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vendredi 7 novembre 2025

La Quotidienne centriste du 7 novembre 2025. Non les consommateurs français ne sont pas responsables de la désindustrialisation et de la décommercialisation


Avec la polémique Shein, à nouveau est en vogue la thèse selon laquelle les consommateurs français seraient responsables de la désindustrialisation et de la décommercialisation du pays.

Si les voitures françaises ne se vendent pas, c’est parce que les consommateurs préfèrent les voitures étrangères plutôt que les françaises.

Si les fruits français sont délaissés, c’est parce que les consommateurs préfèrent les fruits étrangers plutôt que les français.

Si les commerces ferment, c’est parce que les consommateurs préfèrent se fournir sur les plateformes commerciales étrangères plutôt que de se rendre dans une boutique française.

Evidemment, ce n’est que l’intérêt financier qui les guident.

Mais si les consommateurs agissent ainsi ce n’est pas uniquement de leur faute comme les professionnels l’affirment.

Ici, tout le monde est coupable mais certainement pas prioritairement les consommateurs.

S’ils achètent des produits moins chers voire beaucoup moins chers, c’est d’abord parce qu’on les leur propose.

Ici les commerçants et surtout les grandes surfaces – avec aujourd’hui les plateformes qui ont un site accessibles en France – sont d’abord responsables.

Mais si ces produits ont la faveur des consommateurs, c’est aussi parce que leurs revenus ne leur permettent pas, pour beaucoup d’entre eux, de se payer du «made in France» ou tout simplement des produits de meilleur qualité.

Ici, les responsables sont les employeurs qui ne versent pas des salaires qui permettraient à leurs salariés de se détourner des produits étrangers à bas prix.

On ne saurait exonérer les pouvoirs publics même si dans ce cas, c’est l’ensemble des gouvernements des pays développés qui sont en cause en refusant d’agir collectivement pour protéger leurs marchés comme le font de nombreux pays qui les inondent comme la Chine.

Il faut dire qu’ils ont vu là un moyen de rendre moins pénible le ralentissement de la croissance à partir des années 1970 en faisant en sorte que les consommateurs puissent acheter des produits, non pas, grâce à la progression des salaires mais par la baisse des prix possible par l’ouverture des marchés intérieurs aux pays à bas coût.

Les consommateurs ne sont qu’au bout de cette chaîne de responsabilité.

Et, non, ils ne manquent pas de civisme car si tel est le cas, ceux qui sont en amont en ont encore moins.

Ce que l’on peut leur reprocher, c’est sans doute une frénésie de consommation qui leur fait acheter nombre de produits non-essentiels qui sont souvent étrangers.

Mais qui a inventé le marketing pour booster sans cesse la consommation?

Certainement pas les consommateurs!

Et pointer du doigt celui qui a besoin d’une voiture mais n’a pas les moyens d’en acheter une française, celui qui veut s’acheter des tomates mais n’a pas les moyens d’en acheter des françaises, celui qui veut s’acheter un vêtement mais n’a pas les moyens d’en acheter un français, c’est se tromper de cible et désigner un bouc-émissaire facile.

Si aujourd’hui il n’y a plus ou quasiment plus de fabricants français d’ordinateurs, de téléphones mobiles, de téléviseurs ou de gros appareils électroménagers, c’est parce que les produits français n’ont pas été capables de résister à la concurrence.

Dans les années 1980, les pouvoirs publics tentèrent d’empêcher la pénétration de magnétoscopes japonais, un échec autant dû au prix bas et à la qualité des produits nippons qu’à l’impossibilité des fabricants français de se mettre à niveau et au désir de profits commerçants.

Oui, ce n’était pas des produits chinois, indiens ou vietnamiens…

 

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