gauche, ni droite».
Mais cette absence de contrôle étatique (une bonne chose) a permis à l’emprise idéologique des médias publics par la gauche de perdurer et de s’amplifier (une mauvaise chose) au détriment de l’information de service public due aux citoyens (ce pourquoi ils payent avec leurs impôts).
Ecouter ou regarder franceinfo, c’est avoir des informations par le prisme de la gauche parfois même de la gauche radicale (on peut, pour ce qui est des chaines d’information en continu, avoir le prisme de droite, voire de la droite extrême, avec LCI, BFMTV et CNews…).
De plus, en dehors même de la présence constante et a priori d’une idéologie dans l’information délivrée par les médias publics français, se pose la question de la formation même du personnel chargé de ce travail, les journalistes.
Trop souvent l’inexactitude est au rendez-vous (et si vous êtes attentifs, vous constaterez qu’il n’y a jamais de rectification à une erreur commise, parfois des reportages comportant des fausses informations passent en boucle l’entière journée!) quand ce n’est pas l’acculturation même des journalistes qui est en cause (et pas toujours des plus jeunes et des moins bien payés).
Oui, ces responsables ont entièrement raison de défendre les médias publics, ils sont indispensables et le seront de plus en plus au fil du temps pour informer le plus correctement possible le citoyen.
Mais il leur reste énormément de travail pour assoir définitivement une crédibilité qu’ils revendiquent avec beaucoup d’imprudence et un peu d’impudence ou, alors, une complète méconnaissance même ce de qui se passe sur leurs antennes…
Le chantier d’une information citoyenne est gigantesque mais à la hauteur des objectifs qu’elle doit atteindre: faire de l’individu un citoyen capable de prendre les décisions concernant sa vie en toute connaissance de cause.
Mais on en est encore loin.

Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella


Présidentielle USA 2020. Trump prépare ses soutiens fanatiques à ne pas accepter sa défaite quasi certaine

Donald Trump

Comme l’avait prédit le candidat démocrate à la présidentielle, Joe Biden, Donald Trump vient de déclarer qu’il fallait reporter les élections de novembre prochain au motif totalement fallacieux que le vote par correspondance induirait la plus grande fraude électorale que les Etats-Unis connaitront de toute leur histoire.
Lorsqu’il avait mis en garde les Américains contre cette tentative de torpiller la démocratie, le centriste avait été vilipendé par les républicains et la chaine d’extrême-droite Fox news, accusé de n’être qu’un complotiste de bas étage et de faire peur pour pouvoir remporter le scrutin…
Rappelons que, non seulement, le vote par correspondance est une institution dans le pays depuis toujours, mais qu’il n’a jamais induit de fraude notable.
D’ailleurs, Trump vote… par correspondance!
Rappelons également que le président des Etats-Unis n’a strictement aucun pouvoir pour reporter quelque élection que ce soit sauf à faire un coup d’Etat!
Rappelons, enfin, que les Etats-Unis, depuis leur création, n’ont jamais reporté aucune élection, même pendant la Guerre de sécession, même pendant la Première et la Deuxième guerres mondiales.
C’est le seul pays au monde dans ce cas.
Mais le mensonge de populiste démagogue a plusieurs objectifs qui démontrent une fois de plus qu’il est un danger réel pour la démocratie et qu’il est plus que temps de se débarrasser de lui.
D’abord, comme la plupart de ses provocations, insultes et mensonges, il s’agit de détourner la population et les médias de la très grave crise épidémique, économique, sociale et sociétale que vit le pays actuellement largement de par son incurie et son incompétence.
Puis, très prosaïquement, il sait qu’il a toutes chances de perdre l’élection et que la reporter peut lui permettre de garder le pouvoir un peu plus longtemps et, qui sait?
Ainsi, si, pendant cette période, l’épidémie de la covid19 disparaissait «par miracle» – selon ses propres termes – alors que les 150.000 morts viennent d’être dépassés, voire qu’un vaccin était trouvé, et que l’économie repartait (elle vient de chuter de plus de 32% au deuxième trimestre, du jamais vu), il pourrait éventuellement inverser la tendance même s’il oublie qu’avant la crise actuelle, il était déjà donné largement perdant.
Ensuite, son annonce était de tester combien d’élus républicains allaient se ranger à son opinion.
Il a du être très déçu puisqu’aucune personnalité de premier plan ne l’a soutenu, pire, pour lui, tous les leaders importants du parti ont montré leur désaccord avec cette possibilité.
Surtout, il s’agit, à moins de 100 jours du scrutin, de jeter un doute, voire le discrédit sur les résultats de novembre prochain, comme il l’avait fait en 2016 où il avait déclaré qu’il ne reconnaitrait pas la victoire d’Hillary Clinton (et qu’il continue à prétendre qu’elle n’a pas gagné le vote populaire par près de trois millions de voix d’écart et que de nombreuses fraudes gigantesques ont été commises sans pouvoir en apporter le début du début d’une preuve).
Cela lui permettra de ne pas reconnaitre sa défaite, ce qu’aucun candidat des deux grands partis n’a jamais fait (même pas Al Gore en 2000) et jeter la suspicion sur le vainqueur.
Mais le plus grave et le plus dangereux, c’est le message que Trump fait passer à ces soutiens les plus fanatiques, ceux qui manifestent avec des armes de guerre dans les lieux de la démocratie américaine, ceux qui ont des propos racistes, ceux qui appellent à la violence, ceux qui diffusent et croient toutes les théories complotistes, ceux qui ne croient ni à la réalité de la covid19, ni au nombre de morts qu’elle a causé.
Oui, Trump prépare son peuple à toutes les réactions possibles en lui demandant d’être prêt à toutes les éventualités et à le soutenir s’il ne voulait pas quitter la Maison blanche pacifiquement ou s’il voulait fomenter des troubles après sa défaite.
Oui, il joue le jeu du pire en tentant de délégitimer la victoire de Biden et de justifier toute action violente qui s’en suivrait par ses excités de fans.
Fantasme que tout cela, croyez-vous?
A Washington, un groupe composé de hautes personnalités républicaines et démocrates se réunit périodiquement pour envisager la situation où Trump n’accepterait pas les résultats et tenterait par tous les moyens de se maintenir au pouvoir, et se montre très préoccupé par sa capacité de nuisance en la matière parce qu’il possède le pouvoir exécutif dont on sait qu’il permet beaucoup de choses aux Etats-Unis.
Même si aucune institution comme l’armée n’a montré jusqu’à présent la moindre envie de soutenir Trump dans de tels agissements, la simple existence de ce groupe montre à quel point la situation est grave.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC